nievre

Histoire

Avant l’invasion romaine, le pays qui devait être la province du Nivernais faisait partie du territoire des Éduens, sauf une petite portion appartenant aux Sénonais. Au VIe siècle, ce pays passa sous la domination des Francs, et le Nivernais se dessina sur la carte des Gaules. Ses premières limites furent celles du diocèse de Nevers. mais l'adjonction de la baronnie de Donzy et d’une partie de l'Auxerrois augmenta l’étendue de la province, qui se composa de cinq contrées principales :

  • les Amognes,
  • le Bazois,
  • le Donziais,
  • le Morvan,
  • la Puisaye.

et de quatre autres moins importantes :

  • le Pays d’entre Loire et Allier,
  • les Vaux d'Yonne,
  • les Vaux de Montenoison,
  • les Vaux de Nevers.

La table placée à la suite de ce répertoire donnant un résumé complet des monuments et des antiquités du département. nous nous bornerons à entrer dans quelques ·considérations générales, passant rapidement en revue les quatre arrondissements de la Nievre, et disant quel est le contingent de chacun d’eux dans l’ensemble des richesses archéologiques du pays.

La Nièvre offre un bien petit nombre de monuments des époques gauloise et romaine; mais ce département est, nous croyons pouvoir le dire, l’un des plus intéressants du centre de la France au point de vue de l’architecture du moyen-âge. Sans parler de ses grandes églises de Nevers, de la Charité-sur-Loire, de Clameey, de Varzy, de ses belles ruines féodales de Saint—Verain, de Rosemont, de Chandiou, qui seraient admirées dans toutes les provinces, ses campagnes ont conservé de nombreuses constructions religieuses et civiles dignes d'être signalées et étudiées avec fruit. Le Nivernais était partagé entre trois diocèses :

  • le diocèse de Nevers, qui comprenait autrefois Yarrondissement actuel de Nevers, la plus grande partie de celui de Château-Chinon, le sud·est de celui de Cosne et le sud de celui de Clamecy;
  • le diocèse d'Auxerre, duquel dépendaient presque tout l'arronclissement de Cosne et le nord de celui de Clamecy;
  • enfin le diocèse d'Autun, qui possédait la portion est de Farrondissement de Château-Chinon.

Les monuments religieux de l'époque romane dominent dans les cantons qui formaient les anciens diocèses de Nevers et d`Autun. Ces parties de la province, épargnées par les guerres du XIVe et du XVe siècle et par les troubles religieux du XVIe, conservèrent leurs sanctuaires primitifs, suffisants pour une population restée peu nombreuse, et que la pauvreté du pays, du reste, n’aurait pas permis de réédifier. Au contraire, le nord du département, l'ancien Auxerrois, offre beaucoup d'églises dont l’origine romane est encore visible, mais qui furent en général agrandies ou même entièrement reconstruites après le milieu du XVe siècle, soit qu’elles eussent été ruinées pendant les guerres, soit qu’elles aient paru insuffisantes. Dans cette contrée, peu d'églises romanes intactes, mais en revanche un nombre considérable de ces constructions charmantes par la finesse et l'élégance de leur ornementation qui furent la dernière expression de l'architecture ogivale.

Les campagnes de tout le département sont pauvres en constructions religieuses du XIIIe et du XIVe siècle; à la fin de la période romane, presque toutes les paroisses étaient érigées et avaient leurs églises récemment bâties : il n`y avait donc pas lieu d'en élever de nouvelles. Le style ogival semble avoir eu quelque peine à s’implanter dans la province, où dorninait l’influence architecturale de Cluny. Constatons aussi le petit nombre de monuments dans le goût de la Renaissance. La date connue de la construction de certains édifices prouve que jusqu'à la fin du XVIe siècle les architectes nivernais conservèrent la tradition gothique presque sans mélange avec les formes et l'ornementation empruntées à l'Italie. L`architecture civile et militaire de chaque siècle est représentée dans le Nivernais; toutefois, nous ne saurions prétendre à une grande richesse sous ce rapport: la noblesse du pays, relativement pauvre, ne put jamais construire de splendides demeures comparables à ces châteaux qui font l'ornernent des campagnes du Berry, de la Touraine et de l’Anjou.

C'est l’arrondissement de Nevers qui renferme le plus de monuments, surtout de monuments religieux de style roman. Sur les 125 édifices consacrés au culte restés debout dans les 93 communes de cette circonscription, 80 sont, en entier ou pour la plus grande partie, du XIe siècle ou du XIIe, 10 appartiennent à l'époque de transition du roman au gothique ou aux XIIIe et XIVe siècles, 13 aux XVe et XVIe siècles, 22 sont plus modernes ou tout à fait dénués de caractères architectoniques. Le même arrondissement offre, pour l'architecture militaire et civile, les curieuses tours des remparts de Decize, quelques restes des murailles et l’une des portes anciennes de Nevers, le château ducal de la même ville, l'importante forteresse féodale de Rosemont, la grosse tour de Toury-sur-Abron, et quelques châteaux et manoirs plus ou moins bien conservés.

L'arrondissement de Château-Chinon (anciens diocèses de Nevers et d'Autun) est la partie du département qui possède le plus de vestiges antiques; il comprend la moitié du mont Beuvray, le célèbre oppidum des Eduens, dont les importants travaux de M. Bulliot ont fait connaître les curieuses dispositions. Dans beaucoup de localités de cet arrondissement, l'occupation romaine est attestée par des substructions. Des ouvrages de défense et de nombreuses médailles.

Cette circonscription renferme aussi beaucoup de constructions romanes, mais il ne faut pas chercher dans les pauvres églises du Morvan l'élégance et la richesse des monuments contemporains de l'arrondissement de Nevers. La nature des matériaux du pays se prêtait peu au travail du ciseau et, sauf une ou deux exceptions, l'ornementation de ces églises est nulle.

Dans les 62 communes de l'arrondissement de Château-Chinon, sur 67 édifices religieux, 41 sont romans, plusieurs, il est vrai, fort remaniés; 4 sont de la première période gothique, 9 de la seconde et 13 modernes ou tout à fait insignifiants. Les constructions militaires dignes d'attirer l'attention sont rares dans le Morvan, qui fut cependant habité au moyen âge par une aristocratie puissante; mais dès le XIVe siècle les grandes Familles féodales avaient disparu, et c’est à peine s'il reste d'informes débris de leurs châteaux forts. Faisons toutefois une exception pour les ruines imposantes de Chandiou, qui donnent encore une idée exacte de ce qu’était cette forteresse des premières années du XIVe siècle.

Passons au nord du département, où la proportion entre les monuments romans et les monuments gothiques est bien différente. Nous comptons dans les 65 communes de l'arrondissement de Cosne 84 églises ou chapelles; 17 de ces édifices appartiennent aux XIe et XIIe siècles, 7 au XIIIe siècle, 36 aux XVe et XVIe siècles, 24 sont modernes ou sans caractères d'époque précis.

L’arrondissement de Clamecy enfin offre d`aussi nombreux monuments de la dernière période gothique; ses 93 communes ont conservé 99 édifices religieux, dont 23 sont romans, tandis que 14 datent des XIIIe et XIVe siècles et 45 des XVe et XVIe siècles, les 17 autres étant insignifiants. Plus d'un quart des églises de ces deux derniers arrondissements méritent d’attirer l'attention des archéologues, et l'architecture laïque y est presque aussi bien représentée que l`architecture ecclésiastique. En résumé, dans la Nièvre, 366 églises ou chapelles: 161 de l’époque romane, 35 des XIIIe et XIVe siècles, 103 des XVe et XVIe siècles, 67 modernes ou sans caractères. Dans ce nombre, environ 80 édifices intéressants à divers titres. Pour l’architecture militaire et civile, plus de 100 monuments élevés du XIIe au XVIIIe siècle.

Les œuvres d'art qui concourent à la décoration architecturale : les vitraux, les peintures, les tombeaux et les dalles funéraires gravées, les vêtements et vases liturgiques du moyen âge sont rares dans le département. Toutefois le trésor de l'ancienne collégiale de Varzy a conservé quelques beaux reliquaires; puis les musées de Nevers et de Varzy et divers cabinets de particuliers renferment des antiquités, des objets d'art et des collections intéressantes.

Eglise

Près la fonderie de Fourchambault est le pittoresque village de Garchizy, situé au pied de coteaux couverts de vignes. Le portail de l’église du 11e siècle est à colonnes et à chapiteaux sculptés ; le clocher octogonal, à plusieurs étages, est heureusement travaillé.

Eglise

L‘imposante Tour Renaissance, française par son architecture austère et italienne par sa décoration est un des plus beaux témoignages de la Renaissance en Nivernais.

Ancienne abbaye

Etablissement monastique élevé au milieu du 12e siècle (halte sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle) . Abbaye dévastée et pillée pendant la guerre de Cent Ans, puis pendant les guerres de religion : elle est presqu'entièrement ruinée en 1567. Restauration au 17e siècle, mais la Révolution disperse ce qui reste de la communauté des moines.

Eglise

La place de l'église et son tilleul, planté sous Henry IV, de surcroît quadricentenaire, sont classés aux monuments historiques. L'église date du 13e siècle et est construite sur l'emplacement d'une ancien sanctuaire.

Eglise

Parigny-les-Vaux et Satinges, dispersés à l’Est de la grande route, dans de charmants vallons, appartenaient, au 9e siècle, à l’évêque Hériman ; il en fit don à la cathédrale avec l'église, les maisons et les habitants, à l'exception de cinq manses, garnies de meubles et d'esclaves, et dont il gratifia l'abbaye de Saint-Martin de Nevers.

Château dit du Vieux Moulin

Dissimulé au creux d'un vallon boisé parcouru par un petit affluent de la Loire, le château de Vieux Moulin fût à son origine, à la fin du XIIIe siècle, une maison forte cernée de douves, qui assurait la protection de l'abbaye de Bellary.

Domaine du château de Menou

Château construit entre 1672 et 1684, sur les plans de l'architecte Barthélémy Le Blanc. Château occupé par la famille de Blacas du 19e siècle jusqu'en 1987, date à laquelle le jardin à la française est transformé en parc à l'anglaise.

Château de Corbelin

L'ancienne Bretèche citée en 1249 fait place à une maison forte, gardienne de la valée, dont subsistent quatre tours rondes naguère reliées par des courtines entourée de fossés. En 1559, Étienne le Muet, riche ecclésiastique, transforme le château, il élève un élégant corps de logis, flanqué aux angles d'échauguettes au cul-de-four sculpté. Une tourelle d'escalier à vis dessert alors les trois étages. Elle disparaît au début du 18e siècle.

Ancienne église de Corbelin

Mentionné sous le nom de Corbolanum en 1174, le fief de Corbelin compte dès cette époque une activité sidérurgique, source de revenus pour le seigneur du lieu, favorisé par la présence d'une cours d'eau et de voies d'accès, et la proximité de forêts riches en minerai de fer et produisant du charbon de bois.

Forges royales de la Chaussade

De la seigneurie de Villemenant dépendaient un haut-fourneau, la forge de la Poëlonnerie et celle de Marcy, ateliers qui formèrent le noyau du grand établissement dont nous nous occupons. Les descendants de Jean de Veaulce n'en négligeaient pas l'exploitation. Les usines devinrent même, un siècle plus tard, si considérables sur la lièvre, aux environs de Nevers, que les bourgeois de cette ville (1560), effrayés d'une progression toujours croissante dans le prix des bois, présentèrent une requête au roi pour faire démolir, supprimer, abattre toutes les forges établies à trois lieues, avec défense d'on construire d'autres.

Eglise Saint Martin

L'église, située au centre du bourg, est un pur édifice du XIe siècle. Le sanctuaire, un peu sombre, en est la partie la plus soignée avec le portail, dont les ornements rappellent Donzy-le-Pré et Saint-Laurent-l'Abbaye ; il y a partout des perles.

Eglise Saint-Caradeuc

Cet édifice construit au pied des remparts du château disparu s'intègre au milieu d'un tissu de maisons anciennes qu'il domine de sa masse. Le choeur du 15e siècle conserve son élévation, ses baies élancées et une voûte sexpartite surmontée d'une charpente également du 15e siècle. Aux 16e et 17e siècles, la dégradation de la nef ne cessa de s'accentuer au point que l'édifice fut désaffecté au début du 19e siècle pour des raisons de sécurité.

Eglise Notre-Dame du Pré

Outre la tour, qui est un des points de triangulation de Cassini pour sa carte de France, il reste deux travées de la grande nef et celles des bas-côtés qui les flanquent ; au-dessus de ces deux travées régnait une large tribune. Tous ces restes sont du douzième siècle et d'un travail parfait, soit sous le rapport de la sculpture, soit sous le rapport architectural. On remarque encore sur les piliers des traces des croix de consécration en peinture polychrome de l'époque.

Château de Tracy

Sur la rive droite, dont on suit toutes les sinuosités, en contournant le promontoire de Tracy, on laisse à gauche, au delà d'un ruisseau, le village du même nom. Son château fort, du XVe siècle, restauré en 1641, a conservé d'anciennes tours.

Eglise Sainte-Croix

Située sur la route de Saint-Jacques de Compostelle, l'église Sainte-Croix a été édifiée au 12e siècle. La nef de cette église s'est effondrée au 17e siècle (les restes du collatéral nord sont intégrés dans des propriétés privées et n'ont pas bénéficié du classement de 1840 ; ils ont été inscrits en 1927).

Ancien domaine prioral

La charte de constitution date de 1059 avec la donation d'une église Sainte-Marie. Le prieuré est connu en 1070 sous le nom de Caritate. Il est modifié au XIIe siècle, notamment avec la construction d'un déambulatoire à chapelles rayonnantes.

Immeuble 4 cour du Château

Cet immeuble est à rattacher aux restes de l'ancien prieuré comme la signalétique locale l'indique clairement (Logis du prieur (château)). On a coutume de faire remonter sa construction au XVIe siècle, les formes des ouvertures abondent d’ailleurs en ce sens.

Grand pont sur la Loire

Le pont en bois du 16e siècle est remplacé au 17e par le pont de pierre construit par les ingénieurs Berthe et Poictevin. L'ouvrage est constitué de dix arches de profil différent. Côté ville, les trois premières arches ont été reconstruites à l'ancienne après un bombardement allemand en 1944. Les arches suivantes, en plein cintre, en anses de panier ou en arc segmentaire, sont les plus anciennes (18e siècle). Elles ont été reconstruites à partir de 1731, sous la direction de Pitrou puis de Gendrier.

Eglise clunisienne Saint-Laurent et chapelle

Ce fut saint Hugues, abbé de Cluny, qui envoya une colonie de religieux sous la conduite d'un prieur dont il fil choix. Ce prieur, d'origine nivernaise, se nommait Gérard. Il arriva à Seyr en 1056. Doué d'une érudition profonde et surtout d'une grande intelligence, il conçut, assure-t-on, le plan du dernier monastère ainsi que de l'église.