Ancienne abbaye

Etablissement monastique élevé au milieu du XII^e siècle (c'était alors une halte sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle). L'Abbaye est dévastée et pillée pendant la guerre de Cent Ans, puis pendant les guerres de religion : elle est presqu'entièrement ruinée en 1567. Restauration au XIIee siècle, mais la Révolution disperse ce qui reste de la communauté des moines.

Au moyen-âge l'église est abbatiale (ordre de Saint-Augustin), maintenant paroissiale, de Saint-Laurent, construite au milieu du XIIe siècle en forme de croix, en partie détruite au XVe siècle. Il en reste :

• le portail ;
• le bas côté nord de la nef, converti en étables ;
• le transept, qui forme l'église actuelle ;
• une travée du chœur et une chapelle du XIIIe siècle, au nord de cette dernière travée, qui terminait le bas côté.

Ces parties conservées suffisent pour donner une idée de ce qu'était cette grande et fort belle église avant sa ruine. La travée du chœur et les bras du transept sont voûtes en berceau ; coupole centrale sur pendentifs, cordon perle à la naissance de cette coupole et figures humaines, dont deux tiennent des instruments de musique, garnissant les pendentifs. Arcs cintrés renforcés, au XIIIe siècle, d'arcs-doubleaux brisés retombant sur des pilastres à impostes et sur des colonnes engagées à l'entrée du choeur, La chapelle du XIIIe siècle communique avec le bras nord et avec la travée de l'ancien choeur par des arcs cintrés sur colonnes engagées à beaux chapiteaux romans ; elle est voûtée d'arête et percée à l'est d'une fenêtre cintrée. Sur l'ancienne façade, actuellement ruinée et en partie masquée par des constructions modernes, portail en saillie formé de quatre retraites de bandeaux arrondis ornés de têtes de clous en creux, de besants et de grecques, retombant sur un entablement autrefois soutenu par des colonnes qui ont disparu ; corniche de la saillie à modillons de volutes. A droite et à gauche du portail, fenêtres cintrées sons des cordons de têtes de clous. Le bas côté nord, soutenu par des contre-forts plats et percé de fenêtres cintrées, était voûté d'arête ; un cordon perlé à la naissance des voûtes ; arcs-doubleaux sur colonnes engagées surmontées de chapiteaux d'un beau style ; les grands arcs étaient en tiers-point ; ils paraissent avoir été bouchés dès le XVIe siècle.

La porte actuelle de l'église est insignifiante, ouverte dans le pignon du bras sud, dont les rampants sont garnis de choux frisés ; à l`est, petite porte surmontée d'un écu d'abbé à un arbre. Clocher central octogone à peu près semblable à celui de l'église de la Charité : chacune de ces faces était percée de deux baies gothiques festonnées, garnies de colonnettes à chapiteaux sculptés, comprises sous une seule arcade décorée de têtes de clous en creux ; contre-forts plats aux angles ; cette disposition conservée seulement à l'est. Toit d'ardoise à huit pans. L'ensemble des bâtiments claustraux forme un parallélogramme dont l'église est le côté sud ; le logis de l'abbé à l'ouest, la grange au nord ; à l'est, se trouvaient les bâtiments à l'usage de la communauté : au centre était le cloître, dont il ne reste pas de traces.

La maison abbatiale, construite par l'abbé Regnaud Aubert (1500-1518), est un corps de logis barlong, très-remanié, dont la façade principale est flanquée aux angles d'une tour ronde et d'un pavillon carré ; la porte s'ouvre dans un autre pavillon, à pignon décoré de choux frisés, eh saillie sur le centre de cette façade. La grange, aussi fort remaniée, date du XIVe siècle ; fenêtres gothiques géminées aux pignons ; grande porte refaite depuis peu, une autre, plus petite, du XVIe siècle, bordée de moulures et surmontée d'un écusson mutilé tenu par des anges. A l'est, des bâtiments, en partie reconstruits, dont il est difficile de retrouver l'ancienne destination : ceux qui sont attenants à l'église datent du XIIIe siècle, ceux qui touchent la grange, du XVe ; on y remarque un écu d'abbé chargé de six besants. Contre l'une des parois, encore munie de corbeaux, de l'ancien cloître, écusson du duc de Nevers François Ier de Clèves.

Source : Répertoire archéologique du département de la Nièvre / rédigé sous les auspices de la Société nivernaise des Lettres, sciences et arts par M. le comte de Soultrait 1875.