territoire de belfort

Histoire

Si l'on considère la date de sa formation, le Territoire de Belfort a une histoire relativement récente, puisque sa création remonte à 1871, et ne devint définitive qu'en 1922. Mais il est plus important de retracer l'histoire des hommes qui ont vécu dans cette région. L'archéologie atteste une occupation dès le néolithique (station de Cravanche).

A l'époque gauloise, la région faisait partie de la Séquanie. L'installation des germains avec Arioviste, décida César à limiter l'expansion de ces peuplades: la victoire remportée en 58 av. J.-C., marqua le début de la romanisation de leur région. L'effondrement de l'empire romain au 5ème contribua à l'installation des Burgondes dont on a retrouvé des témoignages de la civilisation dans la nécropole de Bourgogne.

Avec la victoire des Francs sur les Burgondes, le Territoire fut rattaché au duché d'Alsace. Le traité de Mersen en 870 fit passer l'Alsace dans la part de Louis le Germanique. Aux 12ème et 13ème, le Territoire fut l'objet des convoitises des ducs de Ferrette et de Montbéliard, qui cessèrent avec le mariage de la fille de Renaud de Bourgogne et d'Ulrich Il de Ferrette. Leur fille aînée épousa Albert de Habsbourg et le Territoire passa sous la domination autrichienne jusqu'en 1636. Louis de Champagne, comte de la Suze, enleva alors Belfort aux Impériaux, ce qui constitua le dernier épisode de la sinistre guerre de Trente ans.

Le traité de Wesphalie en 1648, consacra le rattachement définitif du Territoire de Belfort à la France. Le comte de la Suze, ayant pris le parti de la Fronde, fut dessaisi de ses biens qui furent donnés au cardinal de Mazarin, dont les héritiers jouirent des droits seigneuriaux sur le comté de Belfort, jusqu'à la Révolution. A la fin du 17ème, Belfort fut fortifié par Vauban pour en faire une place forte, capable de défendre la porte de Bourgogne et d'Alsace.

La Révolution fut surtout marquée à Belfort par la crise religieuse, qui s'apaisa avec la signature du Concordat en 1802. Le 19ème confirma la vocation militaire de la ville avec les deux sièges soutenus victorieusement par Legrand en 1813 et Lecourbe en 1815. La Restauration se heurta dans la région à un complot militaire et républicain appelé "Conspiration de Belfort". L'implantation d'industries textiles au pied des Vosges apporta un développement sensible de l'activité économique. L'événement qui marqua le plus la fin du siècle fut le siège de 103 jours qu'eurent à soutenir la garnison et la population de la ville de Belfort en 1870-71.

La résistance farouche des belfortains sous la conduite du colonel Denfert-Rochereau contribua sans doute au maintien dans le patrimoine français de cette partie du Haut-Rhin qui allait devenir le Territoire de Belfort. En effet, au traité de Francfort (10 mai 1871), une partie du département du Haut-Rhin resta française, alors que l'Alsace fut annexée par l'Allemagne. C'est pourquoi 106 communes constituèrent une unité administrative à part : le Territoire de Belfort.

Le retour de l'Alsace à la France en 1918 ne rétablit pas la situation de 1871 au point de vue administratif, car les deux parties du Haut-Rhin avaient évolué différemment (lois sociales, scolarité, etc.).

Le 11 mars 1922 l'administrateur du Territoire de Belfort fut nommé préfet; le département du Territoire de Belfort prend la 90ème place dans la liste des départements; il est l'un des quatre départements de la région Franche-Comté.

Géographie

Le département est l'un des plus petits de France : superficie de 2 610 km2 . Sa population est relativement importante avec 215 habitants au km2. Son relief se compose de trois parties essentielles : au nord, les montagnes granitiques des Vosges qui atteignent 1 248 m au ballon d'Alsace, précédées de collines gréseuses ou schisteuses, dont le Salbert (647 m) au nord-ouest de Belfort; au sud, une série de plateaux calcaires qui s'élèvent progressivement vers le Jura suisse (622 m près de Villars-le-Sec); au centre, une sorte de gouttière qui draine les eaux venues du nord et du sud.

C'est là que coule la Bourbeuse, formée par la Madeleine et la St-Nicolas; l'Allaine qui vient de Delle entraîne à son tour les eaux de la Bourbeuse vers le sud-ouest, quitte le Territoire, prend le nom d'Allan, va recueillir vers Sochaux les eaux de la Savoureuse, rivière de Belfort, et rejoint le Doubs à Montbéliard. Les plateaux calcaires reparaissent au nord de la gouttière, se redressent quelque peu et se terminent à Belfort par des collines ou des éperons calcaires tels que la Miotte (453 m) et celui qui domine la vieille ville avec le château.

Placé dans la partie la plus resserrée de la porte de Bourgogne et d'Alsace, le Territoire de Belfort constitue donc un important carrefour : c'est là que se croisent les grands axes de Paris à Bâle, de Lyon à Strasbourg, l'autoroute A36, les voies ferrées de Paris à Bâle et de Vintimille à Strasbourg. La partie la plus déprimée (329 m au sud-ouest de la gouttière et 340 m au nord-est) est traversée par le canal du Rhône-au-Rhin, qui sera remplacé par un canal à grand gabarit, le canal Rhin-Rhône. La présence d'anciens gisements de fer avait fait naître une industrie locale active et réputée.

Le repli des industries alsaciennes de la partie annexée en 1871 dans le secteur du Haut-Rhin demeuré français, a stimulé l'expansion industrielle. L'économie belfortaine est actuellement marquée par d'importantes industries de pointe (électro-mécanique, électronique).

La population rurale n'atteignait pas 20 % au recensement de 1975, bien que tenant compte d'éléments ouvriers; la population active agricole a bien diminué, avec 2,2 % de la population active alors qu'elle est de 8,9 % pour la Franche-Comté et 9,3 % pour l'ensemble de la France; mais les exploitations agricoles, dont les surfaces ont augmenté par le remembrement sont modernisées et bien équipées; elles se consacrent essentiellement à la production laitière.

Les arts

Des conditions géographiques défavorables et une histoire troublée n'ont pas permis le développement précoce des activités humaines dans la région. L'occupation sporadique de l'homme autour de Belfort, dans les premiers siècles de notre ère, a laissé quelques rares vestiges: fragment de mosaïque gallo-romaine (au musée de Belfort) trouvé à Bavilliers en 1969, bas-relief de la même époque représentant un cavalier Thrace, trouvé au 19ème dans le faubourg de Belfort (musée de Colmar). L'important cimetière de Bourgogne, découvert et fouillé au début du 20ème, a fourni entre autres un ensemble exceptionnel d'objets de parure et de bijoux richement décorés, manifestation artistique de l'époque mérovingienne (musée de Belfort).

Le Moyen Age a laissé trois témoignages : l'église de St-Dizier-l'Evêque (vestiges préromans et romans) et sa remarquable collection lapidaire; l'église de Froidefontaine, reste d'un prieuré clunisien fondé au début du 12ème (ch¦ur et partie de la nef); l'église de Bermont, dont la reconstruction au 19ème a préservé le chevet et la base du clocher de l'époque romane.

Le rattachement à la France apporta une prospérité favorable à l'épanouissement des arts. Fin 17ème, des ingénieurs militaires exécutent des fortifications suivant les nouveaux tracés de Vauban (trois tours bastionnées, la porte de Brisach et son bastion, les ouvrages du château). Au 18ème Belfort, devenue place forte, s'agrandit et s'enrichit de beaux édifices : l'église St-Christophe, l'arsenal, l'hôtel Noblat, l'hôpital Ste-Barbe.

Des artistes embellissent la nouvelle ville : Maréchal et Schuller, architectes et entrepreneurs; Valtrin, facteur d'orgue, auteur des grandes orgues de St-Christophe; les sculpteurs Cupillard et Glorieux dont on peut admirer les ¦uvres dans de nombreux sanctuaires; Kléber, architecte de l'arrondissement de Belfort, futur général de la Révolution, qui construisit notamment l'église de Chèvremont, les clochers de Larivièse et Châtenois, la salle Kléber à Belfort, etc. Au cours du 19ème, Belfort voit naître deux peintres : Heim (1787-1865) et Dauphin (1804-1859), et deux poètes: Gabriel Vicaire (1848-1900) et Léon Deubel (1879-1913).

Après 1870, les sculpteurs Bartholdi et Mercié rappellent, par des monuments dont ils ont orné la ville, le glorieux passé militaire de Belfort. Au début de ce siècle, une nouvelle expansion de Belfort a donné aux urbanistes, architectes etartistes, l'occasion de s'exprimer en embellissant la ville (quartier de la porte de France et nouveaux squares), Plus récemment, deux artistes ont animé la vie artistique belfortaine : le peintre-graveur Jean Bersier et son ami Léon Delarbre, fondateur du musée de Belfort.

La vie culturelle se développe actuellement : conservatoire de musique, école des beaux arts, associations culturelles et sociétés savantes, dont l'active société belfortaine d'Emulation avec ses travaux collectifs et les ouvrages de ses sociétaires (telle la géographie du Territoire de Belfort de Schouler et Filbert).

usine de matériel d'équipement industriel Page, puis Chaudel-Page, puis Socolest, actuellement usine de mécanique de précision Crelier

En 1841, Eugène Page, directeur de la forge de Belfort et son frère Michel, constructeur à la Cie des Forges d'Audincourt, achètent le moulin dit Sous le Salbert, auquel ils ajoutent vers 1852 un atelier de construction mécanique et une demeure. La fabrication s'étend des turbines hydrauliques aux cylindres pour minoteries, laminoirs, papeteries et ocreries, en passant par les malaxeurs à poudre, broyeurs de terre pour briqueteries, cuves et pressoirs, chaudières à vapeur, ainsi que le matériel pour forges et fonderies.

usine de construction mécanique et électrique de la Société alsacienne de Constructions mécaniques (SACM), puis Alsthom, puis Alsthom-Atlantique, puis GEC-Alsthom, actuellement Alstom

Après l'annexion de l'Alsace en 1871, la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (SACM) décide d'implanter une succursale en territoire français. Début 1879, elle acquiert des terrains le long de la voie ferrée Belfort-Paris et commence la construction d'une usine destinée au montage et au finissage des locomotives.