la charite sur loire

La Charité (Caritas, Caritavum) à 35 kilomètres de Nevers. L'origine de la Charité est fort obscure. Il y eut d'abord, au lieu qu'elle occupe, un bourg de Saint-Cyr, puis un monastère détruit, au VIIIe siècle, par les Sarrasins. En 1502, à une époque qui couvrit la France de monastères saint Hugues, abbe de Cluny, envoya en ce lieu des moines pour fonder un monastère, et à leur tête Gérard qui en fut le premier prieur. Le nouveau monastère, qui comptait 200 moines, devint métropole à son tour, et fonda de tous côtés, jusqu'en Angleterre, en Portugal et en Orient, des établissements religieux ; le moment vint où 400 communautés religieuses relevaient de son autorité, et son prieur nommait à toutes les dignités de ces établissements. Tous les pouvoirs laïques ou ecclésiastiques le protégèrent à l'envi. Le comte de Nevers accorda au prieur les droits seigneuriaux et la hautejustice. Le pape Pascal II l'affranchit les terres qui environnaient le couvent, ce qui attira un grand nombre de marchands et de pauvres. Ces derniers accouraient pour recevoir les larges aumônes des religieux, d'où l'on prétend que la ville a reçu son nom de Charité, et aussi ses armoiries : trois bourses d'or liées et ampredonnées de même sur un champ d'azur.

Les marchands qui affluaient ainsi à Nevers, arrivaient pour la plupart du midi ; ils en rapportèrent l'hérésie albigeoise, que l'évêque d'Auxerre, de concert avec l'archevêque de Sens et les évêques de Nevers et de Meaux, s'empressa d'étouffer.

Riches et puissants, les moines de la Charité devinrent moins dociles. Ils déposèrent un prieur qui leur avait ordonné de payer les dettes qu'ils avaient contractées envers les templiers, et nommèrent à sa place Geoffroy, fils du comte de Nevers, Hervé, et baron de Donzy. Aussitôt, l'abbé de Cluny qui voit l'autorité légitime renversée, accourt. Mais les religieux, en pleine rébellion, lui ferment leurs portes, le renversent de son cheval, et le forcent de se réfugier chez un bourgeois. Geoffroy le fit tenir prisonnier dans la ville, qui était fortifiée depuis 1164, et, bravant également l'interdit lancé par le captif, et les menaces du pape Innocent III, demeura quelque temps le maître. Le comte de Nevers était favorable aux religieux de la Charité, soit parce qu'ils donnaient plus d'importance à son fief, soit parce que son fils était à leur tète. Deux fois il lit la sourde oreille aux ordres de Philippe Auguste, et ce n'est qu'à la troisième qu'il obéit. Il marcha alors avec des troupes sur la Charité, déposa Geoffroy et rétablit l'ancien prieu. Nos-moines gagnèrent pourtant quelque chose a cette révolte : jusque-là l'abbe de Cluny nommait le prieur; il se contenta depuis lors de désigner quatre candidats (1207).

En 1270, autre rébellion ; c'était cette fois contre l'autorité épiscopale : le prieur refusa de livrer à l'évêque Érard de Lésinnes, une femme suspecte d'hérésie qu'il voulait examiner. Aussitôt l'interdit de l'évêque tomba sur le couvent. Nos intrépides religieux n'eussent point cédé sans l'intervention énergique de l'archevêque de Sens et de l'abbé de Cluny : un d'eux fut obligé de demander pardon, à genoux, au prélat dont ils avaient méconnu l'autorité, et de le supplier de lever l'interdit ; vingt personnes mortes pendant la durée de l'interdit ! furent déterrées et leurs cercueils furent exposés dans l'église pendant la messe des morts, et remis dans la fosse après avoir reçu l'absolution épiscopale.

LA CHARITE SUR LOIRE Vue générale PONT église 1905

Vinrent ensuite des démêlés avec les bourgeois et avec le comte. Les marchands, les mendiants, groupés autour du monastère, avaient fini par former une ville, une population riche et industrieuse. Leurs descendants ; voulurent se mettre au niveau du mouvement de l'époque ; ils eurent, quoi qu'on n'en connaisse ni la date ni les termes, une charte de commune, car on les voit, en 1213, en possession du droit de nommer leurs échevins et de garder eux-mêmes leur ville où ni le comte ni le prieur ne purent faire entrer d'hommes d'armes. Ils n'étaient pourtant pas entièrement libres, puisque le comte, en 1259, leur promit de les affranchir complètement s'ils voulaient l'aider à ressaisir la juridiction que le prieur possédait. Entre le prieur et le comte s'éleva donc un conflit qui se tormina comme la fable de l'Huître et des Plaideurs. Le roi de France prit pour lui la juridiction disputée.

A l'époque des guerres des Anglais, on augmenta les fortifications de la Charité ce qui n'empêcha pas Robert Knolles de s'en emparer en 1356, de rançonner la ville et d'y établir une garnison anglaise qui y demeura jusqu'en 1365. Alors le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, par l'ordre de son frère Charles V, vint reprendre la ville avec 25 000 hommes. Elle fut entourée d'une nouvelle enceinte qui enveloppa le prieuré. La Charité fut encore fort disputée au commencement du XVe siècle. Le capitaine Perrinet Grasset réussit enfin à s'y établir et à s'y maintenir jusqu'en 1440. Charles VII ne put l'en chasser qu'en lui payant 2600 écus.

L'époque des guerres de religion est celle où la Charité a eu à la fois le plus d'importance et le plus de maux à souffrir. Disputée avec un grand acharnement entre les protestants et les catholiques, elle fut prise en 1568 par 20 000 huguenots sous les ordres du prince Wolfrang de Bavière. Les catholiques y furent traités avec la dernière cruauté on les attachait par douzaines à des perches et on les jetait dans la Loire, d'autres étaient écorchés, enterrés vifs, tous les moines périrent par le fer ou la faim. La place demeura longtemps aux calvinistes, en dépit des tentatives de leurs ennemis ; le traité de Saint-Germain (1570) la leur donna comme place de sûreté. C'était pour eux un point de ralliement, la clef de la Loire et une de leurs meilleurs positions après la Rochelle. Reprise après la Saint-Barthélémy, elle fut de nouveau perdue et ne rentra définitivement au pouvoir du roi qu'en 1577.

Comme pour réagir contre la réforme, la Charité, au XVIIe siècle, vit se fonder dans ses murs un établissement de religieuses bénédictines et un autre de sœurs hospitalières (1626-1639). Les noms les plus illustres figurèrent sur la liste de ses prieurs: un Richelieu , deux Colbert, un Latour d'Auvergne, un La Rochefoucauld, et enfin l'abbé, depuis cardinal de Bernis.

LA CHARITE sur LOIRE Vue générale PONT Maisons EGLISE Bords d' Eau

Désolée non-seulement par la guerre, mais encore par plusieurs grands incendies, la Charité n'offre plus à l'œil que les ruines de ses grands édifices religieux. L'église, consacrée en 1106 par le pape Pascal II, était magnifique. Elle offrait un mélange de roman et d'ogival, cachet de l'époque. Deux grosses tours carrées s'élevaient au portait occidental ; elles étaient ornées de sculptures d'un dessin plein d'originalité, de statues et groupes. On entrait par cinq portes dans cinq nefs parallèles, celle du milieu haute, étroite et éclairée par en haut ; celles des bas côtés beaucoup plus basses et à peine éclairées, sans chapelles. Au-dessus du transsept, à l'intersection de la nef et du chœur, s'élève encore aujourd'hui une voûte en coupole supportant un clocher octogone. Mais la chapelle de la Vierge, derrière le sanctuaire, est du XVe siècle.

La Charité est une jolie ville, agréablement siluée, au pied d'une colline plantée de vignes, sur la rive droite de la Loire ; elle possède une promenade charmante dans une presqu'île de la Loire. Un pont de pierre la joint à l'île jetée en face d'elle au milieu du fleuve, et un pont de fil de fer, continuant le premier, fait communiquer l'île avec la rive gauche. Sa population est de 4944 habitants. Les armes de cette ville sont : coupé le haut d'azur à trois tours crénelées d'argent posées en fasce et surmontées de trois fleurs de lis d'or ; la pointe echiquetée d'or et de gueules, avec cette devise : In varietate securitas sub lilio.

Source : La France illustrée par Victor-Adolphe Malte-Brun 1862.

Eglise Sainte-Croix

Située sur la route de Saint-Jacques de Compostelle, l'église Sainte-Croix a été édifiée au 12e siècle. La nef de cette église s'est effondrée au 17e siècle (les restes du collatéral nord sont intégrés dans des propriétés privées et n'ont pas bénéficié du classement de 1840 ; ils ont été inscrits en 1927).

Grand pont sur la Loire

Le pont en bois du 16e siècle est remplacé au 17e par le pont de pierre construit par les ingénieurs Berthe et Poictevin. L'ouvrage est constitué de dix arches de profil différent. Côté ville, les trois premières arches ont été reconstruites à l'ancienne après un bombardement allemand en 1944. Les arches suivantes, en plein cintre, en anses de panier ou en arc segmentaire, sont les plus anciennes (18e siècle). Elles ont été reconstruites à partir de 1731, sous la direction de Pitrou puis de Gendrier.

Eglise clunisienne Saint-Laurent et chapelle

Ce fut saint Hugues, abbé de Cluny, qui envoya une colonie de religieux sous la conduite d'un prieur dont il fil choix. Ce prieur, d'origine nivernaise, se nommait Gérard. Il arriva à Seyr en 1056. Doué d'une érudition profonde et surtout d'une grande intelligence, il conçut, assure-t-on, le plan du dernier monastère ainsi que de l'église.

Remparts

On rapporte que les remparts de la Charité-sur-Loire furent construits en 1364 par ordre du roi Jean. Les fortifications de la Charité-sur-Loire, et leur état actuel, sont pour beaucoup liées à son histoire et à ses maux. Voici l'histoire de cette ville qui eut à défendre plusieurs causes et la poussa à se nicher au creux de ses remparts.

Maison dite du Sabotier

Maison située 2 rue des Hôtelleries et 22 rue du Petit-Rivage (angle de rue) qui fait l'objet d'une protection portant sur la toiture ainsi que l'élévation. Il est probable qu'avant de devenir une habitation privé, cette construction était une boutique.

usine de boutons dite Manufacture militaire de boutons ou Manufacture royale de Quincaillerie, puis dépôt de mendicité dit Maison de correction et de refuge, puis asile d'aliénés dit Hospice départemental des aliénés, puis Asile départemental d'aliénés, actuellement Centre hospitalier spécialisé

Patrimoine classé, étudié ou inscrit dit 'usine de boutons dite Manufacture militaire de boutons ou Manufacture royale de Quincaillerie, puis dépôt de mendicité dit Maison de correction et de refuge, puis asile d'aliénés dit Hospice départemental des aliénés, puis Asile départemental d'aliénés, actuellement Centre hospitalier spécialisé' à la charite sur loire (nievre 58400).