cosne cours sur loire

Notice historique sur la ville de Cosne-sur-Loire et l'église de Saint-Aignan  par Augustin Joseph CrosnierOrigine

La ville de Cosne-sur-Loire se nommait autrefois Condate, c'est le nom qu'elle porte dans l'itinéraire d'Antonin ; elle y est indiquée, sur la route d'Autun à Paris, entre Nivirnum, Nevers, et Brivodurum, Briare.

Ce nom lui est commun avec beaucoup d'autres lieux placés au confluent de deux rivières, tels que Cande, Condat, Condé, Coignac, Montreau, etc. N'essayons pas de rechercher l'origine de cette ville dans des monuments plus anciens, nous le tenterions en vain ; la carte de Peutinger n'en fait pas même mention, ce qui donne à penser que si ce lieu a servi d'étape ou de station à l'époque de l'invasion romaine, cette station était peu importante. Cependant de temps à autre, on trouve dans ses environs des médailles antiques et des fragments de poterie romaine ; et sous les sables amoncelés par le cours capricieux de la Loire, on découvre, vis-à-vis Cosne, sur la rive gauche du fleuve, d'anciennes constructions et de nombreux tombeaux.

A la fin du VIe siècle, Cosne prend le nom de Condida, déjà, à cette époque, il est fait mention de son clergé dans les statuts de saint Aunaire, évêque d'Auxerre, Condida cum suis, et plus tard dans ceux de saint Tétrice, un de ses successeurs. '

Au IXe siècle, en 892, le roi Eudes date une charte de Cosne qu'il nomme Coneda : actum Coneda. Ce n'était pas encore une ville, mais plutôt une maison de plaisance environnée de quelques habitations et qui dépendait des évêques d'Auxerre, comme faisant sans doute partie des biens que saint Germain avait légués à son église. Vers 850, saint Héribalde, 35°. évêque d'Auxerre, donna aux chanoines de sa cathédrale pour la dépense de leurs vêtements les quarante maisons qui composaient alors Cosne, Conditam villam super fluvium Ligeris sitam, avec les terrains vains et vagues qui en dépendaient.

Vers 875, Wala fit construire au milieu de ces habitations la chapelle de Notre-Dame-de-Galles ; à la fin du XIe siècle, l'évêque Humblaut la fit orner avec magnificence, et en 1h90 l'évêque Jean Baillet la fit reconstruire. Qu'il est triste de voir cette magnifique chapelle dépouillée des vitraux peints qui faisaient son principal ornement, et les feuillages gracieux qui couvrent son portail en partie mutilés ; mais il est plus triste encore de voir le temple consacré à la Reine du ciel servir de demeure à de vils animaux, et de l'entendre retentir des blasphèmes malheureusement trop familiers à ceux qui les soignent.

Les courses des Normands qui ravageaient les bords de la Loire, et qui déjà avaient fait plusieurs excursions dans l'Auxerrois, mirent dans la nécessité de fortifier la maison de plaisance que les évêques d'Auxerre possédaient à Cosne ; sa position sur la frontière du Donziais la destinait à devenir une place importante. Déjà la famille de Semur, renommée par sa valeur, avait fourni au Donziais ces barons si redoutés qui ne craignaient pas d'en venir aux mains avec les plus puissants seigneurs ; le château de Cosne fut confié à leur garde et enclavé dans la petite province dont Donzy était la capitale ; cependant les comtes de Nevers prétendirent y avoir aussi des droits, et en 1157 Guillaume III déclare qu'il tient en fief du vénérable Alain, 55°. évêque d'Auxerre, entre autres seigneuries, celle de Cosne.

Humblaut, qui tint le siège épiscopal d'Auxerre depuis 1087 jusqu'en 1114, s'occupa de faire construire à Cosne une maison épiscopale, puisque l'ancienne avait été convertie en forteresse. Ce fut au pied des murs du château, auprès de la chapelle de Notre-Dame-de-Galles, qu'il exécuta son projet.

Cependant les évêques d'Auxerre n'avaient pas voulu renoncer entièrement à leurs droits seigneuriaux ; tous les habitants de la ville étaient justiciables de la cour épiscopale, et les officiers de l'évêque avaient droit de connaître des délits commis dans la maison du comte et dans le donjon de Cosne, et, quand le prélat l'exigeait, on devait lui remettre les clefs des tours et de la forteresse, afin qu'il pût y séjourner et y coucher, s'il le désirait. Ce qui reste encore du château de Cosne rappelle, dans ses ruines imposantes, les caractères d'architecture adoptés à l'époque dont nous parlons.

Déjà Cosne avait pris de l'extension, ce n'était plus l'humble villa du IXe siècle avec ses quarante maisons ; le titre plus pompeux d'Oppidum que lui donnent les actes du XIIe siècle annonce que le nombre des habitants s'était accru de beaucoup. Geoffroy, moine de Clairvaux, raconte, dans la vie de saint Bernard, que le saint abbé parcourant l'Auxerrois vint jusqu'à la ville de Cosne ; une femme dont la vie était en danger pendant les douleurs de l'enfantement, fit prier le serviteur de Dieu de venir la bénir, espérant que ses prières ne seraient point inefficaces saint Bernard se contenta de bénir de l'eau qu'il lui fit porter. A peine en eut-elle goûté qu'elle fut immédiatement délivrée. Geoffroy, évêque de Chartres, qui, sans doute, était venu s'entretenir avec le saint abbé, baptisa lui-même l'enfant et le nomma Bernard, nom de celui aux prières duquel il devait la vie.

Dès le commencement du XIe siècle, on voit les établissements religieux se multiplier à Cosne. On ne sait où se trouvait l'église paroissiale, et Lebœuf semble faire dépendre Cosne de St.-Père de Nuzy ; mais cette opinion ne nous paraît pas soutenable, puisque nous avons vu Cosne avec un clergé organisé dès le VIe siècle. Nous serions plutôt portés à croire que cette église était celle de St.-Front dont parle l'historien Nitard. Quoi qu'il en soit, vers l'année 1020, Hugues de Châlons fit construire l'église de St.-Laurent, et en 1212 Guillaume de Seignelay y plaça des chanoines en unissant cette collégiale à l'église de Nuzy. En 1240, Bernard de Sully réduisit les chanoines au nombre de dix, craignant qu'ils n'eussent pas suffisamment pour vivre, nisi necessaria mendicarent. Ils avaient pour chef le chantre. Dans la suite on érigea un titre paroissial sous le vocable de saint Jacques, et ou l'unit au chapitre en 1486 ; le chantre devint curé primitif sous le patronage de l'évêque.

L'église actuelle de St.-Jacques de Cosne présente bien tous les caractères de l'époque que nous venons d'indiquer, si on en excepte quelques substructions à la base de la tour qui accusent une époque antérieure. Elle n'offre au reste rien de bien remarquable ; c'est une église à trois nefs : les nefs latérales se terminent en angle droit à la naissance de l'abside polygonale. Les voûtes sont écrasées, tandis que des églises voisines et contemporaines, telles que celle de Donzy, se font remarquer par leur élancement. Nous avons fait observer ailleurs que l'ancienne Bourgogne semblait adopter avec peine les formes prismatiques, que le plus souvent cette forme était réservée pour les bas-côtés, tandis que les moulures toriques régnaient dans la grande nef ; l'église de Cosne en est un exemple. Quant aux fenêtres, un œil peu exercé, en considérant ces lancettes géminées surmontées d'une ouverture simple se rapprochant du trapèze, pourrait les confondre avec des ouvertures du XIIIe siècle, mais les pied droits garnis d'une gorge qui remplace les pans coupés de l'ogive primitive, les caractérisent assez pour faire éviter la méprise.

Le XIIIe siècle avait fondé à Cosne une maladrerie avec chapelle dédiée à saint Lazare ; elle existait encore en 1639 : elle fut réunie avec la maladrerie de la Celle-sur-Loire à l'hôtel-Dieu. On ignore l'époque de la fondation de ce dernier établissement, mais un acte testamentaire de 1504 en fait mention.

On sait aussi qu'au XIIIe siècle Cosne avait une maison de templiers ; un état des revenus de l'évêque d'Auxerre, en 1290, fait mention d'un moulin de l'évêque dont jouissaient les templiers. Molendinum domini episcopi quod tenent templarii.

Guerre

Disons quelques mots sur le siégé qu'elle fut obligée de soutenir pendant les luttes si terribles des Ducs de Bourgogne. La plupart des places du Nivernais et du Donziais étaient engagées dans le parti de Philippe-le-Bon qui avait succédé à Jean-sans-Peur, massacré à Montreau. Philippe entreprit de venger la mort de son père et favorisa de tout son pouvoir les entreprises des Anglais pour étendre leurs conquêtes dans l'intérieur de la France. An nom de Charles. et de Jean de Bourgogne, encore enfants, il prit le gouvernement du Nivernais et du Donziais, et, en haine du Dauphin, il livra aux Anglais les places les plus importantes du pays. Ils étaient maîtres de Cosne en 1420, et répandaient la terreur dans les environs de cette ville ; ils se rendirent cette même année à St.-Satur, mirent les habitants a contribution, et, après avoir pillé l'abbaye, ils exigèrent des religieux mille écus d'or. Comme ceux-ci se trouvaient dans l'impossibilité de payer cette somme, les Anglais en firent périr douze dans les flammes et en emmenèrent 52 autres a Cosne. Là ils les lièrent deux à deux et les placèrent dans un bateau qu'ils firent couler à fond ; huit seulement échappèrent à la nage.

Cependant le Dauphin résolut de se rendre en Nivernais pour combattre ses ennemis ; il partit de Bourges, vint mettre le siège devant la Charité-sur-Loire, à la tête de 20 000 hommes. La ville, à la vue de ces forces imposantes, se rendit presque sans résistance. De la Charité, il marcha sur Cosne et attaqua la place avec vigueur, mais les assiégés se défendirent avec bravoure ; cependant, voyant bien qu'ils ne pourraient résister longtemps, ils convinrent de se rendre, S'ils n'étaient pas secourus avant le 16 août.

On envoya au duc de Bourgogne un héraut pour lui faire part de cette capitulation ; aussitôt ce prince avertit le Roi d'Angleterre du danger que courait la ville de Cosne et lui exposa qu'il était important de voler à son secours ; en même temps il fit dire au Dauphin qu'il se trouverait au rendez-vous sous les murs de Cosne avant le jour fixé : le prince lui répondit qu'il l'attendrait sans crainte.

Le roi Henri devait se rendre à Cosne en personne, mais des empêchements lui survinrent, il chargea le Duc de Bedfort, son frère, de le remplacer. Celui-ci rassembla les troupes anglaises à Vezelay au nombre de 3 000 hommes, tandis que l'armée bourguignonne se réunissait à Avallon. Les deux armées, sous les ordres des ducs de Bourgogne et de Bedfort et du comte de Warwick, arrivèrent devant Cosne le 11 août. Le Dauphin voulait courir les chances d'une bataille, mais ses généraux l'en empêchèrent, considérant la défaite comme certaine. On rendit les otages aux Cosnois et l'armée du Dauphin se retira vers la Charité où elle repassa la Loire. Le Duc de Bourgogne la fit suivre par 2 000 hommes ayant à leur tête le Duc de Bedfort, dans l'intention d'attaquer l'arrière-garde et d'engager le combat, mais ils furent repoussés avec perte.

« Après cette journée passée, dit le sieur de St.-Remi, le Duc remercia les princes et autres qui ainsi l'avaient accompagné et bien y était tenu : car de mémoire d'homme ne fut vu une telle puissance ni plus à redouter, pour combattre à pied que était celle-là. Le Duc fit grands dons, puis se retira en Bourgogne, les Anglais en France et les Picards en Picardie ».

Ce fut encore à Cosne que la Ligue dite du bien-public commença ses hostilités. Le duc de Bourbon y fit saisir le sieur de Crussol, écuyer du Roi, tandis que le sire de Beaujeu et le comte de Dammartin s'étaient jetés dans Bourges.

Nous ne terminerons pas cette notice sans dire quelques mots des forges de Cosne. C'est à Cosne que se jette dans la Loire la rivière du Noain, appelée Nodaamnis dans les anciens titres. Cette petite rivière, qui prend sa source au-dessus d'Entrains et dont les eaux environnaient autrefois l'ancien château de l'Abîme, placé au milieu des étangs de St.-Cyr, arrose la ville d'Entrains, fait mouvoir dans son cours grand nombre de moulins à blé et à foulon, se partage à Donzy en différentes branches et met en activité plusieurs usines de la même ville, la tréfilerie, la pointerie, les forges de l'Eminence et de Bailly, la tréfilerie des Cabets, les forges de Vergers et enfin celles de Cosne.

Dès le commencement du XIIIe siècle, les religieux de Roches étaient propriétaires à Cosne de chutes d'eau situées au dessous de la ville devant la tour dite la Fraite, nommée ensuite Tour Froide. En 1212, ces religieux cédèrent ces chutes à un Guidon Berlerme pendant sa vie, à condition qu'il y ferait construire des moulins, qui, après son décès, retourneraient aux religieux. Ces moulins se nommaient Moulins-aux-Moines. Il y en avait pour le blé, pour le drap et pour broyer les couleurs. En 1636, les religieux les vendirent moyennant une rente ; ils passèrent ensuite en différentes mains, et furent achetés en 1660 par Elie Grégoire qui conçut la pensée d'en faire une manufacture d'armes. Il employa Plusieurs années à faire les dispositions nécessaires pour exécuter son projet, et en 1666 un atelier de mousquets commença à manoeuvrer. Elie s'était associé Samuel Délies, sieur de La Tour, et un nommé Legout, qui devinrent, en 1670, Seuls propriétaires de ces forges, et y firent des augmentations considérables ; ils y établirent nue forge pour les ancres.

Depuis, elles furent revendues plusieurs fois ; enfin le 7 août 1734, le sieur Masson de Guérigny et le sieur Souchet de Bisseaux les achetèrent. Le sieur Babaud de la Chanssade, gendre du sieur Masson, finit par devenir seul propriétaire. Il augmenta considérablement cet établissement ; après avoir fait construire une seconde fonderie et une clouterie, il y ajouta une fabrique de boulets à rames.

Il fut chargé par l'Etat de fournir à la flotte tout ce dont elle aurait besoin de ses produits, pendant la guerre de l'indépendance américaine.

En 1781, Louis XVI fit l'acquisition de ces ateliers et les forges de Cosne devinrent propriété de l'Etat.

Source : Notice historique sur la ville de Cosne-sur-Loire et l'église de Saint-Aignan  par Augustin Joseph Crosnier

usine métallurgique dite forges de la Chaussade, puis Masson, puis blanchisserie industrielle Sautereau, puis usine de feutre, puis usine de chaussure Dressoir et Compagnie, puis Câblerie Française, actuellement salle des fêtes

Patrimoine classé, étudié ou inscrit dit 'usine métallurgique dite forges de la Chaussade, puis Masson, puis blanchisserie industrielle Sautereau, puis usine de feutre, puis usine de chaussure Dressoir et Compagnie, puis Câblerie Française, actuellement salle des fêtes' à cosne cours sur loire (nievre 58200).