tourzel ronzieres

Le pèlerinage de Notre-Dame de Ronzière est à trois lieues environ de la ville d'Issoire. Ce sanctuaire, un des plus célèbres que l'Auvergne ait élevés en l'honneur de Marie, après Notre-Dame du Port, Notre-Dame d'Orcival et Notre-Dame de Vassivières, était autrefois dans l'archiprêtré d'Issoire ; il est aujourd'hui compris dans le canton ecclésiastique de Neschers.

Ronzière était aussi, avant la révolution, une paroisse consacrée à saint Jean-Baptiste. Près de Ronzière et au midi d'une petite montagne, se trouve Vodable, ancien chef-lieu du Dauphiné d'Auvergne (L'histoire rapporte qu'un ancien dauphin avait fait partie des premières croisades), et dont le prévôtage comprenait vingt paroisses sous son importante juridiction. Malgré la célébrité de son fief dans les anciens titres, cette chapelle relevait de la paroisse de Ronzière dès l'année 1380, époque à laquelle elle y fut réunie par une bulle de 1382. Le village de Tourzel (turris sata), situé au nord de Rouzière, sur le penchant d'un coteau exposé au midi, dépendait aussi de cette paroisse. Aujourd'hui Vodable et Tourzel forment deux paroisses, tandis que Ronzière a perdu ce titre, possédé depuis bien des siècles, et relève à son tour de la paroisse de Tourzel.

Toutefois Vodable et Tourzel ont conservé pour Ronzière une dépendance toute filiale, et leurs habitants acquittent le tribut de leur reconnaissance envers Notre-Dame, par les visites fréquentes qu'ils font à son antique pèlerinage.

On peut se rendre à Ronzière de la ville d'Issoire. Le pèlerin qui a choisi cet itinéraire, traverse d'abord la belle route qui est au couchant de la ville, et que bordent agréablement des peupliers élevés, laissant à droite le Plagne et la butte de Cormeil, où saint Austremoine fut, dit-on, pris et massacré par les satellites que le gouverneur d'Ieisdore avait envoyés à sa poursuite. Le village de Perrier est à l'extrémité de cette avenue de peupliers, et de ses dernières habitations on aperçoit au couchant Notre-Dame de Ronzière, dont les pierres rembrunies par le temps se détachent au milieu des sites accidentés qui l'entourent. On prend ensuite un chemin qui est à gauche, et on monte pendant près d'une heure par une pente douce, sans rencontrer d'autres habitations que celles du hameau d'Antaliac, qui est de la paroisse de Meilhau. On arrive enfin à la croix dite de Lorne, et vous distinguez parfaitement Notre—Dame de Bonzière, dont l'architecture assez grandiose se dessine à merveille au milieu du nouvel horizon qui s'offre à vos regards.

Plein d'une émotion religieuse, vous arrivez au pied d'un plateau basaltique qu'entourent au bas quelques maisons qui forment le village de Ronzière. Un sentier traverse le hameau et conduit au sanctuaire de Marie. La vie est délicieuse sur cette esplanade formée par la nature, et au milieu de laquelle vous admirez l'église toute romane dédiée depuis bien des siècles à l'auguste Vierge qu'on y vénère. De ce plateau isolé et escarpé, on aperçoit à l'est la plaine d'Issoire et des environs, au midi Variable, au nord Tournai, et partout des coteaux couverts de vignobles ; au couchant sont les Monts—Dures, dont on découvre les cimes élevées. J'ai indiqué en deux mots l'importance et la situation pittoresque de ce sanctuaire vénéré, l'admiration des pèlerins qui viennent en foule le visiter et prier au pied des autels de Notre-Dame de tout pouvoir.

Source : Trésor du pieux pèlerin aux pieds de N.-D. de Ronzière par Churches and Institutions (MARY, the Blessed Virgin) 1864.