sezanne

La ville de Sézanne est très ancienne : elle existait dès le temps de Jules-César, lorsqu'il fit la conquête des Gaules, & qu'il les divisa en trois provinces : Sézanne faisait alors partie de la province appelée Comata, c'est-à-dire chevelue. Auguste ayant depuis divisé cette province en Gaule Belgique & Gaule Celtique; la ville de Sézanne fut comprise dans la celtique, ainsi que Troyes, Provins, et les autres villes et lieux en-deçà de la Marne. Cette rivière faisait la séparation de la Gaule Celtique, d'avec la Belgique, qui comprenait Vitry, Châlons et Epernay, et les autres villes et lieux au-delà de la même rivière ; c'est ce qu'atteste Pithon d'après Grégoire de Tours, Ammien & autres anciens auteurs.

Dupuy rapporte que Thibault III, comte de Champagne, l'an 1199, en épousant Blanche, fille de dom Sanche, surnommé le sage roi de Navarre, lui assigna son douaire sur sept de ses châtellenies, dont Sézanne faisait une.

Le même auteur dit, que le comté de Sézanne, avec les seigneuries de Barbonne, Nogent & Pont-sur-Seine, fut assigné pour douaire en 1232, à Marguerite, fille d'Archambault de Bourbon, par Thibault IV, comte de Champagne, roi de Navarre son mari : ces deux circonstances établissent bien clairement que Sézanne a toujours fait partie du comté de Champagne.

Ce ne fut qu'en 1284, que le comté de Champagne & de Brie passa au roi de France par le mariage de Jeanne, reine de Navarre, souveraine de ce comté, avec Philippe le Bel, fils de Philippe le Hardi. Par l'union qui s'en est faite à la couronne de France, sous le règne du roi Jean, le comté de Sézanne qui relevait anciennement du château du Louvre à Paris, est devenu domaine inséparable de la couronnes.

Cependant cela n'a pas empêché que depuis il n'ait été donné en apanage à des princes du sang de la branche d'Orléans, dont le nom a été conservé à la place qui est au bas de l'auditoire royal, qu'on appelle encore aujourd'hui la cour d'Orléans.

Le duc d'Alençon, frère des rois François II, Charles IX & Henri III, & après lui les ducs d'Angoulême & comte d'Alais, l'ont aussi possédé à ce titre.

Ce n'a été qu'en 1581, que le comté de Sézanne, par contrat du 12 juillet, devant Lunon & Croiset, notaires au châtelet de Paris, a été vendu & engagé pour la première fois, avec la faculté néanmoins de rachat perpétuel; cet engagement qui subsiste encore aujourd'hui, a passé en 1658, au maréchal de Fabert, de lui à la marquise de Beuvron, sa fille, qui l'a vendu par contrat du 28 mai de l'an 1700, à Henri de Guenegaud, marquis de Plaucy, auquel a succédé en 1720, le duc de Caderousse, qui l'a transmis au duc d'Ancezune, son fils & son héritier, possesseur actuel dudit comté, à pareil titre d'engagement.

Avant que Thibault IV, comte de champagne eu fait, en 1229, démanteler, démolir & raser la majeure partie de Sézanne. pour empêcher que les ducs de Bourgogne, de Bretagne, les comtes de Bar, de la Marche, et autres grands seigneurs ligués contre lui, ne vinssent à s'en emparer et s'y fortier, la ville était assez grande & fort étendue ; on ne conserva que le château et quelques parties voisines. Cette destruction ne se fit que par précaution, et pour parer aux suites qu'aurait pu avoir la prise de Troyes, dont les ligueurs avoient formé le siège que le roi, qui vint au secours de Thibault, les obligea de lever.

La ville de Sézanne a toujours été fidèle à ses souverains. On trouve dans les chroniques & annales de France de Nicole Gilles, que la ville de Sézanne en 1423, sous le règne de Charles VII, sut assiégée & prise d'assaut par les Anglais, qui avaient à leur tête le comte de Salisbury : le siège dura depuis Pâques jusqu'à la Sait Jean, Guillaume Marin, fameux capitaine, qui défendait la ville, fut tué à l'assaut; et Roger de Criquetor, chevalier de Normandie, fut sait prisonnier, etc.

Sous le règne de Charles IX, Sézanne fut encore assiégée par les Huguenots en 1566 : ils s'en rendirent maîtres, brûlèrent les églises & les couvents, abandonnèrent la ville au pillage, et mirent le feu partout ; en sorte que ce qu'il y avait d'antiquité dans la ville, fut consumé et totalement perdu. Ces faits sont consignés dans une table chronologique qui est chez les PP. Cordeliers de cette ville.

Henri IV, du temps de la ligue, et lorsque le duc de Nevers était gouverneur de la Champagne, passa à Sézanne, la trouva fidèle, et y prit les plaisirs de la chasse, tant dans la plaine, que dans les forêts, qui n'en sont éloignées que d'une lieue et demie au plus.

En 1615, Sézanne donna les plus grandes marques de fidélité à Louis XIII, en recevant dans ses murs le maréchal de Bois-Dauphin, qui commandait l'armée royale contre les princes qui étaient à sa poursuite.

Une autre preuve de fidélité de cette ville pour son souverain, se tire de ce que rapporte le sieur Pontis dans ses Mémoires. «Sézanne, dit-il, tenait pour le Roì Louis XIII contre le prince de Condé & autres seigneurs de la cour, mécontents de la régence de la reine Marie de Médicis, lorsque je fus obligé de m'y retirer en 1616, après avoir fait tête avec 200 hommes de pied, à 600 chevaux commandés par le cardinal de Guise, et les avoir repoussés deux fois. »

Le dernier événement qui fait époque par rapport à Sézanne, et un des plus fatals à cette ville, fut l'incendie de 1632..

Sézanne est à 12 petites lieues au levant d'hiver de Châlons, à 16 au levant d'hiver de Meaux, à 12 grandes lieues au couchant d'été de Troyes, et à environ la même distance vers le midi d'Epernay, à 14 lieues au même point de Reims, à huit au levant d'été de Provins, à 11 au levant de Coulommiers, et à environ 24 de Paris.

Source : Dictionnaire universel de la France par Robert de Hesseln 1771.

Marché couvert

Ce bâtiment est une salle municipale où de nombreuses manifestations peuvent être organisées : foire aux vins, expositions, spectacles, concerts, bourse aux livres… Au moment des festivités de Noël, une patinoire y est même installée ! Plus rarement, elle est utilisée comme marché couvert.

Eglise Saint-Denis

La principale paroisse est celle de Saint-Denis, située au milieu de la ville, et elle est remarquable par la beauté de l'église, tant au-dehors qu'au dedans. Henri IV, lors de son passage à Sezanne, admira surtout l'élévation et la délicatesse de la voûte et la belle construction de la tour qui est toute de grasserie, et que tous les connaisseurs regardent comme un très-beau morceau d'architecture.