château épiscopal, dit tour d'Hautefage

Cet édifice fut bâti par deux évêques d'Agen, d'origine italienne, des La Rovère Léonard, cardinal (1487-1519) et Antoine (1519-1538). Les armes de ces prélats sont quatre fois répétées dans les pièces tes plus diverses de la construction. On peut les voir au-dessus de la porte et de deux fenêtres et dans une pleine assise de l'étage supérieur ce sont des rameaux de chêne enlacés, sur un écu en cartouche.

La tour de Hautefage, remarquable au double point de vue de la construction et du style, est difficile a classer. Est-ce un monument religieux ? Non, sans doute; elle n'était point destinée à servir de clocher à la petite église qu'elle avoisine. Ce n'est pas non plus un donjon féodal; la tour n'est reliée à aucun ouvrage de défense; elle est dépourvue de meurtrières une échauguette sur quatre mâchicoulis, surplombant du premier étage, voila tout ce qui peut rappeler une préoccupation militaire.

Enfin, il n'existe pas de raccords, pas de pierres d'attente révélant l'intention de rattacher cette tour a un corps de logis. Il faut donc qu'à elle seule; grande dans son isolement, elle ait constitué ce qu'on appelait le château de Hautefage. C'est un logement sans doute très pittoresque, mais d'une distribution fort incommode, une fantaisie de grand seigneur.

Assise au point de rencontre de deux coteaux, la tour domine le double versant d'une vallée profonde, inclinée a l'ouest. Aussi, la plus large et la plus belle fenêtre s'ouvre au couchant.

En jetant les fondations quelques mètres en arrière, les constructeurs auraient pu se passer de murs de soutènement. On a peine à se rendre compte du motif qui les a engagés sacrifier la hauteur d'un étage en établissant leurs premières assises à la base du rocher.

La tour est hexagone. Les deux côtes adossés à la carrière offrent trois angles perdus sous des contre-forts; les couronnements en bâtière de ces appuis énormes ne dépassent pas de beaucoup les assises supérieures du rocher, autour duquel se détachent les trois autres angles. Ainsi, au coup d'œil, cet édifice perd dix métrés de sa hauteur réelle.

A partir de l'arête du coteau, la tour se compose d'un rez-de-chaussée et de trois-étages. Chacune de ces divisions est accusée au-dehors par un cordon, d'un faible relief mais d'un profil très pur. Ces petites corniches n'offrent pas de variantes bien sensibles d'un étage a l'autre elles. sont creusées d'un larmier profond.

Une tourelle, renfermant un escalier à vis, est adossée à l'angle Sud-Ouest. Quatre rangs de moulures identiques aux corniches de la tour, mais sur des plans horizontaux différents, la partagent dans sa hauteur. Chacun de ces étages fictifs reçoit le jour par quatre petites fenêtres carrées. Cette tourelle est en retraite d'un massif rectangulaire, qui lui sert de base et qu'elle déborde de droite et de gauche. Ses murs sont construits assez légèrement.

Les clôtures du rez-de-chaussée sont au contraire fort massives elles ont près de deux mètres d'épaisseur.

La porte, en plein,cintre, dans le style renaissance, est surmontée d'un fronton. Les ornements ténus de sa tablette ont été en partie détruits par l'action des eaux pluviales.

Le rez-de-chaussée est éclairé par quatre fenêtres à la romane, c'est-à-dire étroites, offrant un large ébrasement. A l'extérieur, leur cintre est creusé dans une seule pierre.

Le premier étage est en retraite. Au-dessus du cordon qui le délimite, de petits contre-forts plats masquent les angles. A partir du second, ces appuis, dédoublés par une rainure verticale, puis amincis et ramenés à la forme triangulaire, s'élèvent jusqu'au sommet, après trois ressauts accusés par des arcatures et des clochetons. Deux fenêtres, larges et décorées avec élégance, correspondant à cet étage. L'une, ouverte à l'Ouest, est coupée par deux meneaux en croix et surmontée d'un fronton des fleurons; des fuseaux, des modillons plaqués ornent ses montants, portent et divisent sa plate-bande, remplissent le fronton et couronnent son gâble. La seconde ouverture, presque en face, plus étroite, est partagée par un seul meneau horizontal et s'amortit en anse de panier; accostée d'impostes, au sommet, elle a pour couronnement un gable coupé par une ligne horizontale.

Le second étage a trois fenêtres cintre brisé et trèfle. Le troisième est percé, sur toutes ses faces, de larges baies, dont le cintre devait être a tiers-point. Ces fenêtres sont à l'état de ruine. D'après la tradition du pays, la tour n'aurait jamais été achevée. Ce monument, remarquable par sa pureté de ses lignes fut construit à l'une des meilleures époques de l'art français. Cependant les sculptures n'ont pas été prodiguées. On n'y remarque ni des cordons de feuilles frisées, ni les monstres, ni les grotesques si fort à la mode dans la période de transition du gothique a la renaissance. Trois bustes, deux coqs, six têtes d'amours ou d'anges accostées d'ailes, forment des consoles à la naissance des contre-forts. Quelques crochets, des fleurs de lys sur ces couronnements des contre-forts tels sont les seuls sujets de sculpture empruntés la flore.

A l'intérieur, il ne subsiste plus aucune division d'étage toiture, planchers, voûtes se sont effondrés. Le rez-de-chaussée et le premier devaient être recouverts de voûtes cupuliformes, soutenues par trois arcs bandés d'un angle à l'autre. Ces arcs, dont la portée est de 8m80, reposaient sur des culs-de-lampe aux moulures rectilignes un seul de ces supports représente une tête.

Au premier étage, une large cheminée; supportée par des pilastres, reste suspendue en porte-a-faux au-dessus de la tête du visiteur. On accède à l'escalier, à vis, qui a 122 marches, par un couloir tournant dont la voûte rampante est fort remarquable. Les joints courbes et obliques sont admirablement ajustés. L'appareil de toute la construction est irréprochable, ainsi que le choix des matériaux cependant, quelques assises de l'étage supérieur, provenant d'une mauvaise carrière, se sont délitées.

G. Tholin.

  • Titre : Revue de l'Agenais et des anciennes provinces du Sud-Ouest publiée à Agen sous la direction de M. Fernand Lamy.
  • Auteur : Académie des sciences, lettres et arts (Agen)
  • Éditeur : P. Noubel (Agen)
  • Date d'édition : 1874

Le ministère de la culture précise qu'au XIXe siècle, les divisions d'étage ont disparu et la partie supérieure de la tour est ruinée. Elle a été restaurée à la fin du XIXe siècle et coiffée d'un toit conique, vraisemblablement dans les années 1910. Un château d'eau a été installé à l'étage supérieur dans les années 1950. La tour fait aujourd'hui office de clocher.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 165671
  • item : château épiscopal, dit tour d'Hautefage
  • Localisation :
    • Aquitaine
    • Lot-et-Garonne
    • Hautefage-la-Tour
  • Code INSEE commune : 47117
  • Code postal de la commune : 47340
  • Ordre dans la liste : 34
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : restauré (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • limite 15e siècle 16e siècle
    • 16e siècle
  • Enquête : 2003
  • Date de protection : 1883/05/28 : classé MH
  • Date de versement : 2004/09/07

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 4 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • calcaire
    • moyen appareil
    • pierre de taille
    • pierre
  • Couverture : On remarque 2 types de couverture différents :
    • toit conique
    • toit
  • Materiaux (de couverture) :
    • L'élément de couverture principal est ardoise
  • Autre a propos de la couverture :
    • Un mode de couvrement relevé : 'voûte d'ogives'
  • Etages :
    • Etage type : 3 étages carrés
  • Escaliers : 3 types d'escaliers différents sont présent sur le site :
    • escalier en vis
    • en maçonnerie
    • escalier hors-oeuvre
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation : 4 motifs orenementaux on été relevés :
    • armoiries
    • buste d'homme
    • coq
    • tête d'ange
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 5 informations diverses sont disponibles :
    • 2 coqs et 6 têtes d' anges en cul-de-lampe
    • les armoiries des della rovere
    • rameaux de chêne enlacés
    • sont sculptées sur la porte d' entrée
    • sur 2 fenêtres et sur une des assises du niveau supérieur. 3 bustes d' homme
  • Auteur de l'enquête MH : Beschi Alain
  • Référence Mérimée : IA47002759

photo : Lucius Liber