Eglise Saint-Paul

Architecture et Sculpture

Histoire et Architectonique

Entre tous les projets présentés au concours, le n° 11 avait été couronné. C'était un monument dans le style de ceux du XIe siècle, et qu'on peut caractériser par la dénomination de roman ou bysantin.

Pour bien comprendre le caractère architectural de cette époque, il ne sera pas inutile de jeter un coup d'oeil rapide sur l'histoire de l'architecture dans les temps précédents.

Cet art, qui, envisagé seulement sous le point de vue de l'utilité, l'emporte sur tous les autres, naquit avec la première lueur de civilisation et mérita d'être appelé l'art par excellence, ainsi que l'indique son étymologie grecque.

Parmi les plus anciens peuples connus chez lesquels il atteignit un certain degré de perfection, il faut citer surtout les Babyloniens, les Phéniciens et les Juifs. Les Étrusques se firent remarquer par une solidité inébranlable, des proportions gigantesques et une magnificence exagérée, qui donnent à leurs monuments un aspect plutôt étonnant qu'agréable.

Les Grecs modifièrent les anciennes formes par une noble simplicité unie à l'élévation du style, et les beaux travaux de Phidias illustrèrent le siècle de Périclès. Si l'architecture de cette époque possède une évidente supériorité sur toutes les autres, c'est que seule elle eut l'avantage de trouver dans ses premiers essais un modèle à la fois simple, riche et varié : c'est qu'on ne voit en elle ni hardiesse, ni caprice, qui imposent aux yeux ; qu'elle tire toute sa beauté de ses proportions, et que ses proportions elles-mêmes sont si justes que rien ne paraît grand, quoique tout le soit.

Les Romains n'avaient rien produit de comparable aux chefs-d'œuvre de la Grèce : ce n'est que sous le règne d'Auguste que l'art s'éleva jusqu'au degré de perfection dont il était susceptible alors. Cet empereur convoqua les architectes grecs qui avaient quitté leur patrie pour Rome, et fit construire un grand nombre d'ouvrages dont nous admirons encore les précieux fragments. Ces ouvrages peuvent être regardés, jusqu'à un certain point, comme des chefs-d'œuvre, mais il leur manque cependant la grandeur et le style noble des Grecs.

Les successeurs d'Auguste embellirent tous, plus ou moins, la ville de Rome, et les arts fleurirent encore quelque temps ; mais un sort commun devait bientôt les ensevelir dans la même nuit. La translation du siège de l'empire à Byzance, en divisant leurs richesses et les forces de l'état, porta le coup mortel aux unes et aux autres. Vainement Constantin voulut rendre cette métropole aussi glorieuse que Rome qu'il dépouillait, tous ses efforts, pour l'embellir des plus somptueux monuments, prouvèrent que les arts ne sont pas toujours soumis à la puissance des rois.

L’Italie, abandonnée à la fureur des Visigoths, se dépeupla de tout ce que Constantin y avait laissé : une ruine générale fit rentrer dans la poussière les monuments de l'orgueil de Rome. Tous les édifices furent construits depuis avec les débris précieux que l'ignorance et l'avarice rassemblaient de toutes parts. Un oubli honteux des proportions. des formes, des convenances et de la destination de ces fragments, occasionna la confusion de tous les membres de l'architecture et acheva par ce mélange d'en dénaturer l’essence.

On assembla les colonnes et l'on en fit des piliers sur lesquels se trouvèrent étendus confusément des ensablements renversés au hasard : on jeta des arcades sur les chapiteaux pour suppléer au défaut des plates-bandes et à l'impuissance où l'on se trouvait d'en tailler.

L'architecture perdit ainsi les divisions qui en constituaient la nature, et, d'abus en abus, elle abandonna jusqu'à l'idée, jusqu'au souvenir des types, et finit par tomber dans un véritable chaos.

Ici commence une espèce d'interrègne dans l'histoire de cet art. Semblable à ces fleuves qui disparaissent quelque temps cachés sous les sables et n'en ressortent que pour reprendre un plus vaste cours, l'art architectonique, enfoui pendant les siècles d'ignorance, se remontre enfin pour donner la loi aux peuples même qui l'ont anéanti : son empire va bientôt s'étendre sur toute l'Europe.

On comprend que le christianisme, qui transforma la société, devait aussi exercer son influence sur un art qui avait pour mission de lui bâtir des sanctuaires. Il fallait que les églises chrétiennes différassent des temples païens : il appartenait à l'esprit de régénérer la forme.

Les temples grecs étaient ordinairement bas, inondés de lumière, presque toujours ouverts dans leur sommet, et sans aucune espèce d'ornements intérieurs. La religion du Christ éleva des dômes et des clochers, comme pour rapprocher des cieux le signe de la rédemption : elle décora les murailles de riches peintures, couvrit les pavés de mosaïques, orna les façades de marbres précieux, et plaça aux entrées des portes d'airain si admirablement sculptées quelles seraient dignes de fermer le Paradis.

Elle enveloppa ses mystères d'un demi-jour ménagé par des vitraux coloriés, et obtint parla un clair-obscur favorable au recueillement et à la prière.

Les ornements eux-mêmes ne sont pas une vaine parure dans les anciennes églises romanes : ils forment comme un langage d'images religieuses. Chacun admire, dans ces monuments, une profonde conformité du but avec le plan, une grande impression des masses à l'extérieur, enfin à l'intérieur, un ensemble grand et religieux correspondant par sa magnificence à la sublimité des doctrines chrétiennes.

Ainsi l'art, dont la décadence était accélérée, commença sous cette influence nouvelle à pousser peu-à-peu de puissants rejetons. Les Xe et XIe siècles virent renaître dans l'église de St-Marc, à Venise, les premières lueurs du jour qui allait reparaître et donner un des plus précieux monuments pour l'histoire de l'architecture ; mais le plus rare, sans contredit, fut la cathédrale de Pise, bâtie en 1016 par l'architecte grec Buschetto de Dulichium.

Bien que l'architecture romane ne soit qu'une transition entre l'architecture grecque et l'architecture gothique, elle a cependant un cachet original qui lui est propre. Les églises de ce temps-là se reconnaissent à leurs tours droites et pointues, à leurs colonnes groupées ensemble, dont les fûts et les chapiteaux reçoivent des ornements de détail, qui s'éloignent évidemment de la pureté et de la simplicité primitives ; les arceaux forment le plein-cintre, l'ogive ne se montre presque nulle part : les portes sont profondément enfoncées dans l'épaisseur des murs de facade, garnis de statues, de colonnes, de niches et d'autres ornements. Tout annonce qu'on cherchait autre chose que ce qui existait déjà, sans avoir le courage d'abandonner tout-à-fait les anciennes traditions.

L'architecture byzantine, résultat des efforts que firent les artistes grecs de cette école, pour dissimuler,sous l'apparence de la légèreté, les défauts des premiers essais, connus par le nom d'ancien genre gothique, l'architecture byzantine, disons-nous, éveille l'imagination par ses voûtes richement ornées, ses belles perspectives et cette obscurité religieuse produite par la peinture des vitraux. Elle conserva de l'ancien genre les voûtes hautes et hardies, les murs épais et solides qu'elle recouvrit de toutes sortes d'embellissements, tels que volutes, fleurs, niches, etc. Elle éleva dans les airs des petites tours et des flèches découpées comme de la dentelle.

Par la suite, allant plus loin encore, elle perça à jour des tours monstrueuses qui laissaient voir les escaliers comme suspendus dans le vide ; elle donna aux fenêtres une dimension extraordinaire, et plaça des statues jusque sur le faîte du bâtiment.

Tels sont les principaux caractères du style roman ou byzantin qui prit naissance vers le Xe siècle et se maintint jusqu'au milieu du XIIIe siècle. Les morceaux les plus précieux qui nous restent de cette époque sont : l'église St-Germain-des-Prés à Paris, St-Sernin à Toulouse, la petite église de Thor dans le département de Vaucluse, l'admirable cathédrale de St-Gilles, celle de St-Trophyme à Arles, le portail de Ste-Marthe à Tarascon et quelques autres morceaux disséminés dans le midi de la France.

Description de l'église Saint Paul

Nous pouvons maintenant examiner, d'après ces données, l'œuvre de M. Questel. Nous éviterons autant que possible de prodiguer les mots techniques pour nous faire bien comprendre de nos lecteurs, tout en priant ceux d'entre eux qui sont plus versés que nous dans l'étude de l'architecture, de nous pardonner, si parfois nos expressions ne sont pas parfaitement adaptées à l'art dont nous nous occupons passagèrement en ce moment.

La forme de la nouvelle église St-Paul est une croix latine. Sa longueur est de 61 mètres, sa largeur de 34 mètres. Le vaisseau, divisé en trois nefs, présente une surface totale de 1,472 mètres 66 cent. ; la nef du milieu a 8mètres 70 cent., de largeur. Elle est séparée des bas-côtés par de forts piliers qui supportent des arcs à plein cintre, surmontés par des fenêtres à vitraux coloriés.

Les trois nefs sont terminées par autant d'absides circulaires en forme de demi-coupoles. Le plein-cintre règne sans partage dans tout le monument, à l'exception des deux nefs latérales, où l'on remarque une légère tendance vers l'ogive. Ce serait une critique à faire au plan, qui s'éloigne, par là du style pur de cette époque, si ces arceaux de forme ogivale n'eussent été rendus nécessaires par la construction même de l'édifice. L'ogive était ici commandée par la hauteur constante de la naissance des voûtes, et par la différence des espacements dans les travées. Au reste, l'architecte peut justifier cet écart aux règles pures de l'art, par un des plus beaux types du style roman : nous voulons parler de l'église de St-Gilles qui, dans ses petites nefs, offre le même exemple de voûtes ogivales.

Au centre de la croix s'élève une coupole surmontée d'un clocher, dont la construction architectonique demande une explication particulière. La flèche proprement dite porte sur le vide ; sa base, carrée d'abord, puis de forme octogonale, n'a d'autre point d'appui que les quatre gros piliers établis à la naissance des transepts. Dans les angles des grands arcs-doubleaux qui surmontent ces piliers, on a établi quatre trompes pour répartir le poids et la butée du clocher.

Cette partie de l'église, qui a 54 mètres de hauteur, est remarquable par l'habileté de son exécution ; elle présentait les difficultés les plus sérieuses que l'on puisse rencontrer dans la généralité des constructions ; aussi avaient-elles effrayé la plupart des entrepreneurs. M. Arnavielle en a triomphé victorieusement, et l'on peut dire que son travail est irréprochable.

Une galerie pratiquée autour de la coupole et dans l'épaisseur même des parties en pénétration, permet de circuler, en donnant accès par là aux combles de la grande nef et des transepts ; on y arrive par l'escalier du clocher.

Le chœur se compose du chœur principal ou sanctuaire, et de deux bas-côtés. Ces trois parties, reliées par de grands arcs qui permettent d'en embrasser tout l'ensemble, présentent un aspect grandiose et méritent à l'architecte les plus grands éloges. Au centre du sanctuaire se trouve le maître-autel, placé sous un ciborium, qui, à lui seul, est un véritable petit monument dont nous parlerons plus tard, quand nous nous occuperons de la décoration générale.

Nous aurions peut-être désiré avoir des tribunes pour aider aux cérémonies du culte, et pour rapprocher les visiteurs des remarquables travaux de peinture qui sont exécutés dans le chœur ; il en existe dans plusieurs églises romanes, telles que St-Sernin, à Toulouse ; St-Germain-des-Prés, à Paris ; mais ce détail eût nui, sans doute, dans la pensée de l'architecte, à l'ensemble du monument qui offre des lignes bien profilées, une coupe hardie, un tout large et harmonieux, un aspect sévère et imposant.

Nous aurions aussi voulu des chapelles dans l'intérieur des petites nefs ; l'œil aime à plonger dans ces recoins obscurs qui rompent la monotonie d'une longue ligne droite ; mais ici, comme pour les tribunes, la raison péremptoire qui s'y opposait, a été probablement l'impossibilité d'augmenter un budget dépassant déjà de beaucoup les ressources financières d'une ville de province.

La seule critique sérieuse que nous aurons à faire dans l'intérieur du monument, portera sur le trop grand nombre de fenêtres ; on perd ainsi cette demi-obscurité que le regard comme la pensée aime à retrouver dans un sanctuaire et qui fait le charme des églises de Florence. M. Questel n'a pas tenu assez compte de la grande réverbération du soleil méridional, et, puisqu'il voulait décorer tout le chœur de peintures, il aurait dû, ce nous semble, éviter cette lutte de l'astre resplendissant avec la lumière factice de la couleur, lutte inégale, dans laquelle cette dernière sera toujours vaincue.

Sept portes donnent accès dans l'église : trois sur la façade principale, deux sur les transepts ou bas côtés de la croix, et deux sur le derrière du monument, à l'entrée des sacristies.

Les trois portes, auxquelles on arrive après avoir gravi un perron de quatre degrés, sont décorées de petites colonnettes en granit, supportant des arcs à plein cintre richement ornés dans leurs archivoltes. et dont les tympans renferment des figures en demi-relief, sculptées par M. Paul Colin.

Sur la porte principale est représenté le Christ entouré des quatre évangélistes : au-dessous, et dans des dimensions inférieures, sont les douze apôtres.

Sur la porte gauche, correspondant à la chapelle de la vierge, Marie tenant l'enfant Jésus : à ses côtés, les anges Gabriel et Michel.

Dans le tympan de la porte droite, correspondant à la chapelle St-Paul, est sculpté l'apôtre lui-même, ayant près de lui St Castor et St Baudile, patrons de la ville de Nîmes.

Toutes ces figures, avec les ornements qui les entourent, portent bien le caractère religieusement naïf des époques byzantines, caractère que l'on a rarement atteint depuis, jamais dépassé. M. Colin s'est heureusement inspiré, pour les douze apôtres, des belles sculptures qui décorent le portail de St-Trophyme à Arles ; nous sommes loin de l'en blâmer, puisque à cette imitation d'ensemble il a su joindre l'originalité dans l'exécution des têtes, des vêlements et de tous les accessoires.On louera surtout avec nous le groupe de la Vierge, si l'on remarque l'ajustement de la tête ainsi que la richesse du trône et des draperies ; on admirera aussi la délicatesse des archivoltes, les deux frises latérales et le détail des chapiteaux. Tout d'ailleurs est habilement fouillé, et ne demande qu'à être consacré par la belle couleur et la croûte de vétusté, que la suite des siècles donne aux monuments de notre pays. La pierre de Lens et de Beaucaire, qui a servi à la construction de l'église, est la même que celle de la Maison-Carrée : on se figure quel autre aspect aura pour les yeux l'ensemble de l'édifice, quand le soleil du Midi aura déposé sur ce monument quelques brillants reflets de ses rayons dorés.

Outre les portes principal ornement de la façade et dignes de tout éloge, nous signalerons trois belles rosaces, dont les rayons sont autant d'élégantes colonnettes qui servent à maintenir des vitraux de couleur. Le tout est surmonté d'une croix tout à fait dans le caractère du monument et telle qu'on en trouve dans les églises de la même époque, citées par MM. de Caumont et Batissier.

Dans le projet primitif, le clocher devait être en charpente ; une délibération du Conseil municipal, que nous ne saurions trop approuver, vota une augmentation de fonds pour qu'il fût exécuté en pierre. Il est fâcheux que la somme n'ait pas été suffisante pour donner à cette partie de l'église quelques mètres de plus ; l'ensemble du monument y aurait beaucoup gagné ; car c'est là, il faut bien l'avouer, le côté défectueux et celui où la critique trouvera le plus à s'exercer.

Dans la partie inférieure du clocher, M. Questel s'est évidemment inspiré de la jolie petite église des Aliscamps, que nous avons tous admirée dans nos promenades à Arles, et dont probablement la partie supérieure est incomplète : mais en lui supposant une flèche, l'imagination aime à la reconstruire délicate et élancée, telle que l'artiste l'eût proportionnée aux autres parties de l'édifice, et digne à tous égards de reposer sur une base si habilement travaillée.

On peut regretter que M. Questel ait pris, dans une ville aussi rapprochée de la nôtre, une imitation que quelques esprits trouveront par trop identique : mais comment résister à la tentation de copier un modèle si gracieux dans ses formes, si élégant dans ses proportions ?

La flèche de l'église St-Paul manque de légèreté et de hardiesse : peut-être aurait-il mieux valu terminer le clocher par une galerie circulaire, éviter ainsi les formes pointues toujours désagréables à l'œil, et qui s'accordent peu avec la coupe largement arrondie du plein-cintre. Mais si l'architecte voulait une flèche, il aurait pu lui donner 7 à 8 mètres déplus en hauteur, y ménager des jours plus nombreux, et sculpter des crochets en saillie pour couper les lignes trop régulières des arêtes, tels qu'on en voit, par exemple, dans la flèche de Ste-Marthe, à Tarascon.

Ce défaut d'élévation se remarque également dans l'aspect général de l'église : le monument paraît un peu écrasé et aurait beaucoup gagné à être exhaussé sur un perron plus important.

Les hommes de l'art reprocheront-ils un peu de timidité à l'artiste — Si ce reproche ne peut plus être admis au degré de talent où M. Questel est parvenu, il faut se transporter au temps où le jury couronna l'un de ses premiers ouvrages : il faut, en outre, taire la part des difficultés que présente un concours dans une ville de province, où la hardiesse et les élans de l'imagination courent la chance, s'ils ne sont pas bien compris, de faire inexorablement repousser un projet. Il faut enfin se méfier des parallèles impossibles, se reporter au style de l'époque que l'on a voulu imiter, et ne pas juger une église byzantine en la comparant aux monuments romains que nous avons sous les yeux ou aux cathédrales gothiques du XVIe siècle.

Disons-le sans arrière-pensée, la nouvelle église St-Paul est un monument remarquable, qui classera honorablement M. Questel parmi les architectes de notre époque. Quand nous y avons signalé quelques imperfections, c'est qu'il n'est pas permis d'être trop indulgent pour un talent sérieux, et qu'on doit toute la vérité à un artiste, lorsque ses œuvres peuvent supporter l'analyse, et qu'elles révèlent un bel avenir à son auteur.

Si nous ne craignions pas de fatiguer nos lecteurs par une description trop détaillée, nous nous arrêterions à considérer les élégants chapiteaux sculptés par M. Colin, avec tant de délicatesse, au sommet des grands piliers intérieurs qui séparent les trois nefs ; nous aurions à citer bien d'autres parties intéressantes sous le rapport de l'art architectonique : telle est la façade postérieure du monument qui offre une coupe savante et des profils très-heureux : nous nous étendrions aussi sur le principal mérite de ce travail qui consiste à présenter constamment l'unité dans la variété, caractère que nul autre édifice ne possède au même degré, la plupart étant composés d'ornements et d'attributs de toutes les époques ; tandis qu'ici les décorations intérieures, les sculptures, les boiseries et jusqu'à l'ameublement, sont d'un accord parfait avec l'ensemble de de l'édifice.

Au reste, M. Questel, bien que jeune encore, avait fait des études toutes spéciales dans l'architecture romane, et personne n'eût réussi mieux que lui à donner à notre ville un monument complet des siècles byzantins.

Disons aussi qu'il a été parfaitement secondé dans ses longues absences par M. Henri Durand qui, pendant tout le temps des travaux, a fait preuve d'une connaissance parfaite de son art ; par M. Bedos qui en a surveillé l'exécution avec intelligence, et par l'entrepreneur M. Arnavielle qui a déployé une activité et une aptitude remarquables.

Nous permettra-t-on de présenter, avant de terminer, une dernière observation sur l'avenir qui pourrait être réservé à l'architecture religieuse.

Après avoir vu le génie de l'homme s'élever, par des améliorations successives, depuis les essais informes des Égyptiens jusqu'à la pureté des Grecs, au grandiose des Romains, à l'élégance et à la légèreté des Arabes, la raison et l'expérience des siècles nous conseillent de chercher à réunir, dans le plus heureux accord, la solidité immuable de la construction à la simplicité et à la pureté des formes ; la retenue et le choix des ornements à cette convenance qu'un esprit juste, formé par l'étude autant que par la méditation, sait garder pour donner à chaque édifice le caractère précis que sa destination exige.

Ne pourrait-on arriver à ce but, en empruntant aux divers genres ce que chacun renferme de raisonnable ou d'exquis, pour en composer un style moderne, qui deviendrait le résultat heureux, des connaissances applicables à l'art de bâtir, et s'approprierait au climat, aux usages, aux matériaux et aux convenances de chaque pays.

Et pour les temples modernes en particulier, quel style adopter ? Sera-ce exclusivement le grec, le roman, le gothique, ou quelque chose de nouveau, encore à trouver ?

C'est là une des plus graves difficultés qui se puisse présenter dans l'étude des beaux-arts. Nous ne nous croyons pas compétents pour la résoudre ; mais il nous semble que l'église moderne ne devrait être bâtie ni sur le modèle des temples grecs, ni dans le goût roman, ni dans le style gothique. Si l'architecture est la forme suprême que reçoive dans l'art la pensée des peuples, elle doit se modifier alors que cette pensée se transforme. Nous ne voulons donc ni du Parthénon, ni de Notre-Dame : à des idées nouvelles, il faut un art nouveau en rapport avec elles.

Notre cadre est trop restreint pour approfondir cette question, nous nous contentons de l'indiquer, en la recommandant aux hommes de talent, et en appelant leurs recherches vers une voie qui illustrerait à tout jamais ceux qui seraient assez heureux pour tirer l'architecture religieuse de la voie stationnaire où elle se traîne péniblement depuis des siècles.

Source : Notice sur l'église Saint-Paul de Nîmes par Jules Sallès 1849.

photo pour Eglise Saint-Paul

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 46040
  • item : Eglise Saint-Paul
  • Localisation :
    • Languedoc-Roussillon
    • Nîmes
  • Code INSEE commune : 30189
  • Code postal de la commune : 30000
  • Ordre dans la liste : 12
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • 2e quart 19e siècle
  • Années :
    • 1841
    • 1849
  • Date de protection : 1909/07/30 : classé MH
  • Date de versement : 1993/10/21

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'peinture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Fresques de Flandrin
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 7e54ebf058c500e9116986f66bd30ecc.jpg
  • Détails : Eglise Saint-Paul : classement par arrêté du 30 juillet 1909
  • Référence Mérimée : PA00103095

photo : Roi Dagobert