Eglise Saint-Aubin

Au XIIIe siècle, Criel possédait trois églises paroissiales dont l'une dédiée à saint Aubin, l'autre à saint Léonard et la troisième à saint Thomas de Cantorbéry. Ces trois cures, toutes desservies par des chanoines réguliers de l'abbaye d'Eu, formaient presque autant de prieurés qui avaient un chef et des frères. L'abbé du monastère régnait souverainement sur ces trois clochers. C’était lui qui envoyait à son gré les moines nécessaires pour le service paroissial. Les revenus, qui ne laissaient pas d'être considérables, entraient tous dans le trésor de l'abbaye. Criel et En étaient comme les appendices du grand monastère. Cet usage a duré fort longtemps, car, jusqu'à la révolution, les chanoines desservirent la paroisse de Criel, et le presbytère porte encore le nom d'Abbaye. Outre ces biens ecclésiastiques, de grands revenus avaient été donnés aux moines dans la paroisse de Criel. Ils avaient la plus grande partie de l'impôt et deux hôtes, 60 sous du cens que prélevaient les comtes d'Eu et un muid de la grosse aumône des moulins et des courtilles, de sorte qu’ils étaient ici les vrais seigneurs du village.

Le revenu total des trois paroisses de Criel était de 82 livres sous le pontificat d'Eudes Rigaud ; on y comptait alors près de 400 paroissiens, ce qui suppose une population plus considérable que celle d'Arques. Aujourd'hui, deux paroisses sont tombées, une seule survit avec son église, c’est celle de Saint-Aubin, simple succursale de 1,273 habitants, que nous allons décrire.

Le monument actuel n'est point celui que visitèrent nos archevêques du XIIIe siècle, rédacteurs du premier pouillé de notre diocèse. Cette église, bâtie au pied de la colline, sur la rive droite de l'Yère, a été presque entièrement reconstruite au XVIe siècle. Cependant, elle conserve quelques parties qui remontent au XIVe; de ce nombre nous devons citer le transept du nord et surtout le grand portail de l'ouest avec la grande fenêtre qui le surmonte. Cette ogive, aujourd'hui masquée d'un ignoble replâtrage, devait s'illuminer autrefois des feux étincelants d'une verrière embrasée par les rayons du soleil couchant. L'église a trois nefs ; elle ne manque ni de grandeur ni d'étendue. On sent qu'elle a été bâtie pour une grande population. La pierre blanche, le grès et le silex font presque tous les frais de l'appareil. Son aspect est triste, son plan irrégulier. Elle semble s'affaisser sous les coups des tempêtes qui tourbillonnent à l'aise dans cette gorge étroite ; mais l'intérieur rachète beaucoup ce défaut d'harmonie et d'unité extérieure.

Le clocher, qui n'a pas de flèche au dehors, est supporté au dedans par quatre fortes colonnes. Dans le beffroi est une cloche qui porte l'inscription suivante : « Au mois de juillet de l'année 1714, à la diligence de discrète personne Julien François Marchand, prieur-curé de ce lieu, et de Jacques Lefebvre, syndic de cette paroisse, cette cloche a été bénite et consacrée au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, en l'honneur de saint Charles, de saint Joseph et de saint Nicolas, lesquels noms lui ont été imposés par Joseph Charles-Nicolas d'Auberville-sur-Yères, écuyer, et par damoiselle Elisabeth-Charlotte-Geneviève de Rolindes, fille de maître Marc-Antoine-Valentin de Rolindes, chevalier seigneur de Chantereine, baron de Rosat, conseiller de la cour, et de dame Elisabeth-Geneviève Delaporte-Ducray et François de Lompry m’ont faite. »

Le sanctuaire est très-décoré ; au dehors, il y a plusieurs niches de statue qui rappellent l'église de Saint-Jacques de Dieppe. On voit la statue de Saint-Aubin avec la crosse épiscopale et un coq, et celle de Saint-Léonard, abbé, avec un prisonnier enchaîné à ses pieds. Au bas du sanctuaire est une pierre tombale autour de laquelle on lit: « Cy gist le corps de religieuse personne Jehan Gofestre, curé de Criel, qui décéda le 211 septembre 1632. »

Au côté nord du chœur est la chapelle de la Sainte-Vierge. Des lambris en planche y recouvrent de délicieuses sculptures de la Renaissance. Dans cette chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours est suspendu un tableau de naufrage sur lequel est écrit l'ex-voto suivant : « Le dogre le Saint-Pierre estant à la hauteur de l'Ile-Dieu, le 16 février 1766. »

Ce tableau de naufrage nous prouve qu'autrefois Criel possédait beaucoup de marins. Le Terrier du comté d'Eu, dressé par ordre de Catherine de Clèves, renferme un acte de 1580 qui fait mention des droits et rentes que payaient au comte d'Eu les pêcheurs du Tréport, d’Ault et de Cryel.

Au XVIIe siècle, on n'y comptait pas moins de 200 matelots. La mer, alors, remontait fort avant dans la prairie; car, au-dessous de la Vieille Cité, sont des pâturages encore appelés les Salines. Il y avait à Criel une marine et des bateaux de pêche comme à Longueil, à Belleville, à Berneval et ailleurs.

La chapelle du midi est consacrée à saint Nicolas ; elle est voûtée comme la précédente et ornée comme elle de jolies sculptures de la Renaissance.

Le baptistère est une cuve octogone en pierre sur laquelle sont figurés, dans le style de la Renaissance, quatre images représentant saint Jean-Baptiste, saint Jean-l'Évangéliste et deux saints apôtres. Au-dessus est un tableau sur bois du Baptême de Notre-Seigneur.

On trouve dans cette paroisse plusieurs usages particuliers au pays. Dans la quinzaine de Pâques, le vicaire de la paroisse fait ce que l'on appelle le pocage. Cette coutume consiste à porter du pain bénit dans toutes les maisons et à recevoir une aumône ; il asperge en même temps les lits de toutes les personnes qui habitent la demeure.

Dans beaucoup de mariages, ou bénit encore le lit nuptial. Dans quelques-uns, on place à la porte de l'église deux fauteuils vêtus de blanc, devant une table dressée, sur laquelle sont des gâteaux et des bouteilles ; le maître de la noce verse à boire à toutes les personnes qui sortent de l'église. C'est la dernière trace d'un usage liturgique autrefois général dans le diocèse de Rouen. A la fin de la messe du mariage, le curé faisait une exhortation aux nouveaux mariés, puis bénissait un pain blanc et du vin. Il présentait à l'homme et à la femme, qui venaient de s'épouser, du pain trempé dans le vin, en signe de leur union et comme un symbole de l'amour et de la vie conjugale. Conjuyalis convictûs symbolum sponso et sponsae panem distribiat vine intinctum, dit l'ancien rituel du diocèse. Après quoi les parents et surtout les enfants mangent aussi de ce pain bénit trempé dans le vin. Ceci était considéré par les liturgistes comme un reste des Agapes de charité et d'union.

Nous devons mentionner aussi une procession qui se fait dans cette paroisse, le dimanche qui suit la Saint-Aubin, fête patronale célébrée au mois de juillet. Cette procession est appelée du Vœu de Notre-Dame. Elle est, en effet, la suite d'un vœu fait le 28 juin, il y a environ cent ans. C'était pendant une épidémie qui sévissait particulièrement sur les jeunes filles de Criel ; toutes mouraient ou devenaient languissantes. On fit un vœu à Notre-Dame-de-Bon-Secours : le mal cessa et, depuis ce temps, on a toujours continué la messe et la procession, même pendant les plus mauvais jours.

Source : Les églises de l'arrondissement de Dieppe par Jean Benoît Désiré Cochet 1850.

photo pour Eglise Saint-Aubin

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 122952
  • item : Eglise Saint-Aubin
  • Localisation :
    • Haute-Normandie
    • Seine-Maritime
    • Criel-sur-Mer
  • Code INSEE commune : 76192
  • Code postal de la commune : 76910
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 14e siècle
    • 15e siècle
  • Date de protection : 1930/04/14 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/09/15

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : a428d7e0c603af636fef42b969c82b28.jpg
  • Détails : Eglise : inscription par arrêté du 14 avril 1930
  • Référence Mérimée : PA00100610

photo : joel.herbez

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