Auberge Aux Trois Rois

Il existe trois maisons a Ribeauvillé qui peuvent prétendre avoir hébergé la réunion des ménétriers. il semble que ces trois maisons ai été dédiées à cette fonction mais à des époques différentes :

  • Le ministère de la culture place cet endroit (voir citation en fin d'article) à l'angle de la Grand'Rue et de la rue de l'Abbé-Louis-Kremp ou l'on observe encore une maison portant l'enseigne de l'auberge des trois rois (objet de l'illustration de Elena voir ci dessous). C'est l'objet de cette fiche.
  • On place la réunion des ménétriers dans la maison dite de la Sainte-Vierge (13 grand rue) un peut plus bas dans la rue. Vous pourrez découvrir un descriptif des fêtes des vendanges ci dessous qui illustre ce fait.
  • On trouve pour finir des mentions de cette réunion dans l'auberge du soleil (actuellement enseigne "A l'ancienne hostellerie du soleil" 99 grand rue)

Quoi qu'il en soit les ménétriers avaient leur habitudes dans les auberges ...

Pfiffertag

A Egisheim les vendanges sont terminées depuis plusieurs jours. Dans le trayon de Ribeauvillé on trouve avantage à retarder la récolte jusqu'à maturité parfaite, pour obtenir des produits de qualité supérieure. La cueillette du raisin commence, dans la plupart des localités du Haut-Rhin, soit dans les derniers jours de septembre, soit dans les premiers d'octobre. De même que les laboureurs de la plaine ont leur fête de la moisson quand est coupée la dernière gerbe de blé, la fin des vendanges amène des réjouissances pour les travailleurs du vignoble. Ce jour-là vous voyez partout les vendangeurs rentrer à la maison, chantant de gais refrains autour du chariot qui porte le dernier chargement de raisin. Combien nous en avons regardé passer, de ces chariots attelés de bœufs au pas mesuré et grave, chargés d'une rangée de lourds cuveaux Dans les cuveaux remplis de raisin foulé sont plantées des branches d'arbres ornées de rubans, de fleurs, de fruits, de belles brioches et de saucisses appétissantes. Toute la famille du propriétaire accompagne avec les ouvriers, hommes et femmes, jeunes et vieux, grands et petits, devant, derrière, sur les côtés, chacun portant un ustensile ou un outil. Parfois tout le monde se pare de travestissements susceptibles d'exciter la bonne humeur des gens que l'on rencontre. Quolibets et propos légers volent et se croisent de la belle façon. Mais le plus fier personnage de la scène est le bambin debout sur le devant de la voiture. Regardez-le, appuyé contre les cuveaux, un fouloir sur l'épaule gauche et une guirlande autour de la fête, pareil à Bacchus dans la mythologie grecque. Devant lui, un petit frère assis grignote un fruit, tandis qu'un frère plus grand, le visage barbouillé de noir, représente le démon des vendanges démon folâtre, occupé à agacer les chanteurs de la bande par ses gestes mutins. Plus la récolte a été abondante, plus le vin nouveau déjà fermenté a de force capiteuse, plus les éclats de la joie commune éclatent bruyamment. Le musée de Colmar possède une peinture de Lix, le sympathique artiste alsacien, qui interprète avec finesse et avec verve cette scène du retour des vendanges, prise sur le fait avec une fidélité scrupuleuse.

La fête des vendangeurs, générale dans toutes les localités du vignoble, ne doit pas être confondue avec le Pfiffertag local de Ribeauvillé. Cette fête des ménétriers tombe au mois de septembre et se tient avec ponctualité durant quatre dimanches consécutifs. Depuis Colmar jusqu'à Schlestadt et Sainte-Marie-aux-Mines, le monde « comme il faut » y afflue pour danser sur une place en plein air, ornée pour la circonstance. Aux divertissements ordinaires la municipalité ajoute des feux d'artifice et des illuminations d'un bel effet, dans les allées du jardin public, en avant de la ville. Au temps passé, la corporation des ménétriers d'Alsace se réunissait ici pour tenir le Pfiffertag, chaque année le 8 septembre, jour de la Nativité. Non seulement les musiciens des deux landgraviats d'Alsace y venaient régulièrement les profès en gaie science des provinces voisines d'Allemagne étaient assidus au rendez-vous. A grand bruit et à grand renfort de pots cassés se célébrait ce jour, suivi de lendemains également joyeux, quoique les lendemains ne figurent pas sur le programme officiel des statuts. « Par suite d'un privilège impérial qui remontait à une haute antiquité, dit M. de Morville, page 10 du Musée pittoresque et historique de l'Alsace, publié à Colmar en 1863, les seigneurs de Ribeauvillé, les nobles comtes de Rappolstein étaient les chefs-nés et les patrons héréditaires de cette corporation vagabonde qu'ils gouvernaient sous le titre de rois; elle leur devait foi et hommage et s'administrait d'après les statuts qui lui avaient été octroyés par Eberhard de Rappolstein et qui furent renouvelés plus tard, sous la domination française, par le Conseil souverain d'Alsace en 1785 ».

Lors des réunions, le jour de la Nativité, à neuf heures du matin, le cortège des ménétriers, partant de l'auberge Au Soleil, se rendait tout d'abord à l'église paroissiale pour assister à la messe. Chaque membre de la corporation portait à sa boutonnière une médaille en argent à l'effigie de la vierge de Dusenbach. Après le service divin, toute la compagnie montait au château pour rendre hommage au seigneur de Rappolstein, roi des musiciens, par des concerts et des symphonies. Cela fait, la troupe retournait à l'auberge, où l'attendait un copieux repas, commandé à frais communs. Les séances du tribunal de la corporation se tenaient ensuite, afin de recevoir le serment et la taxe des nouveaux entrants, pour accorder ou renouveler aussi les certificats d'inscription, pour juger les délits commis dans l'année contre les règlements et imposer des amendes aux sociétaires absents sans excuse. Ces amendes consistaient en argent et en cire, l'argent au profit du seigneur, la cire applicable à la chapelle de Notre-Dame de Dusenbach. Outre le produit des diverses taxes, le seigneur, roi des fifres, héritait encore à la mort de chaque sociétaire de son meilleur instrument et de sa médaille d'associé.

On montre encore à l'intérieur de Ribeauvillé, dans la rue principale, une vieille maison avec tourelle à encorbellement, où la tradition locale place le lieu de réunion des ménétriers. C'est une espèce d'hôtellerie, appelée encore la maison de la Sainte-Vierge, à cause des figures représentées par les boiseries sculptées de la tourelle. Sans les couleurs criardes dont elles ont été badigeonnées, ces figures se détacheraient bien sur les montants de la maîtresse fenêtre. Quelques pas plus haut, la même rue présente une autre maison ancienne, avec des figurines originales et curieuses, également en bois, sur la façade. Les personnages représentés par les sculptures sont deux pauvres, l'un avec une jambe de bois et appuyé sur une béquille, qui déploient ensemble un écriteau sur lequel une inscription en caractères gothiques indique la destination de l'édifice Zu ehren got de allmechtigen und teglicher ubung chrisllicher lieb ist beveye worde eine ehrsame burgerschafft alhie zu büwen und slifften disses den armen lutt huss velches zu evigen zütten unverhindert erhalten soll verden anno 1542. Traduction française « A la gloire du Dieu tout-puissant et pour la pratique journalière de la charité chrétienne, une honorable bourgeoisie a été amenée à construire ici et à fonder cet hospice à perpétuité pour les pauvres gens, 1542. » D'après une seconde inscription, l'hospice a été réédifié et remis en bon état l'an 1739.

Au milieu de la ville s'élève la tour des Bouchers, Metzgerthurm, ancien beffroi barrant la grande rue, avec un étroit passage à travers sa porte à arcade. Droit et haut, ce beffroi ne se termine pas par un toit en pointe, comme l'Oberthor de Richewihr, comme les tours communales de la Normandie et des Flandres. Une galerie à jour le couronne, découpée et fleuronnée dans le goût du XVIe siècle. A mi-hauteur, la séparation des étages est marquée par un entablement sans décoration particulière. Les cloches se trouvent au-dessus du cadran de l'horloge, qui se détache sur la façade noircie, entre deux petites fenêtres étroites. La porte même paraît écrasée sous le poids de l'édifice; les eaux pluviales s'écoulent par quatre gargouilles énormes représentant un homme d'armes coiffé de son pot de fer, un moine à la face béate et joufflue, un fou décoré de ses oreilles d'âne et de son bonnet à grelots, un paysan couvert plus simplement d'un vulgaire sayon. Une des cloches du beffroi, la plus grosse, porte la date de 1468; la seconde est de 1626, et la dernière, plus petite, de 1699. Une guérite, pour le service du guet, existe encore à l'un des coins de la tour, contre la balustrade. Plusieurs villes d'Alsace, notamment Obernai et Richewihr, ont des beffrois semblables à celui de Ribeauvillé. Ces tours rappellent dans la plupart des localités l'affranchissement des communes, qui les ont élevées en commémoration de la reconnaissance de leur liberté. Le droit de suspendre dans le beffroi la cloche à ban, Banglocke, pour convoquer aux assemblées les bourgeois ou les échevins, est une des prérogatives obtenues avec l'émancipation. De là vient l'expression de « convoquer le ban et l'arrière-ban ». Aux jours d'élection on sonne encore la cloche pour annoncer l'ouverture et la clôture du scrutin.

  • Source : Titre : L'Alsace, le pays et ses habitants
  • Auteur : Grad, Charles (1842-1890)
  • Éditeur : Hachette (Paris)
  • Date d'édition : 1906

Bâtiment situé à l'angle de la Grand'Rue et de la rue de l'Abbé-Louis-Kremp, au rez-de-chaussée en maçonnerie et à l'étage en pan de bois, en encorbellement sur gouttereau et sur pignon, avec une poutre d'étage diagonale à l'angle. Sablière incurvée en cavet. Assemblages à mi-bois et queues d'aronde. Portes et fenêtres remaniées. Toit à une grande demi-croupe. Sur l'angle, enseigne de l'auberge : plaque en tôle arrondie peinte représentant les rois mages (très restaurée).

A l'origine l'édifice n'était peut-être pas une auberge, celle-ci est citée de 1729 à 1789 comme lieu de réunion des ménétriers. Le bâtiment remonte certainement au XVe siècle, en raison de la présence d'un pan de bois archaïque datable de cette époque, sur une partie du mur-pignon et sur le gouttereau. La partie droite du mur-pignon a été reprise au XVIIIe siècle. Les ouvertures du rez-de-chaussée ont été repercées au XVIIIe ou au XIXe siècle. Lucarnes modernes.

Source : Ministère de la culture.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 115742
  • item : Auberge Aux Trois Rois
  • Localisation :
    • Alsace
    • Haut-Rhin
    • Ribeauvillé
  • Adresse : 76 Grand'Rue
  • Code INSEE commune : 68269
  • Code postal de la commune : 68150
  • Ordre dans la liste : 7
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : auberge
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : restauré (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • 18e siècle
  • Enquête : 2001
  • Date de versement : 2008/07/19

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 4 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • enduit
    • bois
    • pan de bois
    • maçonnerie
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • Etage type : 1 étage carré
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie : La typologie relevée est composée de 3 éléments :
    • encorbellement sur gouttereau
    • encorbellement sur pignon
    • pan de bois archaïque
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • non communiqué
  • Auteurs de l'enquête MH :
    • Scheurer Marie-Philippe
    • Raimbault Jérôme
  • Référence Mérimée : IA68007006

photo : Elena