Château

II existait un château à Jonzac dès 1081, ainsi que le prouve le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Etenne-de-Baigne, par l'abbé Chollet, qui nous dit que Guillaume de La Roche donna à l'abbaye la chapelle Notre-Dame de son château de Jonzac.

Détruit par la guerre et confisqué à la suite de la révolte de Pierre ou d'Arnaud de Sainte-Maure, contre les anglo-gascons. il fut rebâti de 1420 à 1442 (ou 1449), pendant l'occupation anglaise, ainsi que l'indiquent les dates inscrites sur le donjon, qui, avec la tour de l'ouest, restent seuls debout, pour nous donner une idée du style dans lequel il fut construit.

La tour du sud, plus petite, paraît avoir été restaurée ou rebâtie. Ces tours sont reliées au donjon par une facade reconstruite à l'époque de la renaissance, plusieurs fois remaniée depuis. C'était là l'ancien château-fort, place de guerre qui a subi trois sièges: il fut pris et repris en 1450 et 1453, par les armées royales victorieuses des Anglais; Agrippa d'Aubigné, capitaine huguenot, assiégea la ville en 1570, et passa au fil de l'épée tous ceux qui ne purent se réfugier dans le château. Jean et Isabeau de Sainte-Maure, cette dernière réduite à 40 écus de rente, ne purent faire que les réparations les plus urgentes; c'est donc à Léon de Sainte-Maure que nous croyons devoir attribuer la construction, sur un rocher dominant la prairie, de l'aile du levant dans laquelle se trouvaient les chambres occupées en 1659 par Louis XIV et sa suite. Plus tard, Pierre Bouchard d'Aubeterre fit construire l'aile du nord qui vient rejoindre le donjon, renfermant ainsi la cour d'honneur tout autour règne une attique, destinée à harmoniser ensemble les diverses constructions, reliées par un arceau devant le vieux donjon les signes du zodiaque sont sculptés sur des cartouches, au-dessus des fenêtres du premier étage à côté se trouvaient les bustes des principaux connétables; un seul mutilé se voit encore sous le porche d'entrée. Boulanger Cherbonnière, maître sculpteur, a pris soin d'inscrire son, nom, et la date de l'achèvement de ses travaux, 1709 (ou 1706), sous une gargouille située près du cadran solaire.

Les douves qui entouraient le château, comblées vers 1852, pour élargir la place publique, avaient une profondeur de 10 mètres et une largeur de 7 mètres; elles ne paraissent pas avoir reçu les eaux de la rivière située en contre-bas; du côté de la ville, un pont-levis communiquait avec le château, relié de l'autre côté par une passerelle, encore existante, qui conduisait à la chapelle.

La cour, plus élevée de deux mètres, avec terrasse et balustres, masquait le rez-de-chaussée actuel, qui n'était qu'un soubassement, ayant à peine 1 mètre 50 de hauteur; au fond de cette cour, à la place de la rue qui a coupé le château, un perron à double envolée conduisait aux appartements du comte et de la comtesse, transformés plus tard en maison d'école et en salle de mairie.

L'escalier d'honneur, large de 4 mètres, avec des paliers toutes les 12 marches, détruit pour établir les bureaux de la sous-préfecture, desservait l'autre aile du château, et descendait jusqu'à la terrasse, située du côté de la prairie, plantée d'allées de tilleuls, entre lesquels on plaçait des caisses d'orangers. Non loin de là, dans les soubassements du vieux château fort, débouchait l'ancienne salle des gardes, vaste et voûtée ; au dessus était située, au premier étage, entre le donjon et la tour du sud, la galerie des tableaux de famille, longue de 17 mètres. La plupart de ces tableaux ont été barbouillés et rendus méconnaissables sous une couche de peinture, d'après les ordres d'un commissaire de la convention ; quelques uns, échappés à ce vandalisme, ont été achetés par un amateur, M. Bacle, de Jonzac, qui les possède encore : ce sont ceux de Geoffroy de Sainte Maure, autrefois en pied, dont on n'a conservé que le buste, offrant seul une valeur artistique : il est dit comte de Jonzac, en 1614; Viviane de Folignac, comtesse de Jonzac, 1614 ; un autre tableau représentant, sous la forme des cinq sens, les cinq enfants de Pierre-Louis-Joseph Bouchard d'Esparbez de Lussan d'Aubeterre, dont il est question dans l'inventaire du château de Jonzac, fait le 10 septembre 1750, avec les armes de Jonzac et les inscriptions suivantes : « le comte de La Serre Aubeterre, le comte d'Aubeterre, le comte de Jonzac Aubeterre »; il n'est pas fait mention de Michelle-Françoise-Julie ni de Marie-Françoise, non mariées à cette époque; médaillons des derniers comte et comtesse de Jonzac, avec leurs armes, sans date ni inscriptions ; aussi sans date ni inscription, un jeune homme, avec les armes de Jonzac; jeune fille tenant une levrette par une corde, provenant du château, sans aucun signe.

Pierre-Charles-François, comte de Jonzac, étant mort en 1791, sans postérité, François-Jacques-Tanneguy Le Veneur, fils de Michelle-Françoise-Julie, marquise de Tillières, sa sœur, hérita de ses biens, qui ne furent pas vendus comme biens nationaux. Antoine-Charles-Marie-Anne Tardieu, marquis de Maleyssie, les acheta après la révolution, et vint s'établir à Jonzac, dont il fut maire sous le premier empire. Malheureusement sa fortune ne lui permit pas de restaurer le château, qui avait beaucoup souffert pendant les dix dernières années d'abandon ; la toiture de la tour de l'ouest, entre autres, s'écroula et ne fut rétablie qu'en 1855. Ne pouvant pas suffire à l'entretien de ce vaste château, que d'ailleurs il n'habitait plus depuis la restauration, le marquis de Maleyssie, devenu colonel de la légion de l'Indre, en garnison à Aire, département du Pas-de-Calais, se décida à vendre son château de Jonzac, jardins, prés, granges, etc., qui fut acheté 36.000 francs, par Etienne et Jacques Gautret, marchands de Jonzac, par acte passé le 26 février 1818, devant maître François-Clément Julien, notaire royal à Jonzac ; les meubles furent réservés ; les diverses propriétés, fermes, bois, qui dépendaient du château, morcelés, se vendirent peu à peu, à cette même époque, à des prix dérisoires. Les nouveaux acquéreurs louèrent, puis vendirent diverses parties du château : la sous-préfecture, située tout d'abord sur la place de l'église, fut installée provisoirement dans l'aile bâtie en 1709. Le département n'acheta qu'en 1847 la partie du sud, pour y placer la sous-préfecture, avec les bureaux qui en dépendent. La ville, de son côté, acquit le donjon jusqu'à la tour de l'ouest, où furent établis l'hôtel de ville, justice de paix, télégraphe, théâtre, bureaux de police et autres services municipaux, et enfin, le 7 février 1852, l'ancienne sous-préfecture devint maison d'école de garçons jusqu'en 1889, où fut construit le nouveau local scolaire.

Le château de Jonzac, autrefois classé parmi les monuments historiques, fut ensuite déclassé à la demande du maire, M. Alisant, qui y a fait avec beaucoup de goût d'intelligentes réparations.

La ville a pris récemment pour armes le donjon du château, et pour devise : Post Bella Otia Pacis.

L'inventaire du château de Jonzac fut fait le 10 septembre 1750, peu après la mort de Pierre-Louis-Joseph d'Aubeterre, à la requête de Pierre-Charles-François, marquis de Jonzac, fils aîné; de Joseph-Henri Bouchard d'Aubeterre, maréchal des camps et armées du roi, comme époux de Marie-Françoise; de Jacques-Tanneguy Le Veneur, comte de Tillières, maréchal des camps et armées du roi, comme époux de Michelle-Julie-Françoise.

Ce qu'il y avait de plus remarquable au château de Jonzac c'étaient les vieilles tapisseries de Flandre, de Felletin, de France, en or, soie, laine, velours, satin, cuir doré, plus de 86 pièces, représentant soit des scènes de la bible, Abraham, Suzanne, Bethsabée, David; soit des chasses, des personnages, des paysages. La chambre du comte de Jonzac possédait une tapisserie de 46 pieds de long sur 5 pieds de hauteur, au-dessus de la boiserie, estimée 40 livres; son lit était en damas aurore à fond rouge. La pièce la plus richement meublée était la chambre de la comtesse dont le lit à la duchesse avait une courte-pointe en taffetas de Florence couleur feuille morte ; les rideaux bonnes grâces étaient en velours; le ciel satin blanc était broché d'or et de diverses couleurs, le tout estimé 800 livres.

Les chambres occupées en 1659 par Louis XIV et les reines avaient été conservées telles qu'elles étaient à cette époque, en souvenir des hôtes illustres qui les avaient habitées ; tout y était vieux, défraîchi, passé, fané et n'était estimé que 250 livres. Les courtes-pointes qui couvraient les lits jumeaux de la chambre du roi étaient en damas satiné bleu et blanc, leur dedans bonnes grâces, les grandes pantes en dehors, doublés par le haut et en leur rebassement, et par le bas, d'une vieille étoffe tirant actuellement sur la couleur olive, parsemée de petites fleurs, partie en fil d'or; chaque lit couvert d'une housse en cadis, couleur bleue. A côté, se trouvait la chambre de la reine, communiquant avec l'antichambre ; le lit avec ses rideaux de soie, bonnes grâces, broderies, son ciel en damas cramoisi, était très fané et ne valait plus que 80 livres. Dans la salle de billard on remarquait un grand tableau de Louis XIV, donné sans doute par le roi comme souvenir de son passage à Jonzac. Cette salle possédait une tapisserie en cuir doré de 13 pièces. On énumère aussi dans le château une vingtaine de tableaux de famille, qui ont été depuis dispersés, vendus, et une toile de devant de théâtre armoriée; dans la chambre appelée de Montalembert, deux petits tableaux au petit point de tapisserie. Le château contenait encore une chapelle avec tribune, et un oratoire, près de la chambre de la comtesse de Jonzac. Auprès du pont, se trouvait un fort, qui n'est peut-être autre chose que la porte de ville actuelle.

  • Titre : Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis par Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis.
  • Auteur : Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis
  • Éditeur : Mme Z. Mortreuil (Saintes)
  • Éditeur : H. Champion (Paris)
  • Éditeur : A. Picard (Paris)
  • Éditeur : Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis (Saintes)
  • Date d'édition : 1874

Carte Postal château de Jonzac Librairie Laroche.

photo pour Château

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 20281
  • item : Château
  • Localisation :
    • Poitou-Charentes
    • Charente-Maritime
    • Jonzac
  • Code INSEE commune : 17197
  • Code postal de la commune : 17500
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 17e siècle
    • 19e siècle
    • 3e quart 19e siècle
  • Année : 1861
  • Dates de protection :
    • 1913/05/03 : classé MH
    • 1942/07/11 : inscrit MH
    • 1979/03/06 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/10/27

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :5 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • décor intérieur
    • fontaine
    • poterne
    • théâtre
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives : Cette construction a été affectée a différents usages au fil du temps. Nous lui connaissons 2 usages successifs :
    • hôtel de ville
    • sous préfecture

Autre

  • Divers : 2 informations diverses sont disponibles :
    • propriété de la commune
    • propriété du département 1992
  • Photo : 93c836846655192356a58fc85ae61330.jpg
  • Détail :
    • Tours
    • Poterne : classement par arrêté du 3 mai 1913
    • Fontaine du sous-sol : inscription par arrêté du 11 juillet 1942
    • Salle de théâtre avec son décor (cad. F 580) : inscription par arrêté du 6 mars 1979
  • Référence Mérimée : PA00104777

photo : Lomyre