Château de Quéribus

Le château de Quéribus (Quiribus, d'après la carte de l'état-major de 1899) est situé dans la commune de Cucugnan, canton de Tuchan (Aude). Il est parfois associé aux territoires appelés "Le Peyrepertusès"

Le Peyrepertusès est un territoire que les documents désignent tantôt comme un "pagus" distinct (ndw : pagus, traduit par « pays », désigne une unité territoriale gallo-romaine), tantôt comme un "suburbium" du Razès ou du Narbonnais. Il comprenait notamment les châteaux forts de Peyrepertuse, d'Aguilar et de Quéribus. Il était borné à l'Est, par le Narbonnais, au Sud par le Fenouillèdes, au  Nord par le Termenès.

Depuis le 11ème siècle, le château de Quéribus domine la plaine du Roussillon et le massif des Corbières.

Autres appellations pour le château au fil des années : Quéribus, Quiribus, querbuz, querbus, cuerbus (lo castelan de cuerbus)

Histoire

Note : l'orthographe de certains extraits a été conservé "tel que" pour conserver aux documents cités leur caractère original.

La période Tallaferro

Quéribus (rocher des buis) est cité (le plus loin que j'ai pu trouver) en 1840-1846 dans "histoire générale de Languedoc"  à propos du testament de Bernard Ier Tallaferro, comte de Bésalu décédé le 26 septembre 1020. À cette date, le castrum fait partie de la vicomté de Fenouillèdes.

Comprendre Bernat (Bernard) nous oblige à nous pencher sur l'église saint Martin, situé au sommet d'un des contreforts du Canigou. Il s'élevait au neuvième siècle une église dédiée à saint Martin et qui devait être l'objet de nombreux pèlerinages (on a connaissance de riches donations faites depuis 977 à ce temple solitaire). Le fondateur de Saint-Martin (monastère créé par Guiffred) était fils d'Oliva surnommé Cabreta et de Ermengarda. Outre Guiffred, Oliva eut encore Bernat, surnommé Tallaferro, qui hérita du comté de Besalu.

Par la suite c'est le décès de Bernat qui nous renseigne sur le devenir de queribus.

"Mort de Bernard comte de Besalu et de Fenouilledes. Partage de ses domaines Guillaume son fils lui succède dans ses comtez.

La partie de la province limitrophe de l'Espagne, fit une perte considérable l'an 1020. en la personne de Bernard comte de Besalu de Fenouilledes et de Valespir, à qui ses excellentes qualitez méritèrent le glorieux titre de prince et de père de la patrie. Il avoit l entrepris un voyage en Provence pour y négocier le mariage de Guillaume son fils, lorsqu'à son retour, ayant voulu tenter le 26 de Septembre de cette année, de passer le Rhône à la nage sur son cheval, il fut malheureusement entraîné par la rapidité des flots qui le submergèrent. On le retira cependant du fleuve, et on transporta son corps à l'abbaye de Riupoll en Catalogne, où il fut inhumé.

Quelques jours après Oliba évêque d'Ausonne, et Guifred comte de Cerdagne ses frères, la comtesse Tote surnommée Adelaide sa veuve, et plusieurs des principaux du païs, tant ecclésiastiques que séculiers, firent proceder à l'ouverture de son testament, dans lequel il avoit disposé de la manière suivante des domaines qu'il possedoit en deça et en dela des Pyrenées.

Il fait d'abord des legs considerables à la plûpart des églises de la Marche d'Espagne, à l'abbaye de saint Martin de Lez dans son comté de Fenouilledes, et à celle de la Grasse.

Il dispose ensuite de l'évêché de Besalu en faveur d'Henri son fils pour le posseder après la mort de Guifred son autre fils qui l'occupoit alors, à condition que lorsque le premier auroit atteint l'âge de 25 ans, et embrassé la clericature, il recevroit cet évêché en fief de Guillaume son frère aîné ainsi qu'on l'a remarqué ailleurs.

Il donne en partage à son fils Hugues divers alleus et villages du même comté de Fenouilledes, et les substitue à celui de ses fils qui seroit comte de Besalu. Il ne legue aussi que quelques alleus pour tout héritage à un autre de ses fils nommé Berenger qui étoit alors en bas âge.

Il donne un autre alleu du comté de Fenouilledes, avec Adélaïde sa fille, au monastere de saint Paul situé dans la vallée d'Ansoli, et quelques autres biens à Constance son autre fille, alors fort jeune.

II laisse à Tote sa femme la jouissance du comté de Valespir, dont il dispose après la mort de cette comtesse en faveur de Guillaume son fils aine, ou de celui des fils de ce dernier qui seroit comte de Besalu.

Il donne au même Guillaume ce dernier comté, differens domaines de la Marche d'Espagne qui en dépendoient, et enfin le château et le comté de Fenoutlledes, avec ses dépendances, sçavoir le château et le pais de Pierre-Per-tuse, l'abbaye de sainte Marie de Cubieres le château de Trencavel, et plusieurs autres châteaux ou villages qui autrefois avoient fait partie du comté de Rasez les terres qu'il avoit acquises de l'évêque Pierre sur les frontieres du Narbonnois et du Roussillon jusqu'au Puy d'Aguilar celles qu'il possedoit dans ce dernier pais entr'autres l'abbaye de saint Etienne près de la riviere de Tet, etc.

Il substitue ses autres fils Hugues, Berenger et Henri, à Guillaume leur ainé, et à leur défaut il appelle à sa substitution celui de ses neveux qui se trouveroit comte de Cerdagne.

Il laisse sa femme et ses enfans en la garde et sous la protection de ses freres, et ses fils cadets sous la tutelle de Guillaume leur aîné. Il donne de plus à Tote sa femme la jouissance de tous les biens qu'il avoit leguez à ses fils Hugues et Berenger et toutes les femmes de condition serve de sa maison.

Il donne la liberté aux hommes de la même condition ainsi qu'à plusieurs autres serfs qui servoient au dehors, entr'autres à Adalbert de Cases, qu'il charge de donner en reconnoissance à l'abbaye de Cubieres, cinq onces d'or pour faire une croix Bernard.

Ne fait aucune mention dans ce testament de Garsinde sa fille qu'il avoit mariée quelque tems auparavant avec Berenger vicomte de Narbonne sans doute parce qu'il l'avoit déjà dolee. Il lui avoit donné vraisemblablement le domaine utile des châteaux de Pierre-Pertuse et de Queribus car suivant un serment de fidelité prêté par le même Berenger à Guillaume comte de Besalu, fils de la comtesse Tote, pour ces deux châteaux situez sur la frontière de Roussillon, il s'oblige de les garder exactement, et d'en faire hommage aux successeurs de ce comte.

Guillaume succeda donc le mois de Septembre de l'an 1020. dans les comtez de Besalu et de Fenouilledes à Bernard son père qui en avoit même disposé, à ce qu'il paroit, en sa faveur dès l'an 1014."

La période Cathare

Place forte Cathare, le Château de Quéribus est engagé dans la croisade des Albigeois (1208-1249). Cette croisade est proclamée par l'Église catholique contre l'hérésie (le catharisme). Elle conduira le château dans la sphère d'influence du roi de France (comme toute la région par ailleurs). Quéribus tombe en 1245.

Les noms associés à cette période de l'histoire sont celui du vicomte Trencavel côté albigeois et Simon de Montfort pour toute la partie conquête de cette action militaire.

Une fois passé sous l'influence de paris, il est vraisemblable que des garnisons réduites stationnent dans le château. différentes sources mentionnent aussi les reconstructions successives que subit le château au fil de différents combats auquel il a fait face.

Changement de politique

La politique de cette fin de 14e siècle évolue aussi et la ville de Narbonne semble subir les décisions de leur nouveaux maîtres avec comme support les garnisons du château. L'extrait suivant vous donne un aperçu de certains faits de cette époque :

"Jacme, châtelin de Queribus, était peu aimé des Narbonnais qui l'avaient vu venir chez eux en octobre 1380 et en février 1381 comme garnisaire (ndw : Gardien qu'on établissait dans la maison d'un débiteur saisi, celui qu'on établit chez les contribuables en retard, pour les obliger à payer) pour faire rentrer les termes échus d'un impôt de trois francs par feu voté à Paris, en 1380, par les députés de la province qui avaient obtenu le rappel du duc d'Anjou.

Le roi avait alors rendu une ordonnance, qui, sans doute, redressait quelques-uns de leurs griefs. Les clavaires de 1379-81 en parlent en termes fort significatifs. C'est de ce subside que  les conseillers du roi ordonnés pour le gouvernement du pays demandèrent l'anticipation à l'assemblée de Carcassonne du 11 août. (Ils étaient passés à Narbonne le 30 juin, d'après une indication du clavaire de 1379-80, l'assemblée de Béziers aurait eu lieu du 25 au 30 juin). Cette anticipation à laquelle Narbonne était opposée ne fut votée que dans une seconde assemblée tenue aussi à Carcassonne le 29 août.

Narbonne ne put compléter que le 22 septembre le paiement du premier terme de ce subside échu en juin. Le 1er octobre, les consuls apprenaient la mort de Charles V survenue le 16 septembre et le bruit se répandait qu'avant de mourir le roi avait fait remise de tous les impôts. En vertu du vote de l'assemblée de Carcasssonne qui avait décidé que le second terme du subside payable primitivement le 1er janvier 1381 serait exigible dès le 1er septembre 1380, les gouverneurs réclamaient le paiement de ce second terme.

Les consuls de Narbonne voulurent voir venir les évènements et refusèrent de rien verser. C'est alors que les gouverneurs leur envoyèrent comme garnisaire le châtelain de Quéribus.

Les consuls protestèrent, demandèrent aux gouverneurs s'ils avaient l'intention de se moquer de la volonté royale, mais finalement se décidèrent à verser un acompte de 200 livres le 12 octobre. Le 21 ils étaient avisés que les lettres d'abolition des fouages allaient leur être expédiées, aussi fallait-il leur envoyer un nouveau garnisaire pour leur arracher un second acompte de 200 livres le 9 décembre. Le 1er février suivant, le châtelain de Quéribus revenait encore comme garnisaire réclamer les 100 livres restant dues sur ce second terme, mais cette fois-ci n'obtenait rien."

Siège diversion en 1473

Après la prise de Laittoure sur le comte d Armagnac le roi ordonna à l'armée qui avoit été employée au siège de cette ville, et qui étoit composée, pour la plupart, des milices de la province, de marcher en Roussillon pour reprendre la ville de Perpignan.

Jean roi d'Aragon l'avoit surprise; mais il n'avoit pû se rendre maitre du château. Le cardinal d'Albi qui commandoit l'armée, suivi des sénéchaux de Toulouse, Beaucaire et Agenois prit les devans à la tête de neufcens lances et de dix mille archers et arriva a Narbonne à la mi-Avril. Il mit bientôt après le siège devant la ville de Perpignan avec une armée forte de trente mille hommes, le roi d'Aragon, quoiqu'agé de soixanteseize ans, en prit la défense.

La place fut défendue avec beaucoup de rigueur, et le siège fut long. Le roi y envoya un renfort de quatre cens lances au mois de Juin sous les ordres de Louis de Saintrailles, avec un grand train d'artillerie et ce nouveau secours fut encore pris parmi la noblesse de la province don on tira les vivres pour la subsistance de l'armée. Le sire de Charlus lieutenant du roi en Languedoc, qui convoqua le ban et l'arriere-ban de toute cette province, tant pour cette expédition, que pour s'assurer des domaines du feu comte d'Armagnac envoya une partie de ces troupes pour servir le roi contre le duc de Bourgogne.

Le roi d Aragon, pour faire diversion, détacha un corps de troupes, qui courut les païs de Sault et de Fenouilledes, et les désola entièrement. Elles surprirent, entr'autres, le château de Queribus dont elles s'emparerent.

Enfin le roi de Sicile étant venu au secours du roi d'Aragon son pere les François furent obligés de lever le siege de Perpignan et Philippe de Savoye, lieutenant du roi en Roussillon et Cerdagne, convint d'une trêve le 14 de Juillet, jusqu'au 1er d'Octobre suivant, avec le comte de Prades, capitaine général dans ces païs pour le roi d Aragon. Les François rompirent cette trêve, et assiégèrent de nouveau Perpignan avant la fin du mois de Juillet mais ils furent encore obligés de lever le siège en sorte que l'armée fut congédiée.

(source : Histoire générale de Languedoc édition : 1840-1846)

Par la suite

Des capitaines-gouverneurs désignés par le roi viendront remplacer, par la suite, les châtelains à partir de la seconde moitie du 18e siècle. Comme pour beaucoup de forteresse le château n'est plu vue comme un "bien familial", mais comme un "outil" où l'on exerce un service. Ne résidant donc pas sur place les capitaines-gouverneurs seront peut être les premiers responsable de la dégradation des lieu qui va commencer à cette époque. On parle aussi de brigandage pour cette période.

Chronologie

Quelques informations glanées de différentes sources donnant une vue chronologique de la vie du château. Dans la mesure du possible, les noms et dates sont mise en avant.

  • L'année suivante, le château de Monségur capitulait et ses défenseurs étaient exterminés, le nid d'aigle de Quéribus ne tarda pas à succomber aussi (1245). Il ne resta plus aux cathares un seul refuge fortifié. Finalement Raimond Trencavel renonça à toute prétention sur les terres de ses ancêtres (1247). Ainsi disparut la vicomté d'Albi.
  • Quéribus (1255-1697), dont la garnison comprenait également un châtelain et neuf servants d'armes.
  • appellation Castrum de Querbus, De Querbutio, De Quierbüs, 1255
  • appellation Querbucum, 1258.
  • le sénéchal de Carcassonne désigne Nicolas de Navarre comme châtelain en 1259.
  • le traité de Corbeil signé en 1258 fixe la frontière entre la France et l'Aragon au sud des Corbières tout près du château. Il devient alors une place forte maîtresse du dispositif défensif français.
  • appellation Querbussm 1277
  • appellation Castellania de Querbusio 1360
  • 1380 Jacme, châtelin de Queribus.
  • En 1473, la forteresse est assiégée et prise par les troupes du roi d'Aragon.
  • 1538 Noble seigneur François de Bellissen, coseigneur de Rustiques, capitaine du château de Quéribus.
  • appellation Queribus, Querybus 1538
  • Louis de Castéras châtelains de Quéribus en 1584 et 1585
  • Le seigneur de Sornia, châtelains de Quéribus dès 1641.
  • appellation Château de Quiribus 1639
  • A la date du 16 octobre 1673 Le château de Quéribus était habité d'un bout à l'autre de l'année par la famille d'Etienne Finestre, qui groupait autour de lui, outre, sa femme, deux fils dont un marié et trois petits-enfants.
  • N. de Castéras, seigneur de Lapalme, châtelains de Quéribus en 1697.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 9664
  • item : Château de Quéribus
  • Localisation :
    • Languedoc-Roussillon
    • Cucugnan
  • Code INSEE commune : 11113
  • Code postal de la commune : 11350
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 13e siècle
  • Date de protection : 1907/10/11 : classé MH
  • Date de versement : 1993/10/21

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Château cathare
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Château de Quéribus (ruines) : classement par arrêté du 11 octobre 1907
  • Référence Mérimée : PA00102667

photo : Promenades photographiques

photo : Promenades photographiques

photo : Promenades photographiques