Pont romain

Vaison, que l'Ouvèze divise en deux quartiers, était, lors de l'invasion romaine, une des deux capitales de la confédération des Voconces. Les conquérants latins lui donnèrent le titre d'alliée et en firent, en peu de temps, la ville la plus opulente de cette partie de la Narbonnaise. Ravagée par les Barbares, Vaison ne reprit quelque importance qu'au XIe siècle, parce qu'elle devint le siège d'un évêché ; mais, de 1160 à 1187, elle subit, sous les comtes de Toulouse, une suite d'attaques et de pillages qui obligèrent les évêques à abandonner leur résidence. C'est alors que la cité gallo-romaine fit place à une ville nouvelle, protégée d'un côté par des ravins escarpés, et de l'autre par l'Ouvèze. Vaison a perdu son évêché en 1790. C'est aujourd'hui une ville florissante qui possède des fabriques de draps et des filatures de soie. On y remarque la vaste place du marché, ornée d'une jolie fontaine, d'agréables promenades, de larges rues. Un vieux pont en pierre, d'une seule arche, ayant 20 mètres d'ouverture, et hardiment jeté sur l'Ouvèze par les Romains, relie le quartier de la rive droite, bâti sur l'emplacement de la cité gallo-romaine, au quartier de la rive gauche, auquel son vieux donjon et les ruines de ses anciens remparts couverts de lierre donnent un aspect pittoresque.

A chaque pas fait sur le sol de Vaison, on se heurte, dit M. Courte, contre des fragments de marbres, des poteries et des débris de mosaïque, dont le terrain de l'ancienne ville semble pavé. Chaque coup de pioche met au jour des restes d'hypocaustes, des urnes, des vases, des lampes, des médaillons, des sarcophages chrétiens des premiers siècles. Les débris extraits de ces ruines ont déjà fait la fortune de plusieurs musées. La ville elle-même est bâtie en partie avec des matériaux antiques; « des pierres tumulaires, dit M. Mérimée, servent de seuils ; des inscriptions à demi effacées sont encastrées dans les murs, pêle-mêle avec des moellons ou avec des cailloux roulés de l'Ouvèze ». On peut suivre, en aval du pont romain, dont les arêtes ont été un peu ébréchées par les cailloux de l'Ouvèze, l'ancien quai sur une longueur d'environ 300 mètres. Plus loin, sur le versant Nord de la colline Puymin, on remarque les restes d'un théâtre antique, consistant en quelques gradins taillés dans le roc et en deux arcades à grand appareil. Des fouilles, commencées sur L'emplacement du théâtre par l'administration du musée d'Avignon, et continuées par un propriétaire qui exploitait ces ruines comme une carrière de pierre, ont fait découvrir quelques fragments précieux, notamment une belle tête en marbre de Drusus l'Ancien et une portion de l'inscription dédicatoire du théâtre. Ces curiosités sont aujourd'hui au musée Calvet, à Avignon. A gauche du théâtre apparaissent les vestiges d'une voie romaine.

Source : Itinéraire général de la France par Adolphe Laurent Joanne.