photo : Lumière du matin
Saint-agricol est un de nos compatriotes : il naquit à Avignon, le 2 septembre 630, et descendait de l'illustre famille des Albiens ; il était fils de Magne, saint évêque d'Avignon, et de Guandaltrude. A l'âge de quatorze ans, il embrassa la vie religieuse dans le monastère de Lérins. Il fut rappelé par son père pour lui succéder dans l'épiscopat.
En 680, il bâtit une église qui fut desservie par des moines qu'il fit venir de Lérins. Cette église fut détruite par les Sarrasins en 737. L'évêque Foulques II la rétablit en 911, ainsi que celles de Saint-Pierre et de Saint-Didier, abandonnées par leurs moines. Cet édifice appartient à une époque plus reculée que celui de Saint-Pierre, comme l'indique le caractère de la façade qui est d'une simplicité majestueuse, et qui touche aux beaux jours de l'art, alors que la profusion d'ornemens n'avait pas encore altéré l'architecture.
Sous l'épiscopat de Foulques, le roi Louis Bozon fit bâtir l'église de Notre-Dame-la-Principale, ainsi nommée, parce que c'était l'église du prince. Le pape Jean XXII fonda le Chapitre de Saint-Agricol en 1321 et fit de nouvelles constructions à cette église ; elle fut ensuite continuée en 1520 et bâtie à différentes reprises.
La régularité et la variété de l'architecture intérieure présentent l'aspect le plus gracieux : nef élégante et hardie, ogives aux nervures saillantes et entrelacées, tribune supportée par des colonnes torses aux chapitaux fleuris comme le balustre de la tribune ; grande fresque du XVIe siècle, attribuée à Pierre de Cortone, représentant saint Agricol mettant la ville d'Avignon sous la protection de Marie. Le badigeon a encore couvert ici la noble sévérité de la pierre d'une incorrecte peinture qui imite fort mal les sculptures gracieuses de la tribune.
Le maître-autel est dû au ciseau de Péru, sculpteur avignonais ; il renferme, dans une caisse de plomb, les reliques de saint Magne et celles de saint Agricol.
Quelques tableaux sont à remarquer dans cette église : une sainte Famille par Trevisani ; Notre-Dame-de Pitié par Nicolas Mignard, d'après le Carrache ; une statue en bois de la Vierge, par Coysevox. Sous l'ogive de droite sont réunies des sculptures du XIe siècle.
L'historien Pérussis, les peintres Quirinus Van Banken et Pierre Mignard, le fils, sont enterrés dans cette église.
Louis XIV, Anne d'Autriche et le cardinal Mazarin y vinrent entendre le sermon du P. Molin, jésuite, le dimanche des Rameaux, en 1660.
Saint Agricol est le patron de notre ville : nous l'implorons dans les calamités publiques et dans les grandes sécheresses.
Source : Essai sur l'histoire de la ville d'Avignon Par J. B. Joudou en 1853.