Château

Hyères n'est pas un pays historique, et c'est ce qui explique très-bien qu'il vive à peu près inconnu de tous ceux que le hasard ou la nécessité n'a pas mis dans le cas de s'en informer. Et cependant la cime de la montagne, dont le flanc méridional est occupé par la ville, se couronne des restes encore considérables d'un château du moyen âge; les vestiges d'une commanderie de Templiers et des débris de remparts qui entrecoupent les pentes de la vieille ville; enfin, quelques bâtiments monastiques, attestent encore l'importance matérielle de la petite cité provençale. Le malheur est d'abord qu'Hyères ait perdu le fil de sa tradition, qui est l'acte de notoriété des villes gallo-romaines ou phocéennes.

Les uns supposent qu'au Bas-Empire Hyères était l'Olbia des géographes latins, et par conséquent d'origine phocéenne, comme Marseille, Nice et quelques autres villes du littoral; les autres supposent qu'il y eut là seulement un établissement militaire fondé par les Romains, c'est-à-dire un castrum, autour duquel vinrent se serrer plus tard les populations du voisinage. La dernière version nous semble plus probable que la première. Et la preuve, c'est qu'au moyen âge, dès les premiers temps de la féodalité, Hyères portait le nom significatif de Castrum Aracarum. Si l'on songe à la persévérance des désignations imposées par les Romains pendant les premiers siècles de la monarchie française, il y a tout lieu de s'en tenir à la version qui fait du château le berceau de la ville.

Dépendance du comté de Provence, Hyères fut tantôt unie à cet État, tantôt il en fut séparé. La famille de Foz posséda dès la fin du dixième siècle Hyères comme annexe d'un démembrement du comté fait à son profit par Boson Ier, roi d'Arles et comte de Provence. Après quelques efforts dans le sens de l'affranchissement communal, une lutte militaire entre le comte Ildefons et Amelin de Foz au sujet de la possession de la ville et du château d'Hyères, on voit Charles d'Anjou, frère de saint Louis, imposer sa souveraineté aux seigneurs du pays. C'était en 1257, et Charles d'Anjou était comte de Provence du chef de sa femme Béatrix Roger d'Hyères. Bertrand de Foz et Mabille leur sœur, seigneurs de l'Hyérois, abandonnèrent, aux sollicitations des évêques de Fréjus et de Nice, le donjon, le fort, la ville, les îles et les dépendances de terre et de mer possédées par eux et leurs ancêtres, contre un équivalent de territoire et de droits féodaux assis en Provence. Le revenu annuel du domaine échangé était évalué à dix mille sous provençaux.

Malgré la violence qu'impliquait le début de cet arrangement, il est certain que les seigneurs de Foz, indemnisés par la possession de Pierrefeu, Collobrières, la Môle, Cavalaire, le Canet, une partie du territoire de Bormes, etc., devinrent les partisans dévoués de Charles d'Anjou, lorsqu'il réalisa la conquête de la Sicile.

Un peu auparavant, le 12 juillet 1254, saint Louis, sa femme et ses enfants, revenant de terre sainte, avaient débarqué sur le territoire d'Hyères. Ils séjournèrent an château et furent l'objet de manifestations populaires qui disent assez de quel respect et de quelle affection le saint roi était entouré.

Saint Louis, qui avait longtemps résisté à la proposition d'un débarquement à Hyères, à cause des restes de son armée qu'il avait laissés à Chypre, paraît avoir pris plaisir à séjourner au milieu de la belle contrée où il venait d'aborder. C'est le premier, mais c'est le plus illustre témoignage que la population hyéroise puisse invoquer en faveur de son pays et du climat, on peut ajouter de l'hospitalité des grands personnages qui reçurent le roi, et des habitants qui les secondèrent.

Saint Louis quitta Hyères pour se rendre à Aix, en Provence, en passant par la Sainte-Baume, où il monta en pèlerinage.

Si on mentionne la guerre locale entamée par Raymond de Turenne pour la défense de ses droits, à la fin du quatorzième siècle, un rôle actif dans le mouvement municipal du même temps, on aura relevé tout ce qu'il y a de plus saillant dans le passé d'Hyères jusqu'au règne de Louis XI, qui rattacha la Provence au royaume de France.

La piraterie, qui avait son repaire principal dans les États barbaresques, vint plusieurs fois, de siècle en siècle, porter la désolation et la ruine sur les rivages d'Hyères. Au temps de Louis XII, sous François 1er, les îles du littoral devinrent le refuge des forbans africains, qui eurent l'audace d'opérer des débarquements offensifs jusqu'aux portes de Toulon, qu'ils surprirent et ravagèrent, emmenant une partie de la population en esclavage. Les habitants de la vallée d'Hyères, se voyant menacés, se retirèrent dans la ville, dont les hautes murailles et la position les préservèrent du sort des Toulonnais.

Le connétable de Bourbon, après avoir victorieusement parcouru toute la Provence méridionale, ne put s'emparer d'Hyères et du fort Bréganson, qui protégeait la côte.

Ménagé par André Doria, général des galères de Charles-Quint, qui fit tant de mal à la Provence, visité par Charles IX, Catherine de Médicis, le duc d'Anjou et le futur roi de France, Henri de Béarn, Hyères eut à subir sa part de misères pendant les troubles de là Ligue. Néanmoins ce ne fut guère qu'en 1576 que se dessina militairement dans la vallée la lutte qui mettait en présence la bannière catholique et le drapeau du protestantisme. Réformés et ligueurs, avant de porter les noms collectifs sous lesquels l'histoire les désigne, reçurent en Provence deux surnoms particuliers : ils s'appelèrent du nom de deux grands personnages, leurs protecteurs. Les ligueurs étaient les Carcistes, ou protégés du comte de Carces, grand sénéchal de Provence; les protestants s'appelaient Raizats ou Kazats, à cause du maréchal de Relz, qui les soutint pendant la durée de son gouvernement, et plus tard à la cour et devant les parlements.

Nous n'avons ni la volonté ni la possibilité d'entrer dans les détails de cette lutte terrible et passionnée qui armait les citoyens et les parents des uns contre les autres. Sang, ruines et pillage, c'est par ces trois mots sinistres qu'à Hyères comme partout se résument plus de vingt années d'une guerre civile qui eut d'abord pour motif des inquiétudes de croyance, mais dégénéra ensuite en intrigue politique. Un seul épisode particulièrement odieux est à noter au milieu des vicissitudes de la lutte, c'est le massacre de sept cents carcistes réfugiés à Cuers, près d'Hyères, par les partisans protestants de Toulon, de la Valette, d'Hyères, d'Ollioules, etc. Si ce massacre ne justifie pas les excès commis par les ligueurs, au moins il prouve que malheureusement personne n'eut le privilège de la modération.

Hyères passa, comme toutes les villes de Provence, par les alternatives de ces déplorables factions. Il se dessina, en 1589, dans le sens de la Ligue. Le triomphe définitif du roi Henri IV amena, vers 1596, la reddition du château fort. Mais il fallut un siège qui dura cinq mois pour obliger la garnison à suivre l'exemple des habitants. La démolition des parties principales des défenses fut la seule punition que le roi infligea aux habitants. On peut dire que ce fut un service, car c'est à compter de ce moment que se dessine le mouvement agricole qui commença à perfectionner les éléments de prospérité que la nature a accumulés dans la vallée d'Hyères. L'esprit militaire développé par la guerre civile s'amoindrit et disparut. Ses conséquences étaient trop désastreuses pour qu'on cherchât à l'entretenir. Hyères n'était qu'un monceau de ruines, à ce point que le roi offrit aux habitants de transférer la ville à la presqu'île de Giens ou sur tout autre point de la côte. Acceptée d'abord, la proposition, suivie d'un commencement d'exécution, eût fait d'Hyères une place maritime, car on commença à creuser un port. Mais la réflexion, l'existence de vastes marécages qui entouraient l'emplacement adopté, et les dépenses énormes de déplacement, malgré l'aide du trésor royal, firent abandonner le projet. Hyères resta, bien heureusement pour lui, où il était, où il est, sur le flanc méridional de la montagne, que commandent encore les ruines de son château.

A l'exception d'une visite de Louis XIV, placée par un chroniqueur du pays au 16 février 1660, et d'une invasion des soldats de la flotte anglo-hollandaise, qui servait d'auxiliaire au duc de Savoie pendant la guerre de 1707, on ne trouve rien de bien saillant jusqu'à la Révolution. Cette époque fut terrible pour la petite ville d'Hyères. L'excès y prit toutes les formes : dévastations, démolitions, destructions de tout genre. L'émigration des persécutés épargna heureusement aux chefs de la révolution triomphante les remords d'actes d'un autre ordre.

C'est à la date à laquelle s'arrête cette rapide esquisse que se place la transformation matérielle des principaux quartiers d'Hyères.

Source : La Semaine des familles: revue universelle hebdomadaire, par Zénaïde Fleuriot,Alfred Nettement,Victor Lecoffre 1862.

photo pour Château

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 135685
  • item : Château
  • Localisation :
    • Provence-Alpes-Côte d'Azur
    • Hyères
  • Code INSEE commune : 83069
  • Code postal de la commune : 83400
  • Ordre dans la liste : 11
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 11e siècle
    • 12e siècle
    • 13e siècle
    • 15e siècle
  • Dates de protection :
    • 1862 : classé MH
    • 1926/01/27 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/06/04

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site inscrit 24 08 1942 (arrêté) . 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Un élément répertorié fait l'objet d'une protection : enceinte
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une société privée 1992
  • Photo : a7aae010bfd4c71900cf3607a2221efe.jpg
  • Détail :
    • Château (restes) : classement par liste de 1862
    • Remparts et vieux château : inscription par arrêté du 27 janvier 1926
  • Référence Mérimée : PA00081637

photo : herbez.joel

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