photo : pierre bastien
On a dû remarquer que dans les canons du neuvième concile de Toulouse il est question de quelques hérétiques qui renouvelaient les erreurs des Manichéens et des Bulgares. Les premiers sont connus; les seconds avaient été convertis à la foi catholique dans le ixe siècle, et s'étaient laissé ensuite infecter des systèmes de Manès. Il est certain que ces hérétiques répandirent leurs dogmes à Toulouse, au commencement du XIIe siècle; ils virent venir avec eux, ou après eux, Tranchellin, Pierre de Bruis, Arnaud de Bresse, Henri, les Vaudois, et prirent plus tard le nom d'Albigeois. Leurs symboles présentaient bien des variations ou des différences; ils s'unissaient tous en un point: la haine contre la religion catholique portée jusqu'à la fureur.
L'abbaye de Sorèze fut cédée, à cette époque, par le vicomte Bernard Atton, à l'abbé et aux religieux de Moissac, pour y introduire la discipline régulière de saint Benoît. Ce seigneur nomme dans cet acte Cécile son épouse et ses enfants Roger et Raymond. La charte porte la date de 1119. L'année suivante, Amélius, évêque de Toulouse, et Pierre, abbé de ce monastère, qui sans doute avait succédé à Roger auquel la charte de Bernard Aton était adressée, déterminèrent le pape Calixte à prendre Sorèze sous l'autorité immédiate du Saint-Siège. Calixte, qui se trouvait alors à Avignon, confirma cette abbaye dans toutes ses possessions. Plusieurs églises de sa dépendance sont citées dans l'acte du souverain pontife, telles que le lieu de Sorèze et les églises de Saint-Martin et de Saint-Michel qui s'y trouvaient , celles de Saint-Vincent de Candels, de Saint-Martin de Puylaureris, de Saint-Anatole, de Saint-Salvi, de Saint-Saturnin de Villepinte, et quelques autres, ainsi que le monastère de Simorre.
Non content de placer Sorèze sous la dépendance immédiate du pontife romain, Amélius voulut, en 1120, donner aux hospitaliers de Saint-Jean une preuve de son dévouement : il leur céda l'église de Saint-Remi où ils s'étaient déjà établis, mais dont ils n'étaient point encore propriétaires. Cette église très ancienne appartenait à l'évêque de Toulouse. Il permit aussi à Gérard, prieur de l'hôpital de Jérusalem, d'acquérir des biens-fonds tant ecclésiastiques que laïques dans son diocèse. Amélius était frère de Raymond du Puy, seigneur de haute considération, et il est probable qu'il était proche parent du second grand-maître de Saint-Jean, du même nom, qui succéda à Gérard.
Source : Histoire générale de l'église de Toulouse depuis les temps les plus reculés par Adrien Salvan