Eglise Saint-Maffre

Si, après avoir remonté le cours de l’Aveyron au-delà de la vallée de Bruniquel, nous remontions également le cours de la Vère, nous aurions à nommer plusieurs places fortes albigeoises dont l'histoire se rattache souvent, ainsi que celle des localités précédentes, à l'histoire de Bruniquel. Nous citerons Puycelsi (le pic élevé, celsus), couronnant la cime d'un rocher circulaire, isolé dans l'espace et taillé en forme de cône tronqué, ancien château qui demeura vierge de la domination anglaise quand tout le pays d'alentour était soumis à l'étranger; Castelnau-de-Montmirail (Castrum novum de Monte mirabili), où l'on croit voir errer l'ombre d'une grande victime de Louis XI, de Charles d'Armagnac, la raison troublée, les yeux hagards, le corps amaigri par une captivité de quatorze ans dans les cachots de la Bastille; enfin Cahuzac-de-Vère, entre Gaillac, dans la riche plaine du Tarn, et Cordes, le rendez-vous de chasse des comtes de Toulouse, où se réfugièrent les habitants de plusieurs localités voisines détruites par l'armée de la croisade contre les Albigeois, et où l'on admire encore les demeures que s'y firent construire les seigneurs de la cour des Raymonds. La ville forte, bâtie en amphithéâtre autour d'un mamelon arrondi, est baignée par le Cérou, petite rivière qui se dirige de là vers le Houergue et se jette dans l'Aveyron, au-dessus de Saint-Antonin, à Milhars, la pierre milliaire placée par les Romains sur cette limite de l'Albigeois. Elle fut l'origine d'un château possédé par de puissants seigneurs dont le nom se présentera plusieurs fois sous notre plume en écrivant cette histoire.

Nous n'avons pas encore mentionné entre les localités voisines de Bruniquel celles qui eurent avec lui les rapports les plus intimes et les plus fréquents. Derrière la Combemale , qui déploie en face du village le tableau de la stérilité et de la désolation, s'étendent de riches campagnes agréablement accidentées , où la terre se montre généreuse envers le travail de l'homme. C'est là que les vicomtes de Bruniquel avaient les beaux fiefs, les grosses rentes, les hommes forts et vigoureux que multipliait la fécondité du sol, et qui, au premier signal, quittaient leurs troupeaux et leurs charrues pour défendre le vieux castel au-delà de la mauvaise montagne, dans cette rude vallée qui ne semblait faite que pour la guerre. Le terroir de Saint-Maffre, qui se relie avec la plaine de Negrepelisse vers Montauban, était compris dans l'enclave de la vicomté et forme aujourd'hui une section de la commune de Bruniquel. Une église d'architecture romane rappelle qu'il y avait jadis en ce lieu un ancien prieuré dépendant de l'abbaye de Moissac. Au vicomte le rocher superbe où il veillait sous les armes à la sûreté de ses vassaux et de ses domaines, aux moines le coin de terre le plus fertile de sa seigneurie. La commune de Bruniquel n'était qu'une minime portion du vaste pays sur lequel les vicomtes exercèrent leur autorité. Un grand nombre de communes et de paroisses voisines les reconnurent pour seigneurs, entre autres Revel, Vaissac, Chaustrac, Genevrières, Corondes , etc., ce qui les rendait maîtres du pays dans cette direction jusqu'aux environs de Montauban. Ils partagèrent même avec les consuls de cette ville les droits seigneuriaux sur la forêt de Tulmont, située à leurs portes. Leurs domaines s'étendirent, en suivant une ligne oblique à la précédente, sur PuygaiJlard , commune limitrophe de Bruniquel, ancien fort dont la tour quadrangulaire, devenue le clocher de l'église de SaintLéonard , domine la plaine de Saint-Maffre. Plus avant se cache à mi-côte, dans une touffe de bois de chênes, la petite chapelle romane de Marnhiac, dont les fenêtres étroites ressemblent à des meurtrières. On parvient ensuite à Montclar, ancienne vicomté du pays de Querci, et à Salvagnac, ancienne baronnie d'Albigeois, d'abord possédées l'une et l'autre par les vicomtes de Bruniquel, et postérieurement par une branche cadette de leur maison. A ce titre, tous les lieux d'alentour les reconnurent, à certaines époques, pour seigneurs, tels que Mondurausse, Saint-Urcisse, Verlhac, La Salvetat-de-Majeuse, Bonrepos et Saint-Nauphary. Des démembrements successifs détachèrent peu à peu ces dépendances de la terre principale; mais toujours le château de Bruniquel tint le premier rang entre ceux qui s'élevèrent dans cette portion du bas Querci comprise entre l'Aveyron et le Tarn, au-dessus de Montauban, jusqu'aux limites de l'Albigeois et du Rouergue. Son autorité franchissait les bornes de ce premier pays, et le rayonnement de sa puissance fut tel, que nous verrons ses vicomtes concéder des chartes de coutumes à la commune de Cazals en Querci, située sur l'Aveyron, près de Saint-Antonin en Rouergue, a La Bastide-de-Fontneuve, près Montauban, et à la commune de Roquemaure, non loin des bords du Tarn, au dessous de Rabastens en Albigeois.

Indépendamment des terres qu'ils possédaient dans les environs de Bruniquel, les vicomtes en eurent quelquefois plusieurs autres situées dans diverses provinces du royaume; mais nous devons nous contenter ici d'en nommer certaines sur lesquelles ils étendirent leur domination comme seigneurs des trois places principales de cette contrée, Bruniquel , Montclar et Salvagnac. Ces dernières, aujourd'hui chefs-lieux de canton , l'une de l'arrondissement de Montauban et l'autre de l'arrondissement de Gaillac, avaient des châteaux remarquables, situés tous les deux sur un mamelon dominant un village. Il ne reste absolument rien du château de Montclar. Les vieillards du pays se rappellent en avoir vu détruire quelques pans de murailles et leurs fondements. Le plateau sur lequel il fut assis est sillonné par la charrue et n'est plus qu'un champ fertile façonné de main d'homme tout autant que par la nature. A voir cette superficie plane, plus élevée que les champs voisins , on reconnaît facilement qu'elle ne fut pas ainsi disposée pour produire des moissons, mais pour recevoir un grand édifice. La tradition locale aime à perpétuer le souvenir d'un magnifique château s'élevant en ce lieu, et dont les hautes tours permettaient aux regards de s'étendre jusqu'à la ville de Monlauban, à travers de riches campagnes. Le château de Salvagnac, situé lui aussi au sein d'un pays coupé de coteaux argileux et abondant en céréales, commandait à la vallée du Tescou , ainsi que le château de Montclar commandait à la vallée du Tescounet, affluent de cette première rivière, en aval de Montclar. Salvagnac avait, pendant les guerres de religion du seizième siècle, un château-fort construit avec les ruines d'un plus ancien. La possession de ce boulevard des limites du diocèse d'Albi pouvait faciliter les invasions calvinistes en Albigeois, favorisées par les vicomtes de Montclar, vaillants capitaines de l'armée religionnaire; l'amiral duc de Joyeuse en entreprit le siége, afin de le détruire. A la suite de combats opiniâtres , le château fut démantelé, en 1587. On en voit encore quelques débris sans importance pour la politique de la guerre, mais utilisés depuis peu pour les nouveaux besoins de la civilisation et de la paix. Dans l'intérieur de ces tours sans couronne, où les ligueurs ne pénétrèrent qu'après avoir blessé la châtelaine au visage et en offrant une capitulation honorable, on ne fourbit plus des armes pour la sûreté d'un pays qui ne demande pas à être défendu, mais le dévouement religieux y instruit les enfants du peuple.

Source : Revue de l'académie de Toulouse et des autres académies de l'Empire publié par Félix Lacointa 1860.

photo pour Eglise Saint-Maffre

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 133204
  • item : Eglise Saint-Maffre
  • Localisation :
    • Midi-Pyrénées
    • tarn et garonne
    • bruniquel
  • Adresse : 82800 bruniquel
  • Code INSEE commune : 82026
  • Code postal de la commune : 82800
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 12e siècle
  • Date de protection : 1947/05/06
  • Date de versement : 1993/08/30

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre :

    Site inscrit 03 12 1942 (arrêté)

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :4 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • toiture
    • choeur
    • transept
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 3 informations diverses sont disponibles :
    • proprié

    • de la commune &cop 1992

  • Photo : 90862e67664fc1b26a2a234e6e8321fd.jpg
  • Détail :
    • Faç

    • ades du choeur et du croisillon Sud du transept : inscription par arrê
    • du 6 mai 1947

  • Référence Mérimée : PA00095715

photo : sailor

photo : OT Bruniquel

photo : OT Bruniquel

photo : OT Bruniquel

photo : OT Bruniquel