Cathédrale Notre-Dame d'Amiens

L'édifice est bâti au début du XIIIe siècle pour contenir la relique du chef de Saint-Jean-Baptiste. Les architectes Robert de Luzarches, Thomas et Regnault de Cormont, se succèdent au cours des travaux qui s'étendent de 1220 à 1270, bâtissant la plus grande cathédrale du Moyen-Age.

De tous les monuments qui existent à Amiens, le plus-digne de fixer les regards et l'attention du voyageur qui passe par cette ville, est sans doute l'église Cathédrale. Tout y est, en effet, magnifique, et par son aspect imposant, cette superbe basilique semble inspirer le respect, en même temps qu'elle élève l'âme de celui qui la contemple.

La Cathédrale est placée en partie sur une colline dont le penchant aboutit à la rivière d'Avre ; c'est pourquoi plus des deux tiers de cet édifice, se trouvent bâtis sur pilotis. Si l'on en croit d'anciennes chroniques, deux autres églises auraient existé, en cet endroit, avant celle que nous voyons aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, sous le règne de Philippe-Auguste, la piété des chrétiens, de retour de la Terre-Sainte, ne diminuant pas, et les églises ordinaires pouvant à peine contenir la foule des fidèles, on résolut, en diverses provinces, d'élever de ces temples vastes, majestueux et dont l'architecture grandiose atteste l'habileté des hommes du XIIIe siècle. Evrard de Fouilloy, 45e évêque d'Amiens, posa la première pierre de la Cathédrale de cette ville, en 1220 ; les murs sortaient à peine de terre lorsqu'il mourut. Gaudefroi d'Eu, son successeur, les éleva du pavé jusqu'aux voûtes. L'évêque Arnoult fit construire ces voûtes, les galeries du dehors et un clocher tout à jour, détruit par le feu du ciel le 15 juillet 1527. Enfin, ce bel édifice fut terminé l'an 1269, à l'exception des tours qui, faute de fonds, ne furent achevées que vers la fin du XIVe siècle, avec le produit de quêtes faites dans les villes, bourgs et villages du diocèse, où l'on promena la châsse de St. Honoré.

Trois architectes fameux eurent successivement la conduite des travaux de cette église : Robert de Luzarche en traça le plan et la commença ; Thomas de Cormont la continua et Renault, son fils, l'acheva.

Amiens, cathédrale Notre-Dame, vaisseau sud

La façade principale de cette grande et superbe basilique présente une masse légère, flanquée de deux tours quadrangulaires et décorée des ornements les plus recherchés des styles gothique et arabesque.

Cette façade se divise, dans le bas, en trois porches formant l'ogive, et pratiqués sous de profondes voussures.

Celui du milieu, appelé porte du Sauveur, est remarquable par le tableau du jugement dernier, l'un des principaux ornements des temples dans les XIIe et XIIIe siècles. On y voit successivement la résurrection des morts, la séparation des bons et des méchants, Jésus-Christ ayant à ses genoux la Ste Vierge, que M. Bivoire a pris pour un prince, et St Firmin, revêtu d'une chasuble antique, que le même auteur a cru être St Bernard. Plus haut paraît l'Éternel ; à ses pieds sont deux Anges qui semblent présenter aux regards du spectateur un soleil, et la lune dans son croissant.

Le pilastre qui sépare les deux battants de la porte d'entrée, supporte la statue du Dieu Sauveur, son pied droit pose sur un lion, le gauche sur un dragon à queue de serpent, dont le corps ne paraît pas renfermé dans l'écaille d'une tortue, comme le dit M. Bigollot.

Au-dessous du Sauveur, on remarque un cep de vigne garni de pampres et de raisins, symbole très-varié chez les chrétiens, et qui représente presque toujours Jésus-Christ lui-même et ses Apôtres, ou l'Eglise que la foi fait prospérer. Plus bas on voit, dans une petite niche, la statue d'un monarque couronné, tenant de la main droite une espèce de sceptre ou thyrse, surmonté d'une pomme de pin, et de l'autre main un rouleau déployé. M. Bivoire a pensé que cette statue était celle de Dagobert, et M. Bigollot celle de Bacchus ; mais il est évident que ces deux écrivains se sont également trompés, car Dagobert n'a jamais porté de couronne semblable à celle qui ceint le front de la figure en question, et Bacchus ne se voit sur aucun monument, tenant comme elle, un rouleau déployé à la main : ce qui prouve qu'elle ne représente que le roi sous le règne duquel ce portail fut achevé. Enfin, sur le côté droit de la même statue, on distingue dans un vase, une fleur semblable au lys, et de l'autre côté se trouve aussi dans un vase, une plante qui a quelque rapport avec le rosier.

Sur l'encadrement des ventaux de la porte on remarque également à droite cinq figures tenant des vases renversés, et à gauche pareil, nombre de figures tenant aussi des vases , mais dont l'embouchure parait avoir été dirigée vers le haut. Au bas des premières est un arbre, dégarni de ses feuilles, et au pied des secondes, se trouve un autre arbre orné de feuilles, et aux branches duquel deux lampes sont suspendues. M. Bigollot a cru voir dans ces diverses figures les emblèmes des six mois de lumière et des six mois de ténèbres ou d'hiver. Mais il est certain qu'elles ne représentent que l'allégorie des vierges sages et des vierges folles, de l'arbre qui produit de bons fruits et de celui qui, n'en portant que de mauvais, doit suivant l'Ecriture, être coupé et jeté au feu.

cathédrale Notre-Dame, portail de gauche dit de Saint-Firmin

Contre les faces latérales de ce vaste porche, on voit d'abord douze médaillons rangés sur deux lignes parallèles. Les six premiers de chaque côté, et dont les personnages tiennent des écussons sur lesquels sont divers animaux, représentent, selon Rivoire, les bienfaiteurs de cette église, et suivant Baron, les douze fils de Jacob, d'après les dénominations qui leur sont données dans la Genèse. Pour nous, nous croyons au contraire, que ces médaillons et les douze placés au-dessous, sont les mêmes que ceux qui décorent le grand portail de la cathédrale de Paris et que comme eux ils représentent les vertus et les vices mis en opposition. Les autres médaillons rappellent plusieurs traits de l'Ecriture Sainte, ou ont rapport aux arts et métiers qu'on exerçait anciennement à Amiens.

Au-dessus de ces médaillons, on distingue sous des dais gothiques, les douze Apôtres avec les attributs qui leur sont propres. Leurs statues s'étendent le long de ce portail. Les contours des arceaux de sa voussure sont remplis de petites figures représentant les Trônes et les Dominations du ciel. Enfin au bas de cette voussure, on remarque encore à droite les sept péchés capitaux, et à gauche une foule d'élus qu'un ange introduit dans le paradis.

Le porche à droite offre également Plusieurs statues dignes de fixer l'attention. Sur le pilier de séparation de la porte, on voit la statue de la Vierge, écrasant un monstre, et plus bas la création d'Adam et Eve, leur chute et leur expulsion du Paradis terrestre.

Les figures qui se trouvent au haut du cadre ogive, représentent la mort, la résurrection et l'assomption de Marie.

A droite et à gauche de ce second porche, on remarque aussi des bas-reliefs représentant entre autres sujets, la fuite en Égypte, le massacre des innocents, et les trois mages voyageant en bateau. Le dernier porche à gauche est décoré de la statue de St Firmin, dont le bâton pastoral semble posé sur le corps d'un homme qu'il foule aux pieds. L'artiste a probablement voulu par-là, faire allusion aux victoires remportées par l'apôtre de la Picardie sur les dieux du paganisme. Les petites figures qu'on voit sur le pilastre qui soutient la statue de ce saint Evêque, rappellent son entrée à Amiens, son martyre et la découverte de son corps à St Acheul. Les deux côtés du même porche sont ornés de cartouches contenant une foule de bas-reliefs représentant les douze signes du zodiaque, les quatre saisons et les douze mois de l'année, distingués par les divers travaux auxquels on se livre dans chacun d'eux.

Entre les statues placées au haut de ces bas reliefs , on remarque surtout celle de la vierge Ste Ulphe, dont la pose, les draperies et la tête, sont d'une correction toute particulière.

On distingue encore au-dessus des ogives sous lesquelles se trouvent les trois porches du temple, et dans les entre-colonements de l'une des galeries qui en décorent la façade, les figures colossales de plusieurs Rois de France. Plus haut on voit les compartiments variés et délicats d'une magnifique rose.

Le côté septentrional de l'église n'a de remarquable que quelques figures telles que celles de Charles V et du cardinal de Lagrange, évêque d'Amiens, son principal ministre, et le cintre en formé de patte d'oie qui surmonte le portail dit de l'Evêché, donnant sur la rue des Soufflets.

Du côté méridional, on voit d?abord un crochet en fer, scellé dans le mur. Ce crochet servit au duc d'Aumale pour se barricader sur le parvis de la Cathédrale, lorsque les Amiénois voulurent le chasser de leur ville, après s'être soumis à Henri IV. On remarque aussi, à côté du portail de l'Horloge, la statue gigantesque de St Christopbe, statue qu'on trouve communément à l'entrée des anciennes églises. Plus loin on aperçoit, au haut du mur qui ferme le logement de l'un des sacristains de la Cathédrale, la représentation de deux villageois, devant lesquels est un sac. On déchiffré avec peine, ces mots placés au bas :

LES BONES GENS DES VILLES D'ENTOUR AMIENS QUI VENDENT WOIDES, ONT FOET CHESTE CAPELLE DE LEURS OMONES.

Notre-Dame d'AMIENS Linteau de la porte de la Vierge dorée

De-la on arrivé au portail de St. Honoré, ou de la Vierge dorée, dont on voit la statue sur un pilastre. Ce portail offre un fort joli coup d'oeil, à cause des divers ornements d'architecture qui l'embellissent. Les figures placées dans le tympan au-dessus de la porte, représentent le crucifix de St Salve, saluant la châsse de St Honoré, et plusieurs miracles attribués à ce prélat.

Tout le pourtour extérieur de ce superbe édifice est décoré d'une multitude de pyramides et de clochetons élevés sur les piliers butants des refends des chapelles, et qui produisent le plus bel effet. Les pyramides ne sont pas seulement de pure décoration, elle servent aussi de pied-droits ou de supports aux arcs-boutants qui contrebutent la poussée des voûtes. A la hauteur des toits des chapelles et du grand comble de l'église, se trouvent des galeries en pierres avec balustrades à jour, au moyen desquelles on circule aisément autour de la Cathédrale. On parvient dans le haut par six escaliers tournants, dont les marches sont presque toutes d'une seule pierre. De là on jouit, dans la belle saison, d'une vue magnifique et vraiment pittoresque : ici ce sont les charmantes promenades de la ville; plus loin la belle vallée qu'arrose la Somme ; là les habitations champêtres des communes d'alentour, qu'on aperçoit dans le lointain. Pour arriver à la plate-forme en plomb où commence le clocher doré, il faut monter 306 marches ou degrés, mais le plus souvent les voyageurs s'arrêtent dans la tour où se trouve une table ronde ; on assure qu'Henri IV se fit servir à manger sur cette table, en 1597, le jour même de la reprise d'Amiens, après avoir contemplé attentivement la retraite de l'armée espagnole, qui retournait en Artois. Les noms de Louis XIV, de la duchesse de Berry, et de plusieurs grands personnages, sont gravés sur les plombs de cette église, à l'occasion des visites qu'ils y ont faites.

Sur la croisée des toits s'élève une flèche dont l'extrémité semble par fois se dérober dans la nue. Le bas de cette flèche est de forme octogone ; elle a 201 pieds de hauteur avec le coq, et 72 de circonférence. Louis Cordon, simple charpentier du village de Cottenchy, construisit ce beau clocher en 1529 ; il est tout en bois de chêne et de châtaignier. Quatre poutres de cinquante pieds de longueur, posées sur les quatre maîtres piliers de l'église, soutiennent en l'air cette flèche légère, qui cède doucement à l'action des vents et se remet ensuite elle-même d'aplomb.

Source : Notice historique et descriptive de l'église cathédrale de Notre-Dame d'Amiens par Hyacinthe Dusevel 1830.

Voir aussi Cathédrale en architecture.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 131564
  • item : Cathédrale Notre-Dame d'Amiens
  • Localisation :
    • Somme
    • Amiens
  • Code INSEE commune : 80021
  • Code postal de la commune : 80000
  • Ordre dans la liste : 10
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : cathédrale
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Année : 1220
  • Date de protection : 1862 : classé MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de l'etat 1992
  • Détails : Cathédrale Notre-Dame (cad. AE 2) : classement par liste de 1862
  • Référence Mérimée : PA00116046

photo : Mathieu G.

photo : Mathieu G.

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg

photo : gerardgg