Eglise Saint-Sulpice et Notre-Dame

Il a été besoin de distinguer ce lieu d’avec plusieurs autres Noisy voisins de Paris, dont l’un est Noisy-le-Sec au Diocèse même de Paris, un autre proche Versailles, sur les bords du Diocèse de Chartres, un troisième proche Beaumont-sur-Oise, presque à l'extrémité du Diocèse de Beauvais, sans compter deux autres Paroisses de ce même nom situées au Diocèse de Sens, ni un autre petit Noisy qui était sur le bord de la Seine au territoire de la Paroisse de Vigneuf proche Villeneuve-Saint-Georges.

Celui dont il s'agit a été surnommé le Grand, soit à cause de son étendue, soit parce que nos Rois de la première race y ont eu une maison de plaisance ou un domaine. A l’égard de l'origine du mot Noisy, on convient que tous les lieux qui portent ce nom, l'ont eu à cause de la quantité des noyers qui y étaient plantés; de la vient qu'on les trouve nommés en latin Nucetum ou Nocetum, et ensuite par altération Nocidum, Nuccium, Nuscium, puis Nusiacum, Noisiacum.

Sa situation est sur un coteau, dont la pente est vers le septentrion au rivage gauche de la Marne; ce qui fait que l'eau n'y est pas rare. Ce lieu n'est éloigné de Paris que de trois lieues vers l'orient. Il est placé vis-à-vis Neuilly qui est à l'autre bord de la Marne. Ce pays abonde en vignes, sans cependant manquer de labourages ni de prairies. Le dénombrement de l'Election de Paris, imprimé en I709, y marquait 132 feux; et le Dictionnaire Universel de la France, publié en 1726, y comptait 572 habitants ou communiants. Le nouveau dénombrement, imprimé en 1745 par les soins-du sieur Doisy, n’y marque plus que 127 feux. Aussi dit-on encore dans le pays qu'il y en a six vingt, et on y compte cinq cents communiants.

La Sainte Vierge est patronne de l'Eglise de ce lieu-qui est un bâtiment assez vaste, dont la plus grande partie est du XIII^e siècle. Il n'y a pas de vitrages dans le corps principal de l'église, ni de galeries; mais il est accompagné de deux ailes qui sont inégales ; la nef n'est que lambrissée, le reste voûté. La tour de pierre terminée en flèche, que les habitants croyaient avoir près de mille ans d'antiquité, n’est que du XII^e siècle. On y voit à un des piliers de la nef cette inscription gravée en gothique minuscule :

« Bonnes gens plaise vous sçavoir que cette présente Eglise de Nostre-Dame et S. Souplice fust dediée le deuxième Dimanche de May l'an mil quatre cent quatre-vingt et quatre par la main de Révérend père en Dieu Maistre Louys de la Fourés. Evesque de Paris. Et sera toujours la Feste de la Sainte Dédicace le second Dimanche de Mai. Et vous plaise y venir gagner les grands pardons, et prier Dieu pour Jehan Groignet et Rauline sa feue femme, lesquels de leurs biens ensemble ont fait dédier cette présente Eglise. »

On assure qu’il y a des reliques en deux châsses de bois; mais je n'ose en parler, n'ayant point vu les authentiques. Devant le grand autel est une tombe du XIV^e siècle, représentant une personne en habits longs.

Dans l'aile septentrionale de la nef sont des vitrages d'un blanc foncé du XIII^e siècle, et d’autres d'un rouge du même temps, où sont peints ceux qui les ont donnés.

Dans un de ces vitrages du XIII^e siècle est représenté un Noble ou Chevalier à genoux, dont l'écu est mi-partie d'or et d'argent. Dans un autre sont deux Ecclésiastiques a genoux en robe ou soutane blanche, qui ont pour Saint patron derrière eux un personnage tenant un panier de jonc ou d'osier. Cette église est bâtie dans le lieu presque le plus bas du village. On dit qu'on avait commencé à vouloir la rebâtir à l'endroit où a été le premier cimetière, presque à l'entrée du village, en venant du côté de Bry à main droite, dans le pré où se voit une grande croix qui peut avoir deux à trois cents ans : mais qu’il·y eut des oppositions.

L'église de Noisy—le-Grand est à la nomination du Prieur de Saint-Martin-des—Champs depuis la fin du XI^e siècle ; Ce fut en l’an 1089 que Geoffroy, évêque de Paris, donna à ce Monastère l'autel de ce lieu, " altare apud villam Noisiacum ", du consentement de Hugues, Comte de Dammartin, qui le tenait des bienfaits de cet évêque, et de celui d'un nommé Garin à qui Hugues l'avait donné pareillement en bénéfice : à quoi consentir Renaud, Archidiacrede Brie.

Quelques Bulles de Papes confirment ce don avec celui de la Terre même. Les Lettres de Thibaud, évêque de Paris, qui sont d'environ l'an 1150, et depuis ces Bulles, mettent Ecclesiam de Nusiaco cum decimis majoribus et minoribus. Aussi la trouve t'on au rang de celles de la présentation du Prieur dans le Pouillé du XIII^e siècle, Noisiaco magno : dans celui du XV^e, où il est spécifié que le revenu était alors de quatorze livres, dans ceux du XVI^e et du XVII^e. En vertu des titres précédents les Religieux de Saint-Martin sont encore Patrons et gros Décimateurs.

Source : Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. Lebeuf, Jean (1687-1760).

Eglise érigée à l'aplomb d'un premier oratoire chrétien attesté dès le 6e siècle. Sur cet emplacement, les religieux de Saint-Martin-des-Champs décident de construire une nouvelle église. Un clocher, de style roman, commencé vers 1130-1140, marque la première phase de construction de l'église. Les travaux se poursuivent avec la nef et le choeur vers 1245.

L'église comprend une nef à trois vaisseaux de cinq travées sans transept et un choeur de deux travées avec son bas-côté sud voûté d'arêtes, terminé par un chevet plat. Le bas-côté nord, voûté d'ogives, est clos par une abside en cul de four.

En 1484, l'église reçoit sa dédicace cette date marque peut-être l'achèvement des travaux, et notamment de la voûte en berceau avec la frise ornementale qui marque la corniche. Des restaurations ont été menées en 1760 par le maçon Pierre Grognet. Au 20e siècle, nouvelles restaurations (toiture et une partie de la charpente restaurées en 1979).

Source : ministère de la culture.