photo : joel.herbez
L'église Saint-Jacques occupe, dit-on, le même emplacement qu'une ancienne abbaye de Sainte-Catherine ; elle était sous l'invocation de saint Jacques dès le temps du duc Henri II ; elle est appelée le monastère Saint-Jacques dans un titre de 1252 (archives du département). Après avoir servi de succursale, elle fut érigée en paroisse, par l'archevêque Guillaume de Flavacourt, en 1282. La plus grande partie de l'édifice actuel est postérieure à 1250. Les deux portails latéraux peuvent seuls remonter aux premières années du 13e siècle. Il a donc existé successivement, sur le même emplacement, deux églises dédiées à saint Jacques.
Nous savons que les chroniqueurs dieppois parlent d'une abbaye qui aurait existé primitivement là où se trouve aujourd'hui l'église Saint-Jacques. Nous-même avons cité cette opinion, sans trop la contredire. (Les Eglises de l'arrondissement de Dieppe, t. 1er, p. 89.) Mais aujourd'hui, nous sommes presque tenté de croire que le mot d'abbaye, qui décora une ancienne rue de ce quartier, se rapporte plutôt à un prieuré de Beaubec qu'à un prieuré de Sainte-Catherine-du-Mont. Quoi qu'il puisse être de l'attribution monastique, nous ne pensons pas moins que l'église actuelle de Saint Jacques ne remplace aucune église précédente. Pour notre archéologie, rien ne s'oppose absolument à ce que l'édifice actuel n'ait été commencé au 12e siècle, continué au 13e et parachevé au 14e. Il n'est nullement impossible de faire remonter les deux transepts et les arcades basses du chœur au temps de Henri II, qui mentionne l'église : « Juxta Sanctum Jacobum, » écrit-il dans une charte. La nef est évidemment du 13e siècle, ainsi que le portail, qui est de 1300. Au contraire, le clocher placé entre chœur et nef, au centre des croisillons, est une œuvre du 14e siècle. A quelle catastrophe est due la blessure profonde qui a laissé vide la place de ce corps carré ? Nous l'ignorons. Nous n'userions toutefois l'attribuer à l'incendie de Philippe-Auguste, qui détruisit la ville en 1195. Nous regardons l'ensemble de Saint Jacques comme antérieur au Cueilloir ; les chapelles seules qui rayonnent autour du vaisseau datent du 15e et du 16e siècle. Nous en exceptons deux à l'orient des transepts, qui sont presque aussi anciennes que l'église. Avant la charte de partage, nous voyons Rigaud, en 1265, citer « l'eglise de S'aint Jaque de cete uile (de Dieppe). » (Regestrum visitât, p. 507.)
Source : Plan et description de la ville de Dieppe au XIVe siècle par Guillaume Tieullier.