L'église de Condrieu remonte aux treizième et quatorzième siècles ; elle a conservé une partie de la belle architecture de cette époque, où le gothique était d'une pureté sévère. Cet édifice est composé de trois nefs voûtées ; la partie moderne a été construite il y a un siècle environ, à la suite d'un éboulement. Plusieurs chapelles latérales ont été élevées dans les bas côtés. Deux sont placées près du chœur, la forme en est peu gracieuse ; elles ont conservé des nervures à figures et monstres. Rien n'est digne de remarque dans ce lieu; les statues et les peintures n'offrent rien de saillant. Nous pensons que cet édifice a éprouvé un incendie qui en aurait détruit une partie ; mais les titres nous manquent pour en préciser l'époque. Cette église, placée sous l'invocation de saint Étienne, a été desservie, jusqu'en 93, par un curé et cinq prêtres sociétaires ; ils étaient tenus de dire chaque jour l'office canonial, et jouissaient de quelques rentes.
L'origine de cette société, qui était autrefois composée de quinze prêtres, y compris le curé, remonte en l'année 1410 ; à cette époque, les curés et les nobles de Condrieu sollicitèrent de l'archevêque de Vienne l'érection d'une collégiale qui leur fut accordée par ce prélat, après une enquête.
En 1792, on voyait encore dans une des chapelles de cette église, celle qui est sous le vocable de saint Christophe, le tombeau de la famille d'Arces. Au-dessus de la statue d'un chevalier, on lisait l'inscription suivante traduite du latin par M. Cochard : « A l'éternelle mémoire du noble Jean d'Arces, homme d'armes, chevalier de l'ordre du roi de France et gentilhomme de sa chambre. Son père fut illustre et héroïque. Seigneur Antoine d'Arces, qui résidait au nom du roi de France en Écosse, où il fut le défenseur et le vengeur de la reine Marguerite, régente ; il avait parcouru les royaumes d'Espagne, d'Aragon, de Grenade, de Naples, de Portugal, d'Angleterre et d'Ecosse, à la manière des anciens chevaliers, et en avait rapporté le surnom de Chevalier-Blanc. Sa mère, dame Françoise de Ferrières, était issue d'une des plus anciennes familles du royaume. Ce seigneur Jean d'Arces, seigneur de la Bastie, Meylans et baron de Lyvarrot, mourut à Condrieu pendant les guerres civiles qui ravagèrent la France, au mois de juin 1590, âgé de 95 ans. Dame Isabelle de Sylans son épouse très chère et très chaste, lui a fait élever ce monument, en attendant le jour de sa résurrection. »
Source : La France par cantons et par communes: Département du Rhône par Théodore Ogier 1856.