photo : pierre bastien
Après avoir descendu une côte peu élevée, on atteint, un peu en aval de l'embouchure du ruisseau Ruicerda, le pont de Céret, qui relie les deux rives du Tech, assez large en cet endroit. « C'est, dit M. Mérimée, une construction hardie et gracieuse. Une arche de 45 mètres d'ouverture traverse un ravin profond ; on dirait de loin un ruban jeté au dessus d'un précipice.
La voûte est extrêmement mince à la clef, mais des garde-fous élevés (c'est une réparation moderne) ne permettent pas d'abord de le remarquer, et nuisent à l'effet général. Ce pont, fort étroit comme presque tous les ponts très anciens, ne donne passage qu'à une seule voiture ; encore ne faut-il s'engager qu'avec précaution. L'arche s'appuie sur deux massifs de maçonnerie dans le haut desquels on a pratiqué des ouvertures cintrées assez étroites, qui n'ont sans doute d'autre but que d'alléger ces massifs ; car le torrent ne s'élève jamais jusqu'à elles. Il est à regretter que des remblai ? n'aient pas caché ces massifs avancés, qui ôtent au pont de Céret un peu de sa grâce et de sa légèreté. »
La distance de la clef de voûte au niveau des eaux ordinaires est de 29 mètres. Comme tout monument dont la date est inconnue, ce pont a exercé la sagacité des antiquaires : les uns, avec H. Jaubert de Passa, prétendent qu'il fut bâti par les Visigoths ; les autres en retardent la construction jusqu'à l'époque des rois de Majorque ; quant au peuple, il tranche la difficulté en affirmant que le diable l'a jeté en une seule nuit sur le Tech. Réparé en 1333 ou 1341, par les maçons de la commune de Baiias il fut consolidé pour la seconde fois en 1739. Jadis, une chapelle fortifiée s'élevait à l'une de ses extrémités.
Au delà du pont de Céret, la roule se bifurque.
Source : Itinéraire général de la France par Adolphe Laurent Joanne.