Eglise Saint-Vincent

Urrugne, située sur un coteau au pied duquel se réunissent deux ruisseaux, est célèbre par l'inscription latine de son horloge:

Vulnerant omnes, ultima necat. Toutes frappent (ou blessent), la dernière tue !

Sauf cette inscription latine, qu'on peut, du reste, lire ailleurs, Urrugne n'a rien de curieux. L'église est grande et assez bien construite ; ses murailles ont été percées de meurtrières pendant les guerres de religion, en prévision de quelque attaque des huguenots.

Quand on Voyage de Théophile Gautier

Quand on est à Bayonne et que l'on voit se découper à l'horizon la crête bleuâtre des Pyrénées, en se dit: « L'Espagne est la derrière ; en quelques tours de roue, nous y serons ! » Et l'on oublie qu'à Paris la tragédie déclame, le drame rugit, le vaudeville chantonne, et que les premières représentations se succèdent. Aussi avons nous cédé tout de suite a la tentation, ce qui est encore le meilleur moyen de s'en débarrasser, et l'arène avait a peine bu le sang du dernier taureau, qu'une large calèche, attelée de trois chevaux, nous emportait, nous et nos compagnons, sur la route d'Irun.

URRUGNE Le Centre- L' Eglise XIIIe siècle

Nous avons revu en passant l'église d'Urrugne et l'inscription mélancolique de son cadran : Vulnerant omnes, ultime necat, qui nous avait inspiré, il y a bien des années déjà, une pièce de vers où la funèbre pensée était commentée a notre façon :

La voiture fit halte à l'église d'Urrugne,
Nom rauque dont le son à la rime répugne,
Mais qui n'en est pas moins un village charmant
Sur un sol montueux, perché bizarrement.
C'est un bâtiment pauvre, en grosses pierres grises,
Sans archanges sculptés, sans nervures ni frises,
Qui n'a pour ornement que le fer de sa croix,
Une horloge rustique et son cadran de bois,
Dont les chiffres romains, éponges par la pluie,
Ont coulé sur le fond que nul pinceau n'essuie.
Mais sur l'humble cadran regardé par hasard,
Comme les mots de flamme au mur de Balthasar,
Comme l'inscription de la porte maudite,
En caractères noirs une phrase est écrite ;
Quatre mots solennels, quatre mots de latin,
ou tout homme en passant peut lire son destin :

« Chaque heure fait sa plaie, et la dernière achève ».

Oui, c'est bien vrai, la vie est un combat sans trêve,
Un combat inégal contre un lutteur caché,
Qui d'aucun de nos coups ne peut être touché;
Et, dans nos cœurs criblés, comme dans une cible,
Tremblent les traits lancés par l'archer invisible.
Nous sommes condamnés, nous devons tous périr;
Naître, c'est seulement commencer à mourir,
Et l'enfant, hier encore, chérubin chez les anges,
Par le ver du linceul est piqué sous ses langes.
Le disque de l'horloge est le champ du combat
Où la Mort de sa faux par milliers nous abat ;
La Mort, rude jouteur qui suffit pour défendre
L'éternité de Dieu qu'on voudrait bien lui prendre.
Sur le grand cheval pâle entrevu par saint Jean,
Les Heures, sans repos, parcourent le cadran ;
Comme ces inconnus des chants du moyen âge,
Leurs casques sont fermés sur leur sombre visage,
Et leurs armes d'acier deviennent tour à tour
Noires comme la nuit, blanches comme le jour.
Chaque soeur à l'appel de la cloche s'élance,
Prend aussitôt l'aiguille ouvrée en fer de lance,
Et toutes sans pitié nous piquent en passant,
Pour nous tirer du coeur une perle de sang,
Jusqu'au jour d'épouvante où paraît la dernière
Avec le sablier et la noire bannière;
Celle qu'on n'attend pas, celle qui vient toujours,
Et qui se met en marche au premier de vos jours.
Elle va droit à vous, et d'une main trop sûre,
Vous porte dans le flanc la suprême blessure,
Et remonte à cheval, après avoir jeté
Le cadavre au néant, l'âme à l'éternité !

Qu'on nous pardonne de remplacer quelques lignes de prose par ces vers assez anciens pour paraître nouveaux. Depuis ce premier voyage, que de blessures nous ont faites les Heures cruelles ! que de tristesses et d'agonies elles ont sonnées pour nous !et pour les autres, hélas ! car, en ce monde, on ne possède même pas l'originalité de sa douleur ; voir disparaître les chers cercueils sous la terre brune, enfouir soi-même les têtes aimées, pleurer ses espérances a jamais perdues, sentir diminuer jour par jour le trésor de sa jeunesse, cela est tout simple et tout naturel.

Le cimetière de l'église d'Urrugne ne ressemble à aucun autre. On dirait le champ de repos d'une race disparue. Les tombes en pierre grisâtre affectent des formes étranges, celtiques, phéniciennes, scandinaves, et d'un archaïsme qui fait remonter à l'imagination le, courant des âges ; tantôt ce sont des dalles élargies au sommet et qui figurent vaguement les épaules du mort, comme des boites de momie, tantôt des disques à piédouche fichés en terre comme les pieux de marbre terminés en turban des cimetières turcs, et où la croix grossièrement gravée s'inscrit dans un cercle. Vous écartez les herbes qui entourent ces tombes, dont vous essayez de déchiffrer les inscriptions sculptées en relief. Ce sont des noms inusités, des configurations de syllabes singulières, n'appartenant à aucun idiome connu, des épitaphes en basque, une langue que, selon les savants, Adam parlait en paradis ; à des dates toutes récentes ; 1852, 1854, vous vous apercevez que ces monuments d'une rudesse si primitive, d'une apparence si antédiluvienne, ont été élevés hier. Sans doute ce peuple a part, que nous appelons Basque, et qui se nomme lui-même Escualvanac, est fidèle a ses Vieilles formes tumulaires comme a sa langue antique, dont nul ne connaît l'origine.

Des tribunes à claire-voie en charpente et un retable doré à la mode espagnole donnent à l'intérieur de l'église d'Urrugne une physionomie exotique. On comprend que l'on approche des frontières.

Source : Quand on Voyage par Théophile Gautier 1865.

photo pour Eglise Saint-Vincent

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 105549
  • item : Eglise Saint-Vincent
  • Localisation :
    • Aquitaine
    • Pyrénées-Atlantiques
    • Urrugne
  • Code INSEE commune : 64545
  • Code postal de la commune : 64122
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1925/05/19 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/06/11

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 438a65b8fb795bc3b8763a3bf7eaca14.jpg
  • Détails : Eglise : inscription par arrêté du 19 mai 1925
  • Référence Mérimée : PA00084539

photo : pierre bastien

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