Château de Villeneuve-Lembron

Dans un des plus agréables vallons qui viennent s'ouvrir sur la Limagne, s'élève un château que ne recommandent point sa haute antiquité, ni des souvenirs de sièges et d'assauts. Il n'en est pas moins un de ceux qui, par les mœurs et les souvenirs particuliers qu'ils retracent, peuvent le plus intéresser, et les habitants du pays, et le voyageur curieux. Je veux parler du château de Villeneuve, situé dans la vallée du Lembron, à une lieue de la petite ville de Saint-Germain, et à deux lieues Sud-Sud-Ouest d'Issoire.

De fort loin , on voit sa masse blanche se dessiner sur le fond grisâtre du coteau où il est assis. Une grosse tour, d'où s'élance une flèche de près de 100 pieds d'élévation , dirige le visiteur à travers les mille chemins tortueux qui séparent champs , vergers et vignes qu'il faut traverser, et conduisent jusqu'au village et au château lui-même , que dérobent souvent les massifs d'arbres dont ils sont entourés.

Cour extérieure du château

On arrive enfin à l'entrée de la cour extérieure. Les armes placées au-dessus de la porte attirent l'attention : ce sont celles de Rigault d'Oureille, baron de Villeneuve, chambellan et maître d'hôtel de Louis XI, et fondateur de ce château. La conservation parfaite de la pierre où elles sont gravées , permet de lire l'inscription féodale qui, dans sa brièveté significative , rappelle l'importance qu'un haut baron attachait à sa personne :

Par cy passe Rigault.

Le château se compose d'un vaste corps de logis auquel viennent se rattacher, à angles droits, deux ailes dont les extrémités sont unies par une terrasse qui s'élève jusqu'à la hauteur du premier étage, et domine sur le village.

Quatre énormes tours circulaires sont aux quatre angles de cette construction lourde et régulière. Un fossé de quarante pieds de largeur, et de vingt pieds de profondeur, règne tout autour, et en défend l'approche.

Un grand arceau en maçonnerie a été récemment jeté sur ce fossé , et remplace le pont-levis hérissé de fer, moyen de défense que nos mœurs plus pacifiques ont rendu inutile à nos habitations modernes.

Nous entrons donc sans obstacles, et même sans être épiés par les barbacanes encore subsistantes , sous l'arcade qui nous introduit dans la cour intérieure.

Galerie

Ici nous serons retenus quelques instants. En avant du principal corps de logis règne une galerie dont les murs sont couverts de peintures et d'inscriptions, qui bientôt vont nous donner une idée, et de l'homme qui les ordonna, et du siècle où il vécut.

En parcourant la galerie de gauche à droite, le premier objet qui frappe nos regards, c'est le portrait d'un astrologue , en grande robe noire, en présence d'une sphère céleste. Son attitude grave et méditative nous prépare à la leçon qu'on lit au-dessous de son portrait.

LE DICT DE L'ASTROLOQUE.

L'homme vivant selon raison
Considère le temps qui court,
Est plus heureux dans sa maison
Que les grans qui vivent en court.

Nous nous arrêterons un instant devant une autre figure non moins grave, c'est celle du maître d'hôtel, c'est-à-dire de Rigault lui même. Il est assis avec dignité sur un siège absolument semblable à ceux que l'on conserve encore dans le château. Il a le collier de l'ordre de Saint-Michel, et tient à la main un chapelet. L'inscription suivante va nous faire pénétrer sa pensée.

DICT DU MAITRE D'HOTEL.

Vous qui à court royal servez,
Entendez mon enseignement :
Oyez, voyez, souffrez, taisez,
Et vous portez courtoisement.
Faites bien ; servez loyaument,
Et celui qui grâce y aura
Acquière un lieu secretement
Pour aler quant lu court fauldra.

Vous devez bien considérer
Que la court faut soudainement ;
Ou par mort, comme l'entendez,
Ou par trop y avoir de gens,
Ou par rapport fait faulcement ;
Mais quant la court se restraindra,
Qui n'a logis il est doulant,
Pour aler quant la court fauldra.

Le temps s'en va , bien le savez,
Et grâce faut soudainement ;
Le futeur regarder devez
Que Tous ne soyez indigent.
Car s'il vous vient quelque accident
Cas pourreu vous secourra .
El direz : j'ai un lougement
Pour aler quant la court fauldra.

Prince n'est ce fait saigemeut,
Et si en parle qui vouldra,
De faire un aubergement
Pour aler quant la court fauldra.

Voilà de la morale ; voici maintenant de la satire. Nous sommes en présence d'une bête de forme étrange, qui dévore les bons hommes ; elle est monstrueusement grasse ; elle explique elle-même ses goûts et ses habitudes dans le dict suivant :

LE DICT DE LA BUGORNE.

Bugorne suis de Bugornois,
Qui ne mange figues, ni noix,
Car ce n'est mie mou usaige.
Bons hommes qui le commandement
Font de leurs femmes entièrement
Sont si bons pour moi, que c'est rage,
Je les mange de grant courage;
Bons hommes sont bous à manger.

Si je suis gras n'est pas merveille;
Bons hommes m'assordent l'oreille
Afin que morir je les face;
Je mange d'iceux à milliers,
Gras et grans comme pilliers,
Que à moi viennent en cette place
Pour faire ma corpole grasse;
Comme Chiche-face ne suis
Que rien ne met en son partuis.

En vela jà ung que attend
Que je l'engueule, cependant
Ayant que les autres soient venus
Qui désirent par mes efforts
Etre lougés dedans mon corps
....vers effacé.

Mais tout prans, et si m'en norry
Bons hommes ainsi je pèry.

Histoire facétieuse de la Bigorne, qui ne vit que de bons hommes, et de la Chiche-face, qui ne vit que de bonnes femmes

Histoire facétieuse de la Bigorne, qui ne vit que de bons hommes, et de la Chiche-face, qui ne vit que de bonnes femmes

La Bugorne a déjà dévoré à moitié un bon homme ; un autre attend son tour à genoux, et lui adresse la requête suivante :

LE DICT DU BON HOMME.

De doulx langueur et mercy
Sachez que venu suis icy
Vous requérir miséricorde.
J'ay une diablesse de femme
Qui me lance, bat et diffame ;
Ne jamais à moy ne s'accorde,
Ains comme lié de la corde
Fait de moy tout à son plaisir;
Boa homme vit huy à déplaisir.

Bien dois gémir et sospirer
Car je ne saurais empirer
De femme au demeurant du monde.
Si je dy nuf, elle dit nauf;
Si je dy buf elle dit bauf.
Toute malice en elle habonde;
Elle est en tout mal si profonde
Que nuyt et jour ne fait que braire:
Bon homme n'a rien plus contraire."

Pour ce Tous requiers humblement
Ostez moi tôt a ce tourment;
Car souffrir plus ne le puis pas
Si grant peine et angoisse.
Prenez en moi votre repas;
Ains que des milliers un grant tas
De bons hommes vous fassent presse,
Que chacun d'iceulx s'adresse
A vous pour estre dévorés,
Mais tout premier vous me prendrez
Afin que de ma femme me vengez.

Cette première peinture satirique, qui atteste déjà que le siècle de la galanterie chevaleresque commence à expirer, a son pendant ; c'est dame Chiche-face : cette bête est un monstre de maigreur ; elle ne peut se nourrir que de bonnes femmes ; elle en tient une entre ses dents, et n'ose la dévorer, de peur de n'en plus trouver. Voici les paroles qu'elle adresse au lecteur :

LA DICT DE LA CHICHE-FACE

Moy que l'on apelle Chiche-face
Très maisgre de couleur et de face
Je suis, et bien en est raison;
Car ne mange en nulle saison
Que femmes qui font le commandement
De leurs maris entièrement.
Des ans il y a plus de deux cens
Que ceste tiens entre mes dens,
Et si ne l'ose avaler
De peur de trop longtemps jeûner;
Car dix mille ans ay esté en voye,
Sans jamais avoir trouvé proye.

La femme de son côté n'est pas muette ; elle veut que son expérience serve à son sexe ; voici ses paroles:

Pour avoir fait et accomply
Le bon vouloir de mon mary,
Souffrir me convient grief tourment;
Vous qui vivez au demeurant,
Ne veuillez pas comme moy faire,
Car enfance le m'a fait faire.

Beaucoup d'autres inscriptions couvraient les murs qui règnent autour de la cour. Elles Sont presque toutes dégradées par le temps. En voici cependant encore une qu'on lit aisément (deux vers excepté) ; elle est placée au-dessus de la porte d'un caveau, surmonté d'un énorme bois de cerf.

Qui entrera ici dedans,
S'il taste les vins de léans,
Se doit bien garder d'être pris
Au retourner à cet huys.
Car il aura dessus son front
Telles cornes que ceux-cy sont,
A les voir c'est grant merveilles
On n'en vit oncques les pareilles.
Plus ..... eussent été
........
Plus estranges de la moytié.
Si on l'eust pris en sa saison
Et à sa droite venaison.
Mais il fut pris, comme vous dy,
Avant Pasques le samedy,
Et fut mis sur cette porte
Pour l'estrangeté qu'il porte,
Car qui ses corne coûtera
Plus de quarante en trouvera.

Intérieur du château

Mais quittons cette galerie, visitons l'intérieur du château. Deux pièces captiveront notre attention , parce qu'elles sont encore décorées et meublées comme elles l'étaient au commencement du XVIe siècle. Ces deux pièces sont le grand salon et la chambre où coucha François Ier, le 16 juillet 1533 , lorsqu'il vint en Auvergne au devant de Catherine de Médicis, future épouse de Henri, son second fils.

Le salon a quarante pieds de long sur vingt-quatre de large, et n'est cependant éclairé que par deux croisées. Il est entièrement tapissé en cordouan vert, surchargé de dorure. Point de plafond, mais le plancher supérieur est construit à la française. Les poutres et poutrelles supportent des fleurons et dessins de caprice à couleurs très-vives ; les embrasures n'offrent que des peintures grossières et déjà un peu délabrées. Aux maîtresses poutres sont suspendus trois lustres, qu'il ne faudrait pas comparer à ceux qui brillent aujourd'hui dans les plus humbles salons ; ce sont tout simplement trois ou quatre baguettes de bois tournées, fixées horizontalement à une cinquième qui est verticale. Elles sont cependant argentées, et les extrémités destinées à recevoir les bougies sont dorées.

Les fauteuils sont en rapport avec cette richesse et cette élégance ; ils se composent de quatre bâtons grêles, droits, sans ornements, peints en gris. Le siège est recouvert en cordouan doré, comme la tapisserie, et économiquement rembourré avec du regain placé sur des planchettes au lieu de sangles. Ces sièges fort étroits sont élevés d'environ trois pouces au-dessus de nos sièges ordinaires.

Leur mesquinerie contraste singulièrement avec la grandeur de la cheminée qui répond parfaitement à l'immensité de la salle.

Une table de moyenne grandeur, à pieds énormes, tournés et à vases, placés sur un plateau épais, est le dernier ornement de ce salon.

Avant d'en sortir , il faut jeter les yeux sur la campagne , qui offre un tableau ravissant. La vue s'étend sur toute la vallée qu'arrose le Lembronet, et qui est un abrégé de la Limagne. De gros et nombreux villages, parsemés dans la plaine, ou assis sur le revers opposé , animent et vivifient le paysage qui se termine , à gauche , par les vieilles ruines de Vodable, perchées au sommet d'un pic basaltique à base isolée ; et, à droite, par un massif d'arbres qui voile la ville de Saint-Germain , l'un et l'autre à une lieue de distance.

Quelque beau que soit ce spectacle, rentrons dans le château, et passons dans la chambre à laquelle est attaché le souvenir d'an grand roi.

On y voit encore le lit où il reposa, et dont la largeur égale à peu près la longueur. Quatre colonnes de bois de noyer tout uni supportent, à la hauteur de dix pieds, un riche dais doublé de satin blanc piqué ; les rideaux, couleur écarlate, sont en drap qui paraîtrait grossier, comparé aux produits de nos modernes manufactures, mais ils sont encadrés de larges broderies or et argent , et doublés d'étoffe de soie blanche.

L'ancienne tapisserie a été remplacée par une verdure qui n'a pas plus d'un siècle. La cheminée, qui était fort belle, a été mutilée par le mauvais goût, pour recevoir une boiserie gigantesque, presque entièrement dorée, mais maussade, et du plus mauvais effet.

L'unique croisée qui éclaire la chambre, est bizarrement placée dans un coin : elle est remarquable par des sculptures sur bois, qui occupent les deux côtés de l'embrasure. Il y a jusqu'à dix-huit sujets, tous satiriques ou allégoriques, et d'une exécution intelligente et soignée. Les plus frappants sont : à droite, une Fortune, le pied sur une tortue, une clef à la main devant un coffre fort.

Une femme tenant une balance. Dans le plateau le plus élevé, est une alliance figurée par deux mains jointes, l'une dans l'autre ; et, dans le plateau inférieur, une plume !

Le panneau du milieu présente les anges occupés à forger la tête d'un homme. A gauche, le panneau correspondant montre les démons forgeant la tête d'une femme, laquelle est représentée sur le panneau voisin avec tous les atours d'une dame d'alors, et attendant seulement une tête.

Un autre objet pourrait nous retenir encore longtemps dans cette chambre, c'est le tambour destiné à masquer une des portes d'entrée. Il est à pans coupés, forme la moitié d'un dodécagone, et se trouve divisé en cinq parties sur sa hauteur. Chacun des trente panneaux porte des sculptures en demi-relief, dorées en partie, et exécutées avec goût et talent. Presque tous les sujets sont mythologiques. Dans les colonnes et les entablements qui séparent les divers panneaux et les cinq étages, on a observé les règles des cinq ordres d'architecture, en plaçant en bas le toscan, et le composite en haut.

Reliques de Rigault d'Oureille

On ne quitte point le château de Villeneuve sans voir encore ce que l'on appelle les reliques de Rigault d'Oureille. Elles consistent :

  1. En une béquille de bois de chêne, octogone, recouverte de peau, avec clous dorés rapprochés sur les huit faces. Elle était faite pour un homme de cinq pieds sept pouces au moins.
  2. Un casque de chevalier, avec sa visière, qui paraît un peu trop grossier pour lui avoir appartenu ; deux éperons énormes en fer et bronze ; une toque ou bonnet en une espèce de pluche rouge.
  3. Une coupe de forme ovale, à pied court, en verre bleu foncé, chargée de dorures et de points d'émail blancs, verts , roses , imitant des perles et des pierres précieuses.
  4. On conserve aussi trois clefs en os, qui ont bien leur intérêt. Elles sont la preuve et le produit de l'industrie de Jean Jupon, qui fut, selon la tradition, l'architecte du château. Il paraît que le Vitruve de Villeneuve, n'ayant pas pu bien justifier l'exagération de ses comptes, fut mis, par l'ordre de Rigault, dans un des cachots du château. Avec les os de la viande dont on le nourrissait, Dédale d'un nouveau genre, il sut fabriquer ces trois clefs, dont il se servit pour ouvrir les trois serrures fermées sur lui ; et parvint ainsi à se soustraire à la vengeance réelle de Rigault, qui ne put que le pendre en effigie au sommet d'une des tours du château. Cette effigie en plomb y a subsisté jusqu'en 1789.

Jetons les yeux au plafond du cabinet qui renferme ces reliques, nous y verrons un tableau ovale, de dix-huit pouces environ , où sont représentés un pape , un évêque, des religieux et des religieuses, occupés à tirer des âmes des profondeurs du purgatoire. Ce lieu est représenté par un puits d'où s'échappent des flammes, et les instruments de délivrance consistent, pour les uns, en un levier ; pour les autres en un câble passant sur une poulie fixée au Ciel.

La chapelle

La chapelle du château ne présente-rien de remarquable. Entièrement abandonnée depuis longtemps, elle ne conserve qu'un vieux siège, où on voit sculptée une annonciation de la sainte Vierge. Quant aux boiseries , elles sont d'une grande simplicité, mais d'une exécution très-soignée.

J'oubliais de parler d'un excellent portrait de Louis XI, peint sur bois, sans doute, par un grand maître. Le roi semble respirer. Son caractère se peint dans ses traits, et surtout dans son regard et sur ses lèvres. Il a la tête couverte de deux bonnets superposés ; l'un rouge, l'autre brun, et porte Je colletin du pèlerin, surchargé de coquilles.

La bibliothèque

La bibliothèque, renfermée dans une des tours, conserve quatre manuscrits qui portent la signature de Rigault Doureille. Le premier et le plus intéressant est une histoire de la première croisade : c'est la traduction française de la relation de la première croisade par Guillaume de Tyr ; les autres sont des romans de chevalerie, probablement inédits.

Les écuries

Nous terminerons notre visite au château de Villeneuve par celle des écuries qui sont dignes d'attention. Leur étendue nous frappera moins encore que les peintures qui ornent la voûte. Laissant de côté de nombreux sujets fantastiques, nous devons surtout nous arrêter à plusieurs tableaux représentant des combats de chevaliers, et qui, par leur objet et leur bonne exécution, nous intéresseront au moins autant que ce que nous avons vu sous la galerie et dans les appartements. Dans quatre encadrements circulaires, sont des sujets propres à montrer le pouvoir de l'harmonie. Ici, c'est Amphion attirant les pierres dont se formèrent les murs de Thèbes ; plus loin , Orphée jouant de sa lyre devant les dieux infernaux ; dans le troisième, c'est David calmant les fureurs de Saül par les doux sons de sa lyre. L'usage que l'on fait depuis longtemps d'une grande partie de ce bâtiment, n'a pas permis de reconnaître le sujet du quatrième tableau.

Les Familles du château

On ne sera peut-être pas fâché de trouver ici quelques détails sur le fondateur du château, et sur ses successeurs.

I. Rigault d'Oureille était fils de Pierre d'Oureille ; il naquit, vers l'an 1455, à Villeneuve, dans le château même qu'il a fait entièrement rebâtir. L'éducation qu'il reçut, les qualités et les talents qu'il montra, et, sans doute aussi, la protection du fameux favori de Louis XI, Jean de Doyat, son compatriote, le mirent bientôt en évidence, et, jeune encore, on le voit chargé de diverses ambassades, dont il s'acquitta à la satisfaction du roi Louis XI. Ce prince lui témoigna sa reconnaissance en le nommant, en 1482, son chambellan et son maître d'hôtel ordinaire. Il paraît que, peu de temps après, il fut envoyé en l'île de Rhodes, auprès du grand-maître des chevaliers de Jérusalem, chargé de négociations relatives au malheureux prince Zizim. Sous Charles VIII, Rigault d'Oureille jouit encore de la confiance du roi, et, en 1488, il lui amena, du fond de l'Auvergne, en Bretagne, 518 soldats, qui contribuèrent sans doute au succès de la bataille de Saint-Aubin. Six ans plus tard, il suivit Charles VIII à la conquête du royaume de Naples, et il commandait une compagnie de 100 hommes d'armes ; il se distingua par son courage en diverses rencontres, et obtint, dit-on , pour récompense de ses services, le comté de Négrole ou Nogarole. Au retour de cette expédition, il est fait chevalier, et nommé bailli de Chartres, place dont il se démit en 1505. En 1496, Charles VIII l'envoie comme ambassadeur devers les ducs de Savoie, de Milan, de Ferrare, et autres parties et lieux d'Italie. En 1502 et 1503, on le voit, en qualité de commissaire au pays d'Auvergne, sur les gens de guerre, pillards et vagabonds, rendre diverses ordonnances pour la tranquillité du pays. Mais, en 1508, ses talents de négociateur le font envoyer par Louis XII à la cour de Maximilien d'Autriche, où il paraît avoir rempli cette mission jusqu'en 1511, à la satisfaction des deux princes. Des lettres d'André de Burgo, ambassadeur de Marguerite d'Autriche, montrent le cas qu'on faisait de lui. « Pour faire mieux, serait bon que le roy envoyast quelque personnaige de réputation, non point ung qu'il adjoutisse foy aux menteries dudit de Gheldres, … mais ung homme comme seroit le maisire d'hostel Rigault.» (Lettre du 27 avril 1511) «Le chancelier deux fois me dit que l'on adviseroit d'envoyer quelque bon personnaige.... A quoy je lui dis qu'il y appartenoit bien homme de plus grande estoffe , comme seroit ung conte de Carpy, ou l'ambassadeur Rigault » (Lettre du 20 mai 1511)

On sait aussi que l'empereur Maximilien lui fournit un blason pour ses armes, et consentit à être parrain d'un de ses enfants. Deux ans après , on retrouve Rigault en Auvergne, remplissant encore les fonctions de commissaire aux monstres (revues), et chargé de préserver le pays des ravages des gens de guerre, pillards et vagabonds.

Après Louis XII, François Ier, pour récompenser Rigault d'Oureille des services rendus aux trois rois, ses prédécesseurs, par lettres du 7 janvier 1514 (1515), lui confère l'office de sénéchal de l'Agénois et de Gascogne, et celui de capitaine et garde du château de Pierre-Pelouse en Gascogne. Toutefois, sous le règne de ce prince, la faveur de Rigault diminue ; il quitte la cour, et vient bâtir le château que nous venons de visiter. Cependant le roi ne l'avait pas disgracié, et lorsqu'il vint en Auvergne au-devant de Catherine de Médicis, future épouse de Henri, son second fils. (...)

II. Rigault d'Oureille eut, de Charlotte de Rouy, sa femme, une fille nommée Isabeau, qui fut la seconde femme d'Antoine de Sénectaire, et un fils, nommé Maximilien , qui lui succéda dans la seigneurie de Villeneuve.

III. A Maximilien, succéda Charles d'Oureille, gentilhomme servant du roy, enseigne de cinquante hommes d'armes, qui se trouva à trois batailles, celles de Dreux, de Jarnac et de Moncontour, et mourut à Lyon le 28 février 1572.

IV. Son héritière, N*** d'Oureille, épousa N*** de Saint-Hérem, et la seigneurie de Villeneuve , resta dans cette maison jusqu'en 1643, qu'elle passa, par acquisition, à Isaac Dufour, trésorier de France, époux de Françoise Teilhard. Isaac Dufour périt assassiné en 1655.

V. David Dufour, leur fils, fut lieutenant général au présidial de Clermont, et mourut vers 1716.

VI. Jean Dufour, fils du précédent et de Marguerite de Ribeyre, fut aussi lieutenant au présidial de Clermont, et mourut le 7 juin 1753.

VII. Jean Francois Dufour de Villeneuve, fils de ce dernier et de N*** Noël , fut d'abord lieutenant général au siège de Clermont, puis maître des requêtes, intendant de Bourgogne, lieutenant civil au Châtelet de Paris, et enfin conseiller d'état. Il mourut dans l'exercice de cette dernière charge, le 10 novembre 1781. Les vieillards de Villeneuve n'ont pas encore oublié que c'est lui qui leur fit connaître et cultiver plusieurs arbres fruitiers, entre autres une très-belle espèce de cerisiers qui donnent encore les plus belles cerises du pays ; que ce fut lui qui distribua aussi dans Villeneuve, les rouets à filer le chanvre, qui ont créé une industrie encore subsistante dans leur village.

VIII. Jean-Baptiste Claude Dufour, fils du precédent et de Geneviève-Sophie Mouille, fut maître des requêtes et intendant de Bourges. Il mourut en novembre 1797, sans laisser d'enfant. Ses bienfaits ont aussi consacré sa mémoire dans le pays. On redit encore qu'il payait à l'année un médecin chargé de donner les soins à tous les pauvres malades.

IX. Après lui, le château de Villeneuve appartint à sa sœur, Mme Catherine-Elisabeth Dufour de Villeneuve, veuve de M. Michel Pellissier de Féligonde, décédée à Clermont le 12 mars 1814

X. Par sa mort, cette propriété a passé dans les mains de M. Michel Pellissier de Féligonde, son fils, ancien député du Puy-de-Dôme, aujourd'hui vivant, mais qui, dans les partages anticipés faits entre ses enfants, l'a cédée à M. Jacques-Michel Pellissier de Féligonde, son second fils, conseiller auditeur à la cour royale de Riom.

Puisse, dans l'intérêt des pauvres de Villeneuve, cette propriété rester longtemps dans une famille où la bienfaisance est héréditaire.

Source : Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne, Volume 12 par Henri Lecoq 1839.

Description actuelle

Château construit à la fin du 15e siècle par Rigaud d'Aureille, maître d'hôtel de Louis XI, puis modifié sous Louis XIII. L'édifice présente une cour carrée bordée de trois corps de logis et d'une terrasse. Avant d'entrer dans l'enceinte intérieure, une porte en anse de panier donne accès à une basse cour.

L'enceinte intérieure est entourée de fossés et présente une forme carrée flanquée de quatre tours cylindriques. Sous Louis XIII sont ajoutées les ailes Est et ouest, les portes et fenêtres sont refaites.

Menuiseries et serrureries du 15e siècle. La cour intérieure est ornée, sous la galerie du rez-de-chaussée, de peintures humoristiques à fresque. Ces peintures se composent de cinq motifs : le dict de l'astrologue ; le dict du vieux maître d'hôtel ; le dict de la Bigorne ; le dict de la Chiche-face ; une dernière légende concerne les maris trompés.

Source : Ministère de la culture.

photo pour Château de Villeneuve-Lembron

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 161276
  • item : Château de Villeneuve-Lembron
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Puy-de-Dôme
    • Villeneuve
  • Code INSEE commune : 63458
  • Code postal de la commune : 63340
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 15e siècle
  • Date de protection : 1926/05/25 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/26

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice : 2 formes de décor sont présentes :
    • menuiserie
    • peinture
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :6 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • salle
    • décor intérieur
    • porte
    • ferme
    • fossé
    • port
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : anciennement commune de type villeneuve-lembron propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : 3cdb862b5d62b4c483bcca39d5dab377.jpg
  • Détails : Château, avec sa décoration intérieure, ses fossés, la porte d' entrée de la ferme voisine et la salle voûtée ornée de peintures située à droite de cette porte d' entrée en bordure de la voie publique : classement par arrêté du 25 mai 1926
  • Référence Mérimée : PA00092466

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

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photo : pierre bastien

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