Maison de l'Homme des Bois

Fulcanelli, avec sa conclusion toute personnelle nous livre une description intéressante de la maison dite de l'homme des bois a Thiers. Vous lirez ci-dessous un extrait de son ouvrage "Les demeures philosophales" ou l'auteur se livre a une réflexion sur cette demeure du XVe siècle. Le ministère de la culture quand a lui nous fournit une description beaucoup plus synthétique que voici :

Maison à pans de bois de la seconde moitié du XVe siècle, qui se présente sous la forme d'un plan pentagonal avec une cage d'escalier en vis dans l'oeuvre. Le rez-de-chaussée était affecté, à l'origine à l'usage de boutique. Le deuxième niveau est constitué de trois baies séparées par des poteaux sculptés et encadrées de trois trumeaux hourdés à panneaux de bois, celui de gauche étant orné d'un "homme sauvage". Les poteaux sont ornés de petits personnages dans des niches. Sous l'appui des fenêtres, les colonnettes prismatiques sont engoulées de têtes grimaçantes. Les allèges des fenêtres sont également hourdées avec panneaux de bois à plis-de-serviette couvrant. A l'angle de la maison est accroché un édicule néo-gothique abritant une statuette de la vierge.

L'édicule néo-gothique abritant une statuette de la Vierge a aujourd'hui disparu devait on y voir une protection religieuse vis a vis de forces occultes ? De même le troisième panneau borgne a fait l'objet d'une restauration et une troisième fenêtre y a pris place voir photos ci dessous.

Les demeures philosophales

Pittoresque sous-préfecture du Puy-de-Dôme, Thiers possède un remarquable et très élégant spécimen de l'architecture civile au XVe siècle. C'est la maison de l'Homme des Bois, construction à hourdis, réduite aujourd’hui au premier étage seul, mais que sa conservation surprenante rend précieuse aux amateurs d'art, comme aux dilettantes de notre âge.

Quatre baies fermées d'arcs en accolade, à nervures filetées et redentées, s'ouvrent sur la facade. Des colonnettes engagées, aux chapiteaux composés de masques grotesques coiffés de serre-tête à longues oreilles, les séparent entre elles et supportent autant de figurines abritées sous de légers dais, délicats et ajourés. Aux baies supérieures correspondent, en soubassement, des panneaux ornés de parchemins; mais les piliers chanfreinés qui les bordent à l'aplomb des colonnettes montrent des gueules dévorantes de dragons en guise de chapiteaux.

Le sujet principal, qui sert d'enseigne au vieux logis, est un personnage analogue à celui que nous avons vu, manœuvrant un écot, sur le poteau cormier du manoir de Lisieux. Sculpté à la même place, presque avec les mêmes gestes. il semble se réclamer de la même tradition. On ne sait rien de lui, sinon qu'il achève son cinquième centenaire et que des générations de Thiernois l'ont toujours vu, depuis son édification, adossé au panneau de sa vieille demeure. Ce bas-relief sur bois, de taille large, mais assez rudimentaire, au dessin naïf, dont l’âge et les intempéries accusent le caractère heurté, représente un homme de haute stature, hirsute, vêtu de peaux cousues transversalement, le poil en dehors. Tête nue, il sourie, énigmatique, quelque peu distant, et s'appuie sur un long bâton terminé, à son extrémité supérieure, par une face de vieille, encapuchonnée et fort laide. Les pieds, nus, portent à plat sur une masse formée de sinuosités rudes, que leur grossièreté d'exécution ne permet guère d'identifier. Tel est cet Homme des Bois qu'un chroniqueur local appelle le Sphinx de Thiers. " Les Bitords, écrit-il, ne s'inquiètent ni de ses origines, ni de son geste, ni de son silence. Ils ne savent de lui qu'un chose, c’est le nom qu'il porte dans leur mémoire, le nom sauvage et sans grâce dont ils se servent pour parler de lui, et qui perpétue son souvenir à travers les âges. Les étrangers et les touristes sont plus sympathiques et plus curieux. Ils s'arrêtent devant lui comme devant un objet de prix. Ils détaillent à loisir les traits de sa physionomie et de son anatomie. Ils flairent une histoire pleine d'intérêt local et peut-être d'intérêt général. Ils interrogent leurs guides. Mais ces guides sont aussi ignorants et presque aussi muets que les Bitords gardiens de ce solitaire. Et celui-ci se venge de l'ignorance des uns et de la sottise des autres en gardant son secret. "

On s'est demandé si cette image ne représenterait pas un saint Christophe, en regard de celle d'un Enfant-Jésus qui aurait occupé le panneau opposé et vide la façade. Mais, outre que personne ne garde aucun souvenir du sujet qui dissimulait jadis le hourdage droit, à supposer qu'il ait pu exister, il faudrait admettre que le socle portant notre ermite figurât des flots. Rien n'est moins sûr qu'une telle hypothèse. Comment expliquer, en effet, sa miraculeuse station sur les eaux, sur des eaux dont la surface serait convexe ? D'ailleurs, l'absence seule de Jésus aux épaules du colosse justifie l'exclusion d'une ressemblance possible avec saint Christophe. En supposant même qu'il puisse incarner Offerus, première personnalité du géant chrétien avant sa conversion, on ne saurait donner aucune raison satisfaisante du vêtement simiesque qui imprime à notre statue son caractère particulier. Et si la légende assure que le passeur de Jésus dut déraciner un arbre afin de lutter contre la violence du courant et l'inexplicable pesanteur de son divin fardeau, elle ne signale point que cet arbre ait été munie d'une effigie, d'une marque distinctive quelconque. Or, nous connaissons trop la haute conscience, la scrupuleuse fidélité qu'apporta1ent les imagiers médiévaux dans la traduction de leurs sujets, pour accepter une supputation aussi peu fondée.

L'homme des Bois, résultat d'une volonté nette et réfléchie, exprime nécessairement une idée précise et forte. On conviendra qu’il ne peut avoir été réalisé et placé là sans objet, et que, dans cet esprit, le souci décoratif semble n'intervenir qu'à titre secondaire. A notre avis, ce que l'on a voulu affirmer, ce que le bas-relief thiernois indique clairement, c'est qu’il désigne le logis d'un alchimiste inconnu. Il scelle l'ancienne demeure philosophale et en révèle le mystère. (...)

Source : Les demeures philosophales par Fulcanelli, Eugène Canseliet

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 103739
  • item : Maison de l'Homme des Bois
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Puy-de-Dôme
    • Thiers
  • Adresse : 21 rue de la Coutellerie
  • Code INSEE commune : 63430
  • Code postal de la commune : 63300
  • Ordre dans la liste : 19
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : maison
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 15e siècle
  • Date de protection : 1987/11/09 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/26

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice : 2 formes de décor sont présentes :
    • menuiserie
    • sculpture
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • toiture
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détails : Façades et toitures (cad. AS 364) : classement par arrêté du 9 novembre 1987
  • Référence Mérimée : PA00092436

photo : morio60

photo : morio60