Eglise Saint-Amable

Fresques du XVe siècle figurant des scènes de l'enfance du Christ (Source ministère de la culture).

Au VIe siècle, saint Grégoire, évêque de Tours, qui était, comme saint Amable, d'Auvergne et qui vivait environ cent ans après lui, en parle en ces termes :

« Il y a eu encore (au Ve siècle), dans la même ville de Clermont, un ceriain Amable d'une admirable sainteté. Il était prêtre du bourg de Riom (vici Ricomagensis), et l'on dit qu'éminent par de grandes vertus il eut souvent le pouvoir de commander aux serpents.

« Le duc Victorius, ayant dédaigné de prier à son tombeau, ne pouvait plus s'en aller ; son cheval était comme fixé au sol ; il le poussait à coups de fouet et d'éperons ; mais, l'autre restait immobile, comme s'il eût été d'airain, jusqu'à ce qu'enfin, averti par les siens, le duc, qui étan à peu prés tombé dans le même état que l'animal lui-même, descendi pour prier ; et, ayant fait sa prière avec ferveur, il alla où il voulut.

« A ce tour beau, j'ai vu un possédé qui fut délivré et un parjure qui, après être devenu raide comme le fer, confessa son crime et fut immédiatement absous. »

Au XVIIe siècle, fabbé Faydit, savant auvergnat, publia, sur le grand Saintdont nous allons donner la vie, un intéressant et pieux ouvrage dont voici le titre détaillé :

La Vie de saint Amable, prêtre et curé de la ville de Riom en Auvergne, sous l’épiscopat de saint Sidoine Apollinaire, écrite en latin, sur des mémoires très-authentiques, par un ancien auteur nomme Juste, archiprêtre, traduite en français sur un manuscrit qui n'a jamais été imprimé, arec des notes et des éclaircissements sur l'histoire ecclésiastique et civile d'Auvergne, tirés des auteurs originaux et contemporains, dédiée à Madame la comtesse d'Ayen, par Monsieur l'abbé Faydit.

Les exemplaires de cet ouvrage, aussi pieux que savant, sont devenus rares, très rares même, et il faut bien dire pourquoi : Monseigneur de Noailles, un des archevêques de Paris, qui altérèrent le plus profondément l'antique liturgie et notamment la légende de saint Denys dont l'Aréopagitisme lui était antipathique, Monseigneur de Noailles fit saisir tous les exemplaires de la Vie de saint Amable et supprima ainsi l'ouvrage de l'abbé Faydit, dont le grand crime aux yeux du prélat, était d'avoir relevé toutes les erreurs contenues dans le grand ouvrage du janséniste Tillemont et aussi d'accorder à la vénérable antiquité une foi et un amour qui n'étaient pas plus du goût des Gallicans de cette époque, qu'ils ne sont de celui des Gallicans de notre temps. Et nunc erudimini!...

Ceci révélé, entrons dans quelques détails préliminaires, indispensables, sur Juste, le biographe de saint Amable.

« L'auteur de ce manuscrit (la Vie de saint Amable), s'appelait Juste, dit l'abbé Faydit, comme le marquent expressément plusieurs anciennes copies de l'original. Cela est confirmé par l'inscription d'une pierre de marbre, qui est religieusement conservée dans la sainte châsse de saint Amable, auprès du sac sacré où sont ses ossements. Voici les propres ternies qu'on avait écrits sur la pierre :

« ilgilur post Passionem, anno Domini 475 obiit dominus sanctœ memoriœ Amabilis, kalendis novembris : quo tempore totius regni apicem gubernabat Childericus rex. Hoc memoriale desumptum est ex opere Justi archipresbyteri. ,

« Et en effet, les propres termes qui sont ici cité, comme copiés et transcrits mot à mot de l'ouvrage de l'archiprêtre Juste, se trouvent mot à mot dans cet ouvrage-ci de la Vie de saint Amable. Ainsi il n'y a aucun lieu de douter que ce ne soit le même.

« Il était de Riom, ou tout au moins habitant de Riom ; car, il appelle souvent saint Amable « notre saint patron, notre saint protecteur »: patronus noster, sanctus protector; et à travers son latin.... il a laissé couler quelques mots auvergnats latinisés, comme duabus viabus, pour dire deux fois, ce qui est un idiome purement auvergnat; car, pour dire, deux fois, on dit en ce pays-là doux viageys.

« Il était archiprêtre au diocèse de Clermont. Cette dignité est fort ancienne en Auvergne. Il y en avait un à Brioude et un autre à Arthonne du temps même de saint Martin, comme le remarque saint Grégoire de Tours. Et au moins on ne peut douter qu'il y en avait grand nombre en ce pays-là dans le XIe et XIIe siècle, auquel vivait Juste ; car, le concile de Clermont de 1093 où présida Urbain II en personne, en fait mention. Saint Pierre de Chavanon était alors archiprêtre de Langeac.

« On peut voir chez Gratien quelles étaient les fonctions des archiprêtres et combien ils étaient honorés et distingués dans l'Église....

« Il faut que Juste ait écrit avant l'an 1128, car il dit nettement qu'Etienne, évêque de Clermont, qu'il appelle un très aimable pasteur, était actuellement vivant, lorsqu'il écrivait cet ouvrage-ci ; et il ajoute qu'il faisait travailler à bâtir l'église de Saint-Amable, et que quoiqu'elle ne fût pas encore finie, on ne doutait pas qu'il l'achèverait et y mettrait la dernière main ; et que ce que l'on en voyait de fait devait faire juger de la somptuosité avec laquelle il couronnerait son ouvrage ».

« Etienne comme le prouve très-bien l'abbé Faydit, mourut avant l'an 1120.

« Les Bréviaires de Clermont et de Riom ont tiré de Juste mot à mot toutes les Leçons de l'Office de saint Amable ».

Baillet—que l'on rencontre toujours sur sa route, bon gré, mal gré, ce grand démolisseur ! a reçu de l'abbé Faydit de rudes coups, à propos de saint Amable. Ces lignes ont un intérêt trop vil et tiennent de trop près à notre sujet lui-même, pour que nous les omettions; nos lecteurs nous sauront gré de cette citation :

« La matière si dédaigneuse et si méprisante dont M. Baillet parle de notre auteur (Juste), m'oblige de descendre dans le détail des faits qu'il avance et à ajouter de nouvelles preuves de l'authenticité de cette pièce.

« Et, il devrait nous suffire de savoir que l'auteur ayant vécu sur la fin du XIe et au commencement du XIIe siècle, vers le temps que le fameux concile de la croisade fut tenu à Clermont, en 1095, sous Urbain II, auquel la France, et en particulier l'Auvergne, était remplie par d'habiles gens, a sans doute su profiter de leurs lumières, et qu'il a pu recouvrer plusieurs mémoires anciens de la Vie de saint Amable, qui subsistaient de son temps, et qui se sont perdus depuis par la négligence de nos pères ...

« Il nous assure lui-même qu'il n'a rien écrit qu'il n'ait ou vu de ses propres yeux ou tiré des écrits des Saints : Quœ oculis tidimus nostris temporibus, vel aliqua quœ breviter inter alia Sanctorûm invenimus scripta.

« Or, quoiqu'il ne nomme aucun saint en particulier dont il ait tiré ce qu'il dit, il n'est pas difficile de voir que c'est de saint Gal, premier du nom, évêque de Clermont, et de saint Grégoire de Tours, neveu de saint Gal, et enfin de saint Prix ou Preject, aussi évêque de Clermont et martyr, que notre auteur veut parler.

« Car, en premier lieu, à l'égard, de saint Gal, il cite l'épitaphe que ce Saint avait fait graver sur le tombeau de saint Amable. Elle n'était pas tout à fait effacée de son temps. Il en rapporte quelques paroles ; et on ne doit pas douter que cette épitaphe ne contînt l'abrégé de la vie et des actions de notre saint patron et ne marquât le temps et le jour même de sa mort.

« C'est sans difficulté de cet endroit-là, que Juste a appris que son bienheureux trépas arriva le 1er novembre de l'an 475, non que cette année fût marquée dans cette épitaphe précisément en la manière que Juste l'a écrite. Car, il est certain que du temps de saint Gal, on ne datait guère les années par le temps de la Nativité, ou de la Passion du Sauveur, ni par celui du règne des rois de France, comme fait ici Juste ; mais, c'est qu'y ayant trouvé l'année des Consuls et de l'Empereur, et de l'évêque et du duc d'Auvergne, qui gouvernaient pour lors, il lui a été facile d'accorder tout cela avec la manière dont on comptait de son temps, et d'assurer que saint Amable mourut, l'an 475, après la Passion du Sauveur, sous le règne de Childéric, fils de Mérovée et père de Clovis.

« A l'égard de saint Grégoire de Tours, il est clair que Juste copie tout le trente-troisième chapitre du Livre de la Gloire des Confesseurs de ce Saint, qui est tout sur saint Amable, sans le nommer.

« Pour saint Prix, il est difficile de distinguer précisément ce que Juste a pris de lui, puisque nous n'avons aucun de ses ouvrages, et que ce n'est que de Lansfredius et des deux vieux auteurs de la Vie de ce Saint, données au jour et estimées originales par le père Mabillon, que nous savons que saint Prix a écrit la Vie de saint Amable en vers...

« Il y a toute apparence que c'est des vers de saint Prix que Juste a pris le miracle des gants et du manteau de saint Amable, portés en l'air au-dessus et au-devant de lui par un rayon du soleil dans son voyage d'Italie, de peur qu'il n'en fût incommodé pendant les grandes chaleurs

« Une Vie d'un saint mort sur la fin du cinquième siècle en Auvergne, écrite sur des mémoires du trois saints du même pays, et dont il y en a deux qui sont presque contemporains à ce grand Saint, peut passer pour une pièce originale et ne saurait être contestée que par des esprits faux et chagrins et par de mauvais critiques.

« Saint Gal était frère de Florentius, père de Grégoire de Tours, et tous deux étaient fils du fameux auvergnat Georgius. Or, celui-ci avait très-certainement connu et pratiqué saint Amable.

« A l'égard de saint Prix, il est certain qu'il a vécu et est mort deux cents ans, un an moins, après saint Amable ; mais, n'importe : sa mémoire était encore assez récente pour qu'il restât encore dans le souvenir des vieilles gens plusieurs actions mémorables que saint Prix aura pu écrire sur leur déposition. Et comme il était évêque du pays, et qu'il faisait sa résidence ordinaire à Volvic, village qui n'est qu'à une lieue de Riom, et que d'ailleurs il était très-curieux de ramasser tous les mémoires qu'il pouvait trouver sur la vie des saints d'Auvergne, comme le disent expressément les auteurs de sa Vie, on peut compter sur la vérité et la sincérité de son témoignage

« Pour revenir à la critique de M. Baille, et aux fautes qu'il reprend dans notre Vie de saint Amable, il dit que l'auteur était très-mal instruit des choses qu'il a écrites, et que c'est pour cela qu'il passera sous silence tous les faits qui lui paraîtront faux ou suspects, et qu'il en suppléera qui lui paraîtront plus vraisemblables. Mais, il se trouve au contraire que c'est lui qui est très-mal instruit, et que généralement tout ce qu'il a ajouté de sa tête est faux, et ce qu'il a supprimé, est véritable.

« Il a supprimé, par exemple, tout ce que notre auteur dit de la noblesse de saint Amable. On verra par mes Éclaircissements qu'elle est indubitable.

« Il a retranché son voyage à Rome pour avoir des reliques et en enrichir les églises d*Auvergne ; mais, c'est pour n'avoir pas lu saint Grégoire de Tours qui dit en deux endroits, que Saint Namace, évêque d'Auvergne, envoya quelques prêtres et curés de son diocèse en Italie, pour avoir des reliques des Saints de ce pays et en enrichir le sien.

« Or, M. Baillet reconnaît que saint Amable fut fait prêtre et curé par saint Namace.

« Il ne fait aussi aucune mention des miracles arrivés en la personne de saint Amable, lorsqu'il apporta des reliques d'Italie. C'est aussi pour n'avoir pas lu saint Grégoire, qui dit que ceux qui les portaient furent surpris en entrant en Auvergne par une pluie épouvantable qui faillit abimer le peuple qui alla au-devant d eux, et qui les suivait en procession, mais qu'il n'en tomba pas une goutte sur les prêtres qui les portaient, du nombre desquels était certainement saint Amable ?

« Il dit que la raison pour laquelle saint Amable étant mort le 1er novembre, on ne fait pourtant pas sa fête ce jour-là dans Riom, mais bien le 18 octobre ; c'est à cause qu'on faisait la Toussaint ce jour-là dans le temps que la ville de Riom adopta saint Amable pour patron.

« C'est une bévue ; car, avant l'institution de la Toussaint, on honorait saint Amable à Riom comme le véritable patron de la ville. Et la véritable raison pour laquelle on a remis sa fête, est parce que l'on célébrait, ce jour-là, comme le dit expressément saint Grégoire de Tours, la fête de Saint-Benigne, martyr, le premier patron de Riom, en l'honneur de qui saint Amable avait bâti l'église paroissiale, comme dit notre auteur.

« Il dit que notre auteur vivait plus de neuf cents ans après saint Amable ; nous ferons voir qu'il n'y a pas plus de six cents ans entre eux deux.

« Il dit que saint Amable mourut à Clermont, et y fut enterré dans l'église de Sainte-Madeleine du Croz. C'est une chimère qu'il a prise dans Savaron, et que nous ferons voir être la fausseté même.

« Il dit que le saint Gal qui bâtit un mausolée à saint Amable, est le second du nom, évêque de Clermont. Il se trompe ; ce fut saint Gal, premier du nom, quinzième évêque, oncle paternel de saint Grégoire de Tours : car, notre auteur qui avait vu ce mausolée, dit qu'il y avait ces mots gravés: L'archidiacre Gal a fait ceci.

« Or, c'était le nom dont on l'appelait à la cour du roi Thierry, fils de Clovis, et dans sa propre famille avant qu'il fût évêque, comme je dirai ci-après

« Il (Baillet) raconte comme une chose fort certaine, et sur un on dit, que saint Amable bâtit deux églises à Riom, celle de Saint-Jean-Baptiste et celle de Saint-Benigne. Mais, à l'égard de celte dernière, nous venons de voir que saint Grégoire de Tours, qui était de Riom, dit positivement que du temps de sa mère qui y demeurait, l'église paroissiale de Riom était Saint-Benigne ; et à l'égard de Saint-Jean-Baptiste, si M. Baillet avait quelque goût pour l'antiquité, il n'aurait eu aucune peine étant à Riom, de reconnaître que cette église à toute la figure des baptistères des premiers siècles.

« Il ne fait aucun état de l'époque du temps de la mort de saint Amable, marqué l'an 475 après la Passion du Sauveur. Apparemment parce que cette manière de compter les années lui a paru sauvage et nouvelle... Mais, il aurait pu se détromper de ces erreurs, s'il avait mis le nez dans saint Grégoire de Tours, qui en trois endroits, à savoir à la fin du premier, du quatrième et du dixième livre de son Histoire des Français, date les années par celle de la Passion ou de la Résurrection de Jésus Christ.

« Et la Diplomatique du père Mabillon lui apprendra que cette manière de confondre les années de la Passion avec celles de la Naissance de Jésus-Christ, devint très-commune autrefois, surtout vers le douzième siècle, auquel vivait notre auteur.

« Il a omis comme faux le dépôt de quelques reliques de saint Gervais dans une chapelle de Riom, où saint Amable priait Dieu sans cesse. Mais, saint Grégoire dit positivement deux choses ; l'une que saint Martin enrichit toute la France des reliques de ces deux martyrs ; l'autre qu'il fit un voyage à Riom, où il ne manqua pas d'en laisser.

« Il ne dit mot enfin de la persécution faite à, l'évêque de Clermont par le duc d'Aquitaine, le fameux Guillaume, ni du siège de Riom et de sa délivrance par la protection de saint Amable. Mais, Juste fut témoin oculaire de ce dernier, et Suger, ministre d'Etat sous Louis le Gros, aussi bien que le continuateur d'Aimoin parlent de l'autre. »

Source : Les vies de tous les Saints de France depuis le 1er siècle du Christ jusqu'à nos jours

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 103295
  • item : Eglise Saint-Amable
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Puy-de-Dôme
    • Riom
  • Code INSEE commune : 63300
  • Code postal de la commune : 63200
  • Ordre dans la liste : 15
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/26

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'peinture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : 1992
  • Détails : Eglise Saint-Amable : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00092269

photo : pierre bastien

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