Eglise Sainte-Croix

Champeix, petite ville pittoresque, dont l'église romane a peu de caractère, mais conserve un maître-autel en bois sculpté, attribué à Suireau (Bulletin monumental 1894 SER6, T9 p.511).

Il n'est pas un archéologue qui n'ait éprouvé le bonheur de trouver, au milieu d'un riant paysage, quelque vieux château démantelé, quelque vieille église aux teintes brunes et chaudes, dont l'aspect, contrastant avec la végétation qui les entoure, le force à reporter sa pensée sur les siècles écoulés. Interrogeant ses souvenirs historiques, il évoque ces brillantes cavalcades de preux chevaliers, de nobles châtelaines se livrant aux plaisirs de la chasse. Il fait défiler sur les flancs du coteau la longue procession de pèlerins allant implorer la Vierge dans son temple ; et revenant ensuite au présent, il se demande pourquoi ces croyances de chevalerie et de miracles ont pu disparaître si vite sous le niveau de la civilisation ; comment il se fait que les populations insouciantes laissent tomber, sans la soutenir, la vieille église élevée par la foi de leurs pères, qui, plus sages que nous, vivaient dans l'avenir ; moins il le conçoit plus il sent le besoin, en présence du système d'égoïsme qui règne aujourd'hui, de conserver le souvenir de ces vieux monuments, qui chaque jour disparaissent ou sont mutilés, d'en étudier les derniers débris et de les sauver d'une destruction totale, en en conservant les formes, comme on s'attache au portrait d'un ami prêt à descendre dans la tombe.

L'église de Champeix a conservé son chœur roman, dont les croisées, très étroites, sont décorées à l'extérieur de claveaux réguliers, et d'un cordon à billette qui fait ressaut sur les contreforts carrés de l’apside. J'ai été surpris de trouver à l'intérieur, à la jonction du transepts avec la nef, deux pilastres cannelés, à chapiteaux romans, d'un dessein lourd et d'une exécution grossière. Cette réminiscence de l'architecture romaine m'a frappé (Essai sur les eglises romanes et romano-bysantines du departement du Puy-de-Dome par Mallay 1838 p. 43).

Eglise paroissiale qui aurait appartenu à un couvent de Camaldules, dont l'ordre fut supprimé. Cet édifice est formé d'une nef de quatre travées flanquées, sauf la première, de bas-côtés, d'un transept, et d'un choeur à abside semi-circulaire. Les bas-côtés, ajoutés fin XV^e début XVI^e siècle, ont leurs travées voûtées d'ogives. Sur la façade occidentale s'ouvre un portail du XVIII^e siècle, surmonté d'une niche, et que précède un perron.

Source : Ministère de la culture.