photo : pierre bastien
On pourrait consacrer un ouvrage entier à l'étude historique et architectonique de cette église. Tel a été le parti d'Anne Courtillé qui en 1991 publiait dans son ouvrage "Auvergne et Bourbonnais gothiques", une section très importante lié à cette tâche. J’emprunte donc son introduction qui place de façon très précise l'origine de cette édifice.
« Les plus anciens seigneurs d'Aigueperse furent, au Xe siècle, les vicomtes de Thiers qui avaient constitué une petite principauté au sein même du Comté d'Auvergne. Ils se rattachaient a la famille comtale et leurs propriétés s'étendaient jusqu'en Limagne.
C'est à eux que l'on doit la plus ancienne mention de la ville qui parait avoir été déjà assez importante dans le premier quart du XIe siècle. En 1016 le vicomte Guy II, qui avait fondé un chapitre dans l'église Saint-Genès de Thiers, concéda aux chanoines, entre autres libéralités, « l'église » d'Aigueperse et les cens qu'il avait le droit de percevoir dans cette localité. Par « église » il fallait entendre simplement quelques modestes chapelles ... Le chapitre de Saint-Genès faisait reconnaitre solennellement en 11O7 par l'évêque Aimerieus ses droits sur les églises et les paroisses qui lui appartenaient. Mais les chanoines estimaient insuffisants les oratoires qui ne répondaient plus à la croissance de plus en plus marquée de la cité. Avant de mourir l'héritière des vicomtes, Agnès de Thiers, dame d'Aigueperse et de Montpensier, légua en 1165 le terrain nécessaire pour la construction d'un nouveau sanctuaire dont le chapitre thiernois aurait la garde...».
Ainsi l'histoire d'Aigueperse donne une date a partir de laquelle l'église qui allait devenir collégiale en 1253 fut bâtie. C'est entre ces deux dates 1165 et 1253 que se situe le chantier. L'étude de l‘édifice nous permettra-t-elle d'affiner la datation ?
Avec la collégiale Notre-Dame d'Aigueperse, c'est une version plus avancée du gothique que nous découvrirons dans le choeur où apparait vraiment le « principe de diaphanie » couronnant un édifice où s'étaient agrégés, peu à peu, les éléments marquants du gothique expérimental.
Source : Auvergne et Bourbonnais gothiques, par Anne Courtillé 1991.
Il y avait à Aigueperse, Diocèse d'Autun, une Eglise dédiée à Sainte Marie-Madelaine avec un Hôpital ; et pour desservir l'Eglise et l'Hopital, un Maître ou Recteur avec quatre Prêtres et deux Clercs. Hugues d'Arcy dans la première ou seconde visite qu'il fit dans cette partie de son Diocèse, conçut le dessein d'augmenter le nombre des Ministres et le culte du Seigneur en cette Eglise ; et après avoir pris des mesures avec le Recteur, les Prêtres & les Clercs qui la desservaient, et avoir eu leur consentement, il y fonda douze prébendes, et y institua douze Chanoines, à l'un desquels il donna le titre de Doyen. Et il fut réglé que dans la suite, le Doyen de cette nouvelle Collégiale serait élu et nommé par les Chanoines et Chapitre de la même Eglise, et par eux présenté a l’Évêque Diocésain, à qui seul il appartiendrait d'infirmer ou de confirmer leur élection, et que s'il arrivait que leur élection fût improuvée et rejetée, alors et pour cette fois, l'Evêque nommerait et instituerait un autre Doyen à son gré. La résidence du Doyen doit être de six mois, et celle des Chanoines de six semaines seulement chaque année : tous ceux de la première institution, à la réserve de trois qui sont exceptez, sont obligez de donner dans le cours de deux ans après leur institution, une somme de vingt livres viennois, ou d'assigner au Chapitre une rente de vingt sols pour l'anniversaire qui se fera pour chacun d'eux à perpétuité dans la même Eglise, et les autres Chanoines qui seront nommez dans la fuite, assigneront au même Chapitre et dans le même espace de temps, quarante sols de rente pour le même sujet, ou lui paieront quarante livres viennois pour acquérir des fonds qui puissent produire une rente semblable. La première année du revenu de la prébende de chaque nouveau Chanoine, doit être appliquée et employée pour les besoins communs de tout le Collège, de même que les fruits de chaque prébende, autant de fois que le Chanoine qui la possédé n'aura pas fait la résidence de six semaines qu'il est tenu de faire chaque année. A la mort de chaque Chanoine le Chapitre héritera des biens meubles que le défunt aura laissez à Aigueperse, à moins qu'il n'en ait autrement dispose avant sa mort. Il y a encore plusieurs autres règlements qu'on peut voir dans l'acte de fondation de cette Collégiale, qu'on trouvera parmi les autres Preuves de ce volume, et qui fut passé au même lieu d'Aigueperse le samedi après la S. Nicolas au mois de Décembre, l'an 1288
Source : Histoire generale et particuliere de Bourgogne, par Urbain Plancher, Defay 1741