Ancienne chartreuse Notre-Dame-des-Prés

Nova villa, la Neuville. Ce village est inconnu avant le XIIe siècle. A l'est, à mi-côte, est un vaste enclos entouré d'un bouquet de bois. Il y a cinquante ans, cette retraite était habitée par les enfants de St.-Bruno. Comme celle de Gosnay, la chartreuse de Neuville, Notre-Dame-des-Prés, doit son origine à un grand crime. C'est, dit-on, un parricide qui vint porter son repentir dans cette solitude, et consacrer sa fortune à ce monument d'expiation (vers 1370). Bobert III, comte de Boulogne, contribua au premier établissement ; il en est considéré comme le fondateur.

En 1537 , le troisième corps de l'armée impériale, qui assiégeait Montreuil, était posté entre Neuville et la Chartreuse.

Neuville ressortissait de la sénéchaussée de Boulogne.

Source : Mémorial historique et archéologique du département du Pas-de-Calais par Louis Joseph Harbaville 1842.

Saint BRUNO, fondateur de l'ordre des Chartreux, est inscrit dans nos bréviaires de 1667, 1746 et 1840. Une Chartreuse fut fondée à Abbeville en 1301. Un couvent de religieuses Chartreusines s'est installé au Gard en 1871. L'année suivante, les religieuses de Saint Bruno ont repris possession de l'ancienne chartreuse picarde de Neuville-sous-Montreuil, fondée en 1323.

Société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer

Le 15 juillet 1324, Robert VII, comte de Boulogne et d'Auvergne, signe à Hardelot la charte de fondation de la Chartreuse de Notre-Dame-des-Prés, de Neuville.

Un miracle a sanctifié les origines de cette ruche religieuse : c'est l'un des derniers ; car, même au XIVe siècle, le ciel ne daignait plus aussi souvent manifester sa volonté aux hommes. Donc, Robert VII, comte de Boulogne et d'Auvergne, se trouvant un jour en contemplation devant un tableau de sainte Véronique, aperçut les yeux du Christ qui se détournaient de lui.

Pourquoi cette disgrâce ? Il interroge et voici que tout à propos un chartreux l'exhorte à sonder sa conscience : «J'ai ouï dire que vous avez fait voeu de fonder une maison de notre ordre, renouvelez ce voeu.. » Le prince l'écoute ; aussitôt les regards du Christ paraissent s'adoucir.

M. l'abbé Lefebvre, l'historien des Chartreux (Après avoir donné les Huguenots et la Ligue à son début remarqué ; puis, ou bout de trente années de silence studieux, une Notice historique et archéologique sur Balinghen, M. l'abbé Lefebvre a concentré ses efforts sur l'ordre des Chartreux, l'ordre religieux par excellence, français et fleur de l'état monastique ; il s'en est fait l'historien. Il a pris possession de ce sujet sympathique par l'histoire de saint Bruno et de ses fils. Nous lui devons le beau volume de la Chartreuse de Neuville qui est une page de nos annales, et encore celui sur la Chartreuse de Saint-Honorè à Thuison, près Abbeville. Bientôt suivront d'autres monographies qui confirmeront le titre d'historien dès Chartreux auquel il a déjà des droits incontestables et qui protégera son nom contre l'oubli), n'ose se prononcer sur la valeur historique de cette version ; mais, dit-il, comme elle a été adoptée dans la Chartreuse même, elle mérite une certaine croyance. J'ose aller plus loin et affirmer que j'y crois comme à une pieuse fraude, nécessaire pour rafraîchir la mémoire d'un prince oublieux.

L'histoire rappelle du reste comment cette promesse avait pu être faite. En 1319, Robert gisait malade dans les-murs de Sainte-Geneviève ; les médecins l'avaient abandonné. Il eut recours à l'intercession de la patronne de Paris. L'auteur des miracles de sainte Geneviève invoque, à l'appui du voeu qui amena la guérison, « une image de cire et une de fust qui encore est en l'église. » Dans sa reconnaissance le comte promit sans doute aussi de fonder un couvent, car c'était alors le voeu ordinaire des puissants seigneurs, et Robert était au rang des plus puissants (Il épousa en premières noces une petite fille de saint Louis et sa petite fille devait monter sur le trône, achetant cet honneur par l'infortuné qui allait suivre son union royale ; elle fut la femme de Jean II, le vaincu de Poitiers, séparé d'elle par une longue captivité en Angleterre. Jeanne de Boulogne mérita une autre célébrité : elle est l'héroïne de l'amour conjugal dans le Livre du très chevaleureux d'Artois et 4e sa femme fille au comte de Boulogne, roman qui mérita sa très grande vogue par le talent de l'auteur et le charme du sujet. La maison d'Auvergne jetait son dernier éclat avant de finir dans sa branche aînée avec un fou. Il semble que ses alliances successives avec le sang des rois la rendirent solidaire du malheur qui allait poursuivre la race royale, et M. l'abbé Lefebvre a philosophiquement remarqué le pressentiment qui poussa Robert VII à demander aux religieux, en échange de ses dons ; des prières pour ses successeurs et non, comme c'était la coutume avant lui, pour le repos de l'âme de ses ancêtres. Son siècle, le XIVe, devait voir, en effet, l'effondrement en plein triomphe, en pleine prospérité apparente, d'une famille féodale qui tomba, comme le cèdre, tout d'une pièce.).

On ne sait pas ce que Guillaume XII, son fils, a donné pour sa part. Sous son règne, la construction du couvent fut fort avancée. Il dut y contribuer car le roi Philippe VI eut occasion de rappeler qu'en sa jovenneté et par défaut de conseil, il avait fait plusieurs dons au grand préjudice de sa femme.

L'élan était donné. Le trésorier de nos comtes, Guillaume de Mothier, avait joint ses bienfaits à ceux de ses maîtres. Arnould de Cayeux, seigneur de Longvillers ; Jean, seigneur de Hodicq ; Aléaume, seigneur de Bournoville ; François de Créqui, seigneur de Dourier, gouverneur et sénéchal du Boulonnais en 1494 ; Wallerand de Tilly, abbé de Noire-Dame et Antoine de Monchv, seigneur de Monicavrel, furent successivement au rang des principaux bienfaiteurs. En l'absence des documents faisant connaître le détail de leurs bienfaits particuliers, je rapporterai ici une note qui donne une idée de l'importance totale. Le Livre verd de nos archives, sous la date du 15 janvier 1564 signale un marché fait avec les religieux de Neuville et leurs tenants pour deux cents septiers de blé. à 60 sous le septier, destinés à l'approvisionnement de la ville de Boulogne. Deux cents septiers, livres en dehors de la consommation du couvent et de ses fermiers, témoignent de la possession d'une assez grande étendue de terres propices à la culture du froment.

D'histoire proprement dite, les Chartreux de Neuville n'en ont pas. Aucun événement marquant ne les signala à l'attention des annalistes. M. l'abbé Lefebvre a dû laborieusement chercher les notes qui lui ont permis d'établir la succession, à peu près complète, des prieurs qui ont dirigé la maison de Neuville. Il quête, il voudrait d'autres éléments pour une nouvelle édition en préparation.

A défaut de matériaux importants, je lui apporte quelques pierres qu'il saura mettre en oeuvre :

Qui terre a guerre ! dit la sagesse des nations. Il semble que la fatalité fasse de tout propriétaire un être processif. Comme propriétaires, les religieux étaient superlativement amis des procès ; ce qui, pour le dire en passant, a été favorable à leur histoire ; car c'est dans les sacs de procédures du Parlement et des autres juridictions qu'on rencontre les plus copieux éléments d'informations. Il y a donc lieu de noter, par extraordinaire, le bon exemple d'amour de la paix donné, en 1656, par les religieux de Neuville.

A la date du 7 août 1656, Messieurs du chapitre apprenaient par leur fermier de Neuville que les révérends pères ou leurs tenants refusaient de payer quelques parties de dîmes dues aux chanoines, à savoir huit du cent sur certaines terres et cinq un tiers sur d'autres, à raison de quoi le fermier avait commencé à faire des poursuites.

Messieurs reçurent en même temps une lettre du R. P. provincial, portant en substance que les Chartreux désiraient vivre en paix avec les chanoines et s'engageaient à exécuter les clauses de la transaction passée autrefois qui les rendaient redevables, etc. Cette bonne volonté assoupit l'affaire sur le champ ; mais c'est chose assez rare dans l'espèce pour la noter.

Tout est utile en histoire. L'historien des Chartreux pourra encore ajouter, aux éléments de sa notice sur Notre-Dame-des Prés, le texte d'un bail passé au siècle dernier pour la ferme de la Parthe, premier bien national vendu dans le Boulonnais en 1790, dont nous lui avons donné connaissance et qu'il serait hors de propos de copier ici. A propos de cette ferme, il trouvera aussi deux inventaires de mobilier rural, rédigés en 1613 et en 1754. Leur comparaison donnera lieu à quelques observations, ne fut-ce qu'au sujet d'un moule à fromages, relevé dans le second de ces instruments judiciaires.

Enfin, en 1789, avant la main-mise de la Nation sur les biens des couvents, on peut constater, par une lettre écrite le 31 décembre 1789, que les propriétés des Chartreux avoisinant Neuville étant menacées de destruction, la garde nationale de Montreuil, mue par un bon sentiment, s'offrit à les protéger au lieu et place de celle de Boulogne trop éloignée.

Source : Mémoires par la Société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer 1866-1921

photo pour Ancienne chartreuse Notre-Dame-des-Prés

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 101743
  • item : Ancienne chartreuse Notre-Dame-des-Prés
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Pas-de-Calais
    • Neuville-sous-Montreuil
  • Code INSEE commune : 62610
  • Code postal de la commune : 62170
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : établissement conventuel
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 19e siècle
  • Date de protection : 1993/12/28 : inscrit MH partiellement
  • Date de versement : 1995/07/12

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :17 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • chapelle
    • salle
    • jardin
    • cour
    • bibliothèque
    • cloître
    • réfectoire
    • allée
    • enclos
    • boulangerie
    • église
    • jardin potager
    • salle capitulaire
    • cimetière
    • trésor
    • POTAGER
    • imprimerie
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 2 informations diverses sont disponibles :
    • propriété d'un établissement public communal 1993
    • propriété d'une personne privée
  • Photo : 716be786929c228ee30f7401816f0ebe.jpg
  • Détail :
    • Ensemble de l' ancienne chartreuse, à savoir : allée d' accès, mur d' enceinte, sol de la cour d' honneur, sol du petit et du grand cloître, sol de l' ancien cimetière, sol de l' ancien potager
    • façades et toitures : du parloir et de la chapelle extérieure, du bâtiment d' entrée avec les ailes accolées, des bâtiments encadrant la cour d' honneur (galerie des étrangers, ancienne boulangerie et ancienne imprimerie au Nord, quartier des hôtes et appartement de l' évêque au Sud) , de la chapelle de famille, du réfectoire des pères, des frères et des cuisines, de la salle du chapitre, des galeries du grand cloître entourées des vingt-quatre enclos monastiques et de la cellule du prieur
    • église avec ses vitraux et son mobilier, chapelle Nord formant sacristie à double étage avec son escalier, bibliothèque et salle du trésor (au premier étage au-dessus de la salle du chapitre) , cellule de chartreux (reconstituée) située au Nord et portant la lettre J (cad. AI 2 à 11, 14) : inscription par arrêté du 28 décembre 1993
  • Référence Mérimée : PA00125638

photo : joel.herbez

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