Hôtel de Montmorency (ancien)

Rue de Tournon

Elle commence rues du Petit-Lion et du Petit-Bourbon, et finit rue de Vaugirard, Quai du Luxembourg ; le dernier n° impair est 33 ; le dernier pair, 20. Elle a été bâtie en 1541. Ses premiers noms furent ruelle Saint-Sulpice, puis ruelle du Champ-de-la-Foire ; on la nomma depuis de Tournon, en l'honneur du cardinal de ce nom, abbé de Saint-Germain-des-Prés. Au n° 6 est l'ancien hôtel Brancas, et depuis Laval Montmorency ; il est occupé par la librairie de MM. Bossange et Masson. L'hôtel Nivernois, n° 7, était la demeure de Concini, maréchal d'Ancre, tué dans le Louvre le 24 août 1617 : son hôtel fut livré au pillage. Concini et sa femme, Éléonore Galigai, avaient un empire absolu sur l'esprit de la reine (Marie de Médicis). On attribuait cet ascendant à quelque maléfice. C'était l'empire d'un esprit fort sur un esprit faible, comme Éléonore le dit à ses juges. Elle tomba du faîte des grandeurs sur l'échafaud.

Louis XIII, à son retour de Savoie en 1629, alla loger dans cet hôtel qu'il préférait au Louvre à cause de sa proximité du Luxembourg qu'habitait sa mère.

Cet hôtel a été occupé depuis par le conseiller d'état chargé du contentieux des domaines nationaux. Au n° 12 est l'ancien hôtel d'Entragues.

Source : Dictionnaire historique de Paris par Antoine-Nicolas Béraud et Pierre-Joseph-Spiridion Dufey 1828.

  • Clément Marot.
  • Le Petit-Bourbon.
  • Le Maréchal d'Ancre.
  • Le Duc de Bellegarde.
  • Les Ambassadeurs extraordinaires.
  • Le Duc de Nivernais.
  • Laplace.
  • Terrat.
  • Lamartiniére.
  • Saint-Aignan.
  • Théroigne de Méricourt.
  • Jules Janin.
  • Mlle Lenormand.
  • Maire.
  • Mme d'Houdetot.
  • Le Marquis d'Entraigues.
  • Mollet du Pan.
  • Joseph II.

Il s'élevait peu de maisons auprès de celle dont François Ier fit présent à Clément Marot ; elle avait pour enseigne le Cheval-d'Airain, et en effet le roi y avait fait couler un cheval en bronze. Est ce là que le poète, en donnant à dîner à Diane de Poitiers, manqua aux lois de la sobriété un jour maigre ? Clément Marot n'avait plus à commettre que cette faute, jugée impardonnable par Diane de Poitiers, pour que d'autres griefs se formulassent et le fissent enfermer. L'Enfer, description du Châtelet, satire contre les gens de justice, mit les rieurs du côté du poète ; mais, rendu à la liberté, il arracha lui-même un autre prisonnier des mains de la force armée et il se montra de nouveau très-partisan d'innovations en matière de religion. Plusieurs fois arrêté, plusieurs fois mis en fuite, il abjura pourtant entre les mains du cardinal de Tournon. Ce prélat, cet abbé de Saint-Germain-des-Près donnait au même temps son nom à la rue de Tournon, jusque-là ruelle de Saint-Sulpice, dite aussi du Champ-de-la-Foire à cause de la foire Saint-Germain. Le Cheval d'Airain s'y trouvait à la place que remplit à-présent le n° 27.

Louis de Bourbon, duc de Montpensier, fit construire un hôtel auquel une portion de la rue Saint-Sulpice actuelle dut d'être appelée du Petit Bourbon ; sa veuve y reçut la nouvelle de l'assassinat du duc et du cardinal de Guise, dont elle était la soeur. Aussi bien des rumeurs, promettant la vengeance à cette princesse indignée, se firent écho sourdement, dans les conciliabules de la Ligue. N° 2 et 4, rue de Tournon, il ne subsiste rien de l'ancien Petit-Bourbon à l'extérieur ; mais une écurie souterraine, qui s'est rattachée à une autre, paraît d'une construction antérieure aux façades, qui ne remontent qu'au XVIIIe siècle. Là, sous Louis XV, menait son train un hôtel Montmorency. Faut-il y voir également un ancien hôtel Palaiseau, lequel appartenait à François de Béthune, duc d'Orval, pair de France, tout au commencement du règne de Louis XIV, puis à Jean de Donon, seigneur de Palaiseau, qui vendit au comte François de Bartolin ou Bartolet, seigneur de Puizolle, amateur connu d'objets d'arts ? M. de Palaiseau y était mitoyen avec un Châtillon. A l'expiration du même règne il y avait aussi, même rue, une propriété à la disposition de Moneins, comte de Trois-villes, sans que nous puissions dire au juste ce qui en reste.

Pas d'incertitude, en revanche, sur la place où l'historiographe doit évoquer plus haut, sur la même file, Concino Concini, maréchal d'Ancre. Voltaire dit de ce fils d'un notaire de Florence qu'il fut premier ministre sans connaître les lois du royaume, maréchal sans avoir tiré l'épée. N'avait-il pas commencé sa fortune en épousant la fille de la nourrice de Marie de Médicis ? La disgrâce et la mort violente de Concini firent mettre à deux reprises son hôtel au pillage, opulente maison s'il en fut. Point de pitié pour la maréchale d'Ancre, qu'on arrêtait ne demandant qu'à fuir ! Il restait à flétrir d'une condamnation régulière la mémoire de l'un, en dressant un bûcher pour l'autre. Louis XIII, à son retour de la Savoie, se rapprocha quelque temps de la reine mère, qui résidait au Luxembourg, en habitant lui-même l'hôtel d'Ancre, confisqué, mais concédé à M. de Luynes, ainsi que les châteaux d'Anet, de Lésigny et d'autres biens du favori si vite remplacé.

La maison de ville devint l'hôtel des Ambassadeurs extraordinaires, sous la direction du duc de Bellegarde, grand-écuyer de France, qu'Henri IV et Louis XIII avaient comblé de faveurs, mais le premier peut-être pour se faire pardonner de lui avoir enlevé la belle Gabrielle. Chaque arrivée d'un nouvel hôte y était signalée par un jour de gala, mettant en jeu tous les ressorts d'une étiquette pleine de magnificence, et pour la ville il y avait spectacle, sur le parcours annoncé du cortège, tant les honneurs de la bienvenue ressemblaient à ceux du triomphe ! Grande surtout fut la solennité, sous le règne de Louis XIV, pour les entrées du duc de Schrewsbury, ambassadeur extraordinaire et grand-chambellan de la reine de la Grande Bretagne ; de M. de la Vieuville, bailli, grand croix, ambassadeur extraordinaire de l'ordre de Malte ; des ambassadeurs du czar de Moscovie et de ceux du roi de Siam. Le service des cérémonies amenait le représentant du monarque étranger à l'hôtel des Ambassadeurs, où il était complimenté de la part du roi par le premier gentilhomme de la chambre ; puis un autre jour était pris pour la présentation au souverain. Mehemed-Effendi, ambassadeur de la Porte, occupa moins passagèrement, sous la Régence, cette grande maison de la rue de Tournon.

Puis Mancini Mazarini, duc de Nivernais, donna l'hôtel Pontchartrain eu échange de celui-là, que Peyre l'aîné restaura. Poète au milieu des camps, le duc faisait des fables ; il occupa le fauteuil académique de Massillon et il fut ministre. Sa seconde femme, née de Brancas, veuve du comte de Rochefort, cultivait elle-mêne les lettres ; elle mourut vingt-six jours après son second mariage. Le comte de Gisors, gendre de M. de Nivernais, avait été tué a Crevelt et il avait laissé une très jolie veuve, ainsi que nous l'atteste un portrait dont elle a gratifié son médecin, Théophile de Bordeu. Par exception, a été donnée à M. de Nivernais la satisfaction de mourir dans son hôtel, à 82 ans, le 25 février 1798. Le conseiller d'État chargé du contentieux des Domaines nationaux remplissait sous l'Empire cette superbe demeure, qui devint en 1814 l'habitation de la duchesse douairière d'Orléans et qui, depuis 1830, sert de caserne à la garde municipale.

La maison occupée, moins avant dans la rue, par le docteur Ricord et par la librairie Renouard est aussi de princière apparence. Les libraires Bossange et Masson étaient propriétaires de l'immeuble à l'époque où M. Renouard quitta la rue Saint-André-des-Arts pour celle de Tournon. Le géomètre Laplace y demeurait, étant sénateur. Les relations d'amitié qu'avait antérieurement contractées ce savant avec Bonaparte, son collègue à l'Institut, l'avaient fait un moment ministre de l'intérieur, après le 18 brumaire ; il n'en fut pas moins pair de France et titré marquis, au lieu de comte, sous la Restauration. Le Dictionnaire des Rues de Latynna mentionnait en 1816 la propriété dont il s'agit comme ancien hôtel Montmorency-Laval, plus anciennement Brancas. Le règne de Louis XVI, en effet, y trouva le duc de Brancas ; mais Bugnet, intendant de M. de Creil, conseiller d'Étal, et de la duchesse de Beauvilliers, avait acquis en 1752 ledit hôtel, tenant à l'hôtel Montmorency et à la maison Saint-Aignan ; l'un des vendeurs de Bugnet avait été Lanfernat, comte de Villars ; Chauvel, grand-bailli d'Orléans, et d'autres Chauvel avaient été auparavant propriétaires, ainsi que J. B. Geoffroy Petit de Saint-Lienne, acquéreur en 1719 au prix de 391,863 livres. Le créateur avait été J. B. Terrat, marquis de Chantosme, chancelier du duc d'Orléans, le régent de France. Les Terrat, adjudicataires du terrain en 1656, y avaient eu pour prédécesseur Nicolas Renouard de Chanteclair, et le chancelier avait pris Bullet pour architecte. Seulement l'hôtel Terrat, bien avant de passer Brancas, avait été à ferme l'académie royale de Lamartinière, magistral écuyer, dont la méthode est encore dans les manèges le modèle de l'école française. Cette institution, à l'usage des jeunes gens de la noblesse, était du nombre de celles qui faisaient de l'équitation l'élément principal de l'éducation.

Entre l'académie et l'hôtel des Ambassadeurs, Guy Chartraire de Saint-Aignan, conseiller au parlement de Dijon, fit construire une maison moins importante sur l'emplacement de l'hôtel Ventadour, qui lui avait été donné en l'année 1716 par sa soeur, épouse de David, lieutenant-particulier au bailliage de Semur, elle-même cessionnaire de Nicolas de Jassaud, président en chambre des comptes. Ce dernier avait pris la place du prince de Bohan Soubise et de sa femme, une Ventadour. La propriété était louée à Langlois, fermier-général, quand M. de Saint-Aignan légua ses biens à Chartraire, marquis de Ragny, après lequel vint le bourgeois Garnier, puis Mlle d'Orsan, fille majeure, puis Jean Dulau-d'Allemans, curé de Saint-Sulpice. [...]

Source : Les anciennes maisons de Paris sous Napoléon III par Charles Lefeuve.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 121400
  • item : Hôtel de Montmorency (ancien)
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Paris 06
  • Adresse : 4 rue de Tournon
  • Code INSEE commune : 75106
  • Code postal de la commune : 75006
  • Ordre dans la liste : 58
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : hôtel
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 18e siècle
    • 4e quart 18e siècle
  • Année : 1783
  • Date de protection : 1986/05/21 : classé MH
  • Date de versement : 1993/07/08

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site inscrit 06 08 1975 (arrêté) .
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :13 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • escalier
    • élévation
    • toiture
    • décor intérieur
    • porte
    • vestibule
    • salon
    • vantail
    • passage couvert
    • ROTONDE
    • port
    • ENTREE
    • passage
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détail :
    • Pour les parties communes : porte monumentale sur rue avec ses vantaux
    • façades sur rue, sur cour et sur jardin
    • vestibule (passage cocher)
    • escalier d' honneur. Pour les parties privatives : appartement du rez-de-chaussée sur jardin, appartement du premier étage sur jardin, appartement du premier étage sur rue, appartement du deuxième étage droite sur rue, appartement du deuxième étage gauche sur jardin
    • pièces suivantes de l' appartement du premier étage sur cour et sur rue : deux antichambres (entrée et rotonde) , pièce entresolée donnant sur la rotonde, salon donnant sur la rotonde et chambre principale faisant suite à ce salon (cad. 06 : 02 AJ 16) : classement par arrêté du 21 mai 1986
  • Référence Mérimée : PA00088538

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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