Fontaine Médicis

La rive gauche possède deux des plus belles fontaines monumentales de Paris : la fontaine Médicis et la fontaine de la rue de Grenelle.

La fontaine Médicis a été construite par Salomon Debrosse, en même temps que le palais du Luxembourg et pour l'ornement du jardin de ce palais, dont elle a toujours fait partie. Elle était autrefois un peu plus à l'est ; on l'a déplacée, dans ces dernières années, pour l'ouverture de la rue Médicis. C'est une œuvre remarquable et d'un bel effet. On a eu l'idée assez peu heureuse d’y placer récemment un groupe colossal représentant Acis et Galathée surpris par Polyphèma, ce qui fait une grotte dans une grotte. Ce groupe qui, d'ailleurs, ne manque pas de mérite, est de M. Ottin, qui est aussi l'auteur de deux statues, un Faune et une Nymphe, placés dans les niches latérales de la fontaine ; la Nymphe a de la grâce et de l'élégance.

Source : Paris guide par les principaux écrivains et artistes de la France par Victor Hugo 1867.

La planche qui ouvre cette année la série de nos gravures représente l'intéressante construction hydraulique connue sous le nom de « Fontaine de Médicis » et qu'on voit dans une des parties les plus pittoresquement réussies du nouveau jardin du Luxembourg, à l'extrémité d'une allée bordée de grands et beaux arbres, a laquelle elle sert de perspective ou de point de vue.

Quelques écrivains ont attribué cette fontaine, nous ne savons sur quels indices, a Rubens ; peut-être parce que ce grand peintre a laissé au palais du Luxembourg, dans la chambre à coucher de la reine Marie de Médicis, un beau spécimen de son génie. Cependant, ce monument est plus généralement regardé comme l'oeuvre de Jacques Debrosses, l'habile architecte qui, au commencement du XVIIe siècle, construisit le palais et dessina le jardin qui l'entoure, en s'inspirant, pour satisfaire au désir de Marie de Médicis, du style et du goût florentin de l'époque de l'architecture a bossages.

Le jardin du Luxembourg a subi bien des vicissitudes depuis le jour où Jacques Debrosses le faisait exécuter sur l'emplacement de l'ancien domaine de Robert de Harlai de Sanci, passé plus tard aux mains du duc de Piney-Luxembourg, qui lui a laissé son nom. La partie du jardin où se trouve placé notre monument est une de celles qui ont été le plus souvent modifiées, et la fontaine Médicis a dû supporter quelques unes des conséquences de ces remaniements successifs.

Ainsi l'ouverture de la rue Médicis, exécutée il y a quelques années, a nécessité son déplacement. Sous la direction de M. de Gisors, alors architecte du palais. La fontaine fut démolie pièce à pièce et reconstruite a quelques mètres en avant de son ancien emplacement. Des soins minutieux présidèrent à cette reconstruction. La façade principale de l'édifice conserva son caractère, mais des changements importants et nécessaires modifièrent sensiblement la façade postérieure. Adossée primitivement à des bâtiments hors de la voie publique, ce côté de la fontaine n'avait pas dû éveiller le souci de son auteur ; mais il n'en fut plus de même pour M. de Gisors, lorsque, par suite du déplacement du monument et du percement de nouvelles rues, la façade postérieure se trouva placée en regard droit sur la rue Médicis. Cet architecte fut d'avis qu'un simple mur plein et un ne suffisait plus ; il l'enrichit donc d'une ornementation sobre, dans laquelle il encadra, comme motif principal, un charmant bas-relief, une Léda, enlevé peu de temps auparavant d'une petite fontaine de la rue du Regard. démolie pour cause d'expropriation.

Quant à la face principale de la fontaine (la conception de Jacques Debrosses), notre dessin la donne telle qu'elle était avant son déplacement. Nous avions voulu conserver ainsi intact cet intéressant spécimen de l'architecture monumentale du commencement du XVIIe siècle, que beaucoup disaient à ce moment devoir perdre son caractère par des mutilations ou des adjonctions qui, heureusement, sont restées à l'état de projet, si tant est que ces projets aient été réellement conçus.

Des différences importantes se peuvent pourtant remarquer entre le dessin que nous donnons de la façade principale et ce qu'on voit sur place aujourd'hui. La nymphe de notre dessin, représentée debout sur un piédestal dans la grande niche centrale, a été remplacée dans le monument par un groupe sculptural, dû a l'habile ciseau d'un de nos éminents statuaires, M. Ottin.

Source : Revue generale de l'architecture et des travaux publics 1867.