photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
Bénédictins Anglais, couvent situé rue Saint Jacques, n°. 269, entre le Val-de-Grâce et le passage des Feuillantines. Par suite du schisme que Henri VIII fit naître en Angleterre, des religieux bénédictins de ce royaume vinrent se réfugier en France. Marie de Lorraine, abbesse de Chelles, en fit venir six à Paris, qu'elle établit, en 1615, au collége de Montaigu ; puis elle les en tira, pour les placer dans une maison du faubourg Saint-Jacques : elle voulut, ensuite, les transférer ailleurs ; mais ces bénédictins, ennuyés de ces changements, résistèrent aux caprices de cette abbesse, qui, irritée, leur retira sa protection, et discontinua ses libéralités. Ces religieux n'eurent pas un sort plus stable : toujours livrés à la merci de leurs protecteurs, ils furent encore condamnés à de nouveaux déplacements.
Le chef de la congrégation des Bénédictines anglaises vint à leur secours : il les logea dans une maison de la rue de Vaugirard, puis il les transféra rue d'Enfer, dans une autre maison qu'ils occupèrent en 1632, et où, avant eux, avaient demeuré des religieuses feuillantines. Enfin, le père Gifford, devenu archevêque de Reims, leur acheta, en 1640, trois maisons, situées rue Saint-Jacques, où ils purent invariablement se fixer.
Ils commencèrent par y construire une chapelle, et par s'y procurer les logements les plus nécessaires. En 1674, le prieur de cette communauté, le père Joseph Shirburne, eut le moyen de procurer à ses religieux des logements plus commodes : il fit démolir les anciens bâtiments, et élever à leur place un édifiée régulier et somptueux, ainsi qu'une église analogue, qui fut entièrement construite en 1677.
Cette église contenait le corps du malheureux Jacques II, roi de la Grande-Bretagne, mort à Saint-Germain-en-Laye, le 6 septembre 1701, et celui de Marie Stuart, sa fille, morte le 18 avril 1712.
Ce roi, détrôné pour ses crimes, éclairé par le malheur, apprit à mépriser les vanités mondaines : il voulut qu'aucun faste n'accompagnât ses funérailles, et que son tombeau ne fût distingué que par cette simple épitaphe :
CI GIST JACQUES II, ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE.
Ce couvent fut supprimé en 1790; et dans ses bâtiments, devenus propriété particulière, s'est établie une filature de coton, au n°. 269.
Source : Histoire physique, civile et morale de Paris par Jacques Antoine Dulaure.