Jardin des Plantes et Muséum

Le Jardin des plantes de Paris est un jardin botanique ouvert au public, situé dans le 5e arrondissement de Paris, entre la mosquée de Paris, le campus de Jussieu et la Seine. Il fait partie du Muséum national d'histoire naturelle et est, à ce titre, un campus. Placé sous l'intendance de Buffon jusqu'en 1788, il s'étend sur une superficie de 23,5 hectares.

Histoire depuis les origines du Jardin des Plantes

C'était sous Louis XIII. Hérouard, premier médecin du roi, et Gui de La Brosse, son médecin ordinaire, jouissaient de beaucoup de loisir ; car Richelieu, par habitude de tout faire, apparemment, avait seul une mauvaise santé. Les deux docteurs sollicitèrent et obtinrent, par Lettres Patentes, l'autorisation d'acheter, au nom du roi, une maison, plus un terrain de vingt-quatre arpents dans le faubourg Saint-Victor, à cette fin d'y fonder un jardin royal des herbes médicinales. Le royal acquéreur paya sans doute l'immeuble et les terrains un peu plus cher qu'ils ne valaient. C'était un triste voisinage, pour la maison, que celui des Copeaux et des Bouchers, dépôts impurs de la grande ville ; et les vingt-quatre arpents ne gagnaient guère à être environnés de marais. Enfin Hérouard se fit nommer surintendant du jardin... et mourut. Il n'avait créé qu'un titre. Ne vous semble-t-il pas qu'un médecin devrait savoir au moins mourir à propos ?

Cette circonstance, et bien d'autres encore (les grands, les huguenots et la maison d'Autriche, donnaient tant de besogne au Cardinal), entravèrent l'exécution pleine et entière des Lettres Patentes. Mais en 1645, l'édit suivant fut donné et enregistré :

« ... Attendu qu'on n'enseigne point ès écoles de médecine à faire les opérations de pharmacie ... le sieur Bouvard nous aurait supplié que trois docteurs, choisis par lui dans la Faculté de Paris, soient par nous pourvus pour faire aux écoliers la démonstration de l'intérieur des plantes, et de tous les médicaments, et pour travailler à la composition de toutes sortes de drogues, par voie simple et chimique...

« ...Voulons que, dans un cabinet de ladite maison, il soit gardé un échantillon de toutes les drogues, tant simples que composées, ensemble toutes les choses rares en la nature qui s'y rencontreront, duquel cabinet ledit La Brosse aura la clef et régie, pour en faire l'ouverture aux jours de démonstration...

« Nous avons aussi créé, a titre d'office, un sous-démonstrateur, pour l'aider à faire la démonstration extérieure dans le jardin, duquel office sera pourvu par nous Vespasien Robin, notre arboriste, chacun desquels officiers vaquera à l'exercice de sa charge, aux jours et heures qui lui seront désigués par notre surintendant... A tous lesquels avons attribué les gages qui suivent, savoir: à notre premier médecin,

« surintendant de toute l'oeuvre, 5,000 livres ; à chacun des trois démonstrateurs, 1500 livres, à La Brosse et à ses successeurs, 6000 livres, au sous-démonstrateur, 4200 livres.

«... Pour l'entretien duquel jardin..., nous avons ordonné à l'intendant une somme de 4000 livres par an, outre ses gages... Donnons aux démonstrateurs et opérateurs pharmaceutiques 400 livres pour l'achat de drogues, et 400 livres pour le salaire de garçons servants au laboratoire.

« Pour le paiement desquelles sommes sera par nous fait un fonds de 24000 livres...

« Donné...à Saint-Quentin, au mois de mai 1635 ; registré le 15 mai.

« Louis. »

La perspective horizontale du Jardin Royal des plantes medecinales estably à Paris par Louis le Juste, Roy de France et de Navarre.

On a dit: « Il y a plus loin de rien à la plus petite chose, que de la plus petite à la plus grande. » Si cela est vrai, et nous l'admettons, le Muséum d'histoire naturelle, plus communément désigné sous le nom de Jardin des Plantes, cet établissement qui renferme aujourd'hui presque toutes les productions du globe, fut fondé par Louis XIII. La Faculté forma opposition à l'enregistrement de l'édit de 1655 ; elle était mécontente du choix de La Brosse. Pourquoi ? Nous pouvons le supposer : Gui de La Brosse avait eu la première idée d'une oeuvre utile, féconde, nationale ; il avait donc acquis les premiers droits à l'ingratitude de ses contemporains.

Toutefois l'opposition de la Faculté n'eut pas de suite. Gui de La Brosse prit possession du bâtiment et des vingt-quatre arpents, qu'il fit disposer pour leur destination nouvelle. Il dressa un parterre de quarante-cinq toises de longueur sur trente-cinq de largeur, défonça les terrains, se procura, par son argent, ses démarches et sa correspondance, toutes sortes d'espèces et de variétés de plantes, et fit le tracé du jardin dans une étendue de dix arpents. L'ouverture du nouvel établissement n'eut lieu que l'année 1640. Il y a deux cents ans de cela. Gui de La Brosse publia, dès 1644, le catalogue des plantes cultivées dans le Jardin royal des herbes médicinales. Le nombre de ces plantes, y compris les variétés, était déjà de 2560.

Ils passent trop vite, les hommes qui prennent une oeuvre à coeur et s'y dévouent. Gui de La Brosse mourut en 1645, au moment où il avait triomphé de tous les obstacles et lorsqu'il allait jouir du fruit de ses travaux.

Le Jardin des herbes médicinales languit et périclita sous les successeurs de ce médecin. Enfin ses destinées étaient gravement compromises, lorsque la Providence lui suscita un sauveur dans la personne de Fagon, neveu de Gui de La Brosse. Fagon était, pour ainsi dire, un produit du Jardin des Plantes : il y était né, il y avait passé son enfance ; il aimait les fleurs de passion, singulière prédisposition chez un homme qui devait être jeté, par son office de premier médecin du Roi, au milieu de l'étiquette et des intrigues.

Lorsqu'il se trouva pourvu d'une charge qui ne lui permettait plus de remplir les chaires de botanique et de chimie, qu'il avait occupées avec une grande distinction, Fagon sentit naître en lui un scrupule bien digne d'un homme adonné à l'étude de la nature : il crut ne pouvoir pas cumuler toutes les fonctions à la fois, et songea à se donner un successeur pour le professorat. Mais on ne s'arrête pas plus dans le bien que dans le mal : Fagon éprouva scrupule sur scrupule, et il s'imagina qu'il devait faire un bon choix. Voici comment il y avisa : il appela du fond de la Provence un brave jeune homme de vingt-six ans, qui s'appelait Joseph Pitton de Tournefort, tout simplement. N'y a-t-il pas là de quoi faire oublier toutes les malicieuses épigrammes lancées par Saint-Simon contre le premier médecin de Louis XIV ?

Tournefort, l'un des hommes les plus éclairés de son siècle, créa la botanique, ou à peu près. Jusqu'à lui, il y avait eu un empirisme, mais pas de science ; des faits, mais pas de méthode ; des mots innombrables, mais pas de nomenclature. Avec Tournefort, le chaos se débrouilla. La lumière fut.

Tournefort enseigna, écrivit, voyagea au profit de la science. Il publia un ouvrage intitulé Institutiones rei herbariœ, où était exposée sa méthode, et comprenant la description de dix mille cent quarante-six espèces, rapportées à six cent quatre-vingt-dix-huit genres. En 1700, il partit pour le Levant, accompagné du peintre Aubriet, attaché au Jardin du Roi, et qui devait dessiner les espèces nouvelles. Il parcourut la Grèce, les bords de la mer Noire et les îles de l'Archipel. Il revint en 1702 avec son butin, et enrichit l'établissement d'un grand nombre de plantes inconnues jusqu'alors.

Lorsque la science perdit Tournefort, Fagon, qui ne s'estimait pas encore quitte envers le Jardin, nomma à sa place Sébastien Vaillant, dont l'herbier forma la base du grand herbier du Muséum.

Antoine et Bernard de Jussieu ouvrent et ferment la seconde époque florissante du Jardin du Roi. Bernard de Jussieu occupait l'humble place de sous-démonstrateur, dans laquelle il demeura obstinément pendant plus de quarante années, méditant sur les caractères les plus solides, les plus simples, les plus constants, qui pourraient servir de base à une méthode naturelle. Décidément, le Muséum est la terre classique des phénomènes : trouvez-nous donc ailleurs un homme qui consente à méditer pendant quarante ans, et cela sous le vent même de la faveur : Louis XV aimait beaucoup Bernard. C'est Bernard de Jussieu qui rapporta d'Angleterre ce cèdre du Liban si fameux et sous lequel nous irons nous asseoir.

Maintenant nous tombons de Chirac en Chicoisneau, son gendre, tous deux médecins du roi, et qui firent si bien, en destituant les professeurs de mérite, en détournant parfois les fonds de leur spécialité, comme on dit de nos jours, que l'autorité supérieure fut obligée de couper court à l'abus, et que la place d'administrateur du Jardin du Roi cessa d'être le supplément de celle de premier médecin.

François Du Fay, militaire distingué, naturaliste courageux, entreprit de relever l'établissement, et d'effacer jusqu'aux traces des désordres de l'administration antérieure. Du Fay voyagea en Angleterre, en Hollande ; il établit des correspondances ; il enrichit le cabinet du Roi d'objets rares ; il lui donna sa propre collection de pierres précieuses ; enfin, sentant sa mort approcher, il rédigea un testament magnifique, et fit au Muséum un legs immense. Du Fay écrivit au ministre de Louis XV, et demanda pour successeur, Buffon.

Buffon, c'est pour la masse du public l'histoire naturelle en personne. M. de Voltaire ne trouvait pourtant pas l'histoire de la nature que Buffon publia, si naturelle. Mais on peut sourire à ce jeu de mots et ne pas s'arrêter à l'indignation de d'Alembert, qui s'écriait, à propos du célèbre naturaliste : « Ne me parlez jamais de ce comte de Tuflïères, qui, au lieu de nommer simplement le cheval, dit : La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, etc. » Buffon ne peut être atteint par la mauvaise volonté prosaïque de ces deux adversaires ; et quant à ceux qui ne lui auraient pas encore pardonné d'avoir toujours écrit l'épée au côté, en manchettes et en jabot, nous tâcherons de les apaiser en leur rappelant l'horreur que le grand écrivain professait, dans le domaine de la science, pour l'ordre rigoureux, pour les nomenclatures et les méthodes, en général.

L'ère de Buffon représente celle de l'agrandissement et de la gloire du Jardin du Roi. Ce parfait administrateur trouva le cabinet composé de deux petites salles pour les curiosités naturelles ; une troisième pièce renfermait les squelettes, que l'on ne montrait pas alors au public ; bientôt, et par les soins de Buffon, les collections occupèrent deux grandes salles des galeries actuelles. Le jardin n'avait que quelques arpents : les terrains vagues disparurent en peu de temps, les allées s'allongèrent, les plantations surgirent. Buffon attacha Daubenton à l'établissement, rappela Bernard de Jussieu, brutalement destitué par Chirac, et convia le public à un spectacle magnifique et tout nouveau.

Toutes les chaires furent occupées par des hommes du premier mérite. Antoine-Laurent de Jussieu découvrait, popularisait la véritable méthode des familles naturelles ; Rouelle exposait le système de Fourcroy, les principes de Lavoisier, la nouvelle nomenclature chimique, et enfin ses propres idées sur les sels, les premières idées justes qui aient été conçues sur cette importante partie de la science. Rouelle, ce professeur ardent et si original, qui avait, selon M.Dumas, fait ses premiers essais chimiques au feu de la forge, chez un maréchal son voisin. « Rouelle, » continue le même auteur, « avait une manière de professer très-particulière : il arrivait à son amphithéâtre en bel habit, perruque en tète, et chapeau sous le bras. Il commençait posément ; bientôt il s'animait un peu, et jetait son chapeau ; puis il s'échauffait davantage, et jetait sa perruque, puis son habit, puis sa veste, puis sa cravate... Ah! c'est alors seulement que vous aviez le vrai Rouelle.»

A Winslow, grand anatomiste, succédait Portal. Buffon enfin couronnait par ses oeuvres, par sa réputation européenne, cet imposant ensemble scientifique. Les découvertes, les observations faites dans toutes les parties du monde, aboutissaient au Jardin du Roi : là se formait comme un océan de connaissances dont les débordements fécondaient ensuite les provinces et l'étranger. C'est vers le même temps que le système de Linné, fondé sur le nombre, la position et la proportion des étamines (organes mâles des plantes), se répandait, mais sans prévaloir en France, où la méthode naturelle de Jussieu remplaça le système de Tournefort, basée principalement sur les différentes formes de la corolle, ou seconde enveloppe des fleurs.

A cette époque aussi l'établissement du Jardin du Roi doublait d'étendue par des échanges de terrain avec les religieux de l'abbaye de Saint-Victor, ou par l'achat fait à la ville de Paris, de chantiers environnants. Un vaste bassin se préparait non loin du carré des herbes médicinales ; creusé jusqu'au niveau de la Seine, le fond en devait être alimenté par l'infiltration des eaux de cette rivière, et servir aux plantes aquatiques. Ce bassin a donné naissance au carré creux d'aujourd'hui ; aux plantes aquatiques, qui ont refusé d'y vivre, ont succédé des plates-bandes où l'on cultive des plantes d'ornement.

En même temps, le jardin des semis était créé sur l'emplacement d'un nouveau terrain, parfaitement abrité au nord par la serre tempérée, au couchant par la colline du labyrinthe, au sud par l'allée des marronniers ; il devenait une école où l'on apprend encore aujourd'hui à semer, à faire lever, où l'on peut suivre enfin la série des procédés d'éducation pour les végétaux de tous les climats, jusqu'au moment de leur transplantation.

les serres du jardin des plantes de Paris

Desfontaines, Daubenton, Macquer, Fourcroy, Brongniart, Antoine Petit, Portai, Vicq-d'Azir, voilà les hommes qui, groupés autour de Buffon, remplissaient les trois chaires de botanique, de chimie et d'anatomie au Jardin du Roi, lorsque l'illustre intendant mourut, le 16 avril 1788.

Pendant les seize dernières années de la vie de Buffon, l'établissement avait coûté des sommes considérables en acquisitions, en constructions. Le temps des réformes approchait, et l'économie allait devenir nécessaire ici comme ailleurs. Il fallait en outre songer à détourner la foudre populaire de cet asile de la science : le Jardin du Roi aurait pu recevoir le contre-coup du Parc aux Cerfs. Aussi, dans le cours de 1790, l'établissement fut-il l'objet d'un rapport à l'assemblée constituante. Lebrun, rapporteur, commença prudemment son travail par la considération suivante : Le Jardin du Roi doit être, sous l'administration immédiate du roi. mais la nation ne peut le voir sans intérêt, et c'est sur le trésor public, que la dépense doit être effectuée. La dépense était alors d'environ cent mille livres. Lebrun proposa de la régler par un décret en sept articles. Mais finalement, on voulut bien s'en rapportera MM. les officiers du roi, c'est-à-dire au personnel lui-même, pour l'organisation de l'établissement sur le papier. Ils s'en occupèrent sans négliger pour cela leurs élèves. L'orage politique avait beau gronder près de là, dans le faubourg Saint-Antoine, les doctes professeurs travaillaient toujours, redoublaient de zèle (c'était leur courage, à eux), et s'efforçaient d'attirer à la science les hommes que la révolution attendait.

Tandis que le sol tremblait sous les efforts de la passion nationale ; tandis que s'apprêtait un puissant appel à l'audace, à l'audace, et encore à l'audace, un nom calme et doux, un nom d'une sérénité délicieuse, fut prononcé : un homme d'une timidité, d'une mélancolie extrêmes, Bernardin de Saint-Pierre, parut à la tête du Jardin des Plantes ; nous n'osons déjà plus dire le Jardin du Roi. Il nous semble qu'au milieu du choc des partis et du déchaînement de la colère publique, le père de Paul et Virginie rappelait noblement l'inviolabilité de la science, et devait faire comprendre aux plus exaltés que l'étude est aussi un patriotisme. Le nouvel intendant prit part, à sa manière, au mouvement de l'époque et s'occupa d'économies. De sages réductions rendirent possibles les dépenses nécessaires, et la pénurie du moment n'empêcha pas la construction de la serre qui porte encore aujourd'hui le nom de Bernardin de Saint-Pierre.

Cependant tout l'édifice monarchique croulait ; les hommes fuyaient ou mouraient ; les choses se transformaient. Le Jardin du Roi devint, par un décret de la convention, en date du 25 juin 1793, le Muséum d'histoire naturelle. Il était temps : l'institution royale de l'établissement, la nomination royale de MM. les intendants, l'appellation royale du jardin, attiraient déjà sur l'ensemble la terrible et inexorable réaction démocratique. Heureusement la vertu des plantes médicinales désarma d'énergiques destructeurs qui voulaient se réserver un pansement pour leurs blessures, une herbe salutaire pour chacune de leurs plaies, souvent bien larges ! La chimie, d'un autre côté, lit valoir ses droits à la bienveillance des vainqueurs ; la chimie se retrancha derrière la poudre à canon. Ces bienfaits, ces droits touchèrent, et le décret du 23 juin 1793 fit le reste.

Quand elle ne brûlait pas le sol, la convention le fécondait. Cette assemblée institua au Muséum douze cours, de minéralogie, de chimie générale, des arts chimiques, de botanique dans la campagne, de culture, de zoologie, d'anatomie humaine, d'anatomie des animaux, de géologie, d'iconographie naturelle. Enfin la convention décréta la bibliothèque, dont on fit l'ouverture au public le 7 septembre 1794.

Animaux divers du Jardin des plantes 1854.

Quelques détails sur l'origine de la Ménagerie

Le Muséum d'histoire naturelle, d'après les lois des 21 frimaire an III et 17 prairial an IV, dut occuper tout l'espace qui s'étend entre la rue Poliveau, en y comprenant la rivière de Bièvre, le quai Saint-Bernard et la rue de Buffon ; on comptait y réunir l'enseignement des sciences physiques et naturelles, les écoles d'agriculture et les pépinières. Ce projet, modifié par la loi du 19 brumaire an VI, fut repris sous le gouvernement impérial, et constamment suivi jusqu'à ce jour.

L'idée d'établir une Ménagerie en France était venue à une Académie, et naturellement à celle des Sciences. Elle en fit la proposition à Louis XIV, qui l'agréa. Louis XIV voulut enrichir le parc de Versailles de tout ce qu'il y avait de plus beau dans le règne animal, et bientôt les espèces les plus curieuses furent réunies sous ses yeux La Ménagerie, dit Saint-Simon, de l'autre côté de la croisée du canal de Versailles, toute de riens exquis, et garnie de toutes sortes d'espèces de bêtes, à deux et quatre pieds, les plus rares. La Ménagerie de Versailles alla toujours recrutant de nouveaux hôtes pendant les règnes de Louis XV et de Louis XVI. Vint la révolution. Les faubourgs de Paris, après avoir envahi le palais et ses dépendances, oublièrent, en se retirant, de laisser un peu de nourriture aux animaux du parc, dont la plupart moururent de l'une des morts de ce temps-là, de faim. Heureusement Buffon et Daubenton avaient pourvu d'avance à l'immortalité des malheureuses bêtes, par la description exacte qu'ils en avaient donnée dans leur Histoire naturelle.

Bernardin de Saint-Pierre sauva la vie à ceux des animaux qui surent attendre. Vous vous imaginez qu'il leur fournit de quoi tromper leur faim ; quelques os, en attendant mieux . Non, il fit un mémoire. Vous trouvez que c'est bien pеu pour nourrir des carnivores de la grande espèce Eh bien ! en 1792, cela suffit. L'année était dure, comme vous savez, et l'on parlait de réduire ce qui restait des animaux de Versailles a leur plus simple expression, en d'autres termes, on proposait de les transformer en autant de squelettes articulés avec des fils de fer. Bernardin de Saint-Pierre, alors intendant du Museum d'histoire naturelle, fut choisi pour exécuteur de ces hautes oeuvres ; il se récusa : puis il entreprit de démontrer, dans un mémoire, l'utilité des animaux vivants pour l'étude de la zoologie ; il compara ingénieusement les ossuaires, les squelettes, aux herbiers ; il fit comprendre qu'il y avait fort loin d'une peau bourrée de foin ou remplie de plâtre, à l'animal agité par des nerfs, se mouvant par des muscles, obéissant à l'instinct ; il fit espérer que plusieurs animaux, aujourd'hui sauvages, pourraient devenir utiles plus tard. Belle promesse, tout à fait sincère de la part de l'intendant, mais qui devait, comme toutes celles qu'on fait trop vite et sous le coup des événements, n'avoir qu'un commencement d'exécution.

M. de Saint-Pierre avait apparemment la main heureuse; il gagna la cause des bêtes, et il y eut, dès 1794, une Ménagerie au Muséum d'histoire naturelle.

L'établissement n'était pas préparé pour recevoir ces hôtes ; il s'excusa sur l'imprévu et pria les uns d'entrer dans de vieilles écuries ; il invita les autres à rester dans les bosquets qui bordaient, à cette époque, la rue de Buffon ; il offrit à quelques uns des cabanes provisoires.

Si les nouveaux pensionnaires se plaignirent, ce fut tout bas, car bientôt les animaux se rendirent de toutes parts au Jardin des plantes. Il en vint du Raincy, il en arriva de toutes les foires de village. Les amateurs d'animaux plus ou moins rares cherchaient à se défaire de leurs intéressants élèves au profit de l'Etat, ou plutôt aux dépens de son budget. Certains hommes, qui ne manquent jamais l'occasion de faire un sacrifice intéressé a leur pays, essayèrent sans doute d'élever leur chat a l'importance et à la dignité d'un léopard, et d'en obtenir un bon prix.

Animaux divers du Jardin des plantes 1854.

Le Muséum se montra, envers ses nouveaux hôtes, d'une politesse exquise. On mit à leur service jusqu'à des peintres ordinaires et extraordinaires : MM. Maréchal, Redouté l'aîné, Redouté jeune, le peintre de roses ; au même moment, M. Thibeaudeau s'occupait de fixer l'organisation légale et définitive de l'établissement, et faisait adopter par la convention toutes les conclusions de son rapport. L'administration du Muséum pouvait donc offrir, pour le présent, asile et sécurité aux animaux, lorsque la commune de Paris, dans l'intérêt de la circulation et de la sécurité publique, fit une réquisition générale de tous les ours, loups, renards, marmottes, oiseaux, etc., qui couraient les rues, et donnaient spectacle sur les places, les marchés de la ville et de la banlieue ; la commune interdit les ménageries ambulantes, et confisqua leur personnel au profit du Muséum ! Intéressante population ! Dieu sait la quantité de bêtes instruites, d'ânes perfectionnés, qui servaient alors à charmer les loisirs du peuple français. Nous vous raconterons tout à l'heure, en nous promenant dans la Vallée Suisse, quelques épisodes de cette époque animale révolutionnaire.

Un peu plus tard, d'autres richesses arrivaient de gré ou de force au Jardin. Le cabinet du Stathouder prenait la route de Paris, précédé de deux éléphants, mâle et femelle, l'honneur de la ménagerie hollandaise. Les pauvres bêtes avaient assez mal choisi leur jour. Le gouvernement français, malgré sa sympathie incontestable, ne pouvait pas faire grand chose pour elles. C'était en 1798, et la détresse de nos finances se faisait vivement sentir au Muséum. La guerre absorbait tout, et les animaux eurent leur disette. Les choses en vinrent là, que le surveillant de la Ménagerie reçut, suivant Deleuze, l'autorisation de faire tuer les animaux les moins utiles (lisez les moins curieux) pour fournir à la nourriture des autres. L'hyène vécut un jour de gazelle, et le chacal mangea un faisan. Voilà comment se touchent parfois dans la vie l'abondance et la misère, le luxe et l'indigence !

Enfin les administrations publiques allaient prendre une face nouvelle. Nous passions sous le consulat. Tout commençait à respirer un peu. On ouvrit les caisses qui encombraient les magasins de l'établissement : on en tira les végétaux, les minéraux, tous les objets précédemment expédiés et restés enfouis. Les administrateurs pouvaient contempler avec orgueil les résultats de leurs constants efforts, et espérer la tranquillité dans le travail, cette récompense des savants, lorsqu'un frère du premier consul, Lucien, ministre de l'intérieur, imagina de centraliser l'administration du Muséum, tout comme celle de la salubrité publique et de la police du royaume, et d'inaugurer la dictature d'un directeur général, nommé par le ministre, et correspondant seul avec le pouvoir. On reléguait ainsi les administrateurs d'alors, ceux qui avaient tant organisé, tant combattu, et tout sauvé, dans l'enseignement pur et simple des sciences, dont le ministre et son directeur général auraient probablement encore arrêté le programme.

Les professeurs réclamèrent en faveur de leur république ; le moment n'était guère bon. Cependant ils mirent en opposition les désordres de l'ancien régime avec la sagesse et la bonne direction du nouveau, et invoquèrent la dignité du professorat, qui ne pouvait plus souffrir le retour d'un Chirac.

(...)

Source : Le Jardin des Plantes : description du Muséum d'Histoire Naturelle par P. Bernard 1842.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 169649
  • item : Jardin des Plantes et Muséum
  • Localisation :
    • Île-de-France
    • paris
    • paris 5eme arrondissement
  • Adresse : 75005 paris 5eme arrondissement
  • Lieu dit : 57 rue Cuvier, 2 rue Buffon, 36 rue Geoffroy-Saint-Hilaire, place Valhubert
  • Code INSEE commune : 75105
  • Code postal de la commune : 75005
  • Ordre dans la liste : 0
  • Nom commun de la construction :
    • non communiqué
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • non communiqué

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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