Eglise Saint-Etienne-du-Mont

Genèse de l'église Saint-Etienne-du-Mont

Au commencement du VIe siècle, Clovis, pour accomplir le voeu qu'il avait fait, à la prière de Clotilde, construisit, sur le sommet de la montagne du Palais des Thermes, une église qui, dédiée d'abord aux apôtres saint Pierre et saint Paul, reçut ensuite le nom de Sainte Geneviève, après que Geneviève de Nanterre y eut été inhumée.

La fondation de Clovis attira auprès de la nouvelle église les habitants de Paris et des campagnes d'alentour, car ils avaient pour la sainte qui reposait dans la basilique une dévotion particulière. Les approches de Sainte Geneviève se couvrirent ainsi peu à peu de maisons, et bientôt il devint nécessaire de destiner à cette population nouvelle, composée pour la plus grande partie de serviteurs et de cultivateurs des terres de l'abbaye, un prêtre particulier pour ses besoins spirituels.

Ce ne fut d'abord qu'un simple chapelain qui administra les sacrements. Le lieu consacré aux réunions de son petit nombre de fidèles, fut la crypte ou chapelle souterraine existant au fond de l'église de Sainte-Geneviève même. Cette chapelle où reposait le corps de la patronne de Paris, placée d'abord sous l'invocation de la Sainte Vierge, prit ensuite le nom de Saint-Jean-l'Évangéliste et fut appelée par le peuple Saint-Jean-du-Mont.

Le nombre des habitants qui vinrent se fixer autour de l'église de Sainte-Geneviève augmentant rapidement, donna bientôt une certaine importance à la petite paroisse de Saint-Jean et occasionna un démêlé entre l'abbé de Sainte-Geneviève et l'évêque de Paris. L'évêque disait, avec raison, que l'église de Saint-Jean devait être soumise aux mêmes droits qu'il exerçait par sa dignité sur toutes les paroisses de son diocèse ; l'abbé, croyant sa prétention fondée sur quelques dispositions du droit canonique dont il avait une grande connaissance, disait que la chapelle de Saint-Jean, faisant partie de l'église de son abbaye, devait être exempte de la suprématie de l'évêque et ne dépendre que des abbés de Sainte-Geneviève. Le pape Urbain III, rendu arbitre de la cause, après avoir pris connaissance des raisons alléguées de part et d'autre, reconnut le droit de l'évêque et déclara que l'église de Saint-Jean-du-Mont devait lui demeurer soumise.

Cette décision fut renouvelée et confirmée, en 1202, par le pape Innocent III, et l'on déclara en même temps que le chanoine régulier de Sainte-Geneviève présenté pour la cure de la paroisse, serait nommé par l'évêque et tiendrait de lui la charge des âmes ; en outre, que les chanoines, sans le consentement de l'évêque, et l'évêque sans le concours des chanoines, ne pourraient bâtir aucune chapelle ou église dans le bourg de Sainte-Geneviève. L'évêque donna, par le même acte, la vigne du clos Bruneau qui lui appartenait, et où s'élevaient déjà quelques maisons pour l'augmentation de la paroisse du Mont. L'abbé de Sainte Geneviève, voulant seconder les sages intentions de l'évêque et éloigner tout motif de discussion dans l'avenir, céda en retour à l'évêque l'église de Sainte-Geneviève de la cité, dite Sainte-Geneviève des Ardents, et quelques autres propriétés.

Église Saint-Étienne-du-Mont dessin de Frederick Nash (1782-1856)

Église Saint-Étienne-du-Mont dessin de Frederick Nash (1782-1856)

La même année 1202, l'abbaye de Sainte-Geneviève, pour augmenter la paroisse de Saint-Jean-du-Mont, donna en fief à Mathieu de Montmorency le clos Mauvoisin qui lui appartenait, à condition que ceux qui bâtiraient dans ce terrain peu éloigné de l'église feraient partie de la paroisse. C'est sur cet enclos que l'on ouvrit successivement les rues du Fouare, des Rats, des Trois Portes, la rue Saint-Julien-le-Pauvre et une partie de la rue Galande. Le clos Bruneau, que l'abbaye de Sainte-Geneviève venait de recevoir de l'évêque de Paris, forma les rues de Saint-Jean-de-Latran, de Saint-Hilaire, de Saint-Jean-de-Beamais, la rue Fromenteau, la rue Chartière, la rue Judas, etc.

L'une des pièces fournies par l'évêque de Paris devant le pape pour établir sa juridiction sur Saint-Jean-du-Mont apprend que les paroissiens de cette église étaient dans l'usage ou plutôt dans l'obligation de donner en se mariant un plat de viande au marguillier de la cathédrale de Paris.

Au commencement du XIIIe siècle, Philippe Auguste fit clore de murs, comme l'on sait, la partie méridionale de la ville de Paris.

Cette enceinte, qui, partant de la tour connue plus tard sous le nom de Tour de Nesle (à l'extrémité méridionale du pont des Arts d'aujourd'hui), arrivait à la fortification dite la Tournelle, qui s'élevait sur la Seine, entre le pont de la Tournelle et la rue des Fossés-Saint-Bernard, passait sur le haut de la montagne Sainte-Geneviève, dans la direction à peu près de la rue de Fourcy et de la rue des Fossés-Saint-Victor, en traversant l'enclos du collège de Navarre, devenu l'École Polytechnique.

La partie des terres de l'abbaye de Sainte-Geneviève qui fut enveloppée et mise a l'abri par les fortifications, se couvrit bientôt de maisons, et la population, s'accrut dans peu de temps à un tel point, qu'il fut nécessaire de construire pour elle une église paroissiale.

C'est ici que remonte, à proprement parler, la fondation première de l'église de Saint-Étienne-du-Mont. Les religieux de Sainte-Geneviève cédèrent pour le nouvel établissement une partie de leur territoire, et, du consentement de l'évêque de Paris, on éleva bientôt une église sous l'invocation de Saint-Étienne. On ignore l'époque précise de cette fondation ; Félibien la place en l'année 1222, mais différentes preuves montrent que l'église existait déjà à cette époque ; elle était même construite en l'année 1221, puisqu'on lit dans Guillaume-le-Breton que la foudre tomba en 1221 sur une maison d'aumône située devant l'église de Saint-Etienne-du-Mont. Nous pensons qu'elle était au moins commencée en 1219, puisqu'il existe une charte de cette même année, où l'église voisine, consacrée également sous le vocable de Saint-Etienne, porte déjà le surnom des Grès. Cette addition ne dut être faite à son nom que quand il fallut la distinguer d'une autre église qui avait le même patron.

Église Saint-Étienne-du-Mont, Panthéon dessin de Victor-Jean Nicolle (1754-1826)

On ne sait pour quel motif l'église fut placée sous l'invocation de Saint-Étienne, et l'on a conjecturé que l'évêque de Paris dut donner quelques fragments des reliques du premier martyr, quand on démolit l'ancienne basilique de Saint-Étienne, dans l'île de la Cité, alors église métropolitaine de Paris, ou qu'on avait retiré des reliques du saint de quelque autel de l'abbaye de Sainte-Geneviève.

L'église de Saint-Étienne, d'abord simple chapelle paroissiale, appartenait aux religieux de Sainte-Geneviève ; elle fut construite près de l'église de l'Abbaye, et dans une telle dépendance qu'elle communiquait intérieurement avec elle, sans avoir d'issue particulière à l'extérieur. Une porte de communication intérieure entre les deux églises se trouvait placée à la chapelle actuelle de Jésus-Christ au tombeau, et conduisait au choeur de Sainte-Geneviève.

L'église de Saint-Étienne-du-Mont demeura longtemps ainsi comme une chapelle dépendante de Sainte-Geneviève. Cependant deux siècles après, les besoins de la population qui s'était accrue peu à peu, demandant encore une église plus grande, les religieux de Sainte-Geneviève accordèrent en 1491 une partie de l'infirmerie qui était au chevet de leur église pour agrandir Saint-Étienne.

Construction de l'Eglise Saint-Etienne-du-Mont

Mais au lieu d'augmenter seulement la chapelle, on prit le parti de construire une église nouvelle : c'est l'église qui existe aujourd'hui ; les constructions ne commencèrent néanmoins qu'en l'année 1517. On ne remarque en effet rien à l'extérieur qui paraisse appartenir au XVe siècle. Cependant il est probable que l'on conserva le mur de l'ancienne chapelle qui longeait l'église de Sainte-Geneviève.

L'acte par lequel l'abbé de Sainte-Geneviève accordait au curé et aux marguilliers de Saint-Etienne l'autorisation et le terrain nécessaire pour agrandir leur église, portait que l'on pourrait prolonger le bâtiment vers le couchant jusqu'à la place du parvis qui était devant le portail et vers l'orient, du côté de la chapelle de la Sainte-Vierge, sur le terrain de l'infirmerie, pour y construire des chapelles et la sacristie ; qu'on pourrait en outre élever le clocher de trois ou quatre toises, y mettre jusqu'à quatre cloches et y faire un pavillon sans aiguille ni pointe. En retour de ces concessions, les marguilliers de Saint-Étienne s'obligèrent à donner annuellement dix livres à Sainte-Geneviève, et les paroissiens à présenter tous les ans à l'abbé, le jour de la fête de Saint-Étienne, une livre de bougie rouge.

Les constructions, commencées d'abord vers l'orient, sous le règne de François Ier, ne furent terminées qu'un siècle après. Philippe-Lebel de Luzarches, en l'île de France, abbé de Sainte-Geneviève, curé titulaire de Saint-Étienne, fit bâtir le choeur en 1537 ; ses armes et celles de l'abbaye de Sainte-Geneviève se voyaient autrefois aux clefs de voûte de cette partie de l'église.

En 1538, toute l'aile de la nef du côté de l'église de Sainte-Geneviève, avec ses chapelles, était terminée. Dès l'an 1541, on avait tellement avancé l'ouvrage, que l'évêque de Mégare vint y faire la bénédiction des autels, comme délégué de l'évêque de Paris. On apercevait ce millésime au vitrage d'une chapelle du côté du sanctuaire vers le nord. Deux ans auparavant l'évêque de Paris avait accordé la faculté d'appliquer à l'achèvement de l'édifice les offrandes données pour obtenir la permission d'user du lait et du beurre durant le carême, autorisation qu'il renouvela en 1552 et 1563. Ces dates indiquent suffisamment que la construction de Saint-Étienne continua pendant les règnes de Henri II et de Charles IX.

En 1600, on commença le jubé. En 1605 et 1606, on construisit la chapelle de la communion et les charniers ; de 1610 à 1617, le grand et le petit portail ; en 1618, les perrons et les escaliers. La chapelle actuelle de la Sainte Vierge n'a été bâtie que dans le siècle suivant.

La reine Marguerite, première femme d'Henri IV, qui portait une affection particulière à l'église de Saint-Étienne-du-Mont, avait donné 3000 livres pour élever le portail ; elle en posa elle-même la première pierre, le 2 août 1610. Cette généreuse princesse témoigna en d'autres circonstances toute l'affection qu'elle portait à l'église de Saint-Etienne. Nous n'avons plus aujourd'hui les preuves de ses libéralités, mais le souvenir de ses bienfaits s'est conservé fidèlement dans la paroisse.

Il y avait encore, en 1624, quelques parties de l'édifice qui n'étaient point terminées, puisqu'une quête fut faite pendant le carême de cette année pour cet objet. Deux ans après, tous les travaux terminés, François de Gondi, premier archevêque de Paris, fit la dédicace solennelle de l'église, le dimanche de la sexagésime, 15 février 1626 ; il voulut cependant qu'on en célébrât l'anniversaire le premier dimanche de juillet. On lit ces faits sur un inscription placée au fond de l'église, à gauche.

Une inscription de moindre dimension placée sous la première a conservé le souvenir d'un accident survenu pendant la célébration de la dédicace, qui heureusement n'eut point de suites fâcheuses. Voici le texte de cette inscription :

« Et pendant les cerimonies de la dedicace deux filles de là paroisse tombèrent duhault des galleries du coeur avec l'appuy, et deux des ballustres, qui furent miraculeusement préservées comme aussi les assistants, ne s'estant rencontré personne soubz les ruines, veu l'affluence du peuple qui assistaient ausdites cerimonies. »

Les fonts baptismaux qui se trouvaient encore à Sainte-Geneviève furent transportés à Saint-Étienne vers ce temps-là.

Nous venons de résumer les renseignements qui nous ont été conservés sur la construction successive des différentes parties de l'église de Saint-Étienne, réservant pour la fin de cette notice la description du monument.

La vieille Eglise Ste-Geneviève et St Etienne dessin D. Duchateau-Destours, Denise (17..-18..)

La vieille Eglise Ste-Geneviève et St Etienne dessin D. Duchateau-Destours, Denise (17..-18..)

Description de l'église de Saint-Etienne

Nous avons rappelé les événements principaux qui se rattachent à l'histoire de Saint-Etienne, nous devons nous occuper du monument lui-même.

L'église de Saint-Étienne fut toujours considérée comme l'une des plus belles de Paris ; Malingre lui donne même la préférence sur toutes les autres. « Cette église de Saint-Étienne-du-Mont, dit-il, se peut dire la plus belle de Paris pour L'excellence de sa structure magnifique, singulièrement pour son jubé illustré de deux doubles escaliers de pierre, sans piliers, rares merveilles de l'art, et d'un portail ou l'ouvrage de la sculpture le plus parfait se voit : embelli de trois» portes ; au-dessus de la grande est écrit : Lapis templum Doirrini Destruit, lapis astruit. Autour de cette église sont de très belles galeries de pierres, avec les tournées de piliers de pierre, et au bout d'en bas d'icelle, au-dessus de la grande porte, sont les orgues des plus belles de Paris. »

Sans doute, l'église de Saint-Étienne ne mérite point ce magnifique éloge au détriment de Notre-Dame et de quelques autres églises ; mais elle sera toujours appréciée et étudiée avec un intérêt particulier, comme un des plus curieux édifices où le style de la renaissance se trouve mélangé avec l'architecture gothique ou ogivale.

On a vu précédemment que, lors de la construction de l'église au XVIe siècle, quelques restes de l'ancienne chapelle, engagés aujourd'hui dans les constructions, furent conservés. Les parties apparentes les plus anciennes sont situées à l'ouest. Le choeur fut bâti en 1537, les nefs furent terminées peu après, et le jubé construit en 1600 ; le grand portail, orné de quatre colonnes d'ordre composite, supportant un fronton, fut élevé, ainsi que le petit portail, de 1610 à 1617 ; les perrons en 1618 ; le clocher, qui remonte au XVe siècle, fut exhaussé vers 1625 ; sa lanterne renferme la grosse cloche de l'horloge et une bonne sonnerie ; mais, comme au temps de Malingre, « on ne peut la sonner en branle a cause de la faiblesse de la tour et de la charpenterie. » L'église, commencée eu 1537, ne fut terminée qu'en 1626.

L'abbé Lebeuf pense que l'on donna a l'édifice une longueur plus grande qu'on ne l'avait projeté d'abord, se fondant sur cette considération que, si les constructions eussent été toujours continuées vers le bas de l'église sur le premier axe, elles auraient abouti sur la place d'une manière irrégulière à l'angle du portail de Sainte-Geneviève. L'architecte, dit le savant antiquaire, voulant éviter ce défaut, a été obligé de dévier du premier alignement en suivant, pour la construction de la nef, un alignement différent de celui du choeur, ce qui fait paraître l'église tordue. Il est Certain que toutes les parties de l'édifice, la chapelle de la Vierge, le choeur, la nef et les bas-côtés, ne sont pas construites rigoureusement dans leur milieu sur une même ligne droite, et que le haut de l'église avec la chapelle de la Vierge incline un peu sur le côté du nord, où se trouve la grande sacristie ; mais nous avouons que l'observation de M. Le beuf ne nous paraît pas bien satisfaisante pour expliquer cette irrégularité de construction. Sans trop croire au symbolisme du moyen-âge, ne pourrait-on pas voir dans cette disposition particulière de l'ensemble de l'église le souvenir mystique de l'inclinaison de la tête de Jésus-Christ sur la croix, comme beaucoup d'auteurs l'ont observé pour d'autres églises, telles que Notre-Dame et Saint-Germain-des-Prés, par exemple ? Il nous paraît difficile de croire que cette disposition du plan général de ces églises soit l'effet de l'imprévoyance, du hasard ou de l'inhabileté.

L'intérieur de Saint-Etienne-du-Mont est remarquable par la hardiesse des voûtes ogivales de la nef et des bas-côtés. L'architecte a remplacé les piliers massifs qui supportent les voûtes dans le style gothique par des colonnes qui paraîtraient trop grêles, si elles n'étaient enveloppées vers le milieu par la belle galerie qui règne autour de l'édifice. Du sommet des colonnes naissent en faisceaux les arêtes de la voûte. Au milieu du transept, ces arêtes forment une clef pendante ou fleuron de deux toises de saillie, citée comme un des travaux remarquables de ce genre, autant par la hardiesse de la pose que par l'exécution de ses sculptures.

Tricentenaire de Pascal : église Saint-Etienne-du-Mont : vue différente : [photographie de presse] / Agence Meurisse

Jubé

Mais ce qui attire surtout l'attention dans l'église de Saint-Etienne c'est son magnifique jubé. Si la voûte trop surbaissée qui soutient la galerie offre à l'oeil une ligne peu agréable, ce défaut est abondamment racheté par la hardiesse étonnante des deux escaliers qui, de chaque côté, s'enroulant avec grâce autour d'un fort pilier, ne paraissent soutenus que sur la faible colonne extérieure d'un pied de diamètre. Percés à jour, ils laissent voir tous leurs degrés. Les ornements des rampes de ces escaliers et toute la façade de la galerie sont aussi d'un beau travail.

Le crucifix qui décorait le jubé était attribué à Jean Goujon, mais on croit, avec plus de raison, qu'il est l'ouvrage de Biart père, habile sculpteur. On voyait autrefois sur le mur du choeur trois bas-reliefs de Germain Pilon. Le plus remarquable était vis-à-vis la chapelle de la Sainte-Vierge. Il représentait Jésus-Christ priant au jardin des Olives pendant que ses apôtres se reposent endormis. Les deux autres bas-reliefs étaient consacrés à saint Pierre et à saint Paul. On avait aussi orné le pourtour du choeur des figures des douze Apôtres, et sculpté un Christ porté au tombeau par Nicodème et Joseph, suivi des trois Maries ; ce groupe était placé sous la voûte qui communiquait de Saint-Etienne à Sainte-Geneviève, devenue aujourd'hui la chapelle du Tombeau. Nous ignorons ce qu'il est devenu. Celui que l'on voit dans la chapelle provient de l'église de Saint-Benoît.

Chaire

La chaire en bois sculpté est un véritable chef-d'oeuvre. Ce Samson la porte bien, dit Sauvai ; en effet, quoique fortement adhérente à l'une des colonnes de la nef, elle semble reposer seulement sur les épaules de Samson, qui de ses mains paraît la tenir en équilibre. Le pourtour est orné des statues symboliques de différentes vertus, séparées par d'excellents bas-reliefs sculptés sur les panneaux. Le dais, surmonté d'un ange, environné de différents génies, ne pourrait mériter que le reproche d'être peut-être trop chargé d'ornements. Ce bel ouvrage à été sculpté par Claude Lestocard, sur les crayons de Laurent de la Hire, peintre renommé.

Orgue

On s'accorde à regarder les orgues de Saint-Étienne comme des plus belles et des meilleures de Paris. L'autel, d'une grande richesse, formé entièrement de marbres choisis, a coûté 25000 francs, que le zèle de la fabrique et la piété des Mêles eurent bientôt réunis. Il fut consacré le 27 mars 1806. Au-dessus de l'autel et de la gloire qui le surmonte est une grande châsse peu ancienne, qui renferme diverses reliques.

Tombeau de Sainte-Geneviève

Le tombeau de Sainte-Geneviève, placé dans la chapelle qui porte le nom de la sainte, où sont appendus de nombreux ex voto, était autrefois, comme on le sait, dans l'église de Sainte-Geneviève. Deux inscriptions gravées sur une table de marbre, placée devant la chapelle, rappellent les travaux de saint Éloi et les générosités du cardinal de La Rochefoucauld pour embellir la châsse particulière où l'on déposa le corps de Sainte-Geneviève, les circonstances de la translation du tombeau à Saint-Étienne, et son identité. Nous renvoyons à la notice consacrée à l'abbaye de Sainte-Geneviève les détails que nous pouvons donner sur ces reliques précieuses, qui sont toujours l'objet d'un culte particulier.

A côté de la chapelle de Sainte-Geneviève, on voit sur la porte de la petite sacristie le Christ placé autrefois à rentrée du cimetière de la paroisse. Aux deux côtés sont les épitaphes de Racine et de Pascal.

Vitraux

L'église de Saint-Étienne conserve encore une suite de vitraux très beaux, et quelques uns d'un mérite supérieur ; mais ce ne sont guère que les débris de ceux dont elle était autrefois décorée.

Avant la révolution, toutes les fenêtres de l'église en étaient garnies, ainsi que les charniers attenant à l'église et contournant le petit cimetière. Ceux-ci étaient les plus estimés ; ils avaient été composés en grande partie par les célèbres Nicolas Pinaigrier, Jean Cousin, fiesangives, Enguerrand Le Prince, etc. Ils durent leur conservation, dans un temps où trop souvent d'autres églises remplaçaient les leurs par des vitres blanches, aux soins que les pasteurs et les marguilliers de Saint-Étienne prirent de leur entretien, car ils étaient considérés comme une des principales richesses de l'église, et surtout aux restaurations intelligentes que fit pour les réparer et les consolider un homme fameux dans l'art de la verrerie en couleur.

Pierre Le Vieil, à qui l'on doit le meilleur traité de peinture sur verre, était de la paroisse Saint-Étienne, et chargé, dès 1734, de restaurer les vitraux des charniers, il prouva son habileté dans cette opération, et veilla dans la suite d'une manière particulière à toute la verrerie de Saint-Étienne. Mais les troubles civils nous ont fait perdre le fruit de son expérience et de ses soins. Un grand nombre de vitraux des charniers et de l'église, surtout dans la partie inférieure, ont été brisés entièrement, peu sont demeurés intacts.

Le Vieil, qui a fait des recherches pour trouver le nom des auteurs et des donateurs de ces vitraux, n'a pu recueillir que peu de renseignements.

Les débris de ces vitraux ont été placés en 1834 dans les chapelles des bas-côtés ; les fragments les plus considérables se trouvent dans celle de Sainte-Geneviève. Le premier vers l'autel représente d'un côté la Cène de Jésus Christ et la Pâque des Juifs, de l'autre côté le sacrilège qui amena la fondation du couvent nommé depuis des Carmes des Billettes, et au-dessus l'Ange exterminant les premiers-nés en Egypte. Le second vitrail représente :

  • 1° l'Apparition des anges à Abraham ;
  • 2° le Sacrifice d'Elie sur lequel vient de descendre le feu du ciel ; et à côté, celui des prêtres de Baal qui prient vainement leur dieu de consumer la victime ;
  • 3e le Saint Sacrement entouré des symboles de l'ancien et du nouveau sacrifice ;
  • 4° Le Temple des Juifs et une église chrétienne ;
  • 5° Jésus-Christ lavant les pieds a ses apôtres et les prêtres de l'ancienne loi faisant des ablutions dans le bassin d'airain, suivant l'usage constant de mettre en rapport les enseignements de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Enfin dans le troisième, qui est un peu confus par suite des restaurations qu'on y a faites, on voit l'Arche d'alliance, la Pluie de la manne, et au bas, Jésus-Christ apparaissant au Souverain Pontife. Quelques uns de ces vitraux sont probablement de Desangives, contemporain et émule de Pinaigrier. Dans la partie du vitrail caché par le tombeau de sainte Geneviève, on reconnaît un fragment représentant Jésus-Christ adoré sur la croix sous la forme du serpent d'airain, grand sujet d'un goût exquis de dessin et d'un merveilleux détail, dessiné par le célèbre Jean Cousin ou par un de ses meilleurs élèves sur ses cartons.

Nous ne pouvons que désigner les principaux sujets des autres vitraux. Dans le bas-côté de gauche ou du nord, on remarque dans la seconde chapelle les armes de la famille de Chalo Le Maire, dont le premier ascendant connu, Eudes Le Maire, maire d'Etampes, fit le pèlerinage de Jérusalem pour le roi Philippe-le-Bel ; au-dessous est un fragment de l'histoire de saint Denis, placé autrefois dans les charniers ; plus haut, dans la chapelle Saint-Nicolas, saint André attaché à la croix, vitrail provenant du même lieu. Dans le bas-côté de droite on a placé aussi plusieurs vitraux des charniers ; à la chapelle du Sacré-Coeur, la Multiplication des pains et la Fraction du pain devant les pèlerins d'Emmaüs ; à la chapelle de Saint-Charles, un fragment de vitrail de l'histoire de sainte Anne ; enfin à la chapelle de saint Bernard, le beau vitrail de Jésus-Christ sur le pressoir, entouré des dignitaires de l'Église, du Souverain Pontife, un cardinal, un archevêque, un évêque, etc., recevant son sang et pressant les raisins de la vigne, symbole de la Rédemption. Ce beau vitrail a été exécuté par les descendants de Nicolas Pinaigrier, sur les cartons dressés par ce verrier célèbre, qui reproduisait toujours avec une affection particulière l'allégorie du pressoir. Il avait été donné au commencement du XVIIe siècle par Jean Le Juge, riche commerçant en vin, marguillier de Saint-Etienne, l'un des plus grands amateurs de peinture sur verre de son temps.

Au-dessus des chapelles, dans la nef gauche, on voit :

  • 1° une réunion de personnages de l'Ancien-Testament, chantant sur des harpes les louanges du Très-haut, la représentation du pressoir mystique, et au-dessous toute la famille du donateur de ce vitrail ;
  • 2° la descente du Saint-Esprit ; ce vitrail d'une grande beauté paraît être de Claude Henriet, verrier renommé du commencement du XVIIe siècle ;
  • 3° un vitrail un peu confus représentant différents sujets religieux et probablement la vie de saint Claude qui avait été exécutée pour l'église de Saint-Étienne sur les dessins d'Enguerand le Prince, de Beauvais ;
  • 4° divers mystères de la vie de la Sainte Vierge ;
  • 5° vitrail rajusté, où l'on reconnaît le baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain et la lapidation de saint Etienne ;
  • 6° enfin le vitrail qui est au-dessus de la chapelle de Notre-Dame, exécuté, à ce qu'il paraît, sur les dessins d'Enguerrand le Prince, et représentant les principaux mystères de la vie de la Sainte-Vierge.

Les vitraux des bas-côtés de droite ont été brisés à l'exception d'un seul, et remplacés par des vitres blanches. Celui qui a été conservé et qui se trouve à côté de la chapelle de la Sainte-Vierge, est consacré aux principales scènes de la vie et du martyre de saint-Etienne. On le croit d'Enguerrand le Prince.

Dans la grande nef, en haut, près de la voûte, on voit vers le portail, à gauche :

  • 1° le Lavement des pieds, le Crucifiement et la Descente de croix ;
  • 2° la Résurrection;
  • 3° le Couronnement de la Sainte-Vierge dans le ciel.

A droite :

  • 1° l'Ascension ;
  • 2° l'Apparition de Jésus-Christ aux apôtres ;
  • 3° Jésus-Christ reconnu, dans la fraction du pain, par les disciples d'Emmaüs ;
  • 4° les Saintes femmes servant Notre-Seigneur.

Dans le choeur :

  • 1° les Disciples d'Emmaüs ;
  • 2° Jésus-Christ sous le costume d'un jardinier, reconnu par Madeleine le jour de sa résurrection ;
  • 3° Jésus-Christ ressuscité, apparaissant à la Sainte-Vierge ;
  • 4° Jésus-Christ et saint Pierre ;
  • 5° la Madeleine aux pieds de Jésus-Christ.

Plusieurs de ces vitraux doivent être de Claude Henriet.

La grande rose du portail a été garnie de ses vitraux de couleurs par les soins d'une paroissienne, nommée madame Soufflet Verd, qui donna à cet effet une somme de 155 livres, promettant de payer l'excédant si te prix du travail dépassait cette somme. Les vitraux du transept, formés de différents morceaux rapportés, ne présentent point d'ensemble dont on puisse reconnaître le sujet.

Dès que les travaux de peinture sur verre ont été repris en France, on a donné un grand sujet à l'église de Saint-Etienne. Ce vitrail placé dans la chapelle de la Sainte-Vierge, peint sur glace et passé au feu, représente le mariage de la Sainte-Vierge. Le dessin est parfait, mais les couleurs n'ont pas la vivacité des anciens vitraux.

Tapisserie, tableaux

On voyait autrefois, dans la salle d'assemblée des marguilliers, des tentures en tapisserie représentant la vie de saint Etienne, qui ont fait longtemps l'admiration des connaisseurs. Les dessins attribués quelque temps par erreur à Eustache Le Sueur, étaient de Laurent de la Hire, qui avait aussi fourni le plan de la chaire.

L'ancienne chapelle de saint Pierre était décorée d'an tableau de Le Sueur représentant saint Pierre ressuscitant Tabithe. Deux des tableaux qui sont aujourd'hui dans Saint-Étienne-du-Mont proviennent de l'ancienne église de Sainte-Geneviève. Ce sont des tableaux votifs offerts par la ville de Paris, l'un peint par de Troy père, en 1710, pour la cessation du grand froid de 1709-1710, l'autre peint par de Troy fils, à l'occasion de la disette de 1725. Parmi les autres tableaux placés dans les chapelles ou les nefs, on remarque surtout le Martyre de saint-Etienne par Valentin, et la Prédication du même saint de M. A. de Pujol ; Sainte-Geneviève en prière, détournant un orage, et la même sainte évangélisant les Barbares, de M.Grenier. M. Caminade a peint les quatre sujets de la chapelle de la Sainte-Vierge, représentant l'annonciation, la Visitation, l'adoration des Mages et la mort de la Sainte-Vierge. La ville de Paris a donné à l'église ces quatre tableaux, ainsi que ceux de MM, Pujol et Grenier.

Source : Notice historique sur la paroisse de St. Étienne du Mont par Pierre Augustin Faudet, Louis Mas Latrie.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 121269
  • item : Eglise Saint-Etienne-du-Mont
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Paris 05
  • Adresse : 1 place Sainte-Geneviève
  • Code INSEE commune : 75105
  • Code postal de la commune : 75005
  • Ordre dans la liste : 29
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • 4e quart 15e siècle
    • 17e siècle
    • 2e quart 17e siècle
  • Années :
    • 1492
    • 1626
  • Date de protection : 1862 : classé MH
  • Date de versement : 1993/07/08

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site inscrit 06 08 1975 (arrêté) . 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise Saint-Etienne-du-Mont : classement par liste de 1862
  • Référence Mérimée : PA00088414

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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