photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
L'évêque de Murray en Écosse, David, avait établi quatre bourses au collége du cardinal Lemoine pour des étudiants écossais. Quelques années plus tard, vers l'an 1333, Jean, successeur de David, retira ces boursiers de ce collège, et il les plaça dans une maison de la rue des Amandiers. Cette maison fut érigée en collège, lorsque le schisme d'Angleterre venant à éclater, un grand nombre de jeunes écossais, abandonnant pour Dieu fortune et patrie, vinrent chercher un asile à Paris.
Jacques de Bethwen, archevêque de Glascow et alors ambassadeur d'Écosse en France, fit naître en leur faveur l'intérêt de Marie Stuart. Cette généreuse et trop infortunée princesse fit des pensions aux Écossais réfugiés ; durant sa longue captivité même elle leur envoya des secours. L'archevêque ajouta aux bienfaits de la reine le don de tous ses biens ; il mourut en 1603. Le dernier évêque de Murray, mort en 1572, avait laissé au choix de l'évêque de Paris la nomination des quatre boursiers. M. de Gondy jugea plus utile en 1639, de réduire les bourses à deux et de les réunir à la communauté de Glascow.
Le principal du collége, Robert Burclay, acheta longtemps après (en 1662) une place sur les anciens Fossés-Saint-Victor et il y fit bâtir une maison qui fut à la fois séminaire et collége, car cette maison ne fut pas seulement fondée pour des étudiants, elle fut encore établie pour des prêtres qui se destinaient aux pénibles fonctions de missionnaire. La maison fut terminée en 1665, et la chapelle en 1672. Cette chapelle était placée sous l'invocation de saint André, patron de l'Écosse.
Le duc de Perth, qui fut gouverneur du prétendant Jacques III, fit élever à ses frais dans la chapelle un monument en marbre sur lequel on voyait une urne de bronze, et cette urne, dit-on, renfermait le cerveau de Jacques II. Le monument était accompagné d'une longue inscription latine très louangeuse en l'honneur de Jacques II, de ce prince qui fut inconséquent, pusillanime avec du courage, entêté jusqu'à la déraison, impolitique, imprévoyant, et en qui on ne peut louer que son attachement sincère à la religion de ses ancêtres.
Ce collége, ainsi que celui des Anglais et des Irlandais, fut supprimé en 1792 ; mais des décrets de l'an IX et de l'an XIII déclarèrent que tous ces collèges ou séminaires seraient réunis à la maison des Irlandais, dans la rue de ce nom. Les bâtiments du collège des Ecossais de la rue des Fossés-Saint-Victor ont été depuis affectés à un collège.
Source : Paris ancien et moderne par Jean de Marlès.