Eglise Saint-Gervais-Saint-Protais

Paris - Eglise Saint Gervais et Saint ProtaisCette Eglise est située dans la rue du Monceau Saint-Gervais, et presque en face de la rue du Martoir. C'est la plus ancienne de la partie septentrionale de la Ville, car elle existait sous l'Episcopat de Saint Germain. Fortunat l'a nommée la Basilique de Saint Gervais et Saint Protais. On ne sait pas quand elle fut érigée en Paroisse. Elle eut le privilège d'avoir une Chapelle baptismale, située dans l'enceinte de Paris, parce que la porte Baudoyer était près de la rue Geoffroy-l'Ashier. Dans e XIe siècle, elle appartenait aux Comtes de Meulent, qui en firent don au Prieuré de Saint-Nicaise ; et la Charte nomma spécialement les Eglises de Saint-Gervais et de Saint-Jean, situées in vico qui dicitur Greva. Depuis, cette église est devenue une des plus considérables Paroisses de Paris, quoiqu'en 1212, on en ait distrait de quoi composer la Paroisse de Saint-Jean-en-Grève.

Au même endroit où était l'ancienne Eglise, on en construisit une autre vers le XVe siècle, à laquelle on a ajouté un portail qui passe pour un des plus beaux morceaux d'architecture qu'il y ait en Europe. Ce magnifique ouvrage, qui n'est pas bien en vue, est du dessin de Jacques de Brosse, excellent Architecte, et Auteur des dessins du Palais de Luxembourg, de l'aqueduc d'Arcueil et du Temple de Charenton : il fut commencé en 1616. Le Roi Louis XIII en mit la première pierre, à la prière des Marguilliers de cette Eglise, à la tête desquels était M. de Fourcy, Sur-intendant des bâtiments du Roi.

Ce portail est composé de trois ordres l'un sur l'autre, et disposés suivant l'usage observé par les anciens Architectes, c'est-à-dire, que l'ordre Ionique est mis sur le Dorique, et le Corinthien sur l'Ionique. Les deux premiers ordres sont de huit colonnes chacun, et le dernier de quatre, tes colonnes de l'ordre Dorique sont engagées d'un tiers dans le vif du bâtiment, et unies jusqu'à la troisième partie de leur fût ; mais le reste est cannelé de cannelures à côtes. Les colonnes des autres ordres sont isolées, et n'ont d'autres ornements que ceux qui leur sont essentiels. Le tout ensemble fait une fabrique de vingt-six toises de hauteur. Les statues de S. Gervais et de S. Protais sont d'un Sculpteur nommé Bourdin ; et celles des Évangélistes, de Guerin. II s'en faut de beaucoup que la sculpture réponde à la beauté de l'architecture ; mais cette dernière ravit si fort en admiration, qu'on oublie que les statues n'ont rien d'extraordinaire.

Le corps de l'Eglise est assez bien bâti, mais dans le goût gothique. Les voûtes sont fort élevées : elle a des bas-côtés et des Chapelles qui règnent au pourtour ; mais l'intérieur en est fort sombre, à quoi contribuent beaucoup les peintures des vitres, qui d'ailleurs sont fort belles. En 1736, on a regratté et piqué l'architecture intérieure, ce qui rend cette Eglise aussi claire qu'elle était sombre auparavant.

En entrant, l'on peut voir une pierre qui est contre un pilier de la nef, et sur Laquelle il est fait mention de la Dédicace de cette Eglise, en ces termes :

Bonnes gens, plaise à Vous savoir que cette présente Eglise de Messeigneurs Saint Gervais et Saint Protais fut dédiée le dimanche devant la fête de Saint Simon Saint Jude, l'an 1420, par la main de révérend Père en Dieu Maître Gombault, (Selon l'Abbé le Beuf, Gombault était évêque, non d'Auxerre, mais d'Agrance, in partibus. Hist. du Dioc. de Paris, tom. I, pag. 129) évêque d'Auxerre, et fera à toujours la fête de l'Annualité de Dédicace, le Dimanche devant ladite fête S. Simon S. Jude, s'il vous plaît y venir y recommander vos maux, et prier pour les Bienfaiteurs de cette église, et aussi pour les Trépassés. Pater noster, ave Maria.

Le retable du maître-autel est d'un nommé Monard, et c'est, selon Sauvai, le premier retable de Paris.

Le tableau représente les Noces de Cana ; et quoiqu'il soit bon, le nom du Peintre est inconnu. Les statues de Saint Gervais et de Saint Protais sont de Bourdin ; et les Anges, de Guerin, les meilleurs Sculpteurs qu'il y eût alors à Paris.

Le Crucifix qui est sur la porte du chœur, et au pied duquel sont la Sainte Vierge et Saint Jean, sont des chefs-d'œuvre. Le Crucifix est de Sarrazin ; et les deux autres figures sont de Buiret, tous deux Sculpteurs habiles.

Les vitres du chœur ont été peintes par Jean Cousin, et sont très belles. On y voit le martyre de Saint Laurent, la Samaritaine, le Paralytique, etc.

La nef est ornée de six beaux tableaux, trois de chaque côté. Les trois qui sont à droite en sortant du choeur, sont, le premier de Bourdon ; et les deux autres, du fameux le Sueur, l'un de sa main, et l'autre peint d'après son esquisse, par Gousse, son élève et son beau-frère. Les trois qui sont à main gauche, sont de Champagne. Ils représentent tous des sujets pris de l'histoire du martyre de Saint Gervais et de Saint Protais.

Nous ne savons rien de bien certain sur la vie et la mort de ces deux Saints ; ainsi les Peintres ont travaillé ici d'imagination, ou sur des faits que les Historiens ont avancés sans preuves. On a fait faire d'après ces six tableaux, des copies en tapisseries très-riches, qu'on expose aux grandes Fêtes.

Au pourtour des bas-côtés de cette église, règnent plusieurs Chapelles, qui appartiennent à des particuliers, et dans lesquelles on remarque plusieurs choses curieuses. Sur les vitres de la Chapelle de Saint-Michel, il y a des danses de Bergers qui sont fort estimées, tant pour les attitudes naturelles et champêtres, que pour la vivacité du coloris ; elles sont de Pinégrier.

Dans la Chapelle de Saint-Pierre, on voit sur les vitres, l'histoire de Saint Jacques. Sur celles qui sont à gauche, est peinte l'histoire du Saint Sacrement. Au milieu d'un groupe de figures gothiques, est un appentis très-estimé.

Dans la Chapelle des trois Maries, les peintures qui sont sur les vitres, représentent la vie de Sainte Clotilde, dont les habits sent bleus, et semés de fleurs-de-lys d'or, gravées dans le verre. Ces peintures sont de Jean Cousin.

Le retable de la Chapelle de la Vierge est une copie réduite du magnifique portail de cette église. Il est de bois, et a été fait par un nommé de Hanci. La voûte de cette Chapelle est ornée d'une couronne de pierre, qui a six pieds de diamètre, et trois et demi de saillie, toute suspendue en l'air, et qui est d'une hardiesse surprenante. C'est un chef-d'œuvre des Jacquets, les plus fameux Maçons de leur temts.

Sur les vitres de la Chapelle de Sainte-Barbe, est représentée une Procession, où l'on voit le Roi François Ier, dont la figure est très-naturelle et très-abimée. Le coloris des peintures de ces vitres, est d'ailleurs très-beau et très-vif.

Les grisailles des vitres d'une Chapelle qui est sous la croisée à main gauche, ont été peintes par un nommé Perrein, d'après les dessins de le Sueur : elles représentent le martyre de Saint Gervais. Le tableau de l'autel est de le Sueur : on y voit J. C. porté au tombeau par les Disciples et les Maries en pleurs.

Dans les vitres de la Chapelle des trois Pèlerins, on voit l'histoire de la Reine de Sabat et de Salomon. L'ordonnance et les habits en sont superbes. La perspective même y est observée d'une manière savante.

Dans la Chapelle de Fourcy est un Ecce Homo très-estimé, que l'on croit être de Germain Pilon.

Les Marchands de vin ont fondé dans cette église, l'O de l'Avent. Quelques jours avant Noël, le Prévôt des Marchands, les échevins, le Procureur du Roi, le Greffier et les autres officiers y assistent. Autrefois on leur donnait des confitures et des pains de sucre, et de là il fut nommé l'O sucré ; il est encore nommé de même, quoiqu'on ne donne plus ces sucreries. On distribue seulement quelques livres de bougies.

Tous les vendredis de l'année, on célèbre dans cette église l'office du Saint Sacrement, comme aussi le premier jour de septembre de chaque année, en mémoire d'un miracle arrivé à l'occasion d'une hostie consacrée qui était dans le ciboire, qui fut volé dans cette église en 1274. Le voleur ayant pris la fuite, s'arrêta auprès de Saint-Denis, et ayant ouvert le ciboire, l'hostie vola en l'air tout autour de lui, sans qu'il pût la prendre. Ce voleur fut pris, et l'Abbé de Saint-Denis lui fit faire son procès. Il y eut en même temps contestation entre cet Abbé et l'évêque de Paris, l'un et l'autre prétendant avoir cette Hostie ; mais par accommodement elle fut rendue au Curé de Saint-Gervais, à cause que c'était lui qui l'avait consacrée ; à condition que tous les vendredis de l'année, on chanterait dans cette église, l'office du Saint Sacrement ; ce qui s'est toujours observé depuis.

Trois Chanceliers, un garde des sceaux de France, un Contrôleur-général des Finances et un Ministre d'Etat, et plusieurs personnes de nom dans les Lettres, ont été inhumées dans cette église.

En face de cette église est un orme qu'on a eu soin de renouveler de temps en temps, quoiqu'il offusque le portail et gêne la voie publique. C'était un usage ancien, et qui se conserve encore en quelques endroits, de planter un orme devant les églises, les maisons seigneuriales et dans les carrefours ; là les Paysans s'assemblaient après l'office pour les affaires ou pour les divertissements : c'était-là que se plaçaient les Juges Pédanées, qu'on appelait aussi Juges de dessous l'orme. Les Juges des Seigneurs y tenaient leur Juridiction, et les vassaux y venaient reconnaître, ou payer les redevances. Peut-être l'orme de Saint-Gervais n'a-t-il point eu d'autre origine, ni d'autre destination.

Source : Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs par Pierre Thomas Nicolas Hurtaut 1779

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 121174
  • item : Eglise Saint-Gervais-Saint-Protais
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Paris 04
  • Adresse : place Saint-Gervais
  • Code INSEE commune : 75104
  • Code postal de la commune : 75004
  • Ordre dans la liste : 32
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1862 : classé MH
  • Date de versement : 1993/06/24

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Classement confirmé 23 05 1923 (certificat) et 18 04 1914 (J.O.) . Site inscrit 06 08 1975 (arrêté) .
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : 1992
  • Détails : Eglise Saint-Gervais-Saint-Protais : classement par liste de 1862
  • Référence Mérimée : PA00086257

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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photo : webmaster