photo : Lumière du matin
Le faubourg s’est révélé l'espace de la culture ouvrière comme il est devenu le lieu du vice (sans distinction de classes).
Les années 1880-90 figurent dans la littérature et la peinture, une société de plaisirs et de jouissances, symbolique de marginalité.
Le secteur de Montmartre est associé à une mosaïque de distractions. Après son annexion, Montmartre sera toujours imprégné des images festives brossées par Gavarni. Il reste le site ludique d'avant 1860. Ses bals, ses guinguettes sont prises par les Parisiens et les "grisettes" en quête de promenades en banlieue. Les couples dansent sous les charmilles de "L'Elysée-Monmartre", dc "Chàteau-Rouge".
"Cependant. le long de l'ancienne barrière, sur les boulevards extérieurs, les bals et les cabarets, ceux à qui ce changement ne fut pas fatal du premier coup, prenaient une importance nouvelle d'être devenus des établissements parisiens. Les bals étaient nombreux".
A. Delvau, le long des boulevards Rochechouart et de Clichy, situe la Folie Robert. l'Elysée-Montmartre, la Boule Noire, le Musette, l`Ermitage. la Reine-Blanche, et plus au fond de Montmartre, le Château-Rouge, tandis que, vers le sommet de la Butte, la vogue du Moulin de la Galette progressait.
A la fin du XIXe siècle, le Moulin de la Galette était encore un bal-musette. Renoir et Toulouse-Lautrec représenteront tous deux, de façon différente, le Moulin de la Galette, ce lieu de plaisirs, objet de discours. A la représentation débonnaire de Renoir, s'opposera la peinture incisive de Toulouse-Lautrec.
Renoir, qui habitait dans un atelier rue St-Georges, peignit le Moulin de la Galette en 1875. Sous le pinceau de Renoir, le Moulin de la Galette est assimilé à un bal en plein air que la lumière enveloppe.
Jean Renoir nous rappelle qu'à cette époque, la population du Moulin de la Galette était composée de midinettes et des calicots des quartiers nord de Paris. La douce image d'un rayonnement lumineux balayant les représentations picturales se substitue au cliché de la poussière soulevée par les danseurs, au Grand Salon de la Folie.
Citation tirée de : La construction des images dans les discours sur la banlieue parisienne par Isabelle Papieau 1996 (L'harmattan ISBN 2-7384-4432-6).