Hôtel de Massa, actuellement siège de la Société des Gens de Lettres

L'hôtel de Massa se trouvait situé 111, rue La-Boëtie, au coin de l'avenue des Champs-Elysées, à Paris 8e ; après sa vente en 1926 et un projet de démolition, il a été déplacé en 1928 et transféré dans un jardin dépendant de l'Observatoire de Paris (démontage pierre à pierre). Il s'agit d'un hôtel construit sous le règne de Louis XVI, probablement par l'architecte Le Boursier (construction probable en 1777-1778). C'est une construction simple de style classique ; ses deux étages sont couronnés par une corniche et percées de baies régulières, en plein cintre et couronnées par une console décorée de guirlandes au rez-de-chaussée.

Source : ministère de la culture.

Hôtel Massa, au coin de la rue de la Boétie et de l'avenue des Champs Elysées avant son déplacement.

Régine Deforges nous apporte un complément d'histoire sur l'hôtel de Massa : « A l'origine, l'hôtel de Massa se trouvait rue La Boétie et son jardin s'etendait jusqu'aux Champs-Elysées. L'hôtel fut un lieu de fêtes pour le comte d'Artois, frère de Louis XVI, et futur Charles X. Plus tard, Bonaparte, alors Premier consul, en fit l'acquisition et ne dédaignait pas de venir aux bals masqués donnés par Joséphine. A la mort de son dernier propriétaire, le duc de Massa, l'hôtel menaçait ruine. Edouard Herriot le fit démanteler et rebâtir rue du Faubourg-Saint-Jacques. Entouré d'un agréable jardin, il devint, en 1929, le siège de la Société des Gens de lettres. ».

Modification des alignements de la rue La Boétie

M. Alfred Lallement, au nom de la 3e Commission. Messieurs, un décret du 10 mai 1914 a modifié les alignements de la rue La Boétie en vue de son élargissement à 20 mètres entre l'avenue d'Antin, actuellement avenue Victor-Emmanuel-III et l'avenue des Champs-Elysées, uniquement par emprise sur les immeubles pairs de la voie.

Ce mode d élargissement avait été adopté à l'époque par le souci d'éviter toute atteinte à l'hôtel de Massa, situé à l'angle de l'avenue des Champs-Elysées et de la rue La Boétie (côté des numéros impairs), en raison de son intérêt historique et artistique indéniable, de plus, il enchaînait bien la partie à élargir de la rue La Boétie avec la partie élargie, mais il présentait le grave inconvénient d'ajourner à une époque très éloignée, la réalisation d'une opération de voirie de jour en jour plus urgente, pour les besoins de la circulation générale. Elle imposait, en effet, un reculement de 10 mètres à des immeubles importants et de construction trop récente pour en faire entrevoir la prochaine démolition.

Aussi, lorsque, tout récemment, l'Etat a autorisé la démolition de l'hôtel de Massa l'Administration a envisagé la possibilité de faire porter la modification des alignements des deux côtés de la voie, ce qui permettrait de réaliser sans plus tarder l'élargissement au droit de l'hôtel de Massa, sur une longueur de 80 mètres, et au droit de l'immeuble 92, rue La Boétie, un accord officieux, étant intervenu entre son propriétaire et l'Administration.

La modification envisagée, qui prévoit un recul uniforme de 5 mètres des deux côtés de la voie. aurait encore pour avantage de faire de celle-ci le prolongement direct de la rue Pierre-Charron, située de l'autre côté de l'avenue des Champs-Elysées.

Conformément aux prescriptions de la loi du 3 mai 1841, l'Administration a soumis à l'enquête publique, pendant quinze jours consécutifs, à la mairie du 8e arrondissement, un projet établi sur ces bases, et qui prévoit, en outre, la création de pans coupés de 8 mètres de longueur aux deux extrémités de la rue La Boétie, tant sur l'avenue des Champs-Elysées que sur l'avenue Victor-Emmanuel-III, ainsi qu'aux angles formés par la rencontre de la rue La Boétie avec la rue de Ponthieu, et de deux pans coupés de 5 mètres aux angles formés par le débouché de la rue d'Artois sur la rue La Boétie.

Au cours de cette enquête, deux observations écrites ont été présentées. L'une émanant de M. Godet, habitant au n° 114 de la rue La Boétie, signale que l'élargissement devrait être réalisé uniquement du côté impair.

L'autre, émanant de la société Solvay, propriétaire des immeubles 73-75, rue La Boétie, a pour objet, au contraire, le maintien du décret du 10 mai 1914 qui a prévu une emprise sur le côté pair seulement.

La protestation de la société Solvay a, d'ailleurs, l'air de résulter d'un malentendu ; cette société semble croire que l'Administration poursuivra la réalisation du projet par voie d'expropriation, alors qu'il s'agit seulement de la fixation d'alignements qui ne se réaliseront que lentement, au fur et à mesure de la disparition des immeubles actuellement existants.

Il semble bien qu'il n'y a pas lieu de retenir ces deux observations.

L'élargissement portant uniquement du côté impair aurait évidemment le même inconvénient que celui prévu par le décret du 10 mai 1924, car il imposerait aux immeubles atteints un retranchement trop considérable, et au surplus, ne permettrait pas le raccordement de la partie élargie de la rue La Boétie avec la partie déjà élargie, au delà de l'avenue Victor-Emmanuel-III.

L'alignement mis à l'enquête permet seul d'élargir prochainement plusieurs parties de la rue La Boétie, et dans des proportions telles qu'on pourra différer longtemps, sans de trop graves inconvénients, l'achèvement de l'opération.

J'ajoute, d'ailleurs, que M. le Maire du 8e arrondissement, ainsi que M. le Commissaire-enquêteur, ont donné un avis favorable au projet.

Dans ces conditions, je vous demande, Messieurs, d'adopter le projet de délibération suivant : « Le Conseil, Vu le mémoire, en date du 12 décembre 1927, par lequel M. le Préfet de la Seine lui soumet les résultats de l'enquête ouverte à la Mairie du 8e arrondissement sur le projet de modification des alignements de la rue. La Boétie, entre l'avenue Victor-Emmanuel-III et l'avenue des Champs-Elysées ;

« Vu le décret du 10 mai 1914 qui a fixé les alignements de ladite portion de la rue La Boétie ; Vu le dossier d'enquête ; ensemble le plan et les pièces y annexées; Vu les observations produites au cours de l'enquête par M. Godet et par la Société Solvay et Cie ; Considérant que ces observations sont relatives au coût des expropriations à effectuer pour réaliser le projet, que leurs auteurs ont ainsi méconnu l'intention de l'Administration municipale, qui poursuit seulement la fixation d'alignements nouveaux, et qu'en conséquence il n'y a pas lieu de tenir compte de ces observations ; Considérant que M. le Maire du 8e arrondissement et M. le Commissaire enquêteur ont donné un avis favorable à l'opération projetée ; Sur le rapport présenté par M. Alfred Lallement, au nom de la 3e Commission, Délibère : M. le Préfet de la Seine est invité à poursuivre auprès de l'Administration supérieure l'intervention à un décret modifiant les alignements de la rue La Boétie. dans les conditions indiquées au plan d'enquête. »

Adopté (1927, 1554).

Source : Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris 19 & 20 Décembre 1927