Hôpital de la Salpêtrière

Hôpital général dit la Salpêtrière, boulevard de l'Hôpital, et rue Poliveau, 7. L'Hôpital général doit son surnom à un petit arsenal, ou salpêtrière, établi au commencement du XVIIe siècle. Depuis longtemps le voisinage dangereux de l'Arsenal avait excité les alarmes de la ville de Paris, et donné lieu à des justes remontrances, restées presque toujours infructueuses. Cependant l'explosion de la tour de Billy, le 19 juillet 1538, força le gouvernement de cette époque à prévenir désormais le retour d'une semblable catastrophe. Soit incurie, soit pénurie d'argent, les choses étaient restées dans le même état que auparavant, lors que le 20 du mois de janvier 1563, une nouvelle explosion eut lieu. Cet événement, et l'état de délabrement dans lequel était l'Arsenal, déterminèrent enfin Louis XIII à créer un petit arsenal dit la Salpêtrière sur la rive gauche de ta Seine.

Le 27 avril 1656, Louis XIV rendit un édit qui ordonnait l'établissement d'un hôpital général, et prescrivait les règles qui devaient y être observées. Bicêtre, depuis long-temps abandonné, et la maison de la Salpêlrière furent désignés à cet effet.

Le nombre des pauvres et des mendiants qui étaient dans Paris s'élevait, en 1649, à quarante mille. On crut devoir remédier promptement aux désordres inévitables qu'entraînait avec elle cette masse de nécessiteux. Pompone de Bellièvre avisa aux moyens de contenir cette multitude de pauvres, inquiétante pour la sûreté de Paris. Il eut recours au roi pour l'exécution de ce louable projet. Louis XIV appuya de son autorité, et aida par ses bienfaits l'accomplissement de l'entreprise du président Bellièvre. Un édit porta création de l'Hôpital-Général pour y renfermer les pauvres mendiants de la ville et des faubourgs de Paris ; et le 1er septembre suivant, le parlement vérifia l'édit royal. Non seulement le roi donna à l'Hôpital-Général les deux châteaux de Bicêtre et de la Salpêtrière, qui étaient les deux principales maisons qui le composaient à cette époque, plusieurs fonds en terre et en maisons ; mais encore il le gratifia de plusieurs privilèges, et l'assista chaque année par des libéralités considérables. Louis XIV peut donc être regardé comme le véritable fondateur de l'Hôpital-Général de la Salpêtrière.

Le cardinal Mazarin donna 100,000 livres, et, par son testament, une somme de 60,000 livres ; le président de Bellièvre fit don, par contrat sur la ville, de 20,000 écus à l'Hôpital-Général,et laissa également une très forte somme par disposition testamentaire. La duchesse d'Aiguillon contribua aussi par des libéralités à favoriser cette pieuse institution. D'autres legs furent faits par un grand nombre de personnes dont les noms ne nous ont point été transmis.

Le 7 mai 1657, l'établissement de la Salpêtrière fut ouvert. « Les magistrats, rapporte un historien anonyme de la ville de Paris, firent alors publier aux prônes de toutes les paroisses de Paris, que l'Hôpital-Général serait ouvert le 6 mai 1657, pour tous les pauvres qui voudraient entrer de leur propre volonté, et défense fut faite à cri public à tous les mendiants de demander l'aumône dans Paris. La messe du Saint-Esprit fut chantée le 13 dans l'église de la Pitié, et le lendemain les pauvres furent enfermés...»

Notre-Dame de la Pitié, Saint-Louis-de-la-Salpêtrière, Saint-Jean-de-Bicètre et Sainte-Marthe-de-Scipion, reçurent environ quatre ou cinq mille pauvres, et quelque temps après, le nombre s'éleva jusqu'à dix mille, en y comprenant les enfants trouvés.

Bicêtre renferma les pauvres hommes et garçons valides ou invalides, et la Salpêtrière reçut, avec les enfants au-dessous de quatre ans, toutes les femmes, quels que fussent leur âge et leur infirmités, caduques, aveugles, estropiées, paralytiques, écrouellées, insensées, etc.

Libéral Bruand (Bruant ou Bruand. Il existe actuellement, près de la Salpétrière, une rue Bruant), architecte, fut chargé des constructions de l'hôpital de la Salpêtrière. Le bâtiment terminé, il restait à faire exécuter l'édit du 7 mai 1657. Ceux qu'on nommait les bons pauvres se rendirent sans difficulté à l'Hôpital-Général et dans les autres maisons destinées à les recevoir ; les archers durent employer la force pour y contraindre quelques autres.

En 1682 on comptait à l'Hôpital-Général neuf à dix mille pauvres. La misère y était excessive. Dans une assemblée tenue les 21 et 24 avril cette année, les directeurs de cet hôpital déclarèrent qu'ils seraient forcés d'ouvrir les portes de l'établissement, si l'on ne pourvoyait promptement à leurs pressants besoins. Le parlement ordonna que les communautés religieuses des deux sexes contribueraient pour 100,000 livres. Cet appel ne fut point écouté.

La misère augmentait. Les habitants des campagnes arrivaient en grand nombre à Paris pour demander l'aumône. Des ordres furent donnés afin que ces nouveaux pauvres fussent répartis dans les maisons annexées à l'Hôpital-Général jusqu'au temps de la récolte des blés. Ces maisons étaient celles de Bicêtre, de la Pitié et de Scipion.

Six ans après la fondation de l'Hôpital-Général, on trouve, à la date du 9 décembre 1662, dans les registres du Parlement, une réquisition du procureur-général de cette cour, ayant pour objet de réclamer des mesures sévères contre le grand nombre de vagabonds, de filous et de gens estropiés qui compromettent la sécurité des habitants de la ville et des faubourgs.

Le désordre et le brigandage ne cessèrent qu'à l'époque de la publication de l'édit de mars 1667, qui nomma La Reynie lieutenant du prévôt de Paris pour la police.

Parmi les immenses bâtiments élevés sur les dessins de l'architecte Bruand, et qui ont été considérablement agrandis depuis, il faut d'abord citer l'église dédiée à Saint-Louis. Elle consiste en un plan circulaire de dix toises de diamètre, couvert par un dôme octogone. L'intérieur est percé par huit arcades qui communiquent à quatre nefs chacune de douze toises de longueur, et à quatre chapelles (Les nefs étaient autrefois séparées de manière à isoler les hommes d'avec les garçons, et les femmes d'avec les filles. Le grand autel est orné d'un tableau de la Résurrection de Jesus-Christ, qui est du frère André, religieux dominicain, et remarquablement beau. Il existe quatre chapelles actuellement dédiées à la Vierge, au Bon Pasteur, à saint Vincent-de-Paul et 4 sainte Geneviève). Ces nefs et ces chapelles, disposées en rayons, aboutissent au centre de l'église, où s'élève l'autel principal. Le dessin général est tellement régulier, que du centre du dôme, l'oeil embrasse à la fois l'enceinte de l'église sous huit côtés différents. La sacristie fut fondée en 1776. Quatre colonnes ioniques décorent le portique extérieur, surmonté d'un attique.

En sortant de l'église, à droite et à gauche, se développe sur une immense ligne un bâtiment très étendu. Deux voûtes ou passages conduisent dans les diverses divisions de la Salpêtrière. Ce sont les passages Lassay et Mazarin. A gauche en entrant, et sous un avant-corps qui précède la promenade située devant l'église, sont les bureaux du directeur et de l'économat. A gauche, au fond de cette même cour, sont placés les ateliers des ouvrières. Quand on a dépassé l'église, de vastes bâtiments et de grands jardins se découvrent des deux côtés. Le plan de toutes ces constructions n'est point régulier, parce que ces nombreux corps de bâtiment furent faits dans des temps différents. La façade seule de cet établissement est régulièrement construite.

L'emplacement de la Salpêtrière est le plus vaste qui ait été consacré à un établissement de ce genre dans aucun pays de l'Europe. La superficie des bâtiments, cours et jardins, contient près de cinquante cinq mille toises carrées.

Lors de la fondation de l'Hôpital-Général, un recteur et vingt-deux prêtres y étaient attachés. On offrit cette direction aux missionnaires de Saint-Lazare, mais ils refusèrent par l'organe de Vincent, leur supérieur-général. L'archevêque de Paris était absent, ses grands-vicaires nommèrent pour recteur Louis Abelly, qui fut dans la suite évêque de Rhodez.

Le roi nomma pour la direction de l'établissement vingt-six personnes, avec le titre de directeurs perpétuels, et pour chefs de la direction, le premier président du parlement et le procureur-général. Par une déclaration expresse du roi, en date du 29 avril 1673, l'archevêque de Paris fut adjoint comme chef ; et en 1690, le premier président de la chambre des comptes, celui de la cour des aides, le lieutenant-général de police et le prévôt des marchands furent aussi nommés chefs. Indépendamment de ces sept chefs et des vingt-six directeurs perpétuels, on nomma un receveur et un secrétaire.

Avant 1789, cet hospice contenait sept à huit mille femmes indigentes et autant de détenues, à titre de correction ou de sûreté ; des femmes et des filles enceintes, des nourrices avec leurs nourrissons ; des enfants mâles depuis l'âge de sept à huit mois jusqu'à celui de quatre à cinq ans ; des jeunes filles d'âges divers, des vieillards mariés des deux sexes, des folles furieuses, des imbéciles, des épileptiques, des aveugles, des paralytiques, des teigneuses, des estropiées, des incurables de toute espèce, des enfants scrofuleux, etc.

En 1720, il existait à la Salpêtrière deux salles contenant huit cents petites filles occupées à divers travaux. On y trouvait trois grands dortoirs contenant deux cent cinquante cellules, destinées aux époux âgés qui ne pouvaient plus subsister par leur travail. C'est ce qu'on appelait les Ménages.

Au centre de l'hôpital, il existait une maison de force (Cette prison était dans l'endroit appelé aujourd'hui le Grand Bâtiment, qui ressemble encore, par sa distribution et son aspect, à un lieu de détention. Cette prison n'existe plus aujourd'hui ; c'est un dépôt) qui comprenait quatre prisons : le Commun, lieu destiné aux filles les plus dissolues ; la Correction, contenant les filles qui donnaient des espérances de repentir ; la Prison, réservée aux femmes détenues par ordre du roi ; et la Grande-Force, aux femmes flétries par la justice.

Des changements considérables, et des améliorations heureusement exécutées ont eu lieu depuis 1802 jusqu'à ce jour, dans l'hospice de la Salpêtrière. Un ordre, un ensemble, une distribution de service remarquables distinguent cet immense établissement, dont la population équivaut à celle d'une petite ville.

Le service est distribué en cinq grandes divisions ou sections. La première cour renferme les épileptiques ; la cour Saint-Charles, les femmes les plus âgées, les septuagénaires et les grandes infirmes ; les cours Sainte-Claire, Saint-Léon et de la Vierge, contiennent un grand nombre de femmes âgées ou infirmes, indigentes, aveugles, paralytiques, cancérées, etc.

Le bâtiment (autrefois la prison des filles débauchées), sert de dépôt pour les aliénées. Ce service a particulièrement été amélioré. Ainsi, en 1836, au fond de l'établissement, on a construit des chaumières, des pavillons suisses pour les aliénées convalescentes. Les femmes souvent y atteignent quatre-vingt-dix ans. Il y a quelques années, une femme de cent quatre ans y est décédée. Le nombre des aliénées, en 1825, était de deux mille huit cent quatre. Depuis que l'on n'isole plus, généralement, les aliénés des deux sexes, qu'on ne provoque plus leur exaltation par des traitements barbares, en les enfermant dans des cabanons infects, des cours étroites et humides, en les chargeant de chaînes, l'aliénation est moins intense et par cela même plus docile à un traitement souvent heureux. Pour les aliénés, la moyenne proportionnelle des décès chez les hommes est de quarante-sept ans, et chez les femmes de cinquante ans.

La pension accordée aux femmes vieilles et infirmes qui peuvent se retirer dans leur famille, si celle-ci y consent, est de 120 francs pour les valides et de 130 francs pour les infirmes.

L'hôpital de la Salpêtrière, qu'on désigne aujourd'hui sous le nom d'Hospice de la vieillesse (femmes), est placé sous la direction supérieure du préfet de la Seine, président d'un conseil spécial d'administration.

Source : Nouvelle histoire de Paris et de ses environs par Jules de Gaulle Nodier 1839.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 121941
  • item : Hôpital de la Salpêtrière
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Paris 13
  • Adresse : 47 boulevard de l'Hôpital
  • Code INSEE commune : 75113
  • Code postal de la commune : 75013
  • Ordre dans la liste : 7
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : hôpital
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 17e siècle
  • Type d'enregistrement : site inscrit
  • Dates de protection :
    • 1976/12/14 : classé MH
    • 1976/12/14 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/06/24

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site inscrit 06 08 1975 (arrêté) .
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :7 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • chapelle
    • cour
    • pharmacie
    • pavillon
    • prison
    • rue
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'un établissement public 1992
  • Détail :
    • Chapelle
    • façades et toitures des bâtiment suivants : pavillon d' entrée, bâtiments Hemey, Jacquart, Lassey, Mazarin, Montyon, ancienne Force, lingerie, pharmacie, bâtiment des Archers, pavillon Chaslin, pavillon de la prothèse dentaire de la section Pinel : classement par arrêté du 14 décembre 1976 - Les sols des cours Mazarin, Lassey, Saint-Louis, Sainte-Claire, des Quinconces et de la rue des Archers : inscription par arrêté du 14 décembre 1976
  • Référence Mérimée : PA00086592

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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