Dolmen dit La Pierre Procureuse

Sur la butte du Sablon, se trouve la Pierre-Procureuse; c'est un dolmen à moitié renversé dont la table mesure 4 mètres de longueur sur 3 mètres de large.
En 1825, elle ne s'appuyait déjà que sur trois supports. Un autre bloc qui existe à proximité, a pu appartenir à ce monument qui est formé de grès quartzeux.
Il est signalé dans le Département de l'Orne, de M. Joanne (1892, p. 68).

Antiquités et chroniques percheronnes

Les menhirs ou peulvans, pierres longues, étaient probablement élevés par les Druides, ou en l'honneur de leurs fausses divinités, ou plus vraisemblablement, pour désigner les tombes des personnages importants. Le respect que les anciens avaient pour la mémoire de leurs morts, le soin extrême qu'ils prenaient d'élever des monuments en leur honneur, le plus souvent sur les lieux où étaient enfermées leurs dépouilles mortelles, donnent une grande consistance à cette opinion. On est porté à croire, que les endroits où s'élèvent un certain nombre de ces pierres, que le temps et les hommes ont respectées, pendant peut-être plus de quarante siècles, au milieu des plus violentes tempêtes politiques, et de mille révolutions qui ont tant de fois bouleversé la surface du globe, et renversé les plus florissants empires, n'étaient autre chose que des cimetières privilégiés.

Le voisinage et même la contiguité du Perche avec les sombres et mystérieuses forêts des environs de Dreux et du pays Chartrain, où se rassemblaient si souvent les Druïdes, pour qui les grandes scènes d'une nature sauvage, si parfaitement en harmonie avec leur culte cruel et barbare, avaient un charme tout particulier , fait que l'on trouve encore dans notre pays, quelques monuments druidiques de l'espèce de ceux dont je viens de parler. Il semble hors de doute que le nombre en fut jadis plus considérable; mais dans le cours des âges, la cupidité et l'ignorance leur auront donné une destination contraire à leur objet primitif, en les faisant entrer dans la construction des nombreux édifices qui se sont élevés sur ces plages aujourd'hui si animées, et jadis si tristes et si silencieuses.

Malgré cet inconvénient, le sol offre encore aujourd'hui, à l'œil de l'observateur, environ vingt-quatre ou vingt-cinq de ces monuments, si chers à l'antiquaire, à cause des mystérieux cachets dont les a revêtu la vénérable antiquité.

La première pierre de ce genre que j'ai examinée sur les lieux, est située à environ dix pas sur la droite du chemin de Longny à Regmalard, dans un taillis appelé, à cause de ce monument, le bois de la Pierre; ce bois, dans l'origine, faisait partie de la forêt de Réno, ou plutôt de celle du Perche, dont cette dernière n'est comme je l'ai dit qu'une faible portion. Voici ce qu'on lit à ce sujet, dans l'annuaire de l'Orne, pour l'année 1808: Le Dolmen dont nous parlons ici, est une table en poudingue de silex, de cinquante centimètres, d'une épaisseur assez uniforme ( un pied 4 pouces 8 lignes ), sa figure présente un ovale festonné, dont le grand diamètre, est de cinq mètres ( 15 pieds , 5 pouces environ ), et le petit, de trois mètres ( 9 pieds 3 pouces environ ), soutenue par les deux extrémités de sa longueur; ce dolmen est élevé de quelques décimètres au dessus du sol; il existe au dessous une cavité dont la table forme le toit, et dans laquelle , pendant les nuits et le mauvais temps, plusieurs animaux vont chercher un abri.

La seconde pierre celtique se trouve dans la commune de Saint-Cyr-la-Rosière, canton de Noce, arrondissement de Mortagne, sur la fameuse butte du Sablon déjà citée, cet espèce d'obélisque, ou menhir, est une énorme, pierre brute, dressée sur trois autres pierres également brutes; les habitants du pays lui donnent le singulier nom de Pierre-Procureuse ; j'ignore quelle raison a pu donner lieu à cette dénomination qui semble se refuser à toute interprétation satisfaisante.

Source : Antiquités et chroniques percheronnes ou recherches sur l'histoire par Louis-Joseph Fret en 1838.