photo : G. de Saulieu
Voici Lurcy-le-Bourg et Lurcy-le-Châtel, formant une seule commune du canton de Premery, s'étendant le long de la Nièvre, branche de Saint-Benin, sur la route de Nevers à Corbigny. Du nom latin de cette localité, Castrum Luperciacum, on serait tenté de conclure que les Romains, qui connurent Lurcy, puisqu'un fragment de voie antique passe à l'est du bourg , y auraient célébré ces fameuses lupercales, dans lesquelles le dieu Pan, protecteur des campagnes , était fêté avec tant d'abandon. Quoiqu'il en soit, un prêtre éminemment pieux , nommé Gildard, mourut à Lurcy dans le cours du VIIe siècle; et peut-être fut-ce en commémoration de ce saint homme que Hugues III, évêque de Nevers, fonda à la fin du XIe siècle, un monastère dans cette paroisse, sous l'invocation de saint Gervais. Depuis il fut converti en prieuré à la collation de l'abbé de Cluny. Dès l'an 1088, il existait une seigneurie en ce lieu, puisque , partant pour la Terre-Sainte en cette année, le seigneur de Lurcy abandonna sa terre de Charly au prieuré de la Charité.
On voit à Lurcy-le-Bourg une robuste construction encore entourée d'un fossé, et dont aucune partie ne doit être antérieure au XVe siècle, tandis que la toiture et les lucarnes qui s'en détachent révèlent des travaux de la fin du XVIe. Cette sorte de forteresse était le siège de la communauté dont nous avons rapporté plus haut la fondation. Dans cette enceinte aux fenêtres étroitement grillées, qui ressemble fort à une bastille, les bénédictins tenaient jadis la justice spéciale de Lurcy; et sans doute ce fut l'opulent prieuré qui fit bâtir l'église, d'un bon style gothique, servant aujourd'hui de paroisse aux communes réunies de Lurcy-le-Bourg et Lurcy-le-Châtel, ou Ligny. Cet édifice, avec transepts, abside, triple nef et croisées en ogives gracieuses, offre un caractère d'architecture fort remarquable, et des détails de sculpture non moins dignes d'attention. La tour, couronnée d'une flèche qui s'élève au-dessus du portail, est majestueuse ; un second clocher, dont la base porte à la naissance du chœur, achève d'imprimer à cette église une physionomie imposante.
Source : La Loire historique, pittoresque et biographique par Georges Touchard-Lafosse 1851