Chapelle de Saint-Nicodème

Pluméliau tire sans aucun doute son nom de saint Méliau, Ploué-Meliau signifiant littéralement paroisse de Saint-Méliau. Le bourg chef lieu de cette commune est situé à une petite distance de la route de Baud à Pontivy, qui traverse ce territoire du sud au nord.

Comme du temps où écrivait Ogee, Pluméliau est encore couvert de vastes landes qui se développent sur un grand plateau à l'ouest de la route dont nous venons de parler. Ces landes sembleraient cependant susceptibles de culture. La partie est du territoire est assez bien cultivée ; cependant le seigle et l'avoine sont presque les seules céréales qu'on y récolte.

La canalisation du Blavet n'a pas encore rendu à cette commune les services qu'elle était en droit d'espérer ; la raison en est dans les difficultés qu'offrent les abords du chemin de hallage.

On voit sur ce territoire deux chapelles qui jouissent dans les environs d'une certaine célébrité ; ce sont Sainte-Anne et Saint-Nicodème. Cette dernière surtout est grande et surmontée d'une flèche fort élevée, ornée d'élégantes découpures. Saint-Nicodème a un pardon très fréquenté, et qui se tient le premier samedi d'août. Les laboureurs y conduisent leurs bestiaux, pour les garantir des maladies et pour obtenir une bonne récolte. Ces animaux, ornés de guirlandes et de rubans, sont conduits processionnellement au son des tambours et des fifres. Quelques-uns sont offerts eu don à la chapelle, et vendus aux enchères : ils s'élèvent à un très-haut prix, parce que leur présence dans les étables est réputée un gage de bonheur.

La chapelle Saint-Nicodéme appartient, par le style, au genre ogival flamboyant, et toutes ses ornementations dénotent le goût delà fin du XVIe siècle ; cependant elle date de 1629. Le clocher se compose de trois parties : la première, qui est carrée, se termine par une galerie de chacun des angles de laquelle s'élève un clocheton ; au dessus de cette première assise en est une seconde d'environ 8 mètres et de forme octogonale ; elle est surmontée, comme la première, d'une délicieuse galerie ayant aussi un clocheton à chaque angle. Au dessus de cette seconde assise commence la flèche, qui est chargée de détails gracieux, et qui n'a pas moins de 20 mètres d'élévation.

Aux jours du pardon, un ange, mu par un va-et-vient, descend le long d'un câble amarré à la seconde galerie et vient mettre le feu à un énorme tas de fagots, disposé à environ 200 mètres du clocher. Le feu mis aux fagots, l'on remonte l'ange au clocher, tandis que lui-même lance de tous côtés la pluie d'artifices dont il a été entouré.

Près de cette chapelle curieuse est une fontaine non moins remarquable par ses ornementations, qui accusent la même époque que celle de l'église. Cette fontaine, située à quelques mètres du portail occidental de Saint-Nicodéme, est renommée dans le pays.

Source : Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne 1853.