photo : mboulo
Malestroit, autrefois ville fortifiée, trois fois prise et démantelée par le duc de Mercoeur. Cette petite ville, bâtie sur l'Oust, que l'on y franchit, a donné son nom à une famille célèbre en Bretagne et qui portait pour devise héraldique : Quae numerat nummos, non male stricta domus, jeu de mots emprunté aux armes (neuf besants) et au nom de Malestroit.
L'église Saint-Gilles est un édifice en partie roman, en partie du XVe siècle, qui a conservé quelques vitraux. Dans la sculpture du portail, on distingue les symboles des quatre Évangélistes. L'ange de saint Mathieu, le lion de saint Marc et l'aigle de saint Jean passent inaperçus pour les habitants de Malestroit; le boeuf de saint Luc a seul l'avantage de fixer leur attention. Ils expliquent ainsi sa présence au porche de leur église : Un pauvre cultivateur, qui était allé prendre des pierres pour la construction de cet édifice, vit tout à coup une des roues de sa charrette se rompre et un de ses boeufs tomber mort dans le trajet ; mais, ayant invoqué saint Hervé, son lourd chariot se releva avec sa seule roue et son unique boeuf, et conduisit ses matériaux à pied d'oeuvre. Voilà, disent-ils, l'origine du boeuf de Malestroit et celle de la rose percée au pignon opposé au portail.
L'église de la Madeleine, en partie romane et en partie du XVe siècle, renferme une belle verrière figurant en huit panneaux la vie de la Madeleine. On y conserve une curieuse croix byzantine en cuivre.
Malestroit a gardé quelques maisons de bois, des XVe et XVIe siècle, à pignons et à étages surplombants ; plusieurs sont décorées de sculptures. Les légendes locales n'expliquent pas l'origine de la Truie qui file, sculptée sur une maison en bois en face de la halle, où au milieu de sujets grivois, on croit reconnaître Malestroit et sa femme sous la figure d'un bourgeois en costume de nuit, corrigeant du bâton sa moitié qu'il saisit aux cheveux.
Source : Itinéraire général de la France par Adolphe Joanne.