Hôtel de Ville

Le plus grand et le plus beau des pavillons qui décorent la place Royale est le bâtiment de l'Hôtel-de-Ville, qui en occupe à lui seul un des côtés. L'avant-corps du centre porte sculptées les armes du roi de Pologne, (Ce privilège de surmonter ses armes de celles de ses ducs, fut accordé à Nancy, par le duc Charles III, en considération de ce que les bourgeois de cette ville ont toujours gardé inviolablement et de tout temps la foi qu'ils doivent à leur prince) et au-dessous celles de la ville (Les armes de Nancy sont d'argent au chardon tigé, arraché et verdoyant, arrangé de deux feuilles piquantes au naturel, à la fleur purpurine, et en chef les armes de la maison de Lorraine) avec le seul chardon et sa devise : Non inultus premor. La ville de Nancy, sous la figure d'une femme, semble soutenir l'écu de ces armes. Tout le long de la façade de ce pavillon règne un vaste balcon, qui a vu tour-à-tour s'appuyer sur sa balustrade, et Bonaparte à son retour de l’Égypte, et Charles X, pendant qu'il était roi, et Louis Philippe, nouvellement élu à sa place.

L'intérieur de l'édifice, dont l'architecture est l'œuvre de Joly, artiste lorrain, né à Saint-Nicolas, en 1706, renferme des appartements magnifiques. On y remarque surtout le grand saIon, appelé salon de l'Académie, parce qu'il a été fait par la société royale, décoré de peintures à fresque, du célèbre Girardet, et représentant, sous des figures allégoriques, quelque-unes des fondations de Stanislas. A côté de ce salon sont ceux du Musée, dont nous parlerons plus tard, et au-dessous desquels s'étend la salle des Concerts appelée aujourd'hui salle des Redoutes.

C'est dans ce bâtiment que sont les bureaux de l'administration municipale et les cabinets du maire et de ses adjoints.

Fêtes de Nancy. Journée du 15 juillet estampe.

Fêtes de Nancy. Journée du 15 juillet estampe.

Nous ne nous arrêterons pas à la description matérielle de ce bel édifice, dont, il n'y a pas longtemps encore, quelques parties ont été restaurées ; nous préférons donner plus d'étendue à l'histoire de l'ancienne organisation municipale de la ville, en citant textuellement, d'après l'abbé Lion nais, les ordonnances rendues à ce sujet par les ducs. Cet aperçu pourra donner une idée du langage aux différentes époques de l'existence de Nancy.

C'est du règne de René II (12 juin 1497) que date la création de la première organisation municipale à Nancy. Ce prince, voulant mettre bon ordre dans sa capitale et en régler la police, choisit quatre des habitants auxquels il en confia l'administration, et mit à la tête de ce conseil, un président auquel il donna le titre de prévôt. Les quatre élus s'appelèrent les quatre de ville. Voici en quels termes René promulgua l'ordonnance par laquelle il établit la juridiction des membres du conseil de ville, et limita les droits et les privilèges des bourgeois :

« .... C'est assavoir que lesdits quatre Commis exerceront leurs dites charges et offices un an durant, commençant à la Magdelaine ; lequel révolu, les bourgeois et habitants dudict Nancy en nommeront quatre autres audit Seigneur Roy, lequel, sy bon luy semble, les prendra ou en mettra d'autres, tels qu'il luy plaira.

» Premier, lesdits quatre Commis, le plus tost qu'ils pourront, feront faire ung essay suffisant du bled, et ce faict, ordonner aux bolangers de combien de poid ils feront le pain, d'ung denier, de deux, de quatre, de demy gros, de 12 deniers, d'un gros, selon ce que se vendra le bled ; et sy lesdits bolangers sont trouvés faisant contre l'ordonnance desdicts Commis ; ils escherront pour chascune fois à l'amende de 10 solz, dont le Prévost en prendra 6 solz, et lesdicts Commis 4 pour convertir aux ouvrages, réparations et prouffilz de ladicte ville, dont ils seront tenuz rendre compte ; avec ce le pain de la fournée sera donné pour Dieu et en aulmone aux pauvres, à leur disposition, sans y espargner personne.

» Item lesdicts 4 Commis, à chascune fois que les bolangers amèneront du pain de dehors pour vendre, ils donneront prix audict pain, celon que vauldra le bled, ainsy que dessus.

» Item, touchant le vin, que nul, soit hoste ou aultre, n'en vendra qu'il ne le fasse crier à cry public, sans que celui qui aura la gabelle se puisse admodier sans faire ledic cry. Aussy ne se pourront affaicter les vins que on en vendra, les brouiller, ne y mettre d'autres moindres vins de Bourgogne, d'Aulsay, ne aultre estrange qu'il ne soit tauxé et mis à prix par lesdicts Commis et cryé comme dessus : ne aussy pourront lesdicts hostes ne aultres refuser le vin qu'ils auront faict crier tant qu'il durera, sur peine de l'amende de 10 solz, à appliquer 4 solz au Prévost, et 6 aux dicts Commis.

» Item, le bled et avoine et aultres grains qui se amèneront vendre à Nancy, au jour de marché, depuis le vendredy, deux heures après midy, jusques au samedy lendemain, dix heures devant midy, ceulx qui les y amèneront, ne les pourront vendre hors le marché commun ; et s'il estait trouvé qu'aulcun l'acheptât, tant les vendeurs qu'accepteurs seront à l'amende telle et à appliquer comme dessus.

» Item, … »

Vue Méridionale de la grande Place ditte la Carrière a Nancy, estampe 1785.

Vue Méridionale de la grande Place dite la Carrière a Nancy, estampe 1785. (NdW : l'image originale a été inversée (miroir horizontal) pour rétablir la place originale de la cathédrale normalement situés a gauche avec cette perspective)

Suivent d'autres articles relatifs au guet de nuit, au règlement du prix des marchandises pour les différents corps de métiers, pour la salubrité des rues de la ville, pour la taxe que les hôteliers devaient imposer aux voyageurs, etc, les quatre de ville étaient obligés aussi de faire faire à la ville toutes les réparations nécessaires, à charge par eux de rendre compte de l'emploi des deniers publics, etc.

Le duc avait le droit de changer chaque année deux des quatre Commis, et même le prévôt. Cette forme d'administration, due à la justice de René et à la reconnaissance qu'il avait pour les habitants qui avaient si vaillamment défendu sa capitale, subsista jusqu'en 1594, sauf quelques modifications apportées par Christine de Danemarck, régente des états de Lorraine pendant la minorité de son fils. Ainsi, c'est René qui semble s'être occupé le premier d'accorder aux bourgeois de Nancy des prérogatives qu'ils avaient bien chèrement achetées. L'édit, rendu par lui le 13 juin 1497, et dans lequel sont consignés ces privilèges, est le plus beau titre de gloire qui puisse immortaliser notre ville, dont les habitants aimèrent mieux manger chair de chevalz, de chatz, ratz, chiens et aultres telles choses, pour le soustenement de leurs vies, plutôt que de renoncer à la fidélité qu'ils avaient jurée à leur souverain.

Voici le texte de cet édit, qui rappelle la phase la plus mémorable de l'existence de Nancy :

« René, par la grâce de Dieu, Roy de Jhérusalem et de Sicile, Duc de Lorraine, etc. Comme de pièça (depuis) nostre advénement en nostre Duchié de Lorraine, Nous, à la requeste de glorieuse mesmoire l'Empereur Fredérich, et de Monseigneur Louys, Roy de France, lesquelz lors estoient alliez et confédérez à l'encontre de feu nostre Cousin le Duc Charles de Rourgogne, etc., qui tenoit son siége devant la Ville de Nuss sur le Rhin. Nous nous fussions pour eulx desclairez et prins leur party, ainsi que faire debvions pour nostre fidélité, ad cause des fiedz que tenions d'eulz, à l'encontre de nostre dict Cousin, partant iceluy dudict Nuss, fust venu avec toute sa puissance en noz pays nous faire la guerre, en prenant et tuant corps d'hommes, mectant les feux, assiégeant bonnes Villes, et exerçant toute ménière d'hostilité, jusques à ce que finablement il eust prins et mis en et soubz son obéissance nostre dict Duchié de Lorraine ; par quoy nous fust force de nous retirer par devers nos alliez, et avec notamment nombre de Gens d'armes tirer à l'encontre de nostre dict Cousin ; lequel depuis sa cônqueste de nos dietz pays, s'estoit transporté ez pays de Switz, et avoit mis son siége devant la Ville de Morath, où nous serions acheminez, pour, à l'aide de nos Alliez, lever ledict siége ; ce que, aidant Dieu, a estéfaict à la très-grande perte et domaige de nostre dict Cousin de Bourgongne et des siens ; après laquelle victorieuse journée, nous accompaignés de nos dietz Alliez, soyons retournez en nosdietz pays assiéger les Bourguignons qui y estoient, et mesmement après le recouvement de plusieurs villes et places, mis le siége devant nostre dicte Ville de Nancy, laquelle tenoit lors pour nostre Cousin, M.e Jean de Rubampré, sieur de Bièvre y Gouverneur laissé pajr nostre dict Cousin de Bourgongne en nos dietz pays, icelle prinse, et en chassez les Bourguignons, et ce pendant, Nostre dict Cousin de Bourgongne eust faict amas de grand nombre d'aultres gens d'armes tirés de ses fiedz, en nostre pays mist son siége de nouveau avec grande et puissante artillerie devant nostre dicte Ville, laquelle il trouva mal fournie de vivres, ad cause de la briefveté du temps de-puis le jour que l'avions recouvree jusqu'à ce que il la réassiégea, jaçoit que (quoique) de

(…)

» par ces présentes affranchissons et exemptons perpétuellement et à tousjours, pour nous et tous nos hoirs Ducs de Lorraine, du surplus de ladicte taille ordinaire à Nous due, ensemble de tous et quelzconques, aultres droictz, traictz, tailles, aides, cluirges, banvin, et tous aultres impostz faitez et à faire ordinaires et extraordinaires pour quelconque cause et occasion que ce soit ou puisse estre tant en nostre dicte Fille comme par tout ailleurs en nostre dict Duchié, réservé du guet et garde des murailles et des portes, aussy des estalages, poids, rouages et aultres menuz usuynes auxquelles nous n'entendons point »

Charles III, par une ordonnance du 7 janvier 1594 créa une chambre de conseil de ville composée de douze notables bourgeois. (...) Ce règlement de Charles III eut pour but de rendre plus claire et moins précipitée la discussion des affaires publiques ; il diminua de beaucoup les assemblées générales qui auparavant étaient très-fréquentes, et qui, insensiblement, ont été abolies.

Ce prince, par un autre règlement du 8 février 1598, réduisit à sept le nombre des douze qui, selon la première ordonnance, devaient composer le conseil de ville, outre celui qui y était député du gouverneur pour le représenter, le procureur-général et le prévôt, « comme plus aisé, dit-il, pour sa petitesse à remplir et parfaire d'année à autre, et aussi plus commode, à cause de son imparité, à la conclusion et résolution des affaires, sauf à eux, où ils se trouveraient empêchés et perplexes en la décision d'aucunes d'icelles, d'y appeler avec eux tels bourgeois qu'ils jugeront être les mieux versés et entendus en tels cas, notamment de ceux qui auront déjà été dudit conseil ; lequel nombre de sept se renouvellera, comme celui de douze, d'année à autre, et en subrogeant d'autres au lieu de ceux qui auront été deux ans entiers et consécutifs en ladite charge ; etc. » Cinq conseillers (les autres se trouvant empêchés pour quelque motif) pouvaient suffire aux délibérations.

Telle est la forme que Charles III, qui a mérité le titre de législateur de la Lorraine, donna au conseil de la ville de Nancy. A cette époque (1598), la Ville-Neuve était déjà assez peuplée pour être divisée en six quartiers. Ce prince établit aussi des hiérarchies parmi les membres de ce conseil. Le gouverneur, représentant du duc, y avait la préséance ; après lui le prévôt, puis les autres conseillers.

Bal à l'Hôtel de Ville de Nancy. Quadrille d'Honneur, estampe de Bayard Émile, illustrateur.

Bal à l'Hôtel de Ville de Nancy. Quadrille d'Honneur, estampe de Bayard Émile, illustrateur.

Henri II, fils et successeur de Charles III, par un règlement du 4mai 1611, ordonna que le nombre des bourgeois faisant partie du conseil serait augmenté d'un huitième conseiller, choisi, comme les autres, parmi les plus notables de la ville ; « que le nouveau conseiller élu demeurerait en exercice trois ans avec le premier conseiller qui était en charge, au bout desquels ledit pouvoir sortirait décharge, et lui succéderait en icelle ledit nouveau, pour demeurer premier, autres trois ans, avec un second qui serait élu pour tel, dès l'instant que le susdit nouveau entrerait en charge de premier, en laquelle puis après, au bout de trois ans, ce dernier élu entrerait comme le précédent, et ainsi successivement, en sorte que chacun desdits deux premiers conseillers viendrait à exercer la charge de conseiller de ville six ans durant, savoir les trois premiers en état de second conseiller, et les trois derniers en celui de premier, etc. »

Depuis 1616 jusqu'en 1722, les conseillers municipaux eurent le droit de faire frapper des « jects d'argent pour distribuer entre eux, afin de s'en servir, non seulement aux comptes qui se présentent d'ordinaire en leur chambre, mais encore pour, par ce petit émolument et honoraire, convier toujours tant plus lesdits du conseil et officiers d'icelui à volontairement subir et exercer les charges auxquelles ils sont appelés au corps dudit conseil, pour contribuer à ce que toutes choses soient bien et duement policées et ordonnées en ladite ville ». Les conseillers, à leur entrée en fonctions, recevaient deux bourses, l'une aux armes de la ville d'un côté, et de l'autre aux armes du conseiller ou à son chiffre, brodée en argent et soie sur un fond de satin bleu, remplie de 60 jetons d'argent, et une autre de cuir, remplie de 60 jetons de bronze. Cet usage a existé jusqu'au règne de Stanislas, pendant lequel on a substitué aux jects une somme d'argent équivalente.

Charles IV ne fit aucun changement au mode d'administration de la ville, il ne rendit qu'une ordonnance fixant la préséance des membres du conseil.

Sous Léopold, le conseil de ville reçut une nouvelle organisation. Ce prince, afin d'établir une égalité parfaite entre tous les membres qui le composaient, supprima l'office de président, et ordonna qu'à l'avenir l'Hôtel-de-Ville serait composé de 9 conseillers et d'un substitut de son procureur-général, savoir : de l'un de ses conseillers d'état, d'un conseiller de sa cour souveraine, d'un auditeur de sa chambre des comptes de Lorraine, du prévôt de Nancy, d'un conseiller du bailliage de cette ville, d'une personne noble et de trois notables bourgeois, « lesquels conseillers, dit l'ordonnance, exerceront la police » pendant trois années, et icelles expirées, il sera, par S. A. R. procédé à une nouvelle administration de trois ans en trois ans, en y laissant néanmoins quelques anciens. Pourront, lesdits conseillers, établir ou commettre les receveur, greffier, commissaires des quartiers et sergents de ville comme anciennement ; connoitront et jugeront de toutes les contraventions aux ordonnances de police, et de toutes les difficultés et actions qui regardent les revenus tant patrimoniaux que d'octrois et domaines de ladite ville, en conformité des anciens établissements du dit Hôtel-de-Ville et règlements des ducs ses prédécesseurs. » Ainsi, en vertu du règlement fait par Léopold, les différents ordres eurent chacun leurs représentants au conseil : la noblesse, le parquet et le tiers-Etat. Non content d'avoir établi sur des bases plus larges et plus justes l'administration de la police de la ville de Nancy, ce prince voulut, autant que possible, illustrer les membres qui en formaient le conseil, et nomma, pour y prendre place, un conseiller contrôleur, et un conseiller trésorier de la noblesse.

Voici quelles étaient les attributions des lieutenants-généraux de police :

« Ils jugent, tant ez ville que faubourgs et ban de Nancy, de tout ce qui concernera la sûreté desdites villes, nettoiement des rues et places publiques, des édifices et élévations qu'il conviendra donner aux faces des bâtiments, des fontaines, ruisseaux, pavés, provisions pour la subsistance et boucheries, ont la visite des halles, boulangeries, foires, marchés, hôtelleries, auberges, maisons garnies, cafés et autres lieux publics, ont l'inspection sur les opérateurs et mâtrones publiques, charlatans, bateleurs, crieurs de chansons, etc ; puissent faire serre dans la renfermerie, ou punir et exposer au pilori (Ce pilori, que le peuple nommait jalande, était une espèce de cage ronde, de six pieds de haut sur cinq pieds de diamètre, garnie de gros barreaux de bois, soutenue par un pivot comme Celle des écureuils. On y mettait quelquefois jusqu'à trois et quatre filles que les écoliers, en sortant du collège, faisaient tourner sans cesse au point de leur faire vomir le sang. Cet instrument de justice était placé sur l'ancienne esplanade, à peu-près à l'endroit où est aujourd'hui la statue de Stanislas. Sous ce prince, les troupes françaises ajoutèrent à la jalande un cheval de bois dont la partie supérieure était fort aiguë, et sur lequel, après le pilori, elles faisaient monter ces libertines, pour les exposer à la risée publique prés de la Porte-Royale, et, à la garde montante, on les conduisait sur la Carrière, portant sous leurs bras, ayant les épaules nues, deux faisceaux de verges ou baguettes de saules, dont les soldats, rangés en haie, se servaient pour les frapper, selon le nombre de tours auxquels elles étaient condamnées) les mendiants valides, vagabonds, filles de vie libertine et scandaleuse, sans aveu et sans domicile, faire l’étalonnage des poids, balances, mesures de marchands, artisans, revendeurs, revendeuses, cabaretiers, et vendant du vin en lesdites villes et ban d'icelles et généralement l'exécution de tous les édits, déclarations, arrêts et règlements, etc. »

cliché de l'hôtel de ville de Nancy parPeigné Edmond Jules (1834-19..?) photographe.

 

Cliché de l'hôtel de ville de Nancy parPeigné Edmond Jules (1834-19..?) photographe.

En 1731, sous François III, l'Hôtel-de-Ville était composé d'un président, d'un conseiller auditeur en la chambre des comptes, d'un lieutenant-général de police ; de six conseillers, de deux assesseurs premiers commis, d'un procureur-syndic et d'un secrétaire.

Louis XV, créa, à titre d'office et à finances, des maires royaux et des échevins, un procureur du roi, des secrétaires-greffiers, des huissiers audienciers et des sergents. Les lieutenants-généraux de police, les procureurs du roi, les secrétaires, les huissiers et les sergents formèrent, dans toutes les villes de ses états, des sièges particuliers. Les lieutenants-généraux de police eurent rang, séance et voix délibérative dans les bailliages royaux après le lieutenant-général civil ou celui qui présidait. Les appels de leurs jugements, comme ceux des Hôtels-de-Ville, étaient portés aux parlements de leur ressort, en vertu de lettres patentes du 30 mars 1768, Cet ordre subsista jusqu'en 1790, époque de la création de la municipalité par l'assemblée nationale. Louis XVIII, par ordonnance du 10 juillet 1816, nomma M. de Raulecourt maire de Nancy.

On voit, d'après ce que nous venons de dire, que l'organisation municipale actuelle diffère bien peu de celles qui administrèrent la ville sous le règne de nos différents ducs : Un maire, trois adjoints et douze conseillers municipaux, choisis, comme autrefois, parmi les notables habitants.

A plusieurs époques, les bourgeois de Nancy obtinrent de la reconnaissance de leurs ducs, quelques privilèges. Nous avons vu ceux dont ils furent appelés à jouir sous René II : Charles III leur permit de construire, en leurs maisons et granges, des pressoirs, soit à pierre, soit à bras, pour y pressurer les marcs de leurs vendanges seulement et non de celles des autres bourgeois, à peine de privation de ce bénéfice et privilège contre ceux qui les y auraient porté pressurer, de confiscation des marcs, aînés et vins. Ils purent aussi avoir un four dans leur maison et y cuire le pain à leur usage, ce qui les dispensait de recourir aux fours-banaux, espèce de dîme qu'on prélevait, au profit du prince, sur les bourgeois. Les fermiers des fours-banaux recevaient, pour la cuite de chaque resal de blé en pâte, 6 gros 20 sols et 2 deniers de monnaie de France, et ils étaient tenus de bien cuire le pain des bourgeois. bien salsonné et rassis, à peine de leur payer leur pain avec dommages et intérêts.

Le duc Henri, pour favoriser les, habitants de sa bonne ville de Nancy, donna des lettres-patentes, le 2 juin 1618, par lesquelles il leur accorde le droit de pêcher en la rivière de Meurthe, depuis Frouard jusqu'à Saint-Nicolas, avec treuilles supplots et lignes, et de vendre leurs pêches. Ce privilège fut restreint sous le règne de quelques-uns des successeurs de ce prince.

Depuis René II, qui fut le premier à accorder des privilèges aux habitants de sa capitale, nous voyons les ducs occupés du noble soin de pourvoir aux besoins de leurs sujets, et descendre même aux plus petits détails pour prévenir les abus ; ne pas se contenter d'établir des chefs pour veiller à l'exécution de leurs ordonnances, mais encore tracer à ces chefs une règle sévère de conduite. Charles III promulgue plusieurs ordonnances fixant le prix des vins et des denrées qui se vendaient sur les marchés, déterminant le taux des marchandises des hôteliers et des viandes de boucherie. Le but des règlements de ce prince était d'attirer dans ses états les étrangers qui, traités à bon marché, y venaient avec plaisir dépenser leur argent, et enrichissaient ainsi ses sujets. Pour engager ceux-ci à se contenter de ce que le sol de leur pays produisait, et les empêcher de porter leur argent dans les autres provinces, il publia un édit, le 10 janvier 1583, qui, en donnant aux vignerons et marchands toutes les facilités possibles pour faire le commerce des vins, enjoint aux membres du conseil de ville l'ordre de déterminer eux mêmes la taxe des vins étrangers, et de défendre aux hôteliers de les acheter et de les vendre à un prix plus élevé que celui fixé par ses officiers de police. Cette mesure, toutefois, n'atteignait ni les nobles, ni les personnes notables, ni les membres du clergé.

L'escalier de l'Hôtel de ville de Nancy, par Neurdein Étienne (1832-191?)

L'escalier de l'Hôtel de ville de Nancy, par Neurdein Étienne (1832-191?)

Charles III fit suivre les édits dont nous venons de parler d'une ordonnance sur la police des banquets et festins, qui peint parfaitement les mœurs frugales de nos pères, et qui paraîtra singulière, aujourd'hui que la somptuosité de la table n'est plus seulement le monopole de la fortune. Ce prince y défend : « Qu'en quelque festin de nôces ou autre banquet que ce soit, fait en maison privée, il y ait plus de trois services, savoir : les entrées de table, la chair ou le poisson, le fruit ou le dessert. Qu'aux festins de nôces entre paysans, gens de labeur et autres de telle condition, on serve d'autres viandes que de bœuf, mouton, veau et porc, ou autre chair selon la saison de ce qu'ils peuvent avoir de leur nourriture ordinaire en leurs ménages, et à chacun service plus de 6 plats d'assiette à 8 personnes au moins pour table. Qu'entre artisans, gens mécaniques et ceux qui n'ont autres rentes ni moyens que de ce qu'ils peuvent gagner de leurs œuvres manuelles, comme entre toutes autres personnes de bas état et conditions, demeurantes ès villes ou villages, ils puissent servir plus de 6 plats desdites espèces de chair, chapons, poules, oisons, poulets et pigeons de leur nourriture selon la saison. Qu'entre marchands et merciers et autres des villes ou bourgades vendans en détail et à boutique ouverte, tabellions et sergents de bailli y maire et échevins des villages et aides d'office en son état et de ses très-chers et amés Fils et Filles, à chacun service plus de 8 huit plats, 6 desquels devront être des espèces de viandes sus-déclarées y les autres à leur choix.

(…) »

Charles III voulut aussi que tout ce qu'on vendrait dans son duché de Lorraine, le fût d'après la mesure de Nancy.

Ce prince fixa, en 1570, le droit de bourgeoisie, dans sa capitale, à 12 livres, dont un tiers pour lui et les deux autres tiers pour la ville. Plus tard ce droit fut augmenté, et porté enfin à la somme de 60 livres.

Le duc Henri II, par lettres patentes du 26 octobre 1610, défendit que les vins étrangers (excepté les vins d'Espagne et muscats) fussent vendus à plus haut prix que ceux provenant des vignobles de ses états.

Source : Histoire de Nancy, ville vieille et ville-neuve par Henri Lepage 1838.

photo pour Hôtel de Ville

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 84983
  • item : Hôtel de Ville
  • Localisation :
    • 54
    • Nancy
  • Code INSEE commune : 54395
  • Code postal de la commune : 54000
  • Ordre dans la liste : 45
  • Nom commun de la construction : 3 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • hôtel
    • hôtel de ville
    • ville
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1886/07/12 : classé MH

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune hôtel de ville type classement par arrêté du 12 juillet 1886 1992
  • Photo : fbd3d6790f9ce50dfa87dd2e8835c91d.jpg
  • Référence Mérimée : PA00106124

photo : Manuel Bazaille

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photo : patrimoinedelorraine

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