Château

Le château actuel de la 1ère moitié du XVIIe siècle et occupe l'emplacement d'une demeure plus ancienne (gravée par Claude Chastillon), dont le parti est conservé par les quatre tours d'angle et les douves. Les deux ailes en retour de part et d'autre du corps de logis central n'existent plus dans leur état d'origine : celle de droite a été détruite en 1880 et celle de gauche a été transformée en portique (son étage supérieur, qui fut rasé, est une restitution moderne, 4e quart XXe siècle). Quelques modifications sont réalisées vers 1723 quand Marie Leczinska vint en France et passa à Etoges :

  • Changement de l'accès,
  • Nouveau pont en pierre,
  • Grilles en fer forgé,
  • Statues de lions encadrant le passage
  • Distribution intérieure complètement changée

Le Cabinet historique

Nous dirons d'abord quelques mots des propriétaires de cette seigneurie. La terre d'Etoges, Estoges et quelquefois Etauges, mouvante du comté-pairie de Vertus, fut autrefois possédée par les grandes familles de Conflans et d'Anglure, qui en ont successivement porté le nom. Etoges, qui a conservé son château, n'est plus aujourd'hui qu'un simple village de six à sept cents habitants du canton de Montmort, arrondissement d'Épernay (Marne). Nous donnerons ici la suite des seigneurs d'Etoges, mais seulement à partir du dernier de la maison de Conflans.

  • I. Eustache de Conflans III, seigneur d'Estoges, avoué de Thérouane, maréchal héréditaire de Champagne, chevalier et conseiller du Roy en 1323, n'ayant eu que des enfants morts en bas âge, Marguerite de Conflans, sa sœur, qui lui survécut, porta la seigneurie d'Etoges et l'avouerie de Thérouanne dans la maison d'Anglure, en épousant, en 1339, Oger, IIIe du nom, seigneur d'Anglure, l'un des quatre chevaliers d'honneur de Philippe de France, duc d'Orléans, frère du roi Jean.
  • II. Oger, IVe du nom, seigneur d'Anglure, d'Estoges, de Gisaucourt, etc., et avoué de Thérouanne, rendit de grands services au roi Charles VI en la défaite des Flamands, en 1382. Il accompagna le roi au siége de Bourbourg, en 1383, et mourut au retour de la campagne. Il avait épousé Isabelle de Chastillon, fille de Jean, seigneur de Gandelus, grand maître de France, et d'Isabelle de Montmoranci, dont il eut Oger II,seigneur d'Anglure, de Gisaucourt, de Pontion, avoué de Thérouanne, etc. Jean, qui suit comme chef de la maison d'Estoges, et Gaucher d'Anglure, seigneur de Raucourt, capitaine de la ville de Reims, plus connu sous le nom de Gaucher de Chastillon, qu'il rendit tristement fameux en soutenant le parti anglais contre celui que l'héroïne de Vaucouleurs devait conduire à Reims.
  • III. Jean, dit Saladin d'Anglure, second fils d'Oger IV et d'Isabelle de Chastillon, seigneur d'Anglure, fut seigneur d'Estoges, d'Escury, de Cierges et de Gisaucourt, dont la femme fut Jeanne de Bourlemont, dame de Donjeux, fille et héritière de Henri, seigneur de Bourlemont, etc., et de Béatrix de Joinville. Leurs enfants furent Simon et Marguerite d'Anglure, alliée à Jean de Toulonjeon, seigneur de Traves.
  • IV. Simon d'Anglure, seigneur d'Estoges, de Donjeux, de Bourlemont, de Frebecourt, épousa Isabelle du Chatelet, dont il eut Jean, qui fit la branche des Donjeux, des marquis de Coublans, seigneurs de Jours et barons d'Autricourt, Simon, dit Saladin, qui suit, Nicolas, qui a fait la branche des seigneurs de Bourlemont, etc.
  • V. Simon, dit Saladin d'Anglure, vicomte d'Estoges, chambellan de René d'Anjou, roi de Sicile, et chevalier de son ordre du Croissant, mort en 1499, avait épousé, en 1458, Jeanne de Neufchatel, vicomtesse de Blaigny, dame d'Anci-le-Franc, dont il eut René, qui suit, Isabelle, mariée à Antoine de Lascaris, comte de Tende, issu des empereurs de Constantinople, et Jeanne d'Anglure, alliée vers l'an 1480 à Jean de Béthune III, seigneur de Mareuil et de Baye.
  • VI. René d'Anglure, vicomte d'Estoges et de Blaigny, seigneur de Nogent-sur-Aube, chambellan du roi, capitaine de cent hommes d'armes, se signala aux batailles de Pavie, de Rivennes, de Sainte-Brigitte, et autres occasions, et mourut en 1529. Il avait épousé, en 1485, Catherine de Bouzéi, dame de Givri en Argone, dont il eut François, qui suit, Gilles, mort sans enfants de Marie de Brichanteau ; Françoise, mariée à Sicard d'Haraucourt, seigneur de Domballe, sénéchal de Lorraine; et Marguerite d'Anglure, alliée à Antoine de Geresme, seigneur du Pré-du-But, etc.
  • VII. François d'Anglure, vicomte d'Estoges, baron de Boursault et de Givry, seigneur de Fère-Champenoise, etc., conseiller et chambellan du roi, fut gouverneur de Sainte-Menehould, de Mouzon, de Pierrefons, de Stenay, de Montmédy, de Sedan et de Luxembourg, capitaine de la porte et de cinquante hommes d'armes, lieutenant général pour le roi en la province de Champagne, et colonel de deux mille hommes de la légion de Champagne, mort le 21 septembre 1544. Il avait épousé, en mai 1518, Anne du Bec, et en mai 1523, Marie de Veres, dame de Beauvais-Nangis, Amilli, etc., dont il eut Claude d'Anglure, mort sans alliance à l'âge de vingt ans, en décembre 1554 ; Saladin et Antoine, morts jeunes ; Jacques, qui suit ; René, qui fit la branche des barons de Givry ; et Suzanne, morte jeune.
  • VIII. Jacques d'Anglure, vicomte d'Estoges, seigneur de Bray-sur-Aisne, d'Arcis, chevalier de l'ordre du roi, gouverneur d'Auxerre, capitaine de cinquante hommes d'armes, se distingua aux batailles de Jarnac et de Moncontour, et dans toutes les guerres de religion, et fut député de Champagne aux états de Blois. Il avait épousé : 1° Vandeline de Nicei, fille de Jean de Nicei et d'Yolande du Mayet, dame de Roumilly, Escury-sur-Côle, dont il eut pour fille unique Antoinette, qui suit; 2e Louise de Piedefer, dame de Bazoches, fille de Pierre, seigneur du Bois de la Raye, dont il n'eut point d'enfants.
  • IX. Antoinette d'Anglure, dame d'Estoges, etc., épousa, en 1572, Chrestien de Savigny, seigneur de Rosne, de Tonnois, etc., chambellan de François de France, duc d'Alençon, et gouverneur pour lui en ses duchés et comtés de Château-Thierry, de Meaux, de Provins, de Sézanne, d'Espernai et de Monceau, capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances, gouverneur de Châlons, maréchal de camp de l'armée de Lorraine, lieutenant pour le roi en Champagne, maréchal de France pour le parti de la Ligue, dont il fut un des principaux chefs. C'est lui qui soutint contre Henri IV le siége d'Epernay, où périt Biron, illustre par tant d'exploits. Étant passé dans le parti d'Espagne, et après plusieurs succès en qualité de maréchal de camp général de l'armée du roi catholique, il fut tué au siége de Haltz contre les Hollandais, l'an 1596. D'Antoinette d'Anglure et de Chrestien de Savigny vinrent Charles, dit Saladin, qui suit ; Nicolas de Savigny, baron de Rosne, qui fut tué au siége d'Ostende au service du roi d'Espagne, en 1603, par les troupes mutinées de l'archiduc Albert ; Blanche, morte pendant le siége de Cambrai, accordée à N..., comte de Bucquoi; Antoinette, mariée, 1e l'an 1603, à Jean de Monceau, seigneur de Tignonville; 2° en 1611, à Lancelot de la Taille, seigneur de Bondarois; Anne, religieuse au Moncel, près Pont-SainL-Maxance; Antoine et Gabrielle de Savigny, morts en 1581.
  • X. Charles, dit Saladin d'Anglure de Savigny, vicomte d'Esloges, baron de Rosne, seigneur de Tonnnis, etc., grand sénéchal de Lorraine, substitué en naissant aux nom et armes d'Anglure par son grand-père maternel. Il épousa, en février 1602, Marie Babou, fille d'honneur de la reine et fille de George, seigneur de la Bourdaisière, comte de Sagonne, etc., chevalier des ordres du roi, et de Magdeleine du Bellay, dont il eut Antoine-Saladin, qui suit; Anne, mariée, en 1623, à Charles de Livron, marquis de Bourbonne, chevalier des ordres du roi, lieutenant pour le roi au gouvernement de Champagne; et Gabrielle de Savigny, mariée, en 1640, à Joseph de Boniface, seigneur d'Esquetot en Normandie, lieutenant de la vénerie du roi.
  • XI. Antoine Saladin d'Anglure du Bellai de Savigny, vicomte d'Estoges, marquis du Bellai, en vertu de la substitution ouverte à son profit, qui l'obligeait d'en porter le nom et les armes, seigneur de Rosne, etc., maréchal des camps et armées du roi, mort en 1675. Il avait épousé, en 1640, Louise-Angélique de Braux, baronne d'Anglure, dame de Neri-sur-Marne, etc., fille de Cosme de Braux, seigneur de Florent, président au bureau des finances de Champagne, et de Hélène de Cardonne, dont il eut Marc-antoine-Saladin, qui suit; Charles-Nicolas d'Anglure de Braux de Savigny, marquis et baron d'Anglure, capitaine au régiment des gardes; Claude-François, reçu chevalier de Malte en 1662, guidon des gendarmes écossais, mort des blessures qu'il reçut à la bataille de Cassel ; Louise-Marie, alliée à Charles de Genicour, comte d'Autri, morte en août 1676 ; Anne-Angélique, et Gabrielle-Françoise d'Anglure de Savigny, religieuse en l'abbaye d'Andecies.
  • XII. Marc-antoine-saladin d'Anglure du Bellai de Savigny, en faveur de qui la vicomté d'Estoges fut érigée en comté par lettres du mois de septembre 1682, marquis d'Anglure et du Bellai, etc., mort en 1688. Il avait épousé en 1673 Marie-Jeanne de Rouville, fille à Hercule-Louis, marquis de Rouville, seigneur de Meux, etc., lieutenant général des armées du roi, gouverneur des villes d'Ardres et comté de Guynes, et de Marie-Jeanne du Bosc, dont il eut Charles-Nicolas, né le 13 juillet 1683 ; Marc-Antoine-Scipion, né le 11 mai 1685, marquis de Savigny, guidon des gendarmes de Bourgogne, et mestre de camp de cavalerie, qui épousa Marie-Anne-Catherine de Beauvais, morte le 14 juillet 1703, âgée de dix-neuf ans; Aimé-Michel-Chrestien, né le 9 septembre 1687, et Anne-Louise d'Anglure de Savigny, née le 21 septembre 1679.

Château d'après une aquarelle de 1875 (aile gauche)

Château d'après une aquarelle de 1875 (aile gauche)

C'est ce dernier qui fit exécuter, de 1685 à 1688, la galerie d'Etoges par J. Hélart, de Reims, d'après les dessins de M. de Flavigny, gentilhomme du voisinage, très-versé dans l'étude des lettres et du blason. Ce dernier renseignement nous est fourni par un article du Mercure galant, septembre 1687, que nous allons reproduire ici comme ajoutant de précieux détails sur l'œuvre et sur le château lui-même. Nous demanderons la permission toutefois de faire précéder cet article de quelques lignes que nous avons nous-même imprimées sur Hélart et ses travaux, il y a déjà plusieurs années :

« Hélart n'a point pris place parmi les maîtres du grand siècle; mais les nombreuses toiles qui restent de lui dans les églises et chez les amateurs témoignent d'un talent incontestable. Hélart était l'ami de Maucroix et de La Fontaine, et fournit à notre immortel fabuliste le conte si connu des Rémois. Il fut le peintre attitré des abbesses de Saint-Etienne et de Saint-Pierre; il le fut de l'hôtel de ville et des maisons riches du pays de Reims. Outre les nombreux tableaux que les églises de Reims devaient à son pinceau, nous avons retrouvé une œuvre capitale pour sa mémoire, c'est la longue et remarquable galerie du château d'Etoges, tout entière, peinte et décorée par Hélart. L'ornementation en est bizarre et curieuse : des milliers de portraits, dans toutes les dimensions, s'y mêlent aux devises, aux emblèmes, aux batailles, aux faits historiques ; le tout peint sur panneau à l'huile, et à la détrempe sur muraille. Cette étroite et longue galerie, où les personnages de l'histoire moderne sont mis en parallèle et pendants des personnages de l'histoire profane et de la Fable, conduit aux salles que M. le comte de Guéhéneuc a décorées de précieux objets d'art et d'un grand nombre de tableaux de maîtres des diverses écoles. Le travail d'Hélart est loin de pouvoir lutter avec l'excellence de la plupart de ces chefs-d'œuvre. Il n'en est pas moins pour cela digne de l'attention des amateurs. »

La galerie d'Etoges, telle opinion qu'on se forme du goût qui a présidé à sa composition, fut longtemps une des grandes curiosités du château, et l'on voit par le récit du Mercure galant qu'elle fut visitée des plus illustres personnages, qui en louèrent l'ordonnance singulière et l'habile exécution. Mais après l'extinction de la maison d'Anglure, le comté d'Etoges, acquis au XVIIIe siècle par le duc de Boufflers, qui en rendait encore hommage en 1730, passa successivement et en peu d'années aux mains d'un, M. de la Vacquerie, puis d'un M. Déseilles, et finalement en celles de M. Lorimier de Chamilly, qui le possédait à l'époque de la révolution. « Depuis, nous dit M. Ed. de Barthélemy dans son nouvel et important ouvrage sur le Diocèse ancien de Châlons-sur-Marne, il a eu encore quatre propriétaires avant d'être acheté en 1803 par le général comte de Guéheneuc. ». On conçoit qu'en passant en des mains si diverses, les traditions de famille dont cette galerie offrait l'histoire aient été quelque peu méconnues et dédaignées. Ces médaillons avec devises, ces emblèmes avec blasons, devinrent autant d'hiéroglyphes, dont les possesseurs éphémères dédaignaient de pénétrer le sens et d'apprécier le mérite. Sous la Restauration et le gouvernement de Juillet, bien que possédée par l'illustre famille aux mains de qui elle est encore, nous avons vu la galerie d'Etoges abandonnée aux plus vulgaires usages, remplie de provisions de noix, de pommes, de graines et d'ustensiles de cuisine et de jardinage. La noble châtelaine, madame la maréchale Lannes, ne faisait à Etoges que de rares apparitions, et MM. de Montebello, ses fils, bien jeunes d'ailleurs, avaient d'autres soins et songeaient peu à la conservation de peintures murales dont rien ne leur rappelait l'histoire et la valeur. Nous ne savons si la publicité que nous donnons à la description de la galerie d'Etoges rendra quelque intérêt à cette œuvre du XVIIee siècle ; mais, n'y eût-il ici qu'une question de généalogie, cette galerie serait digne d'être remise en honneur, puisqu'elle rappelle de grands souvenirs historiques et qu'elle touche de si près aux arts et aux gloires de la Champagne.

Le château, le pont et ses arcades

Le château, le pont et ses arcades

La galerie du château d'Etoges

Dans la relation séparée que je vous ai envoyée du voyage du Roy à Luxembourg, je vous ai parlé du château d'Etoge, parce que ce lieu plut extrêmement à Sa Majesté et à toute la la cour ; ainsi j'eus raison de vous en dire du bien. Mais comme j'étais mal informé lors que je vous écrivis qu'il appartenait à M. le marquis d'Anglure, je me crois présentement obligé de me dédire en vous apprenant qu'il est à M. le comte d'Etoge, frère aîné de M. le marquis d'Anglure, et que ce comte a eu l'honneur d'être nourry page du Roy sous feu M. le duc de Saint-Aignan son parent. Après différents voyages, et plusieurs services rendus dans les armées du Roy, il épousa mademoiselle de Rouville, fille de M. le marquis de Rouville, gouverneur de la ville d'Ardres, dont il a eu deux fils et une fille. L'aîné, qui n'a pas encore quatre ans, est celui qu'il plut à Sa Majesté de faire disner à sa table. Madame sa mère n'ayant pu avoir le même honneur, à cause de la grossesse et de quelques autres accidents survenus qui l'obligèrent à garder le lit, le Roy eut la bonté de lui faire faire compliment. Les cadets de M. le comte d'Etoges sont : M. le marquis d'Anglure, capitaine des gardes, qui après s'être dignement acquité de cet emploi pendant plusieurs années de guerre, et s'être fort distingué à la bataille de Sarbrich, où il eut le bras cassé, s'est défait de sa charge par un pur motif de dévotion. Il s'est retiré auprès de sa famille, chez M. le comte d'Etoge, son frère aisné, à qui, du consentement de mademoiselle de Savigny, leur sœur, il a fait donation de sa terre et du marquisat d'Anglure, dont il ne s'est réservé que l'usufruit pendant sa vie, parce qu'il a renoncé à se marier. L'autre frère était M. le chevalier d'Etoge, de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, capitaine sous-lieutenant des gendarmes anglais, qui mourut de blessures qu'il receut à la bataille de Cassel, où il donna toutes les marques possibles de valeur et de courage. Je pourrais vous dire beaucoup de choses à l'avantage de cette maison ; mais ce n'est pas icy le lieu de vous entretenir, et je ne vous aurois pas mesme parlé de ce que je viens de vous dire de trois frères, si je n'avois cru devoir réparer la faute que j'ai faite dans ma relation du voyage de Luxembourg. Comme ce que je vous dis alors des beautez du chasteau d'Etoge vous fit souhaiter d'en apprendre davantage, je m'en suis informé, et voici ce que j'ai su.

M. le comte d'Estoge a fait mettre dans sa galerie, qui est aussi sçavante que curieuse, les généalogies des maisons d'Alsace et de Savigny, dont il descend directement, celle de la maison de Rouville, dont est madame sa femme, et celle des maisons de Babou-la-Bourdaisière, du Bellay d'Anglure, de Chastillon et de Gonflans, desquelles il vient par les femmes. Aux deux costez de cette généalogie sont mises par alphabet toutes les armes des maisons qui la composent, ce qui fait qu'on n'a pas de peine à trouver les armes que l'on veut chercher. Au-dessous de toutes ces généalogies sont rangés les portraits des hommes François les plus illustres au nombre de soixante et onze, depuis Clovis jusques au Roy, comparez avec autant d'étrangers ayant rapport à leur vie et à leurs actions, et comme le Roy en a fait un si grand nombre d'extraordinaires, il n'y a pas eu moyen de le comparer avec personne; c'est ce que M. le comte d'Etoge ne manqua pas de lui faire remarquer. — Au coin de chaque portrait sont les armes de celuy qu'il représente, et comme il y en a autant d'étrangers que de François, il a fallu une grande recherche pour les pouvoir trouver. Toutes les devises de ces hommes illustres sont mises au-dessus de leurs tableaux dans des cartouches, accompagnées chacune de trois médailles qui ont quelque rapport au sujet, mais non pas si justes qu'aux deux principaux personnages. Neuf médailles accompagnent chaque paralelle, parce qu'il y a trois cartouches l'un sur l'autre. Les trois médailles du cartouche du milieu sont prises de l'antiquité, et les deux autres médailles des cartouches d'en haut et d'en bas sont modernes, e il y a toujours un François comparé à un étranger. Dans les médailles du milieu, qui se trouvent dans chaque cartouche, sont des femmes illustras, et comme il y en a trois, celle du cartouche du milieu a esté prise de l'antiquité, de mesme que les deux hommes; celles des deux autres cartouches sont modernes. Il y a encore dans l'embrasure de sept grandes croisées qui éclairent cette galerie vingt-huit devises à chacune, et sur les volets de chaque semestre douze sentences latines, italiennes et espagnoles tirées des meilleurs autheurs, ce que je dois dire à l'avantage de M. de Flavigny, gentilhomme voisin de M. le comte d'Etoge, très savant dans l'histoire et dans le blazon, qui a eu l'honneur d'estre nourry page du Roy dans la petite écurie sous M. de Beringuen, puisque c'tst lui qui a donné tout le dessein de.cette galerie. Au sortir de là, on entre par un passage dans la chapelle, qui i st fort agréable et qui convient fort à la maison. Ce passage est d'autant plus divertissant qu'il est remply de tous les grands pontifes, depuis Aaron jusqu'à Caïphe ; de tous les papes, depuis Saint Pierre jusqu'à celuy d'aujourd'huy, et tous les archevêques de Reims, pi est la métropole d'Etoge, depuis Saint Sirile jusqu'à M. Le Tellier, et de tous les évesques de Chàlons, diocèse d'Eloge, depuis Saint Memie, premier évesque, jusqu'à celuy d'à présent, ce qui fait la hiérarchie de l'Église et prouve fort bien notre religion. Les armes de tous ces Pères de l'Église qui en ont eu n'y sont pas oubliées. Il y a encore dans le mesme heu quantité des beaux passages latins tirez de l'Écriture sainte et les Pères, et qui conviennent fort bien à la chapelle. De là on rentre dans la galerie, et l'on trouve ensuite cinq grands apartemens. Vous jugerez aisément de leur beauté quand vous sçaurez qu'ils sont composez de dix-huit pièces de plein-pied, tant petites que grandes, en comprenant la chapelle, la galerie et une grande salle où le Roy mangea. Il y a un cabinet fort agréable au bout d'un de ces appartements, remply jusqu'à hauteur d'appuy de chifres et de trophées et de soixante et quatre portraits de famille par le haut, en deux rangs l'un sur l'autre, parmy lesquels se trouvent ceux du Roy et de la feuë Reine du Portugal avec celui de l'Infante, ceux du duc de Savoye et de la duchesse Doûairiaire, avec ceux des duchesses d'aujourd'huy ; ceux des cardinaux de Vandôme, d'Estrées, du Bellay, de Sourdis, de Lenoncourt et de la Bourdaisière ; ceux des feu duc et duchesse de Nemours ; des feu duc et duchesse d'EIbeuf ; des feu ducs de Vendôme et Beaufort ; des feu maréchaux d'Estrées, de la Châtre, de Praslin, de Vitry, du Biez et d'Aumont ; du feu duc de Saint-Aignant; des feu marquis de Bourbonne, de Bellay, de Béthune, de Sourdis et de Nangis, tous chevaliers des ordres ; des feu comtes de Vaubecourt et de Clermont, aussi chevaliers des ordres; des feu archevesquesde Bordeaux, de la maison de Sourdis, et de Toulouse, de la maison d'Anglure; des feu présidens Bocharl et de Mesme, et plusieurs autres, ainsy que celui de la belle Gabrielle d'Estrées. Comme les peintres travaillent encore à ce cabinet, le Roy ne le vit pas. M. le Grant voulut y aller et plusieurs autres seigneurs de la cour qui mangèrent dans un appartement bas, composé de huit pièces de plein-pied, qui est occupé par M. le comte d'Etoge, qui eut l'honneur de donner à dîner à M. le Prince et à M. le prince de Conty dans l'antichambre de cet appartement, où le buffet qui est fort propre ne paroist pas, se trouvant enfermé dans l'épaisseur de la muraille. Il y a aussi, dans le mesme antichambre, une fontaine d'eau vive qui ne paroist que quand on a en besoin pour le repas, ce qui contribue beaucoup à la propreté et à boire frais. On remarque encore en haut de cet antichambre, autour de la frise, les soixante et quatre quartiers du père de M. le comte d'Etoge. Au sortir de cette antichambre, on entre dans une grande chambre, qui pour estre fort singulière, n'en est pas moins agréable. Il s'y trouve deux cheminées, deux alcôves avec un lit dans chacune et un grand cabinet au bout. Tout cela est très propre et fort bien entendu.

Il y a à costé une galerie basse, et un fort beau billard dans les autres appartemens. Cette galerie basse est ornée par le haut d'une teste de cerf avec son bois, portant à son col les armes de M. et de madame d'Etoge. Elle est encore ornée de huit autres grands corsages de cerf ayant de fort beaux bois et portant chacun à leur col les armes des huit pères et grandspères de M. le comte d'Etoge avec celles de leurs femmes qui sont ses huit mères et grands'mères des maisons de Braux, de Babou, d'Anglure, de Haussonville, de Luxembourg, de Nouroy, de Vernancourt et de Lenoncourt. La plupart de ces maisons sont de Lorrame. II ne faut pas oublier à vous dire que les cuisines, offices et communs de cette maison sont fort belles, et partout il y a des fontaines, de sorte qu'étant commodes comme elles le sont, les officiers du Roy avouerent qu'ils ne s'étoient point trouvez si bien sur toute leur route. En effet, il n'y a guère de maisons plus commodes; les jardins et parterres y sont la pluspart en terrasse, et tous remplis de jets d'eau. Cette eau est fort vive. Il y en a mesme trois dans les fossez qui sont fort beaux et bien revestus, et d'autres dans la court et la basse court et mesme dans une volière qui est sous la galerie basse. Il y a deux carrez d'eau où l'on prétend faire venir deux fontaines. Lorsqu'elles seront faites, il y en aura vingt-quatre jaillissantes, tant dans la maison que dans la basse court et anticourt, fossez, jardins, parterres et bosquets.

Source : Le Cabinet historique, revue mensuelle par Louis Paris 1862.

photo pour Château

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 81821
  • item : Château
  • Localisation :
    • Champagne-Ardenne
    • Etoges
  • Code INSEE commune : 51238
  • Code postal de la commune : 51270
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : restauré (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Enquête : 1993
  • Date de protection : 1956 : inscrit MH
  • Date de versement : 1997/03/25

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 3 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • brique
    • pierre
    • brique et pierre
  • Couverture : On remarque 3 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • croupe
    • toit
  • Materiaux (de couverture) :
    • L'élément de couverture principal est ardoise
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages : 2 types d'étages mentionés :
    • étage de comble
    • 2 étages carrés
  • Escaliers : 4 types d'escaliers différents sont présent sur le site :
    • escalier dans-oeuvre
    • escalier tournant
    • escalier tournant à retours
    • cage ouverte
  • Décoration de l'édifice : 2 formes de décor sont présentes :
    • ferronnerie
    • sculpture
  • Ornementation :
    • La seule ornementation connue est 'lion'
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan : 2 types de plan différents :
    • plan régulier
    • plan régulier en U

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • PArtie constituante relevée : douves
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété privée
  • Photo : 41cb1abd9e30180b167e59603cea4f97.jpg
  • Référence Mérimée : IA51000028

photo : Lomyre

photo : Lomyre

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