Chapelle des marins

La chapelle des marins, inscrite au titre des monuments historiques depuis le 18 novembre 1952, est le chœur de l'ancienne église, démolie en 1864. Son abside circulaire romane date du XI^e.

Situé sur la Manche, à l'embouchure de la Saire. Le port, commode et sûr, de Saint-Vaast, peut recevoir des vaisseaux de premier rang. Ses avantages naturels sont si considérables, que lorsqu'on songea à créer un établissement maritime sur les côtes de la Manche, il fut sur le point d'être choisi de préférence à Cherbourg. Ce port importe surtout des bois de construction, du fer, du zinc, de l'étain, du cuivre, de la nouille, du goudron, du sucre, etc. Il doit son importance actuelle à ses chantiers de constructions, et surtout à son immense commerce d'huîtres dont les parcs n'occupent pas moins de 4 kilomètres carrés. Le commerce local est en outre alimenté par la pêche du hareng et du maquereau.

Le port de Saint-Vaast est protégé par les forts des îles Tatihou à l'Est, Saint-Marcouf au Sud Est et de la Hougue au Sud. Ce dernier défend une jetée de 600 mètres qui a été construite en 1828 au Sud du port. Les Anglais, pendant leurs fréquentes invasions en Normandie, choisirent souvent la rade de la Hougue pour point de débarquement. C'est là que fut livré, en 1692, le funeste combat naval qui porta un coup si terrible à la marine française. Louis XIV ayant projeté de rétablir Jacques II sur son trône, sa flotte se disposait à faire une descente en Angleterre sous les ordres de Tourville dont les vaisseaux devaient se joindre, sur les côtes de la Manche, à l'escadre du comte d'Estrées qui fut dispersée par une violente tempête, à sa sortie du port de Brest. Réduit, à ses seules forces, l'amiral Tourville, qui avait reçu l'ordre de combattre à tout prix, livra bataille le 29 mai, avec ses 44 vaisseaux, aux flottes anglaise et hollandaise fortes de 41 000 hommes et de 7000 canons. Après 10 heures d'un combat inégal, mais héroïque, Tourville dut battre en retraite ; une partie de ses vaisseaux regagna Brest ; lui même en fit échouer 14 à la Hougue.

Depuis quelques années, de beaux quais et une longue jetée, de l'extrémité de laquelle on découvre un immense horizon, ont été construits à Saint-Vaast. L'ancienne église n'offre rien d'intéressant, mais l'église ogivale moderne est remarquable par la hardiesse de sa voûte.

A l'extrémité Sud du fort de la Hougue, à 11 mètres d'altitude, s'élève un phare à feu fixe, de 4e ordre et de 10 milles de portée. C'est à la suite de la désastreuse bataille de la Hougue que Louis XIV y fit construire, par l'ingénieur Combe, sur les plans de Vauban, la tour que l'on y voit encore aujourd'hui et à laquelle ont été ajoutés d'autres ouvrages de fortifications, « dont l'ensemble, dit M. de Gerville, offre aux dessinateurs une superbe perspective. La position du fort, les tours comparables aux plus pittoresques donjons, les variations de la mer, les effets de lumière, les côtes du Bessin dans le lointain, tout en fait un sujet digne du pinceau des grands maîtres, surtout quand le soleil passe au couchant et que la mer est pleine. » Joseph Vernet a fait plusieurs dessins de la Hougue. Le fort de Tatihou, qui se dresse à l'Est de Saint-Vaast, date également du règne de Louis XIV ; il sert aujourd'hui de lazaret pour la ville de Cherbourg.

Source : Itinéraire général de la Normandie par Adolphe Joanne.