A l'ouest, le rocher offre un aspect nu et sauvage ; au nord, une haute muraille ; au sud et au-dessous de l'antique monastère, se dressent les maisons qu'habitent les pêcheurs montois, et dont quelques-unes se font remarquer par leurs jardins et leurs arbres verts, sur lesquels l'oeil aime à se reposer. A l'orient, on voit s'élancer avec majesté l'abside de l'église abbatiale, toute garnie de clochetons et comme brodée de dentelles de pierres.
Les remparts s'élèvent et descendent, suivant les accidents du rocher. Ils offrent trois caractères distincts. Leur base, en forme de talus, est bâtie avec de fortes pierres ; la partie intermédiaire est en pierres de moyen appareil ; ils sont couronnés par des créneaux, des bastions et des mâchicoulis par où les assiégés lançaient des pierres qui allaient, en ricochant sur le rocher, atteindre les assiégeants.
L'enceinte militaire n'est pas entièrement circulaire ; elle cesse quand la nature a suffisamment pourvu à la défense du mont. On remarque plusieurs tours, le long de cette enceinte. Ce sont, entre autres, la tour du Roi, qui flanque la principale entrée de la ville ; elle est ronde, garnie de gouttières, et présente des murs très épais ; la tour Gabrielle, ainsi nommée parce que ce fut Gabriel du Puis, gouverneur du mont, qui la fit bâtir : elle est percée de meurtrières d'une forme particulière ; la tour du Guet, dont le style architectural annonce le XVe siècle ; la tour Marillaud ou du Nord ; la tour Basse, dont les murs et les mâchicoulis étaient couverts de ravenelles et de pariétaires. C'est par cette tour que descendit le détenu Colombat, lorsqu'il parvint à s'évader du Mont-St.-Michel.
Au-delà de l'une des tours, se trouve une fontaine, nommée la fontaine Saint-Symphorien, dont les eaux sont très-guérissables aux yeux. C'est un souvenir de deux ermites qui habitèrent le mont saint Symphorien et saint Etienne.
