photo : michel
Le ministère de la culture précise pour ce corps de garde que les corps de garde (postes de guets édifiés pour la surveillance des côtes), dépendaient de capitaineries de mille hommes organisées en 1705 tout au long du littoral de Normandie.
Les côtes de la Manche comportaient treize capitaineries et soixante-dix corps de garde. Les capitaineries furent supprimées en 1778.
A sept quarts de lieue de Coudeville est Granville.
La côte depuis Granville jusqu'à Créances est plate, mais la mer est pleine de courants et de rochers qui, joints aux marais qui sont derrière les dunes, rendent cette partie inaccessible aux descentes, si ce n'est à l'entrée de la rivière de Sienne, où l'on a indiqué le travail nécessaire à y faire.
Granville est situé à l'extrémité de la Normandie, du côté de la Bretagne, à cinq lieues d'Avranches, sept de Dol, cinq en droite ligne de Cancale, sept de Saint-Malo, six de Coutances, neuf de Jersey, quinze de Guernesey et vingt-et-un de Cherbourg. Elle est située sur un rocher, élevé de dix à douze toises au-dessus de la mer, de figure oblongue, qui forme une presqu'île dont la moindre partie est occupée par le village ; son isthme, qui est fort étroit, forme une espèce de dos-d'âne qui n'a que vingt toises de large; du côté de l'ouest le roc est escarpé et la mer bat au pied, mais du côté de l'est le roc s'abat en glacis extrêmement raides jusque dans le faubourg, où les particuliers ont fait quelques escarpements pour y avoir de la place à bâtir les maisons qu'ils y ont faites. La partie du rocher qui n'est pas occupée a environ trois cent quarante toises de longueur et cent cinquante de largeur, raide et naturellement escarpée tout autour, à n'y pouvoir monter que par des petits sentiers étroits qu'il est très-difficile d'escarper; tous les environs du pied sont sales et pleins de rochers jusqu'à la basse mer et même au delà, de sorte que l'on ne peut approcher par mer avec aucun bâtiment ni chaloupe, ni par terre avec des troupes, après que la mer est retirée ; ainsi, toutes les attaques se réduisent à la seule avenue qui est l'isthme et par le faubourg.
La ville est petite et d'une assiette fort inégale, n'ayant que deux cent soixante toises de long et soixante-dix de large, le dedans est rempli de maisons fort pressées et assez mal bâties. Le commerce y a tellement augmenté le nombre des habitants que l'enceinte n'est plus capable de les contenir. Il serait du bien du service et très-avantageux au commerce et à la province de permettre à ses habitants de bâtir des maisons sur la partie de ce roc ci-devant dit qui n'est point occupée. Cet agrandissement de ville est extrêmement nécessaire pour le bien du commerce et l'augmentation des sujets; elle ne peut porter aucun préjudice à Sa Majesté, attendu que cette partie de roc est inaccessible de toutes parts et qu'elle n'exige aucune dépense pour mettre les habitants en sûreté. Ce roc appartient au Roi et ne sert actuellement qu'à engraisser une centaine de moutons par an, et est loué par M. le duc de Valentinois 150 livres de rente. Le nombre de ces habitants peut être de cinq à six mille, dans lesquels l'on pourrait trouver huit cents hommes propres à porter les armes, et ils sont presque tous matelots et négociants.
(...)
La fortification de cette ville n'est autre chose qu'un ancien mur d'enceinte, flanqué de quelques redans et tours, qui est en fort mauvais ordre.
Il n'y a dans la ville qu'un petit corps de caserne, où à peine il peut loger deux compagnies d'infanterie, qu'il serait nécessaire d'augmenter par un bâtiment en marteau, que l'on peut construire au bout du premier, et dans lequel on pourrait pratiquer les logements pour un demi-bataillon. Cette ville mérite par son commerce et les avantages qu'on en peut retirer une attention particulière; son voisinage des iles de Jersey et Guernesey a fait appréhender que dans un temps de troubles, il ne leur prit envie de se rendre maîtres de ce poste ou d'en ruiner les habitations; tous ces motifs ont donné lieu, à différentes représentations et engagé à proposer les ouvrages que l'on croit utiles à la sûreté du lieu, qui sont:
Total 232.394 liv.
Source : L'industrie: le commerce et les travaux publics en Normandie au XVIIe et au XVIIIe siècle Par Célestin Hippeau en 1870.