photo : Filou30
Moins de huit mois après que les Guises avaient expiré sous les poignards des quarante-cinq, Henri de Valois tombait à son tour frappé par un assassin, à l'instant où, de concert avec le Béarnais, il assiégeait la capitale, pour l'arracher au pouvoir des ligueurs, alors maîtres des deux tiers du royaume.
Le Gévaudan, à l'instigation d'Adam de Heurtelou, qui dans l'intimité de son prédécesseur, auquel était réservée la sublime mission de recevoir sous le portail de la grande basilique de Saint-Denis, le monarque rentrant dans le giron de l'église, avait pu comprendre dès longtemps les garanties à espérer du chef de la maison de Bourbon, fut un des premiers à se rallier à Henri IV, déjà reconnu roi par les protestants et par la plus grande partie des troupes campées sous Paris.
Echos funestes des combats livrés dans le Languedoc par la première chaleur de ligueurs forcenés, quelques troubles, quelques tiraillements sagement modérés par l'intervention de l'évêque et de la représentation locale, empêchèrent encore le pays de goûter les bienfaits de la paix. Mais peu à peu tout fléchit sous la main paternelle du prince dont la douceur fit aimer l'autorité; au désordre succéda l'obéissance et la tranquillité publique; le souvenir des maux de la guerre civile tendit à s'effacer; et pendant que, satisfaite des justes libertés accordées aux huguenots, la nation presque entière se réunissait autour du trône, le Gévaudan ne songea plus qu'à cicatriser ses plaies; comblé des faveurs du souverain, le pays rétablit l'ordre dans ses finances, assura le maintien de ses anciennes franchises, réprima les abus, et alors que grâce à la pieuse sollicitude de son prélat, Mende relevait sa cathédrale, et restaurait ses édifices, Marvejols, sortie de la cendre, et redevenue ville royale, put faire buriner sur la pierre de ses murailles les inscriptions qu'on y lit encore aujourd'hui.
Porte du Soubeyran
Pour avoir déchassé l'Anglois de ma province,
Je porte d'une main la belle fleur de lys (*);
Pour avoir soustenu le grand Henry mon prince,
Par fer, par feu, par sang, presque je défaillis,
Mais ores ce grand roy faisant astrée naistre,
(*) La ville de Marvejols porte : d'azur, aux murailles de sable, avec un» main d'argent tenant une fleur de lis d'or, en chef.
Source : Documents historiques sur la province de Gévaudan par Gustave de Burdin 1847.